Dix-sept heures trente
Nathan Kari2017Chapitre 10
C'est en pleine action que la bête se réveilla de son sommeil. J'avais mon sexe plongé dans le fondement de Tatiana. C'était la première fois que je prenais une femme par ce côté-là. C'était une première pour elle aussi. Elle n'avait jamais osé auparavant, mais ce soir-là, sans que l'on se concerte, nous en avions tous les deux eu envie, et c'était naturellement que nous nous étions essayés à la chose. À notre grande surprise, son cul avait accepté assez facilement mon engin, et nous en avons retiré tous les deux beaucoup de plaisir. J'avais commencé par y aller doucement, et quand j'ai vu que tout se passait bien, j'ai accéléré la cadence pour finir par lui défoncer le cul sous ses encouragements.
Éreinté par l'exercice et vidé par la jouissance, je m'affalai le long d'elle. Elle se blottit contre moi et m'embrassa tendrement.
— C'était fabuleux. Tu pourras à l'avenir me prendre par là autant que tu le voudras.
Je ne répondis pas, me contentant de passer une douce mais mélancolique main sur sa joue afin de souligner les lignes de son visage souriant.
— Quelque chose ne va pas ? s'inquiéta-t-elle.
Elle commençait à bien me connaître et avait remarqué mon air préoccupé et distant. Mon malaise dû au retour imminent de Charlotte venait d'envahir chaque cellule de mon corps.
— Je me dis que j'ai bien de la chance de t'avoir, la rassurai-je.
— Oh oui ! C'est dingue que l'on ait mis si longtemps pour se trouver alors que ta sœur et mon frère sortaient ensemble depuis tout ce temps.
Elle se blottit un peu plus contre moi. Ma main caressa ses longs cheveux d'or. Sa chaleur dissipa légèrement mon malaise, mais ce n'était pas suffisant pour que je me sente aussi libre que ces derniers jours. Je sus alors ce que je devais faire : affronter une dernière fois ma sœur et y renoncer pour de bon.
— Tu viens ce week-end ? demanda Tatiana.
— Non, j'ai certains trucs à régler.
— Oh, dommage. On se verra plus tard alors.
Si Charlotte rentrait le vendredi, elle me contacterait très probablement le week-end. Il fallait donc me tenir prêt pour son appel et rassembler tout mon courage en attendant. Renoncer définitivement à Charlotte, et quoi ensuite ? Je me voyais bien poursuivre ma route aux côtés de Tatiana que j'avais découverte très sensible et à qui je m'étais finalement attaché, et peut-être bien lui offrir le rêve que je savais sien : un mariage.
J'ai donc attendu le coup de fil tout le week-end, mais rien. Rien. RIEN ! Je n'ai pas quitté des yeux mon téléphone, mais il n'a pas sonné. « Pourrait-on reparler de ça à mon retour ? » Charlotte était revenue mais semblait avoir oublié sa promesse. Alors quoi ? Avait-elle réussi à tirer un trait sur moi et me snobait au lieu de se donner la peine de me prévenir ? Craignait-elle de m'affronter ? J'ai passé le week-end à tourner en rond dans mon appartement en attendant son coup de fil. La frustration est montée, la colère aussi. Elle m'ignorait, la garce ! Finalement le téléphone sonna, mais c'était Tatiana qui, par SMS, voulait savoir si je venais la voir lundi. Je lui répondis favorablement.
Le lundi fut une journée plutôt difficile. J'étais frustré de ne pas avoir fait le point avec Charlotte, et j'étais crevé à cause d'insomnies. Je n'avais qu'une hâte : d'être le soir pour me retrouver dans les bras de Tatiana, me détendre, et peut-être oublier Charlotte. J'empruntai donc la route menant chez Tatiana directement après le boulot. Je me garai et traversais la route juste en face de chez elle quand mon téléphone sonna. Mon cœur fit un bond, mes mains se mirent à trembler. Je décrochai.
— Allô, ouvris-je la conversation d'une voix fébrile.
— C'est moi… répondit une voix féminine que je craignais finalement d'entendre. Désolée pour le retard. Est-ce que tu peux venir ?
— Maintenant ?
— Oui, nous avons un peu de temps ; Thierry ne rentre pas avant dix-huit heures trente.
Cette fois, c'était bon ; Charlotte m'appelait, mais juste au moment où j'allais retrouver Tatiana. Me voilà devant un choix à faire : retrouver Tatiana comme je le lui avais promis, ou bien partir régler mes affaires avec Charlotte ? J'avais l'impression que c'était maintenant que je devais renoncer à elle, qu'après il serait trop tard.
— Zack, tu es toujours là ? s'inquiéta ma sœur de mon silence.
J'avais un choix à faire, maintenant et tout de suite.
— J'arrive ! déclarai-je avant de raccrocher.
Je regardai ma montre : ça nous laissait environ une heure avant le retour de Thierry. Je remontai dans ma voiture et partis à vive allure chez Charlotte. Je frappai à sa porte et sa voix me dit d'entrer, ce que je fis. J'eus la stupéfaction de la découvrir m'attendant nue. Je voulus ouvrir la bouche mais aucun son ne sortit, estomaqué par cette surprise. Elle s'avança lentement vers moi et posa doucement ses lèvres sur les miennes. Je ne réagis pas. Je ne la repoussai pas. C'était déjà trop tard : j'étais retombé en un instant dans ses filets. Mes mains se posèrent sur la douce peau de ses hanches que je commençai à caresser, et ma langue répondit à l'appel de la sienne pour un ballet sensuel. Nos corps se frottèrent l'un à l'autre.
Mon corps se mit à frémir. Une douce chaleur l'envahissait. J'avais échoué. Je n'avais pas réussi à lui résister. Dès que je l'avais vue, c'était trop tard. Comment diable avais-je imaginé pouvoir renoncer à elle ? C'était impossible ! Elle me hantait trop. Elle cognait dans ma tête et dans mon cœur. Elle résonnait dans toute mon âme. C'était impossible de lui échapper. J'étais condamné à errer près d'elle pour l'éternité. C'était ma malédiction.
Alors, il me fallait goûter une nouvelle fois à cette malédiction, même si au final cela ne m'apporterait rien de bon. Quel goût exquis elle avait, tout de même… Mes mains agrippèrent les cuisses de Charlotte tandis qu'elle s'accrochait à mon cou, et je la portai ainsi jusqu'au canapé où je la déposai. Elle me regarda de ses magnifiques yeux verts : un océan d'émeraudes où je me noierais mille fois. Je plongeai sur elle et l'embrassai sur la nuque, les seins, le ventre et le sexe. Je me délectais de sa source. Elle semblait ravie. Son corps n'était qu'agitation. Des petits cris légers venaient ponctuer les remous de son être. Sa main caressait mes cheveux, m'invitant à poursuivre les investigations de ma langue sur ses lèvres intimes et son clitoris. Elle coulait comme une fontaine.
— Prends-moi maintenant. Ça fait trop longtemps que j'attends.
Je ne me fis pas prier. Une fois déshabillé, je me positionnai au-dessus d'elle et je l'embrassai langoureusement, lui faisant partager sa saveur intime. Mon gland pénétra son antre. Il fut accueilli par une douce chaleur, si bienveillante, si merveilleuse.
Encore une fois je cédais à l'appel charnel de ma sœur. J'étais incapable de lui résister. J'avais son corps chaud le long du mien, et tous mes sens étaient en ébullition. J'avais sa douce peau sous mes doigts, et ce contact me faisait frémir. J'étais vaincu, incapable de me rebeller contre le destin amer – mais si délicieux – qui m'enchaînait toujours auprès de ma sœur. Je l'avais pénétrée. J'avais plongé dans cette prison en m'abandonnant à mon triste sort pour m'en délecter sans plus aucun remords. Si j'étais incapable de me défendre, autant arrêter de combattre, et jouir du plaisir du corps avec Charlotte. Je ne pouvais pas lui échapper : autant arrêter de fuir.
Mon malheur n'avait pas un goût si désagréable… J'étais en elle, lui faisant l'amour délicatement, et l'orage grondait en moi. Nos yeux étaient braqués les uns dans les autres. Le regard de Charlotte était sensuel. Je voyais le plaisir animer les traits de son visage. Je lisais au coin de ses lèvres l'abandon dans lequel elle se livrait. Il n'y avait plus rien autour de nous. Plus rien n'importait, ni personne. Ni Thierry, ni Tatiana. Il n'y avait que nous deux, nos corps se frottant l'un à l'autre, partageant un si exceptionnel moment intime. Plus de sœur, plus de frère, plus d'inceste : juste deux êtres qui s'abandonnaient dans le plus pur plaisir charnel. Une union de deux corps. J'étais comme plongé dans un rêve parfait, redoutant de me réveiller et de retourner à la dure réalité, celle où notre union était impossible, celle où je me sentais pourtant si seul loin de ma sœur. Je planais, je volais au-dessus des gratte-ciels. Je me sentais si fort, si puissant, en harmonie avec le monde… et je jouis.
— Oh oui, jouis, mon frère adoré. Déverse-toi en moi.
Je redescendis alors sur Terre. La chute fut brusque. Tout me retomba sur les épaules. Ma culpabilité de faire du mal à Thierry, même s'il ignorait tout ; ma culpabilité d'avoir laissé Tatiana en plan sans la prévenir, et aussi ma culpabilité de céder à nouveau à l'inceste que j'avais pourtant juré de chasser. Mon cœur me serra et je repoussai Charlotte.
Elle me regarda en souriant. Je ne pouvais pas lui en vouloir : c'était moi qui avais été trop faible. Son sourire d'ange allégea un peu ma peine, et je me laissai aller à une douce caresse descendant le long de son corps.
— Eh bien, quelle aventure ! J'espère que tu te protèges encore avec Thierry, plaisantai-je pour me changer les idées. Ce serait con d'avoir un enfant maintenant.
Je ne la vis pas rire ou même sourire à ma plaisanterie. Non, elle avait au contraire le regard gêné ; je compris.
— Non, pas ça quand même ! m'inquiétai-je.
— Avec Thierry, on souhaite avoir un enfant, confirma-t-elle.
— Mais, putain, tu aurais dû me le dire avant. On aurait utilisé un préservatif. Imagine si c'est moi qui te mets enceinte.
— Oui, et alors ?
— Et alors ? répétai-je, énervé. Déjà, tu es mariée et tu veux risquer de porter l'enfant d'un autre ?
— Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour avoir un enfant.
— Et puis, je suis ton frère, merde ! L'enfant serait consanguin, c'est très risqué.
— Je suis sûre que les risques sont bien moins importants que ce que l'on affirme. Ce sont les gens qui racontent n'importe quoi pour se rassurer, qui sont prêts à cracher sur tout ce qui pose problème à leurs beaux principes et à leur jolie morale étriquée. Ce sont les mêmes qui nous condamneraient s'ils savaient ce que l'on vit et partage ensemble. Si je les avais écoutés, jamais je n'aurais pu t'offrir du plaisir. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien comprendre aux liens qui nous unissent ? Qu'est-ce qu'ils savent de notre amour ? Comment un enfant né de notre amour pourrait-il être atteint ? Et même si c'était le cas, rien ne m'empêchera de l'aimer.
— Tu es folle ! lançai-je, paniqué, tout en me rhabillant. Je suis désolé, mais si tu veux un enfant, il ne faudra pas compter sur moi.
— Oh, Zack, attends, ne t'en va pas ! Ne me laisse pas.
— Ton mari va arriver bientôt.
— Non, s'il te plaît… Je suis désolée. J'ai vraiment besoin d'un enfant. Tu reviendras, dis ? Tu reviendras ?
Ma sœur était folle. Je n'en croyais pas mes oreilles. Comment pouvait-elle accepter de se laisser aller à ce point ? Avait-elle perdu la tête ? Pour la première fois de ma vie, Charlotte m'horrifiait. Qu'avais-je fait ? Quel con j'avais été de lui céder une nouvelle fois ! Si seulement j'avais su… Un enfant ? Vraiment ? Bien sûr que je désirais des enfants, mais avec ma sœur c'était impossible, inimaginable. Ce n'était pas qu'une histoire de consanguinité, c'était tout simplement impensable. Charlotte avait très bien vu qu'elle m'avait choqué. Elle s'approcha pour me serrer dans ses bras, pour que j'abandonne une fois de plus, mais ce coup-ci elle était allée trop loin. Je la repoussai violemment et partis sans dire un mot de plus. Je m'enfuis comme un voleur. J'entendais encore ses pleurs et ses cris résonner tandis que je refermais sa porte.
Je rentrai chez moi à fond. Je roulais sans vraiment faire attention à la route. J'étais encore sous le choc. Je fus très imprudent ce jour-là, perdu dans mes pensées. J'arrivai fort heureusement chez moi sans encombre. Je me jetai sur mon lit, la tête pleine de pensées chaotiques. Charlotte était folle. Et moi j'avais été fou de l'avoir rejointe. Et puis j'avais été con d'avoir posé un lapin à Tatiana sans même avoir pris la peine de la prévenir. Mais quand même, j'avais passé un excellent moment avec Charlotte.
Il y a longtemps que nous n'avions pas été si en phase l'un avec l'autre. Pourquoi fallait-il toujours que quelque chose vienne compliquer notre relation ? Je me surpris à imaginer Charlotte en maman, puis je m'imaginai moi-même en père. Non ! De toute façon, même si ma sœur tombait enceinte de moi, ce n'est pas moi qui élèverais l'enfant, mais Thierry. Si je voulais vraiment un enfant, c'est vers Tatiana que je devais me tourner, mais je devais d'abord lui faire des excuses. Il ne me restait plus qu'à savoir ce que je voulais exactement. Il est difficile parfois de se poser cette simple question : « Qu'est-ce que je veux vraiment ? » Surtout quand la réponse nous effraie. Un enfant ? Non. En fin de compte, je n'en désirais pas vraiment. Tout du moins pas tout de suite. Je savais en tout cas ce que je devais faire : prendre mon téléphone et appeler Tatiana afin de m'excuser de lui avoir posée un lapin, et recoller la situation tant que je le pouvais.
Après quelques minutes d'hésitation, je m'emparai du téléphone et composai un numéro. La sonnerie retentit. Mon cœur battait la chamade. Puis, enfin, une voix féminine se fit entendre :
— Allô ?
— C'est Zack…
— Oui ?
— Je… je suis désolé pour tout à l'heure… Je crois que ma réaction était excessive.
— Non, ne t'inquiète pas, frangin. Je comprends. C'est ma faute aussi… J'aurais dû t'en parler avant. On se voit demain pour en reparler plus en détail, même heure ?
— OK. À demain, Charlotte.
Et voilà ! J'avais fait mon choix. Je n'en étais pas fier, mais j'en avais marre de me mentir. C'est Charlotte que je voulais, et personne d'autre. Cela avait toujours été elle. Et si je devais prendre le risque de lui faire un enfant pour l'avoir, alors je le ferais, même si je savais que c'était une incroyable connerie. Au diable les bonnes intentions ! Au diable la morale ! Rien ne se mettrait entre moi et ma sœur.
Et c'est ainsi que commença une nouvelle étape dans ma relation avec Charlotte. Je la retrouvais chaque soir avant que son mari ne rentre du boulot, et je lui faisais passionnément l'amour. Je le fis dans toutes les pièces de la maison et dans toutes les positions. Ce fut une période très chaude. Je ne manquais aucun de nos rendez-vous du soir. J'arrivais pile à l'heure, et après quelques baisers langoureux et de douces paroles échangées, nous étions nus, prêts à nous aimer.
Quant à Tatiana, j'ai honte, mais j'ai ignoré ses appels et ses SMS pendant plusieurs jours. Ce n'est que plus d'une semaine après que je pris le courage de l'appeler pour lui dire que c'était fini entre nous. Elle ne fut pas surprise, mais néanmoins très perturbée. Elle disait ne pas comprendre ce qu'elle avait bien pu faire de mal. Je la rassurai comme je pus en tentant de lui expliquer que cela venait de moi, qu'elle n'avait rien à voir avec ça, et qu'elle était une femme merveilleuse. Je ne sus pas trop quoi lui dire de plus avant de raccrocher.