Genèse du site : le premier jour
par Charline88Le premier jour, il y eut le plus grand, le plus beau, celui qui cherchait la petite bête. Son éternel litron à ses côtés : on ne peut pas décemment travailler sans se désaltérer, une évidence grosse comme les montagnes qui l'entouraient. Celles d'un autre pays, celles des steppes blanchies par de la poudre, mais froides comme les hivers qui durent si longtemps là-bas.
Lui, au gré des endroits où il sévissait, avait tout un tas de noms, de pseudonymes allant du brave pékin à celui de la bête féroce, mais c'était pour masquer son immense gentillesse et son grand cœur. Il donnait de temps à autre un coup de gueule, mâchoires acérées, canines saillantes, tranchantes comme le couperet d'une guillotine.
Puis dans le feu de ses actions, il s'était – au fil du temps, des jours et des années – bonifié, et sa traque incessante ne concernait à son âge vénérable que les « s » oubliés, les « ent » mal positionnés. La langue – pas celle qu'il avait bien pendue ; non, l'autre, parlée ou écrite – en faisait un petit génie de la grammaire. Alors bien entendu, à coup de scotch ou autre bourbon aux saveurs incomparables, il devenait l'ami de celui-là, de cette autre aussi qui aimait jouer sur des claviers divers.
La musique devenait mille passions aussi éclectiques les unes que les autres pour un repos parfois mérité dont son oreille, presque absolue, s'enorgueillissait. Les mi, les la… enfin, toutes les gammes dans toutes les octaves et jouées avec bonheur faisaient le bonheur de ses pavillons toujours ouverts. Il avait tenté tellement d'aventures – pas seulement féminines, loin de là – que toutes restaient bons souvenirs. Alors quand du dernier Café où il avait touillé tant de belles phrases que de piètres mots, la mort annoncée survint, que faire ? Les affres d'une liquidation par un manque d'éducation visible d'un « crafiat » impertinent (petit nom ordinaire des Vosges pour désigner un Calafia lâcheur) notre charmant bonhomme se prit de passion pour la contemplation d'un Jardin.
Là avec une poignée d'inconnus, dont une nana bidouilleuse de bits – « in » celle-là, comme disent nos amis d'Outre-Manche – et un gars tripoteur de forum, de fort rhum aussi sans doute, de fort peu d'hommes c'est sûr, il s'associa. Relevant leurs manches, là où coule la sueur – mais vous l'aviez saisi – ils décidèrent d'un nouvel Eldorado. Un endroit où les poèmes, les petits flirts entre amis, les grosses baises de jour et même de nuit, toutes écrites seulement, allaient sans aucun doute pousser comme des champignons. Alors ils se mirent en quête de quelques cervelles pas trop vides, de doigts aiguisés.
« Rimailleur de tout poil, rime ailleurs aussi, viens nous montrer tes talents. »
Bien entendu, les vocables employés n'étaient pas ceux-ci, mais pour tromper le fardeau de l'ennui et paître sur des pâturages plus sexuels que culturels, encore que… notre gaillard se répandait en bons mots et attirait dans ses filets les plus fidèles de ses connaissances. Amis sans doute ils deviendront – si ce n'est déjà fait – car ceux-là sont bien de ce bois dans lequel les vrais copains, copines doivent être taillés. Un peu comme les plumes, quoi !
Entre un hominem pas sage, l'adèle fine et notre Lupus Albus aux crocs acérés, une vraie communion, une harmonie, une osmose allait naître. Puis les piliers de bar se rallièrent à la cause de ce pote âgé qui leur promettait de si beaux fruits ! Ah, la meilleure soupe n'est-elle pas toujours faite de jeunes légumes ? Quelques autres aussi déjantés, quelques-unes, allumées sans doute, s'éprirent de ce haut lieu du cul, en vers et même contre tout. Un vrai pépin ; mais en français, ne doit-on pas dire noyau ? Un vrai cœur ! Tiens, ça, ça me parle plus. Un chœur composé d'une main – de ses cinq membres, aurais-je dû souligner – se mit en marche.
Un Docteur parfois sévère, mais rêveur aussi de fouet et de corde, tombé du coup amoureux d'une belle et ne pouvant plus « saké » ses cinquante-trois balais se coula dans le suivant juste après sa jonction au groupe. Puis il prit des vacances, et quoi de mieux que de chercher ses lettres et « sumos » ailleurs, sur une terre jaune ? Et la femme de l'avocat aussi se mêla à l'affaire, vous savez, celle qui retire sa robe ; enfin, celle de son mari pour découvrir le barreau… Follette de claviers, celui de son piano tout autant que celui de son Acer (hé-hé-hé, facile, celle-là) tout neuf, mais sans oublier ses partitions nocturnes en lit mineur, jouées à seulement quatre mains, ne vous en déplaise !
Mais ce n'était pas suffisant ; il fallait à ce quintet encore s'adjoindre les meilleurs de ces enfants lettrés de la littérature plutôt érotique, presque porno parfois. Alors un Pierre qui aime… on ne saura jamais qui ni quoi, un Kari boute-en-train, un Ose Mon Ex rigolard et une chipie Lizzy (un cas ou un K, celle-ci) gagnèrent la troupe, vite rattrapés par un duo de C. Tout ce petit monde s'envoyait de jolis messages et, à défaut de le faire en l'air, ils le firent en l'aire. Ce même champ enchanté qu'une autre recrue, dégotée parmi les fréquentations parfois douteuses de notre nettoyeur de scories textuelles, venait par ses diatribes enrichir autant de ses écrits que de ses culs de bouteille.
Dès lors, l'affaire était sur les rails : ceux du plaisir, ceux de l'avenir. Et c'est ainsi que le plus généreux des fruits lorrains vint se greffer à la demande expresse de notre Haut Jacques, hein, dans cet Éden d'initiés. Goumi, toi qui aimes le Lac du Coucou, dernier arrivé, c'est à toi de payer la tournée !
Alors il en sortira ce que Dieu (mais il a du boulot) voudra, de ce Jardin. Ils vous invitent à lire, relire les traits d'humour grinçant de notre broc de sky (lui qui l'achète par tonneaux), le tourbeux parfois comme en Irlande, les bons maux de notre Loup, les aventures de papier, surtout rose, de notre Richard de service, la formation particulière de secrétaires tout aussi spéciales, les ablation de grains de beauté sur le corps des femmes de notre dévergondé sympa, les prénoms du début de nuit à la tchèque Lucia d'Impasse Paris – tout un programme – mais sans oublier, si vous êtes connectés, les instantanés d'une journée pas comme les autres parce que c'est avec cela qu'il l'emballe.
Et puis vous trouverez aussi, bon, c'est sûr, les aiguilles de son horloge laissées par Nathan, comment également on peut être mort mais pas trop, sous hypnose et posologie, ne soyez pas bêcheuse, mis en recette par Oshmonek ; suivez aussi Alice ou Blacky dans une visite surprise et particulière de la fantastique Bretagne de notre Pierre qui aime (qui, au fait ?), et vous savourerez sans déplaisir les échanges de bons procédés d'où découlent des contes immoraux de notre affable (pas toujours) collectionneur de perles manuscrites.
Ils ne sauraient trop, ces gens-là, vous inviter – que dis-je : vous inciter – à les visiter, à les apprécier et, qui sait, à les rejoindre dans leurs folies…