Les chevaliers du zodiaque :
les vices du Sanctuaire
Nathan Kari24/03/2021
Combats entre amis
Sanka nous rattrape alors que nous traversons la maison de la Vierge. Il semble bien épuisé par sa petite séance avec Ayéfèmi.
— Alors, lui demande Judith discrètement, c'était comment ?
— C'était génial ! Vous ne pouvez même pas imaginer les trucs dingues qu'elle m'a faits… Hum, ces coups de langue, cette façon de remuer du popotin, ces mots qu'elle a pu me dire, et cette fougue et don de soi… Et puis, d'un coup, paf : elle change de couleur de cheveux !
— Aïe ! comprends-je. Tu as eu affaire à Ayé ?
— Exactement. Du coup, notre petite affaire a rapidement changé d'ambiance. Le plaisir a laissé place à une souffrance des plus atroces. J'avais l'impression d'être un petit lapin qu'on mène à l'abattoir !
— Mon pauvre Sanka… compatit Judith. Ça a dû être horrible !
— Non, c'était génial ! Vous ne pouvez même pas imaginer les trucs dingues qu'elle m'a faits… Hum, ces coups de fouet, ces trucs qu'elle m'a enfoncés dans le popotin, ces vacheries qu'elle a pu me dire, cette rage et cette emprise sur moi ! Et puis, d'un coup, paf : elle venait à peine de s'échauffer !
— Alors ça t'a vraiment plu ? m'étonné-je.
— Ouais, la meilleure baise de ma vie ! Franchement, elle m'a fait chialer. Je crois avoir même perdu connaissance pendant un moment. J'ai joui comme jamais. J'en ai foutu partout, alors elle m'a obligé à tout nettoyer avec la langue. J'ignore pourquoi j'ai toujours évité Ayé ; si j'avais su, j'y serais allé plutôt deux fois qu'une.
— Tu comptes la revoir ? interroge Judith.
— Pas le choix : pour qu'elle accepte que je parte, j'ai dû signer un contrat l'autorisant à abuser de moi comme elle le voudra et lorsqu'elle le voudra. Je me suis engagé pour cinq ans.
Ouais, ben espérons qu'il ne regrettera pas ce choix. Marie n'a pas prêté l'oreille ni demandé ce qu'il s'était passé au juste. Elle semble songeuse après son combat avec Amalia. Je me demande ce qu'elle peut bien avoir en tête. Elle se frotte aussi les mains – qui sont dans un sale état – mais je pense que ma belle pourra toujours se battre.
— Mes amis ! nous accueille Harvey. Bienvenue ici !
Nous foulons maintenant le sol de la maison de la Balance. Harvey se tient devant nous, tout sourire. Judith s'avance, prête à tenter de négocier le passage comme dans les précédentes maisons, mais je lui coupe la route :
— Non, pas de négociations cette fois ! Cet enculé m'a condamné à mort : il va payer son acte. Je vais le saigner !
C'est mon tour de combattre ; j'ai un compte à régler avec ce fumier qui se prétendait mon ami mais qui n'a pas hésité à prononcer cette cruelle sentence. Un cosmos menaçant s'élève de chaque pore de ma peau. Je lui lance un regard noir. Il n'a pas l'air inquiet pour un sou.
— On dirait que tu m'en veux ! lance-t-il. Qu'est-ce que tu me reproches au juste ?
— Te fous pas de ma gueule ! vociféré-je.
— Jamais je n'oserais. Tu m'expliques ce qu'il t'arrive ?
— Fais pas l'innocent, espèce de fumier, sale traître ! DÉFLAGRATION ATOMIQUE !
Je charge comme un bourrin. L'attaque le touche et l'envoie valdinguer le long du mur dans un vacarme assourdissant. Il se relève tout de même sans trop de dommages, le bouclier d'or ornant son bras l'ayant protégé. Il a survécu à ma première attaque ; je n'en attendais pas moins d'un chevalier d'or.
— Oh-oh, mais t'es vraiment en colère ! Purée, t'es dur avec moi. Ça picote un peu… Et puis, pourquoi me prends-tu pour un traître ?
Ce n'est pas possible, il est à l'Ouest ou quoi ? Comme si ce n'était pas évident, ce que je lui reproche…
— Oui, tu m'as trahi. Tu n'as pas hésité à me condamner à mort, moi, ton ami !
— Oh, ça… semble-t-il comprendre. Ce n'est vraiment rien du tout. Attends, je vais tout t'expliquer, et après tu te sentiras mieux, tu verras. Tu me pardonneras aussi.
— Rêve pas. Il n'y a qu'une fin possible à notre confrontation : ta mort !
— On parie ? sourit-il.
Je charge ce fumier de nouveau avec une déflagration atomique. Ce coup-ci, il évite l'attaque. C'est un pilier qui prend tout et qui est réduit en miettes. Il contre-attaque et nous échangeons quelques frappes.
— Tu refuses de parier ? Pourtant, c'est plutôt un pari honnête. Il n'y a pas plus équitable. Vois-tu, mon destin balance entre deux options : soit tu me tues, sois tu me laisses vivant. C'est un cinquante-cinquante, une chance sur deux, un PILE-OU-FACE !
Sa cosmo-énergie virevolte tout autour de lui et finit par dessiner un disque qui tournoie selon un axe vertical de plus en plus vite. Son énergie me souffle. J'ancre bien mes pieds au sol et brûle mon cosmos pour faire face à son attaque. Je dois m'être inquiété pour rien car l'énergie se dissipe sans m'avoir causé le moindre dommage. Elle aurait pu se montrer un tant soit peu efficace contre des bronzes, mais là…
— Attends, c'était une technique, ça ? m'étonné-je de la faible puissance.
— Mon Pile-ou-Face est un arcane à deux issues possibles, chacune ayant cinquante pour cent de chances d'advenir. Tu as eu de la chatte sur ce coup ; crois-moi, tu n'aurais pas aimé subir l'autre issue. Au moins, je sais maintenant que tu es innocent.
— Hein ? Parce que tu en doutais ? Te fous pas de ma gueule ! Oui, je ne m'entends pas avec le Maquereau, mais jamais je n'aurais trahi le Sanctuaire ; tu le savais !
— Non, j'en doutais. Le Grand Pope et son fils m'ont monté la tête pour que je te condamne, pour que le verdict leur soit favorable.
— Combien t'ont-ils offert ? mugissé-je.
— Une fortune, sourit-il. Mais, trop occupé à compter mes sous, mon esprit n'a pas été assez vaillant face à leurs bobards. Je les ai tous gobés. Mais c'est du passé, tout ça ; mon attaque a rendu un nouveau verdict : tu es innocent !
— Je croyais qu'il était aléatoire, intervient Judith.
— Bien sûr ! Il n'y a pas de meilleure justice que le hasard. Il ne peut être acheté. Il n'y a pas plus neutre.
— Tu es vraiment cinglé ! vociféré-je. DÉFLAGRATION ATOMIQUE !
Une nouvelle fois mon cosmos provoque une énorme onde de choc. Le sol s'arrache sous mes pieds et les quelques piliers autour de moi sont dégommés. Harvey se prend l'attaque de plein fouet mais résiste une nouvelle fois. Le bouclier d'or de la Balance est vraiment une défense des plus efficaces.
— Hé, rage-t-il, tu vas finir par dégommer ma maison si tu continues. N'oublie pas que c'est à moi de payer les dégâts. — Il faut bien que tu dépenses le pot-de-vin que t'ont filé le Pope et son môme, sinon il ne te servirait à rien.
Je le charge et nous échangeons quelques frappes au corps-à-corps. Sa technique n'est pas mauvaise, assez vive et créative ; je reste donc méfiant. Quoique il n'est pas à cent pour cent dans le combat, se contentant plutôt de parer mes coups.
— Allez, d'accord, je reconnais mon erreur, lance-t-il. Je me suis trompé sur ton compte et je me suis laissé abuser par appât du gain. Ils m'ont manipulé. Je ne suis qu'une victime dans cette histoire, tout comme toi.
— Il est trop tard ! gueulé-je en lui emmanchant un gros coup de poing sur la joue.
— Aïe ! crie-t-il. Je plaiderai en ta faveur auprès de nos camarades. Je témoignerai de ta bonne foi et de ta droiture. Je modifierai officiellement mon verdict. Il te faut absolument mon soutien si tu veux retrouver ta place au sein de notre Ordre : m'éliminer ne fera qu'empirer ton cas et celui de tes camarades.
— Va te faire foutre !
Mon cosmos gagne en intensité et je délivre une série de frappes énergiques qui lui arrache un hurlement de douleur. Prêt à lui faire subir une nouvelle Déflagration Atomique, je suis stoppé par Judith.
— Attends ! Il n'a pas tort : plus nous serons d'or à te soutenir, plus tu auras de poids face au Grand Pope ; il n'aura donc pas d'autre choix que de faire taire les accusations et de te rendre ta place. C'est avant tout pour ça que nous sommes venus.
J'avoue hésiter. J'ai quand même une franche envie de le défoncer une bonne fois pour toutes. Que faire ? Le laisser en vie ou le punir ? Quelle est la solution la plus raisonnable ? Je crois le savoir, au fond, mais ma colère est trop grande pour lui accorder mon pardon. Je demande donc leur avis à mes deux autres collègues.
— Moi, je serais d'avis de le crucifier pour l'exemple, m'explique Marie, mais tu vas sûrement encore trouver ça un peu trop extrême.
— Bah, je sais pas, moi, poursuit Sanka. On a quand même passé de bons moments tous ensemble. Ça me fait bizarre de l'éliminer.
— Oui, oui, rajoute Harvey, optimiste. C'est ça ! Francis, rappelle-toi tous les moments qu'on a passés ensemble, tous ces verres qu'on a vidés, toutes ces franches rigolades qu'on a échangées…
Malgré moi, toutes les images me reviennent en tête et je finis par ne plus pouvoir croire que cet ancien ami ait pu me tourner complètement le dos. Il a fait une erreur, certes, mais il est prêt à se racheter. En signe de paix, je finis par lui tendre une main amicale qu'il saisit aussitôt.
— Attends, quoi ? s'étonne Marie. Tu ne vas tout de même pas lui pardonner après ce qu'il a fait ?
— L'erreur est humaine. En pardonnant, je mets en pratique les enseignements de ton dieu.
— Et s'il te trahit de nouveau ?
— Je ne crois pas qu'il le fera, j'ai confiance.
— Tu faisais confiance à tes anciens collègues du Jardin d'Aphrodite, je te rappelle…
— C'est différent aujourd'hui.
— Merci beaucoup, Francis ! s'exclame Harvey. Tu ne le regretteras pas, c'est promis !
Bien, un chevalier d'or dévoué de plus à ma cause. Notre route se poursuit. La prochaine étape est la maison de Scorpion. Mario aussi est un ami. Si nous le convainquons, nous serons la moitié des chevaliers d'or : le Grand Pope ne prendra pas le risque de s'opposer à nous et de risquer une guerre fraternelle, d'autant plus qu'il a le Poisson et le Taureau dans ses rangs, les deux chevaliers les plus faibles, ainsi qu'Ayéfèmi qui n'est pas très fiable, et Amalia qui est actuellement blessée.
Nos pas nous amènent devant Mario qui se dresse à l'entrée de sa maison. Le regard ferme, il ne nous accueille pas en amis. Flûte !
— Salut, Mario, tenté-je. Nous aimerions juste te parler.
— Vous n'êtes pas les bienvenus ici. Faites demi-tour ou mourez en tentant de traverser mon hall.
Je donne un coup de coude à Harvey pour qu'il intervienne. Il me regarde sans comprendre.
— Hé, l'interpellé-je, je t'ai épargné ; montre-toi utile maintenant.
— Bon, OK, concède-t-il de mauvaise grâce. Écoute, Mario, il semblerait que j'ai fait une toute petite erreur de rien du tout lors du procès : en fait, il est fort probable que Francis soit innocent.
— Innocent ou pas, vous avez choisi de prendre les armes contre le Sanctuaire : vous êtes donc des rebelles. Ma mission est de vous arrêter.
— Allez, Mario, sois raisonnable… Nous sommes amis, je te rappelle, le supplié-je.
— Oui, nous le sommes. Crois-tu que ça me fait plaisir d'en arriver là ? Mais j'ai fait un serment, celui de protéger le Sanctuaire contre tous ceux qui le menaceraient, peu importent mes opinions, peu importent mes liens, ou peu importe d'avoir proposé jadis une partie de jambes en l'air. Oui, Francis, tu as beau avoir un petit cul très appétissant, je me vois au regret de te le botter.
— Hein ? réagit Marie. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Mario m'a fait des avances à mon arrivée, avances que j'ai bien entendu repoussées.
— Ouf, j'ai eu peur… se rassure-t-elle. Me voilà heureuse et fière de toi que tu n'aies pas cédé à la tentation.
— Merci. Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qui t'a fait croire que j'aurais pu être tenté ?
— Je ne sais pas ; quelque chose dans ta manière de te comporter. Je me disais qu'il était probable que ce soit une malédiction chez les Béliers, tout comme le trouble dissociatif de la personnalité chez les Gémeaux, un prérequis au poste. Si tu ne l'es pas, je préfère… Je vais maintenant laver ton honneur en pourfendant ce pervers décadent pour avoir voulu faire de toi un sodomite !
— Non ! la coupe Judith. C'est à moi de m'en charger. Je suis la plus qualifiée pour l'affronter. Il ne peut rien pour moi.
— Mais, euh… se plaint Marie.
— Laisse-la ! lui ordonné-je. Judith n'a pas encore combattu aujourd'hui. Elle doit avoir hâte.
Le Capricorne s'avance donc vers le Scorpion. Mario accepte le défi et nous entrons tous à l'intérieur pour assister au combat. Les deux adversaires se tiennent l'un en face de l'autre. Visiblement, leur regard trahit leur regret d'en arriver là. Ils se souhaitent bonne chance.
Et puis, d'un coup, les voilà l'un sur l'autre. Pour le moment, ils ne font que tester leurs réflexes. Ils sont tous les deux très rapides, mais pas autant que ne l'étaient Marie et Amalia. Mario accélère soudain la cadence ; Judith suit. Elle simule une faille lors d'un coup afin de piéger Mario, mais celui-ci ne se fait pas avoir.
Le combat gagne en intensité. Les mouvements s'accélèrent, les frappes augmentent en puissance et en violence. Judith est atteinte la première ; l'onde de choc brise un pilier. Mario subit le même sort quelques instants plus tard. Ils enchaînent ainsi de suite. Malgré les coups portés l'un à l'autre, des deux chevaliers c'est la maison du Scorpion qui a le plus subi. Beaucoup de piliers ont souffert. Heureusement que beaucoup d'entre eux servent juste pour la décoration sinon les temples s'écrouleraient à chaque affrontement.
Et puis soudain Mario se prend un rocher par l'arrière qui le désarçonne. Un cosmos doré brille tout autour de Judith et ses yeux sont devenus tout blancs. Elle semble contrôler les débris à distance.
— J'ignorais que tu avais des pouvoirs télékinétiques, admet Mario.
— Bien sûr, tu ignores tout de mes pouvoirs. L'inverse n'est pas vrai.
— Très bien ; alors je vais devoir passer aux choses sérieuses.
Ah, Mario va-t-il attaquer ? A priori oui, vu qu'il semble concentrer son cosmos. L'ongle de son index se met soudain à s'allonger pour prendre la forme d'un dard et à se teinter en rouge. Visiblement, Judith n'a pas l'air de vouloir le laisser faire. Elle continue à maintenir la pression grâce à sa télékinésie. Mario saute dans tous les sens pour éviter les débris. Il en détruit le plus possible en concentrant son cosmos dans ses pieds, ses poings, et son crâne aussi. Il semble même s'amuser à casser les blocs grâce à sa tête.
— AIGUILLE ÉCARLATE ! hurle-t-il, le doigt pointé en direction de Judith.
Trois filets rouges atteignent le chevalier du Capricorne et la transpercent. Elle hurle de douleur, mais le coup n'a pas été fatal.
— Tu vas bien ? lui demandé-je.
— T'inquiète ! me répond-elle. Il doit me porter quinze coups pour que cela me soit fatal. Il ne m'en a porté que trois pour le moment.
— En effet, confirme Mario. Mon attaque trace la constellation du Scorpion sur le corps de ma victime. Ce n'est que le dernier coup, l'Antarès, qui l'achève. Enfin là, c'est pour les plus résistants : beaucoup meurent avant mon Antarès.
— Quinze coups ? fais-je, étonné. T'es sérieux, Mario ? Quinze coups pour une attaque… t'es une merde, en fait !
— Bah quoi, j'aime faire durer le plaisir. Tu le saurais si tu avais accepté mes avances.
— Arrête avec des satanées paroles ! hurle Marie. J'ai des images pas très catholiques en tête après !
— De toute façon, l'Aiguille Écarlate est une technique ancestrale, alors je vous prierai de ne pas la mépriser ou la sous-estimer.
— Argumentum ad antiquitatem, autrement dit le sophisme de l'appel à la tradition, reprend Judith. Ce n'est pas parce qu'une technique est ancienne qu'elle est forcément bonne. Reconnais-le : elle fait quand même bien pitié…
— C'est ce qu'on va voir. AIGUILLE ÉCARLATE !
Elle est de nouveau atteinte trois fois, ce qui fait un total de six piqûres. Malgré tout, cela semble bien douloureux et les plaies saignent abondamment. Judith a de plus en plus de mal à tenir sur ses pieds, alors Mario en profite pour la maltraiter. Elle tente de le repousser avec sa télékinésie, mais il est plus rapide et lui éclate la face contre le sol en lui sautant sur la tête.
— AIGUILLE ÉCARLATE !
À bout portant, le Capricorne semble encore bien plus souffrir. Elle en est à dix piqûres subies. Il s'éloigne de quelques pas pour observer son œuvre. Judith semble de plus en plus frêle. À genoux, elle n'a plus la force de se tenir debout. Finalement, Mario avait peut-être raison quand il affirmait qu'il ne fallait pas sous-estimer son attaque.
— Tu les sens ? demande-t-il à Judith. Tu sens tes cinq sens disparaître peu à peu ? Tu sens ton sang couler et tes forces te quitter ? Il est encore temps de te rendre et de déposer les armes.
— Tu… tu crois vraiment que je vais abandonner à cause de cette attaque de merde ?
— Puisque tu as choisi… AIGUILLE ÉCARLATE !
Elle hurle après avoir été atteinte quatre autres fois et s'écroule au sol. Je serre les poings, désespéré. Judith sera-t-elle la première de mes compagnons à trépasser ? Je ne peux me résoudre et suis prêt à intervenir, mais Marie me retient, me rappelant que c'est le combat de Judith.
— Il ne me reste plus qu'un coup à porter, explique Mario plus à notre intention puisque Judith ne semble plus rien entendre. Dommage que tu ne te sois pas rendu à temps. Ça me fait vraiment mal au cœur de devoir éliminer une amie. ANTA… — Sol… Sol Invictus, parvient à prononcer Judith.
L'armure du Capricorne se met à briller de mille feux. La dame se met soudain à léviter dans les airs, dans une position debout, les bras écartés. L'intensité lumineuse est tellement forte que ça nous aveugle tous un instant. Quand mes capacités visuelles reviennent à la normale, je me rends compte que Judith se tient debout, comme si de rien n'était.
— Le temps du Capricorne démarre avec le solstice d'hiver, le moment où le soleil, invaincu par les ténèbres, reprend son ascension et où les jours rallongent. Tout comme le soleil, je suis capable moi aussi d'accomplir un nouveau cycle.
— Tu te régénères, donc, résume Mario.
—On peut dire ça comme ça, oui, mais c'est beaucoup moins poétique. En tout cas, puisque tu ne peux me tuer en un coup, tu sais que tu es incapable de me battre. Tu auras beau me porter autant d'aiguilles écarlates que tu veux, je me relèverai toujours avant ton Antarès. Tu n'as donc d'autre choix que de te rendre ou de mourir. Bien entendu, je préférerais que tu choisisses la première option. — En effet, je ne vois pas beaucoup d'autres options. Malheureusement, même si ça me peine, mon devoir m'oblige à me sacrifier en tentant de vous arrêter.
— Mario, voyons, pas la peine d'en arriver là, s'attriste-t-elle. Nous ne sommes pas une vraie menace, et nous voulons juste que tout revienne comme avant. Il serait idiot que nous nous entretuions.
— J'ai pris ma décision, Judith. J'ai rarement eu l'occasion de respecter le serment que j'ai prononcé le jour où j'ai reçu mon armure : défendre le Sanctuaire ou périr en le faisant. Je ne comprends pas comment vous, vous avez pu tourner le dos à votre mission. Aujourd'hui, l'heure est venue : je suis prêt à accepter mon sort. C'est mon honneur de chevalier.
Les larmes de Judith coulent. Elle concentre son cosmos, prête à lui porter le coup de grâce. J'ai peine à croire ce qui est en train de se passer sous mes yeux ; comment diable Judith peut-elle envisager réellement de lui ôter la vie ? C'est notre collègue, notre camarade, notre ami ! Non, je refuse de voir Mario périr.
Prêt à intervenir pour arrêter cette folie, je suis retenu par Marie.
— Non, laisse-les. L'honneur avait quitté le Sanctuaire depuis bien longtemps ; depuis l'époque des légendes, à vrai dire. C'est dans ces moments difficiles que certains d'entre nous vont retrouver le leur. Ne leur enlève pas ça.
Judith hésite toujours, mais Mario l'implore du regard. Il ne peut gagner, il le sait, alors il attend que la mort s'abatte sur lui. Et c'est sur les épaules du Capricorne que repose cette douloureuse mission. Cette dernière, bien que dépitée, semble résolue à accomplir les dernières volontés du Scorpion. Les bras écartés, le cosmos déchaîné, l'heure est venue !
— Par la Porte des…
Quoi ? Que se passe-t-il ? Pourquoi a-t-elle stoppé son attaque ? Elle semble soudain préoccupée par autre chose. Mario aussi l'a senti. Je concentre mon énergie… merde, l'heure est venue en effet !
— Ils sont là, s'inquiète Marie. Les chevaliers noirs viennent de débarquer en force.
En effet, nous sentons tous d'intenses cosmos se déchaîner dans la maison du Taureau. Nos ennemis sont passés à l'attaque et ont pris d'assaut le Sanctuaire. Nous avons trop tardé à nous rendre chez le Grand Pope.
— Séparons-nous ! lance Harvey. Il faut envoyer du renfort pour repousser cette attaque. Marie, Francis, Sanka, allez-y. Judith et moi nous continuerons la route jusqu'au Grand Pope afin de lui garantir votre coopération et votre dévouement au Sanctuaire et à Athéna. Nous devons rallier et réunifier les chevaliers d'or afin d'entreprendre une stratégie commune.
— Mario, demande Judith, tu tiens toujours à mourir alors que le Sanctuaire est maintenant véritablement menacé ?
— Euh… non : je défendrai ma maison contre tout ennemi qui tentera d'en franchir les portes.
— Et nous, tu nous laisses passer ?
— Euh… oui, cède-t-il. Mais c'est bien parce que la situation est exceptionnelle. Ne me faites pas regretter mon choix.
Et voilà, l'affaire est réglée. Accompagné de Marie et Sanka, je fais demi-tour, prêt à affronter nos ennemis. Dommage, j'aurais bien aimé continuer notre progression et foutre une raclée au Maquereau, et aussi à cette maudite Hypolita du Sagittaire. Harvey et Judith s'en chargeront peut-être pour moi si les chevaliers fidèles au Pope refusent d'entendre raison ; d'autres combats à mort m'attendent de mon côté. Hum, c'est si excitant !