Les chevaliers du zodiaque :
les vices du Sanctuaire
Nathan Kari24/03/2021
Doutes
Non, non, non, non, non, ce ne peut être possible. Je refuse de le croire ; pas elle ! La femme la plus proche de Dieu ne peut avoir trouvé la mort. Et pourtant son corps gît là, sans bouger. Ses yeux révulsés sont vides. J'ai beau l'appeler encore et encore, elle ne réagit pas. Non, non, non, NON ! PUTAIN…
— Ne perds pas ton temps à tenter de la réanimer, abruti : elle a cané. Allah est le plus grand ; cette salope a eu ce qu'elle méritait.
— JE TE FAIRE BOUFFER TON ALLAH, CONNARD !
— Oh, il semblerait que tu sois ma prochaine victime…
Mon cosmos explose comme il n'a jamais explosé. Les murs du temple tremblent sous l'effet des puissantes vibrations que je dégage. Morte ! Morte ! Morte ! Je ne peux supporter cette atrocité. C'est horrible, j'ai mal ! C'est comme si l'on m'avait arraché le cœur pour l'écraser sous une presse. Je n'ai jamais connu ça. Je n'ai plus qu'une idée en tête : détruire, tuer, massacrer ! Je veux son sang, je veux arracher son cœur.
— Par les Cinq Piliers de l'Islam ! commence-t-il. Premier Pilier…
Il n'a pas le temps de finir son attaque que mon poing lui écrase la face. Muhammad traverse dans un fracas assourdissant cinq piliers du temple de la Vierge. Il n'a pas le temps de reprendre ses esprits que je suis à nouveau sur lui. Hors de question qu'il m'échappe : je vais l'écraser sans lui laisser la moindre chance. Je frappe comme un dératé, sentant les os se briser sous mes coups. Son armure se fend, son sang gicle, ses cris pulsent. J'avais peine à suivre la vitesse des Vierges plus tôt, mais là, c'est lui qui peine à suivre.
— FATWA ! hurle-t-il finalement.
Je suis repoussé par une violente décharge d'énergie qui me propulse plus loin. Je ne me préoccupe pas de la douleur, prêt à repartir à l'assaut.
— M'est d'avis que tu devrais rester éloigné de moi. Par les Soixante-douze Vierges !
Soixante-douze femmes dénudées, toutes plus charmantes les unes que les autres, apparaissent tout autour de moi. Elles me lancent des œillades et me font signe de les rejoindre. Certaines commencent même à se caresser entre elles et à s'embrasser. En temps normal, cela m'aurait sans aucun doute fait effet, mais là je ne souhaite que du sang. Je propulse une vague de cosmos sur chacune d'elles, et l'illusion se dissipe. Muhammad semble perplexe.
— Explosion Cataclysmique !
Pas de pitié pour ce connard. Je vais le détruire jusqu'à la moindre particule avec ma plus puissante attaque. Mon cosmos forme un orbe bien plus gros que d'habitude dans le creux de ma paume. Mon regard noir posé sur lui, Muhammad comprend qu'il n'a pas intérêt à subir l'attaque.
— Taqîya !
Il disparaît. PUTAIN DE CONNARD DE LÂCHE ! Ce fumier préfère se planquer dans une autre dimension plutôt que de m'affronter. M'en fous : peu importe où il se cache, je le trouverai et je le buterai. Je pousse mon cosmos à son paroxysme afin de le repérer. Si je parviens à le localiser, je me sens capable de briser le pont entre les dimensions pour le forcer à ramener son cul ici.
Je me vois déjà lui faire subir mille tourments. Mon esprit n'est tourné que vers lui, concentré sur cet objectif. Ça y est, je sens sa présence. Nouvelle explosion de mon cosmos et j'envoie une décharge de pure énergie là où il se trouve, sans que je sache réellement où. Ma proie est ramenée de force dans la maison de la Vierge, l'air très inquiet. Je charge, mon orbe destructeur en avant. Il réagit de suite :
— ALLAHU AKBAR !
Presque à portée de mon ennemi, une puissante et destructrice explosion retentit. Je me la mange en pleine face. J'essaye de me protéger derrière un voile de cosmos ; c'est suffisant pour ne pas mourir sur le coup mais insuffisant pour ne pas prendre cher. Je suis projeté à l'autre bout du temple où je m'écrase comme une merde ! Je me relève cependant, doucement, ma puissance en déclin. Après avoir enchaîné tant de combats, je ne peux maintenir un si haut niveau de cosmos. Pas aussi puissante que le « Deus Vult » de Marie, l'attaque a cependant laissé un profond cratère en plein centre de la maison de la Vierge.
— PUTAIN, T'AS SURVÉCU ? s'effraye-t-il. Premier Pilier : la Chahada !
Comme précédemment avec Marie, son énorme cosmos envahit l'atmosphère et tente de m'écraser de sa toute-puissance. J'ai l'impression d'être dans un étau. Je hurle. Cependant, je n'ai pas encore quitté le septième sens ; j'ai encore suffisamment de force pour résister à l'attaque.
— Deuxième Pilier : la Salat !
Visiblement, il se hâte bien plus qu'avec Marie. Je l'ai vraiment inquiété, semble-t-il. Je me mange l'attaque une nouvelle fois en pleine face, incapable de la repousser. Mon cosmos absorbe le plus gros du choc, mais son niveau dégringole : je n'ai plus assez de puissance pour continuer. Je quitte le septième sens. Encore un peu et il m'éliminera moi aussi…
— Troisième Pilier, se réjouit-il. La Za…
Quelque chose l'arrête. Un cosmos refait son apparition sur le terrain, un cosmos bien familier. Ni lui, ni moi n'en croyons nos sens. Comment cela peut-il être possible ? Et pourtant c'est bien le sien : je pourrais reconnaître celui de la femme que j'aime parmi mille. Le corps de Marie se remet difficilement à bouger. Ma belle, toujours la peau sur les os, remet finalement pied à terre et se relève, baignée dans un étincelant océan cosmique.
— Francis, merci de l'avoir retenu le temps que je revienne. C'est bon, maintenant ; je vais finir ce combat. Repose-toi.
— Quoi ? s'épouvante Muhammad. Comment diable as-tu fait pour revenir ? C'est impossible !
— Impossible pour un humain, certes, mais pas pour la femme le plus proche de Dieu.
— Co… comment as-tu fait ?
— C'est évident ! C'est Dieu qui m'a renvoyée ici pour te détruire une bonne fois pour toutes ! Tu as fait erreur tout le long, tu n'as jamais été son serviteur.
— NON ! Je refuse de le croire ! C'est impossible !
— INQUISITIO !
Muhammad tombe à genoux et se tord de douleur. Marie enchaîne rapidement. Elle le charge et le défonce avec plusieurs coups de poing rapides et puissants. Elle brille d'une toute nouvelle détermination violente et sans pitié. Un de ses bras traverse la poitrine de Muhammad qui crache un flot de sang.
— Taqîya… parvient-il cependant à prononcer.
Une nouvelle fois, ce fumier disparaît. Je tente de me concentrer pour le localiser comme tout à l'heure, mais je suis maintenant bien trop faible. Marie ne se laisse pas désarçonner par la technique comme avant sa mort. Elle se tient fièrement dressée en plein centre, au milieu du cratère. Les bras croisés, les yeux fermés, elle attend, concentrée, son retour.
— MALLEUS MALEFICARUM ! hurle-t-elle soudain.
Elle lance l'attaque en direction de l'entrée comme tout à l'heure. Bien que ma belle ne soit pas au mieux de sa forme, la puissance est toujours aussi phénoménale. Un hurlement rauque m'indique que la cible a été touchée. Je me précipite vers l'extérieur pour voir le résultat de l'attaque : Muhammad se tient là, l'armure brisée et le corps ensanglanté, mais toujours debout. Putain, ce mec est vraiment increvable !
— Je ne l'ai pas réalisé plus tôt, explique Marie, mais quand tu m'as lancé le troisième pilier tout à l'heure, après ta première utilisation de la Taqîya, tu étais toujours invisible. Tu as pu cependant lancer une attaque dans cette dimension, ce qui veut dire que tu t'y trouvais. J'en ai donc déduit qu'à ton retour de l'autre dimension tu restais un court laps de temps invisible. Je n'avais plus qu'à guetter ton retour avec mon cosmos. C'est la fin, Muhammad ; tu ne pourras plus m'échapper. L'heure de ton châtiment a sonné.
— Sale putain ! crache-t-il du sang. Ne crois pas m'abattre si facil…
— Armageddon !
Un bras en l'air, Marie invoque comme une pluie de météorites qui s'abat dans un vacarme assourdissant. L'explosion est destructrice. La Vierge Noire, dans un hurlement strident, fait appel à toute la puissance de son cosmos pour résister, mais cela ne suffit pas. Son corps est calciné. Il s'écrase au sol, mort.
— Crucifixio !
Marie invoque maintenant une gigantesque croix afin d'exposer le corps de notre ennemi à tous. Elle observe quelques secondes son œuvre, sans pourtant montrer le moindre signe de satisfaction, puis perd l'équilibre. J'ai tout juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne s'effondre.
— Tu en as beaucoup fait, lui dis-je. Tu devrais te reposer…
— J'ai juste besoin de quelques minutes, le temps que les dernières malédictions de Muhammad se dissipent et que je retrouve toute ma vigueur.
En effet, son corps est encore très maigre bien qu'elle ait repris quelques couleurs plus naturelles.
— Marie, si tu savais comme je suis heureux de te retrouver… J'ai cru t'avoir perdue définitivement. J'aurais dû me douter que la femme la plus proche de Dieu ne se laisserait pas abattre si facilement.
— Francis, je…
Mais elle n'a pas le temps de finir sa phrase que la suite des évènements s'annonce déjà. Décidément, nous n'avons aucun répit ! Trois chevaliers d'or sont en train de descendre le Sanctuaire dans notre direction. Leur cosmos est agité, quelque chose les inquiète. Bientôt Judith du Capricorne, Mario du Scorpion et Hypolita du Sagittaire apparaissent.
— Francis, Marie, nous savons qui est notre ennemi, lance Mario. Vous n'allez pas nous croire…
— Nous savons déjà, le coupé-je.
— Oh non, je suis sûre que non !
— Et pourtant, c'est le cas.
— Mais non, c'est impossible. C'est atroce : il s'agit d'Arès en personne !
Il nous observe, guettant l'effet que nous procure sa « grande révélation » mais Marie et moi restons stoïques, limite désabusés.
— Oui, c'est ce que je disais : nous le savions déjà.
— Merde alors ! Et moi qui voulais faire la surprise… se plaint-il. Vous me gâchez mon effet.
— Bah, désolé, Mario, mais figure-toi qu'on ne s'est pas tourné les pouces depuis tout à l'heure : nous avons éliminé quelques chevaliers noirs, contrairement à vous. Comment vous avez fait pour être au courant ? réagis-je soudain.
— Le traître, intervient Judith, nous l'avons débusqué : il s'agissait de Harvey !
— Harvey ? Putain d'enculé de merde ! Si je le chope, je vais le saigner. Et merde, moi qui lui faisais confiance… Putain, j'aurais dû m'en douter : un mec issu de la perfide Albion et portant un prénom de super-vilain ne peut qu'être un traître !
— Un prénom de super-vilain ? s'étonne Marie.
— Oui, tel Harvey Dent ou Harvey Weinstein !
— Harvey s'est éclipsé durant mon combat contre Judith, intervient Hypolita. Il a prétendu vouloir prendre de l'avance pour aller parler au Grand Pope. Ce n'est que durant notre affrontement que nous avons fini par parler de lui. J'ai expliqué à Judith et Mario que c'était Harvey qui avait convaincu le Grand Pope et Emmanuello de te piéger pour te faire condamner à mort ; c'est aussi lui qui est l'instigateur de beaucoup de lois qui ont entraîné la colère des habitants. Nous avons finalement compris qu'il cherchait depuis le début à instaurer le chaos au Sanctuaire pour l'affaiblir, alors nous nous sommes lancés à sa poursuite. Nous sommes arrivés juste à temps pour sauver le Grand Pope. C'est là que Harvey nous a dit pour Arès. Nous l'avons tous les trois combattu, mais il s'est enfui.
— Francis, Marie, la deuxième vague de chevaliers noirs arrivera d'ici peu, conclut Mario. Arès sera à leur tête. Cette première vague n'était que l'avant-garde de son armée. Il faut nous tenir prêts !
— Qu'est-ce qu'on fait ? les questionné-je. Nous les attendons chacun à notre poste, prêts à défendre chèrement nos maisons, comme notre mission l'exige ?
— Non ! s'exclame Marie. Ne nous battons pas chacun dans notre coin, mais tous ensemble. Réunissons les chevaliers d'argent et de bronze et accueillons-le dès qu'il foulera de son pied maudit notre précieux Sanctuaire. Ne lui laissons pas l'initiative et repoussons ses troupes tous ensemble : l'union fera notre force !
— Moi, ça me semble une bonne idée, intervient Judith. Il ne s'attendra pas à ça et croira nous cueillir les uns derrière les autres dans nos maisons respectives. Qu'en pensez-vous ?
Personne n'émet d'objection. Après tout, notre véritable mission est de défendre le Sanctuaire, peu importe alors que nous nous trouvions dans notre maison ou non. Une grande bataille va donc avoir lieu, et elle sera décisive. Soit nous les tuons tous d'un coup, soit nous mourons tous. Quant à Harvey, j'espère qu'il sera présent : j'ai hâte de recroiser son chemin et de réduire en bouillie sa petite gueule de traître.
Nous décidons de nous mettre en route, mais au moment de nous lever, Marie a la tête qui tourne et manque de s'évanouir. Je fais signe aux trois autres de partir devant. Il est encore trop tôt pour ma belle de se remettre en route.
— Je peux le faire, insiste-t-elle.
— Patience, Marie. Il n'est pas si simple de se remettre d'un voyage au royaume de Dieu. Tu as besoin de récupérer.
— Francis, j'ai menti… Dieu ne m'a pas renvoyée sur Terre. J'ai dit ça pour déstabiliser Muhammad, pour affaiblir ses convictions et ainsi sa puissance.
— Quoi ? suis-je surpris.
— J'étais pourtant si sûre que je le verrais… J'étais plongée dans le noir. Un immense océan à perte de vue, d'une obscurité terrifiante et infinie. J'étais complètement perdue, sans aucun repère, errant dans le vide glacial, seule au monde. Je priais Dieu de toutes mes forces, mais il n'a pas répondu à mon appel, là où j'avais le plus besoin de lui. Après tant d'années de loyaux services, il ne s'est pas montré ; il n'a brillé que par sa cruelle absence. Moi, son bras armé sur Terre, il n'est pas venu à mon aide ou n'a même pas ouvert les portes de son paradis. J'ai hurlé de toutes mes forces, mais seul un écho terrifiant me répondait. J'ai l'impression d'avoir erré comme ça des jours, des semaines, peut-être même des années.
Bon sang ! Quelle expérience traumatisante. Je vois bien au visage livide de Marie qu'elle est bouleversée, complètement déboussolée. Je la prends dans mes bras pour la réconforter, espérant extirper la détresse de son cœur.
— Francis, reprend-t-elle, les larmes aux yeux, et si Dieu n'existait pas ? Et si moi aussi j'avais vécu dans l'illusion toute ma vie ? Et si je ne tenais ma puissance que de moi-même ? Serait-il possible que je me sois imposé une dévotion à toute épreuve et un mode de vie austère pour rien ? J'aurais gâché un temps précieux à m'imposer des règles au lieu de vivre pleinement ma vie en m'ouvrant aux autres ? Qu'en penses-tu ?
— Tout ce que je sais, c'est que tu es la plus puissante personne que j'ai eu la chance de croiser. Tu es Marie de la Vierge ; tu tires ta force de ta foi en Dieu et de ta chasteté…
— Qu'est-ce que tu en sais ? me coupe-t-elle. J'ai toujours répété ça, mais au final, qu'est-ce qui me le prouve vraiment ? Serais-je une personne différente si je n'étais plus chaste ? Il se pourrait que je me sois trompée tout le long, que tout ça n'ait été qu'une illusion : ma puissance, mes convictions, ma mission, mon sentiment d'être particulière et importante…
— Marie ! la stoppé-je. Je t'interdis de douter de toi. Peu m'importe d'où tu tires ta puissance : pour moi, elle ne fait aucun doute. Je t'ai vue détruire Muhammad. Je ne connais aucun chevalier qui en aurait été capable. Tu doutes de la réalité de tes convictions ? Ne doute pas : si elles t'ont permis d'avancer durant toutes ces années, alors tu peux encore t'appuyer dessus, elles te donneront encore la force d'avancer. Tu doutes de ta mission ? Dis-toi qu'au moins ta mission au Sanctuaire est bien réelle ; des milliers de citoyens comptent sur nous pour les protéger. Tu doutes d'être importante ? Tu l'es, sois en sûre ! Et si ton dieu n'existe pas, je peux t'assurer que tu l'es au moins à mes yeux. Et puis merde, Marie, Dieu ne t'a pas parlé et ça y est, tu doutes de son existence et tu remets tout en cause ? C'est n'importe quoi ! Il peut exister des tas de raisons qui expliquent son absence de réponse ; ne te laisse pas détourner de ton chemin pour si peu.
Qu'est-ce que je fous ? Je n'ai jamais partagé ses croyances, alors pourquoi l'encouragé-je dans cette voie ? Elle était prête à remettre en cause l'importance de sa chasteté, et je me mettais déjà à imaginer un futur plein de galipettes avec elle ; j'aurais pu la détourner de ses croyances pour avoir l'avenir que je souhaite avec elle : mais non, nous sommes en guerre, et j'ai besoin qu'elle soit sûre d'elle. J'ai besoin d'avoir à mes côtés la puissante Marie que j'ai toujours connue. Le moindre doute pourrait lui être fatal à tout moment, et je refuse de prendre un tel risque : je ne supporterais pas de la perdre une seconde fois. Tant pis si pour ça je dois renoncer à un possible avenir amoureux avec elle.
— Tu as raison, sourit-elle, rassurée. Peut-être que je me fais juste un film. Dieu teste ma foi au plus fort de la bataille.
— Marie, si ce n'est pas lui qui t'a ramenée, comment as-tu fait pour revenir ?
— J'ai cherché Dieu partout, comme je te l'ai dit, mais je n'ai pas trouvé de trace de sa présence. Ce n'est pas lui qui m'a ramenée… c'est toi !
— Moi ? suis-je surpris.
— Oui. J'ai soudain senti ton cosmos partout tout autour de moi. J'ignore comment tu as fait, mais tu as réussi à m'atteindre. Ton cosmos a éclairé ma route comme un phare et m'a permis de retrouver le chemin. Tu n'as vraiment pas conscience de m'avoir ramenée ?
— Non, pas du tout ; je ne sais même pas comment j'ai pu faire ça : je n'ai pas ce genre de pouvoir.
— Je crois que toi et moi sommes liés d'une façon ou d'une autre. C'est bizarre, mais j'ai cette intime conviction depuis un bon moment. Jamais je ne m'étais attachée à quiconque avant toi, et depuis que je te connais tu n'as fait que m'aider dès que je me trouvais en difficulté. Crois-moi, c'est énervant pour quelqu'un qui n'avait jamais eu besoin de personne, mais pourtant j'aime sentir ta présence à mes côtés. Et aujourd'hui, tu réussis l'exploit de me faire revenir d'une étrange dimension où mon âme s'était trouvée prisonnière. Alors voilà, pour moi ça ne fait aucun doute : nos destins sont liés d'une façon ou d'une autre.