Les chevaliers du zodiaque :
les vices du Sanctuaire
Nathan Kari24/03/2021
En fuite
Personne ne dit mot. L'atmosphère est pesante. Nous sommes tous les quatre bien conscients de ce que notre fuite du Sanctuaire signifie : notre rébellion, et donc notre condamnation à mort. Bon, pour moi cela ne change pas grand-chose ; mais pour eux, qui ont tout abandonné pour me sauver… j'en ai la larme à l'œil. Voilà de vrais amis !
En attendant, l'épée de Damoclès plane au-dessus de nos têtes. Encore faut-il que le Sanctuaire nous trouve. Je veux dire qu'il vient de perdre un tiers de ses chevaliers d'or ; va-t-il se permettre d'en envoyer d'autres pour nous éliminer alors qu'une autre menace plane sur lui ?
Les manifestations pour me faire libérer ont couvert notre fuite. Fort heureusement, cela nous a permis de prendre de l'avance sur nos poursuivants et de sortir de ville sans encombre. À travers la sombre forêt, nous suivons les pas de Judith. La faible lueur de la Lune éclaire à peine notre chemin, mais le Capricorne connaît la route par cœur. Elle doit nous emmener à une ferme isolée et abandonnée qui appartenaient à l'une de ses anciennes connaissances – un ancien amant, si j'ai bien compris le sous-entendu. « Personne ne connaît le lieu. » affirme-t-elle. En attendant de décider quoi faire, ce sera l'idéal pour se poser.
— Voilà, nous y sommes presque.
En effet, à la sortie des bois, encore cinq cents mètres nous séparent de notre refuge. Les nuages, maintenant un peu plus écartés, ont permis à la clarté de la Lune de s'exprimer, nous éclairant notre objectif. Je plisse des yeux pour mieux l'observer. Il s'agit d'une petite cabane en bois assez délabrée. Bon, ça ira pour cette nuit.
Quelques minutes plus tard nous franchissons la porte grinçante, et nous nous mangeons dans la gueule de dégueulasses toiles d'araignées. Ah, j'ai horreur de ces trucs ! À l'intérieur, ça pue la poussière et l'humidité. Marie a une expression de dégoût. Sanka, las, se jette sur un fauteuil, soulevant un énorme nuage de poussière. Il s'allume un pétard. Je l'observe, décontenancé.
— T'es sérieux, Sanka ? Tu vas fumer maintenant ?
— Ben quoi, après toutes ces émotions, j'en ai bien besoin.
Il aspire une grande bouffée puis recrache lentement en se coulant dans le fauteuil, visiblement déjà plus détendu.
— Hé, Man, j'suis un rebelle ! Wouah, truc de dingue !
Ouais je sais, ça surprend. Lui qui peine à aller jusqu'au bout de ses démarches, le voilà rebelle. Et tout ça par ma faute. Si je m'étais écrasé devant le Maquereau, jamais rien de tout cela ne serait arrivé ; j'ai mis mes amis en danger juste par orgueil.
— Je suis désolé pour tout. Je suis reconnaissant de ce que vous avez fait pour moi, mais vous n'auriez pas dû : maintenant, le Grand Pope va vouloir tous vous éliminer, et tout ça à cause de moi. Je ne veux pas vous voir mourir à cause de ma gueule.
— Qu'il essaye de m'éliminer, ce vieux débris, et je lui ferai voir ce que j'en pense de ses méthodes ! s'exclame Marie.
— Ne t'inquiète pas, Francis, poursuit Judith. Ici, nous sommes en sécurité. Ils ne nous retrouveront pas.
— Ah ouais, et on doit te croire sur parole ? l'apostrophe Marie d'un ton mauvais.
— Qu'est-ce que tu insinues ? Tu as quelque chose à me dire peut-être ?
— Ben, je ne sais pas. Nous savons qu'il y a un traître parmi les chevaliers d'or. Qui nous dit que ce n'est pas toi ? Qui nous dit que tu ne nous as pas mené dans un piège pour nous livrer aux chevaliers noirs ?
— Et pourquoi ce serait moi le traître, d'abord ?
— Je n'ai aucune confiance en les mécréantes de ton genre. Les gens qui ne croient en rien ne sont pas fiables.
— Je crois en l'innocence de Francis. Je crois aussi que tout ce procès était une mascarade organisée par le Grand Pope. Je crois que Francis le gênait trop et qu'il a voulu s'en débarrasser. C'est tout ce qui devrait te suffire.
L'argument semble faire mouche dans le cerveau de Marie. Pas qu'elle soit prête à confier sa vie à Judith, mais au moins elle semble comprendre ses motivations.
— Et toi alors, reprend Judith, qui nous dit que ce n'est pas toi la traître ? Tu n'as toujours pensé qu'à ta gueule et tu t'es toujours foutue des autres ; et puis là, d'un coup, tu te préoccupes du sort d'un de tes camarades. Pourquoi ?
— Francis est mon équipier ; Francis est mon ami. Je ne le laisserai pas mourir pour rien !
Oh, que ces mots me font chaud au cœur… Elle tourne les yeux vers moi et me regarde comme elle m'a observé lors du procès ; la même lueur étrange brille dans ses jolies mirettes azur. « Je ne m'en étais jamais rendu compte : t'es mignon, en fait… » m'a-t-elle affirmé tout à l'heure. Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui a changé ? Mystère.
— Et moi alors ? lance Sanka. Personne ne cherche à vérifier si je suis le traître ?
Nous nous tournons tous les trois vers lui et explosons de rire, genre Sanka, un traître ? Il peine à rester conscient toute une journée… personne ne le voit sérieusement comploter dans l'ombre et préparer un assassinat.
Le calme retombe. Marie, l'air soucieux, sort prendre l'air. Intrigué, je la suis. Elle est assise sur une souche à quelques mètres. Je m'approche d'elle. Elle me tourne le dos.
— Tu leur fais vraiment confiance à ces deux-là ? Une mécréante et un drogué : deux raisons de se méfier !
— Ce sont mes amis, Marie. Ils l'ont prouvé en nous aidant à fuir. Je leur dois déjà la vie.
— Tu es donc en sécurité ? Très bien, je vais pouvoir y aller.
— Hein ? Quoi ? Tu veux vraiment partir maintenant ?
— Je dois retourner en ville récupérer nos deux armures que j'ai laissées en réparation. Quoi qu'il se passe ensuite, nous en aurons forcément besoin.
— Retourner en ville seule ? Tu es folle, c'est bien trop risqué !
— Pour qui me prends-tu, chevalier du Bélier ? Je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu. Je tire ma force de…
— Oui, oui, je connais déjà la chanson, la coupé-je.
— Ne t'inquiète pas pour moi. Ils ne me captureront ni ne me tueront. Je reviens dès demain. Attendez-moi avant de décider quoi que ce soit, et soyez prudents.
Elle se lève, me lance un regard qui sonne comme un adieu, avec une petite teinte de la lueur de tout à l'heure. Mon cœur se serre. Il faut que je sache.
— Marie, tu as dit au procès que tu me trouvais d'un coup mignon. Je ne comprends pas ce que tu voulais dire.
— Hein ? rougit-elle d'un coup. Mais rien de particulier. Qu'est-ce que tu vas imaginer ? Ouais, c'est vrai, tu es plutôt bien foutu, je le reconnais. Et alors ? Cela ne veut rien dire de plus.
Alors je passe de « Je ferais preuve de charité si je devais me marier à un homme comme toi. » à « En fait, t'es plutôt mignon… » en un éclair. C'est trop improbable. Qu'est-ce qui a changé entre-temps ? Il y a bien une raison à ce changement d'opinion. Le seul type qu'elle avait trouvé mignon jusque-là était ce con de DJ Réac. Mais attends…
— Juste une autre petite question, Marie : le Grand Pope, comment tu le trouves physiquement ?
— Ben, j'en sais rien. Plutôt mignon, je crois… Oui, c'est ça. Il est pas trop mal foutu lui aussi.
Ouais, donc elle trouve mignon un vieux croulant qui tient à peine sur ses jambes et à l'hygiène déplorable ? Un mec qui passe la majeure partie de son temps le visage masqué ? C'est ça, je le savais : elle n'est attirée que par les hommes à barbe ! DJ Réac ? Un type pas vraiment terrible, mais barbu. Le Grand Pope ? Seul détail visible de son visage : la barbe. Ce qui a changé physiquement chez moi ? Eh bien, après quelques jours dans un cachot, j'ai de la barbe. Putain, si j'avais su qu'elle fantasmait sur les barbes, je l'aurais laissée pousser bien plus tôt. Tout ce temps perdu à me raser pour qu'elle me trouve présentable !
— Marie, en tout cas, tu es une très belle femme toi aussi.
Ouais, j'ai osé prendre ce risque ! Je sais pas, l'atmosphère me semblait propice.
— Merci, rougit-elle. Mais attention : garde tes viles flatteries pour toi. Je ne suis pas une dépravée.
— Oui, je sais, souris-je. Tu tires ta force et tes pouvoirs de ta chasteté. Bonne route, et bonne chance.
— De la chance ? Pour qui me prends-tu ? Je n'en ai pas besoin : je suis la femme la plus proche de Dieu. À demain.
Et la voilà s'éloigner. Je la regarde disparaître dans l'obscurité tout en souriant. Songeur, je reste là de longues minutes avant de me décider à retourner à l'intérieur. Sanka, en mode comateux, est toujours dans son fauteuil. Judith, qui a retiré son armure, est en train d'alimenter la cheminée pour créer un peu plus de lumière et faire face à la fraîcheur de la nuit.
— Elle est passée où, l'intégriste ?
— Récupérer nos deux armures qu'elle a fait réparer. Elle nous rejoint dès que possible.
— Ah ouais ? Tu lui fais vraiment confiance à celle-là ? Les fondamentalistes, mieux vaut se méfier.
J'ai l'impression d'avoir déjà eu cette discussion il n'y a pas longtemps. Allez, c'est reparti pour un tour !
— La mission que nous avons passée ensemble nous a considérablement rapprochés l'un de l'autre. Elle n'est plus la Marie complètement fermée aux autres qu'elle était autrefois : maintenant, elle est mon amie.
— J'ai l'impression qu'il y a plus que de l'amitié entre vous, fait-elle, le regard soupçonneux.
Le regard fuyant, je bredouille quelques mots pour me défendre, mais rien de bien convainquant.
— C'est pas vrai… comprend-elle. Tu es amoureux d'elle ! C'est bien ça ?
Ouais, ben elle lit en moi comme dans un livre ouvert. C'est si voyant ? Alors rien ne sert de le cacher. Je confirme donc.
— Et elle le sait ?
— Non. De toute façon, je n'ai aucun avenir avec elle. Jamais elle ne renoncera à sa chasteté : elle affirme que c'est la source de ses pouvoirs.
— Et moi, alors, je deviens quoi dans tout ça ? Tu ne veux plus de moi du coup ?
Elle s'approche avec une démarche féline et un regard coquin. Elle porte un débardeur et un pantalon serré qui laissent aisément transparaître ses formes. La voilà à quelques centimètres. Je sens son parfum et son souffle chaud. Elle m'observe, attend que je fasse en geste vers elle, que je prenne possession de ses lèvres.
— Je ne sais pas si je devrais… hésité-je.
— Pourquoi ? À cause d'elle ? Tu l'as dit toi-même : tu n'as aucun avenir avec elle. Pourquoi t'empêcher de vivre ?
— Je ne crois pas être d'humeur pour ça ; j'ai trop de trucs dans le crâne en ce moment, surtout avec notre fuite.
— Justement. Qui sait si on ne sera pas morts demain ? Perso, j'aurais bien besoin d'une dernière petite baise, juste au cas où…
— Ah oui ? Mais, chère Madame, dites-moi pourquoi j'accepterais de coucher avec vous.
— Ben, je ne sais pas ; peut-être parce que c'est ce que les hommes et les femmes ont toujours fait depuis la nuit des temps : c'est naturel ! se moque-t-elle en m'imitant.
— Tu vois, moi je les trouve très convaincants comme arguments.
Elle rit, se colle à moi, m'embrasse et me met la main au panier. D'une demi-molle, je passe à une queue bien dure en un fragment de seconde. Mes derniers doutes – cette curieuse impression de trahir Marie alors que je ne lui dois rien – sont balayés en un rien de temps.
Mon engin est libéré de mon pantalon. Judith le caresse, l'observe, le sourire aux lèvres, puis s'agenouille. Elle me lance un regard canaille et commence à agacer le bout de mon gland d'un coup de langue léger tandis qu'elle me masse les bourses. Son petit jeu dure un long moment. Mais qu'attend-t-elle pour m'engloutir ? Rha, ça y est : elle a réussi à me rendre impatient. Je l'implore du regard. Elle sourit, victorieuse, et sa langue s'enroule autour de ma queue.
— On ne devrait pas faire ça ici : Sanka est juste là ! me souviens-je d'un coup.
— Il dort.
— Il peut se réveiller, fais-je remarquer.
— On lui dira de venir nous rejoindre.
Je l'observe rapidement. Écrasé sur le fauteuil, ses ronflements sont tonitruants. Cinq mégots traînent à ses pieds. Cinq ? Il a vraiment réussi à en fumer autant durant le peu de temps que je suis resté dehors ?
Mes interrogations sont très vite interrompues par une douce chaleur qui m'encercle le gland. Cette fois c'est bon : ma hampe est engloutie par la divine bouche de ma collègue et amie. Elle l'avale sur tout le long. Oui, j'aime que l'on s'occupe de moi comme ça. Elles sont vraiment douées, les femmes du Sanctuaire, pour cet exercice. J'ai déjà connu quatre bouches de mes collègues féminines chevaliers d'or, et toutes se montraient très créatives.
Judith abandonne ma queue pour retirer ses vêtements. Elle se jette ensuite sur le canapé situé près du fauteuil de Sanka et, les cuisses grandes écartées, me fait signe de venir la rejoindre. En un rien de temps, je suis moi aussi nu et lui saute dessus. Je la pénètre, passe ma main dans ses cheveux noirs et l'embrasse.
Contrairement à notre première fois, nous prenons tout notre temps ce soir, préférant savourer chaque instant. Je crois que l'état d'inquiétude dans lequel nous sommes plongés à cause de notre situation fait que nous recherchons de la douceur et de la volupté afin de compenser. Puis, sans nous en apercevoir, nous finissons par adopter le rythme et l'intensité des ronflements de Sanka. Les ressorts du canapé qui grincent, les percussions de mon corps contre le sien, nos gémissements chantants, tout s'accorde ensemble et trace les lignes de la partition d'une symphonie sexuelle des plus délicieuses.
Nous jouissons en chœur et nous endormons là, nus l'un à côté de l'autre.
Ce sont les premiers rayons du Soleil qui me réveillent le lendemain matin. Vite, je réveille ma collègue et lui demande de se rhabiller : si Marie nous trouve comme cela, elle aura vite fait de nous traiter de décadents et de nous balancer ça à la gueule toute la journée. D'ailleurs, je me demande où elle en est. Elle ne devrait pas tarder.
Une heure plus tard, elle n'est toujours pas revenue. Ce n'était pas la peine de nous rhabiller en vitesse, visiblement. Je commence à m'inquiéter. Sanka se réveille à son tour, et cinq minutes plus tard il est déjà en train de fumer.
La Vierge ne revient que dans la soirée, juste avant la tombée de la nuit. Patientant à la fenêtre, je l'aperçois sortir des bois. Ouf, je commençais vraiment à péter un câble à l'attendre. Elle porte son armure sur le corps et la mienne dans la Pandora Box dans son dos. J'accours à sa rencontre et lui sauterais bien de joie dans les bras, mais je risquerais de me prendre un coup de genoux dans les burnes : elle n'aime pas trop les contacts physiques. C'est là que je remarque quelques égratignures sur son visage.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu vas bien ?
Judith et Sanka nous rejoignent rapidement.
— Ce n'est rien : j'ai juste croisé la route de plusieurs chevaliers d'argent qui ont voulu m'empêcher de récupérer nos armures.
— Comment vont-ils ? s'inquiète Judith.
— Moins bien que moi, mais ils sont toujours en vie, si c'est ça qui t'inquiète.
— Tu n'as pas été suivie ?
— Mais pour qui me prends-tu, mécréante ? Je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu. Je tire ma force et ma…
— Ouais, ouais, on connaît la chanson… la coupe-t-elle. Rentrons !
À l'intérieur, Marie dépose ma Pandora Box dans un coin et nous nous installons tous les quatre autour de la table. L'heure est venue de décider de la suite du programme. Nous commençons par faire un point sur la situation. Les chevaliers noirs – de puissants ennemis – complotent dans l'ombre. Ils avaient au moins un chevalier de notre niveau, mais je serais prêt à parier qu'ils en ont d'autres. Ils ont aussi de leur côté plusieurs chevaliers du Sanctuaire, nombre de bronzes et d'argents, plus un chevalier d'or qui est censé éliminer le Grand Pope le moment venu.
Quant à nous, nous avons fui le Sanctuaire suite à mon procès désastreux et nous sommes considérés comme des rebelles, donc des cibles à abattre, mais nous désirons encore tenir nos engagements : à savoir protéger Athéna et le Sanctuaire. Nos objectifs immédiats : rétablir la paix avec le Pope, préparer le Sanctuaire à l'invasion imminente et débusquer le traître avant qu'il puisse agir. Le silence règne ; nous sommes à court d'idées sur la stratégie à adopter.
— Prenons d'assaut le Sanctuaire ! propose soudain Judith.
— Oui. Pour une fois, je suis d'accord avec la mécréante. Tuons-les tous ; Dieu reconnaîtra les siens !
Choqués, nous nous tournons tous vers Marie. Elle hausse des épaules.
— Mais t'es folle, Marie, interviens-je. Nous n'allons pas les tuer, ça ne se fait pas.
— Oh, faites pas vos mijaurées ! Vous m'ennuyez avec votre bien-pensance de bobos gauchistes. On ne peut plus rien dire ! Au moins, avec ma méthode, nous serons sûrs d'avoir éliminé le traître.
— Oui, et après ? s'agace Judith. Tu comptes arrêter les chevaliers noirs à toi toute seule ?
— Ne me sous-estime pas, mécréante ! Je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu. Je tire ma…
— ON SAIT ! nous exclamons-nous à trois en chœur.
— Moi, ce que je ne comprends pas, s'exprime Sanka, c'est pourquoi vouloir attaquer le Sanctuaire. Ça ne va pas améliorer notre cas, ça.
— Et tu proposes quoi à la place, Sanka ? demande Judith. Manifester ? Ouvrir des négociations avec un homme qui a trafiqué un procès pour condamner Francis ? Fuir et laisser le Sanctuaire affaibli en notre absence ? La situation presse, et jamais le Grand Pope n'entendra raison : il est de bien trop mauvaise foi pour ça. Le coup de force est une solution. Il faut nous imposer, qu'il n'ait plus comme choix que d'accepter de nous réintégrer. Et ça, il faut le faire vite afin que le Sanctuaire soit au mieux de sa forme quand nos véritables ennemis attaqueront. Nous n'avons pas d'autre choix que de le prendre d'assaut, d'aller à la rencontre de nos collègues et d'essayer de trouver du soutien parmi eux. Plus nous serons nombreux derrière Francis, plus le Grand Pope n'aura d'autre choix que d'abandonner les poursuites.
— De plus, poursuis-je, notre attaque forcera peut-être le traître à passer à l'action. On pourra donc le démasquer avant l'arrivée de nos ennemis.
— Et ceux qui refusent de nous écouter ou de nous laisser passer, on en fait quoi ? interroge Sanka. Ils sont censés défendre leur maison jusqu'à la mort.
— Nous les mettrons hors-jeu, tout simplement ! s'exclame Judith.
— Tss… Et s'ils ne nous laissent pas d'autre choix que de les tuer ? intervient Marie. Nous serons bien obligés. Eux, ils ne nous feront pas de cadeau.
— Si nous ne pouvons pas faire autrement, alors oui, nous n'aurons pas d'autre choix, reconnaît le Capricorne.
Marie sourit, victorieuse, l'air de dire « Voilà, j'avais bien raison tout à l'heure, je ne suis pas folle ! » De mon côté, j'ai encore du mal à réaliser ce que nous sommes en train de préparer ; c'est tellement dingue d'en être arrivés là ! Le temps va jouer contre nous, d'autant plus que nous ne savons pas exactement de combien nous en disposons. La situation doit être réglée rapidement afin que le Sanctuaire puisse soigner ses plaies de la bataille qui s'annonce avant la suivante, celle contre nos véritables ennemis dont nous ignorons encore tout de la puissance.
— Alors nous sommes tous d'accord ? demandé-je.
— Oui ! confirment-ils en chœur.
— Très bien. Alors demain matin à la première heure, nous attaquerons le Sanctuaire !