Qui perd gagne !

Ils venaient tous les deux de se diriger vers l'espace rempli d'une clarté printanière. C'était vrai que le beau temps inondait, éclaboussait tout. Là, l'invité vit son ami se mettre en petite tenue. Mais lui avait un slip de bain. Il hésita une fraction de seconde, rattrapé par la voix de Christophe :

— Allons, tu peux te mettre en slip, elle connaît déjà ce qu'il renferme, hein ?
— … Peut-être, mais de là à oser… Ça ne va pas la gêner ?
— Tu n'as pas compris ses allusions ? Je crois qu'elle est plus que d'accord. Tu vas vite t'en apercevoir quand elle va revenir. Prends place sur la balancelle… Il fait bon, et si on a un peu froid, nous irons nous installer dans la verrière.

Christophe vit son collègue se mettre à poil, ne gardant que le vêtement qui masquait son cierge ; la bosse conséquente qu'il arborait démontrait s'il en était besoin qu'il avait bien saisi toute l'importance de l'instant. Les rayons de Râ venaient effacer les signes d'une chair de poule due à une brise légère accompagnant le beau temps. Les paupières closes, deux lézards ne se lassaient pas de la douce chaleur venue du ciel. Quelles idées circulaient sous leurs stores de peau fermés ? Bien malin qui aurait pu le dire.

Un bruit venu de l'intérieur, un bruissement ténu, indiqua l'arrivée de Marie-Anne. Elle vint s'incruster entre les deux types qui gardaient une distance de circonstance sur l'escarpolette. Voulue ou non, la place vacante était désormais occupée. Une paume féminine à plat virevolta sur la cuisse à l'air libre de son époux. Christophe ne fit aucun mouvement, n'ouvrit pas les yeux pour voir si l'autre main évoluait de pareille façon sur la jambe de son collègue. Il se laissa porter par l'ambiance.

De son côté, Bernard avait lui aussi senti ce poids s'installer sur l'assise. Une jambe le frôla. Elle était sans atours, et s'il n'ouvrit pas les yeux, c'était seulement pour ne pas tuer son rêve dans l'œuf. Il n'arrivait pas à croire que c'était réel : cette femme qui se révélait être une franche cochonne s'asseyait tranquillement nue entre deux types qui n'étaient guère plus vêtus. Une paluche douce se frottait désormais sur le haut de sa cuisse. Des ongles raclaient la peau avec une sorte de tendresse. Il se retint de pousser un soupir.

Comme la parité était de mise, son ami Christophe n'eut pas la même délicatesse. Il était vraisemblable que la femme prodiguait aux deux mâles des attouchements similaires. Et son mari ne se priva pas de lui montrer qu'il appréciait indubitablement. Les doigts allaient et venaient, se contentant pour le moment de s'arrêter à la lisière du slip de Bernard qui bandait comme un cerf, n'ayant rien à envier à ces animaux qui, à la période du brame, se baladaient dans les parages. Quand enfin elle osa franchir la frontière entre le tissu et ce qui le tendait, il ne put retenir une longue aspiration.

C'est elle qui avait fait en sorte que sa main entre en contact direct avec sa bite. Cette fois, il ne pouvait plus feindre l'indifférence. Il entrouvrit ses paupières et fut subjugué par le spectacle : de son autre patte, elle branlait délicatement son homme tout en lissant la peau de sa queue à lui. Puis elle fit du poignet un même mouvement pour décalotter le gland caché dans sa tanière ; elle battait la mesure avec deux baguettes aussi raides l'une que l'autre. Elle ne portait absolument rien sur elle ; la tache sombre de son pubis ornait le bas de son ventre.

L'ami du mari ne pouvait plus se retenir de gémir, et son pote haletait déjà sous la branlette persistante, rythmée par la cadence soutenue du poignet de la brune. Bernard vit le compagnon de sa tripoteuse se redresser. Visiblement, il voulait se repaître de la scène qu'offrait cette harpie nue. Il se recula de manière à ce qu'elle ne puisse plus le masturber et resta là, à suivre le mouvement de l'avant-bras de son épouse. Elle comprit qu'il attendait plus d'elle. Elle fit ce que sa sœur avait déjà réalisé dans la nuit sur le même bonhomme.

Courbée vers la tige longue qu'elle tenait toujours, sa bouche vint au-devant de l'engin. Christophe admira la cambrure du dos de sa moitié alors qu'elle venait gober la hampe pour la sucer. Il vit également la main laissée libre par son recul s'emparer des couilles de Bernard. Elle pressait doucettement ses bourses remplies tout en tétant le mât. La salive qui recouvrait la queue la rendait luisante sous le soleil des Vosges. Démente, la vision de cette femme qui d'ordinaire ne donnait du plaisir qu'à lui ! Et la voir faire à un autre ce que lui adorait avait quelque chose de démoniaque.

Sans aucune aide extérieure, devant l'hallucinante cérémonie à laquelle Marie-Anne se livrait, Christophe sentait qu'il allait éjaculer. Plus rien ne pouvait empêcher l'inéluctable accomplissement de sa jouissance. Aussi incroyable que cela pût paraître, il ne fit absolument rien pour que le foutre ne coulât pas : la giclée s'élança dans l'air et atteignit les fesses de la belle suceuse. Imperturbable, elle continuait cependant en pleine lumière sa fellation inédite. La bite dans sa bouche eut elle également un frémissement à peine perceptible.

Comme si elle ne s'apercevait pas de ce liquide qui lui coulait dans le gosier, Marie-Anne poursuivait, continuant à faire passer le bout de sa langue sur toute la longueur du sexe. Son mari se mit en devoir de lui embrasser le dos, se vautrant bien entendu dans cette semence dispersée là par de longues rasades incontrôlées. Quand enfin la lance cessa ses pleurs dans sa bouche, elle se releva à demi, tourna simplement la tête puis l'avança vers son époux.

— Embrasse-moi !
— Hein ?
— Embrasse-moi, idiot.

Il fit ce qu'elle lui demandait, sans se douter un seul instant qu'elle avait gardé sous la langue de quoi lui faire connaître le goût de son ami. En le cramponnant par la nuque, elle l'obligea à prendre un peu de ce nectar qu'elle tenait en dépôt pour lui. S'il eut comme un soubresaut, il ne fit pas un mouvement de recul pour s'éviter la déglutition de ce qu'elle lui avait réservé. Ce baiser au sperme d'un autre s'acheva et elle en recommença un nouveau, cette fois avec l'autre complice. Lui aussi eut droit à sa propre semence, et à la salive de son copain en prime.

Obnubilé par cette femme qui se faisait plus salope que chatte, le collègue de son mari se mit alors à genoux, écartant sans ménagement les deux cuisses de la femelle, et ses lippes vinrent retrouver celles plus intimes de la dame. Il la suçota, la lécha, lui passant sans arrêt sa baveuse sur la fente. Pendant ce temps, elle tentait de remettre en état le pistil de Christophe. Et la vue de ce mufle engagé dans le compas de son épouse promettait un raidissement rapide de l'épine : Marie-Anne ne faisait pas semblant !

Il l'avait demandé ; il serait donc servi jusqu'à plus faim, plus soif. Elle se déchaînait, leur réservant encore quelques surprises. Lorsque le sexe de son homme fut de nouveau opérationnel, elle le poussa pour qu'il s'étende de tout son long sur l'herbe verte et rase du sol. La table basse en osier, promptement retranchée dans un endroit sans risque pour la bouteille et les verres, la place devenait baisodrome. Après la piste de danse du salon, une autre fonction était dévolue à cette pelouse qui, cependant, en avait déjà eu la primeur en d'autres temps.

Bien sûr, c'étaient seulement des duos qui s'étaient joués là. Christophe se laissait dorloter par les mains de cette Sabine d'une nuit toute neuve. Après quelques minutes de caresses où l'invité n'était plus que voyeur, elle se redressa un peu, suffisamment pour enfourcher la masse masculine étendue sur la verdure. Ensuite, elle se laissa glisser sur lui, enfonçant au passage le tenon dans la mortaise. Le signe qu'elle fit au second larron n'était en rien équivoque ; Bernard obtempéra de suite. La bouche ouverte s'empara de la queue toujours raide.

Le ballet continua ainsi un moment avant que, complètement folle d'envie, elle fasse comprendre au sucé ce qu'elle espérait de lui, ou plus exactement de son sucre d'orge. Le plus incrédule devait être sans doute l'allongé qui vit son pote passer derrière sa monture. L'invité se mit à genoux, conformément aux instructions de Marie-Anne. Consignes données sans un mot, juste en le guidant du bout des doigts. Celui qui était étiré sur le sol végétal saisit soudain ce qui allait advenir et, dans un élan de tendresse, comme pour la remercier, l'embrassa à pleine bouche. Au passage, il lui glissa quelques mots :

— Tu es ma belle salope ! Je t'aime comme jamais.
— Chut ! Sers-toi et tais-toi. Laisse-moi profiter de l'instant présent. Il ne se renouvellera jamais.
— Merci…

Dans son dos, la bête en forme venait doucement frapper à la porte de l'entrée des artistes, mais pour l'heure ce n'était pas ce que la femme désirait. Elle se contorsionna de manière à saisir le manche qui se frottait au petit trou.

— Doucement, tu veux ! Je vous veux ensemble, et pas dans des voies différentes. On verra par la suite si c'est possible là où tu voudrais passer.
— … ? Je…
— Tais-toi aussi, laisse-moi seulement te guider.

Trop heureux de toute façon qu'elle se laisse faire, il ne regimba pas. Elle fit ressortir la bite qui naviguait en elle, et en maintenant les deux l'une contre l'autre, elle chercha à s'empaler sur l'énorme boudin formé par les deux sexes, ce qui lui demanda plusieurs tentatives avant de parvenir à ses fins. Mais quel pied pour ses deux amants que de sentir leur partenaire aller et venir au rythme que la dame donnait à leurs mandrins ! Les soupirs se mettaient au diapason dans ce paysage renaissant où la chaleur montait d'un cran.

Marie-Anne, après maints efforts, parvint à faire pénétrer en elle ce sexe double. Elle ouvrait la bouche, cherchant de l'air tant la dilatation lui semblait écarteler sa chatte. Mais elle lubrifiait tellement que, dès que l'énorme chose fut au fond de son vagin, les premiers va-et-vient s'avérèrent plus aisés. Au fil des avancées et reculades de son ventre, la voie élastique s'assouplissait, et un orgasme monstrueux la surprit soudain. Les pensées que deux hommes la labouraient simultanément n'étaient pas étrangères à cette envolée de son esprit.

La femme ne se contrôlait plus, enfonçant ses ongles dans la peau des épaules de Christophe, marquant ainsi par de longues traînées rouges cet engouement passager qui l'entraînait vers un ciel tout neuf. Bernard suivait le tempo, se gardant bien d'intervenir d'une manière ou d'une autre. Il sentait son sexe compressé en elle tout contre celui de son partenaire. La sensation démentielle de plénitude et de bonheur envahit le trio qui s'envoyait en l'air avec une entente quasi parfaite.

La femme en réclamait toujours plus. Ils avaient désiré la prendre à deux ? Eh bien, ils devaient assumer. Chacun, dans un registre différent, avait joui à divers degrés. Ils ne parlaient pas, se berçant seulement de ce plaisir qu'elle leur offrait. Combien de fois durant les assauts les avait-elle suppliés de la baiser plus fort ? Elle, d'ordinaire si peu déviante, avait même demandé quelques claques sur le derrière. Christophe avait d'abord tiqué, puis entraîné par les folies, il se prêtait au jeu. Bernard n'avait pas osé, même si l'envie lui en était venue. En aucun cas il n'aurait voulu exagérer car il ne se sentait pas capable de retenir, de modérer ses claques.

Voir son ami s'occuper du cul de sa belle – ou plus vraisemblablement l'entendre lui gifler les fesses – avait accéléré son pouls ; et ce fut avec un immense soupir qu'il déchargea sur le ventre plat de la belle. Il s'était vu de suite reprendre la queue en bouche par la maîtresse des lieux, de plus en plus débridée. Et ce fut en soixante-neuf, lui léchant la chatte alors qu'elle se trouvait sur lui, que ses yeux exorbités avaient suivi la queue de Christophe qui poussait la porte de service, subjugué par cette entrée en elle par le canal étroit. Lentement, centimètre par centimètre, l'oblong objet disparaissait, comme avalé par l'œillet sombre.

Puis il était ressorti tout aussi peu vite, pour finalement s'y reloger avec une facilité de plus en plus certaine. L'homme n'avait noté qu'un léger temps d'arrêt dans la succion de la gorge qui reprit bien vite son activité agréable. Le bruit du ventre masculin qui cognait contre le fessier de Marie-Anne remplissait l'endroit. Il n'arrivait pas cependant à couvrir tous les cris et gémissements en tout genre que poussait la poupée sodomisée par son mari. Au moment où Christophe se mit à jouir, elle aspergea sans aucune retenue le visage de son lécheur.

Cette eau claire qui lui inondait la bouille obligea Bernard à fermer les yeux. Restaient cette odeur de sexe qui s'infiltrait partout dans leurs narines et la mouille qui dégoulinait en gouttelettes sur le front du type toujours allongé, la tête coincée entre deux quilles tremblantes. Un curieux mélange de sécrétions féminines et de sperme qui, maintenant que la bite avait quitté les lieux, suintait et s'écoulait sur la frimousse de l'invité. La brune ne bougeait plus ; seuls son ventre et ses cuisses gardaient quelques spasmes dus à une jouissance non feinte.


Marie-Anne venait de se relever. Voulait-elle mettre un point final à cette joute triangulaire ? Sans un mot, elle fila vers la salle de bain. Quelques minutes plus tard elle est revenue se poser, toujours aussi nue – mais propre – sur le canapé. Christophe se dirigea à son tour vers la douche.

— Je reviens dans quelques minutes. Tu peux nous servir un verre, Marie ?
— Oui. J'ai soif moi aussi.

Sans se formaliser de la présence dénudée de leur hôte – après tout, il n'y avait plus grand-chose à cacher – elle restait là, jambes largement écartées, impudique, délicieusement ouverte.

— Tu as apprécié ?
— Il faudrait être difficile pour dire non !
— Alors, viens encore me manger là…

De sa main elle montrait son sexe aux lèvres encore entrouvertes. Bien entendu, il ne se fit pas prier. À genoux, Bernard recommença une savante léchotte pendant qu'elle lui tenait la tête bien collée à sa chatte. Il ne voulait surtout pas décevoir cette femme qui leur avait tout donné d'elle lors de cet après-midi totalement fou. Et puis – il devait bien se l'avouer – elle était bonne, et sa manière d'aborder les évènements s'avérait étonnamment élégante. Une vraie bourgeoise qui s'encanaillait. La chance avait voulu qu'il se soit trouvé là au bon endroit et au bon moment.

Encore qu'il ait un doute certain : Christophe n'avait-il pas prémédité son coup ? Il ne lui poserait jamais la question ; lui dirait-il dit la vérité, de toute façon ? L'important était de prendre du plaisir. Enfin, en cet instant, il s'agissait plutôt d'en donner à cette femelle à la libido exacerbée. Les mains de Marie-Anne le retenaient de plus en plus fortement sur l'entaille qui bavait et sentait un zeste le gel douche. Dans son dos, un bruit lui rappela que le mari les rejoignait après ses ablutions.

— La place est libre si tu veux te refaire une beauté…
— Humm…
— Ah oui, bien sûr ! Ne t'inquiète pas pour cela : je vais prendre ta place. Le relais, en somme…

Il pouffait de sa bonne blague. Le rire de Christophe n'était guère communicatif car son épouse avait d'autres préoccupations : une priorité absolue à la montée d'un nouvel orgasme. La transition des langues se fit sans à-coups particuliers. Elle se fichait éperdument du propriétaire de la limace baveuse qui lui titillait le bouton. Il y a des moments où il est difficile de faire la différence entre des lécheurs, l'important étant le résultat final. Et la caresse buccale n'était plus très éloignée de la mener à l'oubli de tout.

À contrecœur, sans pourtant le montrer, l'invité céda sa place, la meilleure de la maison à cet instant, vraisemblablement ! Pour lui aussi, se refaire un ravalement de façade était indispensable après les péripéties de cette partie de jambes en l'air. Sous le jet tiède, il revenait sur des images incrustées dans son esprit. Les bruits, les sons, les odeurs, tout se mêlait sous la forme d'une petite musique dans sa tête. Cette femme avait tout pour elle : beauté, classe, et en plus elle savait donner, recevoir… Une charmante diablesse qu'il était heureux de connaître.

Il enviait son ami de posséder un tel trésor. Si sa Maud avait eu le même tempérament… mais il n'avait jamais réussi à la dérider. L'amour ? Le sexe ? Une fois par mois, et encore quand madame n'était pas en proie à une maladie imaginaire ; pas de quoi pavoiser. Mais cependant, il en était encore un peu amoureux. Son corps n'avait rien à envier à celui de cette drôlesse de Marie-Anne. Mais pas moyen de l'apprivoiser totalement. Alors il savourait cet épisode vosgien. Et puis il y avait aussi sa sœur Marielle, décidément trop jeune pour lui.

Il se frictionnait avec un drap de bain parfumé trouvé sur place. La maîtresse de maison avait aussi pensé à cela : une perle, cette donzelle, une perle rare qui appartenait toutefois à son ami. Alors qu'il finissait de se sécher, il perçut les gémissements et les petits cris de la douce Marie-Anne : son mari devait la prendre encore et encore. Il revint donc sur la pointe des pieds vers le couple. Effectivement, le chantier était bien en route. Le ventre appuyé contre le dossier d'un fauteuil extérieur en osier, agenouillée sur les accoudoirs recouverts d'un coussin, elle recevait les grands coups de reins de Christophe, décidément très en forme.

Voir cela ramena la bite du bonhomme à des proportions acceptables pour peu que la dame en ait encore envie. Et le seul moyen de le savoir restait donc de se montrer. Il contourna le siège pour entrer dans le champ de vision de la baisée. Ce faisant, son mari aussi constata son retour. C'était en ahanant qu'il l'interpella :

— Tu rebandes ? Oui ? Alors donne-lui ta queue à sucer. Nous allons en faire une bonne petite salope, une vraie jolie chienne. Cet après-midi est à nous, profitons-en encore un peu.
— … !

Inutile de se faire répéter plusieurs fois ce qui ressemblait fort à un ordre. Bernard ne se sentait pas l'âme d'un soumis, mais il est des injonctions à ne pas rater. Il présenta donc à la bouche de la femme sa verge qui, du coup, s'en trouva regonflée à bloc. Et la pipe qui s'ensuivit avait tout de royale. Elle tétait avec ardeur, avec un savoir-faire subtil, et cette fois il faudrait du temps pour faire monter la mayonnaise. L'âge avait ceci de bon que, la première giclée passée, le temps n'avait plus d'importance.

Elle psalmodiait des mots que les hommes ne comprenaient plus. Les claquements sur son fessier reprirent de plus belle. Un pistonnage en règle alors qu'elle ne se privait pas d'enrouler sa langue autour du gland, cajolant ainsi le méat de Bernard. D'une main, elle triturait aussi les couilles du gars planté devant elle. Ça durait déjà depuis un sacré bout de temps. Le complice qui se laissait sucer avait le visage tourné vers la porte entrebâillée du salon, où il crut soudain deviner une ombre. Il ne fit aucun geste pour confirmer s'il venait de rêver ou non ; après tout, il avait d'autres chats à fouetter !

Les soupirs de plus en plus puissants de Christophe laissaient deviner la fin prochaine de sa cavalcade. D'un coup, il rejeta son corps tout entier en arrière et son éjaculation vint se terminer en arrosage du dos de son épouse. Elle crispait ses doigts sur les boules de leur comparse, signe qu'elle n'avait guère apprécié l'abandon brutal de son étalon. Elle releva simplement la tête, et le visage de Bernard et le sien se rapprochèrent. Il attendait un baiser sur la bouche, mais ce fut un murmure à son oreille qui arriva :

— J'aimerais que tu me lèches le dos.
— … Pardon ?

Il avait sûrement mal compris. Elle ne pouvait pas lui avoir demandé une chose pareille ! Il recolla son oreille à la bouche de Marie-Anne.

— Oui : nettoie-moi la peau de… ce que Christophe m'a mis.
— Tu… tu es sérieuse, là ?
— Bien sûr ! C'est le prix à payer pour une prochaine fois… à moins que tu ne veuilles plus jamais un plan à trois avec nous ?
— Si ! Si, mais… je n'ai jamais fait ce genre de truc.
— Je crois que vous, les hommes, vous savez bien nous dire que c'est la première fois qui compte, non ? C'est à prendre ou à laisser. Une juste compensation, après tout ; j'ai bien été docile, il me semble.
— Oui… oui.

Sans trop réaliser, Bernard avait fait le tour du fauteuil. Visiblement, le mari n'avait pas saisi les paroles en sourdine de son épouse. Croyant qu'elle avait demandé à l'invité de prendre sa place, il se poussa sur le côté. Quand il vit son ami se mettre à genoux et de sa langue caresser les fesses de sa belle, il se demanda ce qu'il allait faire. Ce fut encore la femme qui, cette fois, s'adressa aux deux :

— Christophe, viens t'asseoir sur le fauteuil sous moi. De cette façon tu pourras suivre les mouvements de ton copain.
— Tu veux vraiment cela ?
— Oui ! Et toi, Bernard, redresse-toi pour faire ce que je t'ai demandé.
— … D'accord.

Ils prirent donc les places indiquées. L'invité, debout devant le fauteuil, commença à lécher les traînées blanches, et il comprit enfin ce qu'elle attendait lorsqu'en passant ses bras entre ses cuisses elle le fit avancer. La bite toujours aussi tendue qu'elle venait d'empoigner, elle la dirigea sans rien dire vers… une autre bouche. Christophe entrevit le dessein de Marie-Anne.

— Vas-y. Prends-la, au moins une fois, pour me faire plaisir.
— Tu… quoi ? Tu me demandes de… Tu es certaine d'aller bien ?
— Je vous ai tout donné moi ; alors, un beau geste de votre part ne peut que m'encourager à recommencer une autre fois.
— Mais…
— Chut, ce n'est pas si difficile. Entrouvre juste les lèvres, et le reste se fera tout seul. Ce n'est pas si compliqué… Vas-y ! Montre-moi que tu m'aimes un peu.

Pendant que Bernard, à petits coups de langue, nettoyait la semence qui maculait le dos de la femme, il sentit que sa queue était happée par un volcan qui en aucun cas ne pouvait être celui de Marie-Anne. Et curieusement, ça l'excita gravement de savoir que son ami s'aventurait sur ce terrain-là, guidé par sa petite chienne. Elle lui donna alors le coup de grâce :

— Ne t'inquiète pas, Bernard : après Christophe, c'est toi qui vas le prendre en bouche quand je serai nette et propre.

Après quelques minutes – temps nécessaire pour que la baveuse ait accompli son ouvrage – Bernard n'avait plus le choix. Deux bouches en soixante-neuf se donnèrent un plaisir qu'aucun des deux n'aurait imaginé possible au début des ébats. Cette double fellation avait lieu sous la houlette de Marie-Anne qui tenait dans chaque main les couilles des suceurs. Pour elle, la scène était admirable : son mari qui la suivait dans sa descente aux enfers, qui passait de l'autre côté de la barrière, un exploit qui ne se renouvellerait peut-être jamais.

Ce que ses yeux voyaient faisait remonter en elle une dose de sauvagerie ; ce petit rien d'animal qui sommeille chez chacun des humains se révélait là d'un coup lors de cette incroyable soirée par un libertinage inattendu. Elle sourit en songeant qu'au bureau, ces deux-là se verraient d'une manière tout à fait différente. Le surmonteraient-il, cet après ? Christophe et Marie-Anne auraient de quoi discuter durant des jours désormais ; mais pour Bernard, c'était une tout autre histoire.

Quand ils finirent par aller chacun dans leur chambre, nul ne remarqua le retour de Marielle. Dans sa couche, elle avait plongé dans un drôle de sommeil. La vision dantesque qu'elle avait eue lors de son passage discret aux abords de la terrasse lui avait prouvé que sa sœur était bien capable de se détourner des voies dites « normales » de la vie quotidienne. Elle n'aurait pas misé un peso sur une partie à trois entre son aînée et les deux mâles. Cette étonnante frangine la surprendrait donc toujours. Et quelque part, elle avait eu un pincement au cœur.

Ce type, Bernard, serait las, et elle ne pourrait pas en profiter pour le faire venir dans son lit une nouvelle fois. Pourtant, chez son amie Christine, elle n'avait songé qu'à ses mains douces, et son besoin de sexe avait cru au fur et à mesure des heures qui s'effilochaient. Sa potine était bien gentille, mais comme pour elle, les mecs la larguaient régulièrement. Pas moyen d'en garder un qui soit comme Christophe. Il n'en existait donc qu'un seul ? Alors l'arrivée de ce Bernard ressemblait à un don providentiel.

Et voici que sa sœur se le tapait, et en compagnie de son mari en plus ! À qui se fier donc maintenant ? Oh, aucune once de jalousie dans cette réflexion ; de plus, si ça pouvait rendre plus aimable Marie-Anne, la boucle serait bouclée et parfaite. Elle partit d'un coup dans un monde sans fantômes, et ce fut un craquement dans le corridor qui l'arracha des bras de Morphée et lui apprit que les ébats des libertins avaient cessé. Mais lequel venait de rejoindre l'une des chambres contiguës ? Elle décida d'en avoir le cœur net.

La meilleure solution pour se rendre à l'évidence était naturellement de se relever pour foncer là où couchait sa cible. Elle espérait qu'il ne serait pas trop fatigué par sa prestation auprès de son beau-frère et de sa sœurette. Qui ne tente rien ne risque rien ; alors, qui vivra verra ! En quelques enjambées faites en catimini, elle se trouva derrière la porte de Bernard. Une fois ouverte, rien ne prouvait qu'il était là. Dans l'obscurité la plus totale, elle se rendit jusqu'au grand plumard qu'il devait occuper, pour constater malheureusement que ce n'était pas lui qui l'avait réveillée. Tant pis ! Elle saurait attendre patiemment son retour. Mais pour cela, elle serait aussi bien couchée entre ses draps. Après tout, elle l'avait déjà tripoté, bien que cela se soit passé chez elle dans sa piaule.

Au bout de quelques minutes d'attente sans un bruit, elle eut un doute : n'irait-il pas finir la soirée de l'autre côté de la cloison avec Marie-Anne et son mari ? C'était bien tous les trois à poil qu'elle les avait entraperçus sur la pelouse. Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'elle sut qu'elle faisait fausse route : la porte tournait sans bruit sur ses gonds, et dans la lueur du couloir elle vit la forme massive du bonhomme entrer. Il n'avait pas pris la peine de se rhabiller et il se retrouva d'un coup dans le lit. Un sursaut de surprise faillit le faire hurler.

— Mais… qu'est-ce que…
— Chut ! Ce n'est que moi, Marielle.

Elle lui avait plaqué sa paume de main sur la bouche. Il se calma instantanément.

— Mais que fais-tu là ? Ne devrais-tu pas être chez ton amie ?
— Ça fait un bout de temps que je suis revenue, et je n'ai pas voulu vous déranger : le film avait l'air si intéressant…
— Quoi… tu veux dire que tu nous as vus ?
— Vus ; pour cela, oui. Et entendus aussi… Comment avez-vous réussi à dérider le cul gelé qu'est ma frangine ? Elle avait l'air de prendre un certain plaisir à se laisser sauter par toi. Mon beauf n'a pas discuté du tout ? Ils sont plus modernes que je ne l'aurais pensé.
— Bon, on pourrait parler d'autre chose ? Et surtout être plus discrets ? Pas la peine de leur faire savoir que tu nous as regardés. Tu es restée longtemps à te rincer l'œil ?
— Non, non, juste assez pour te voir la monter. Et maintenant, je veux ma part… du gâteau !
— J'ai mon avis à donner, ou c'est un ultimatum ?
— Tu fais comme tu le sens, mais je t'embarque dans ma chambre : nous y serons plus au calme pour parler ; et puis… ce que j'ai repéré m'a donné faim. Allez, ne sois pas vache et viens !
— Attends que Christophe soit passé. Il est sous la douche, et je n'ai pas envie qu'il nous trouve tous les deux.
— Je m'en fiche, moi. Si ce n'était pas pour Marie-Anne, je vous aurais rejoints. Malheureusement, je crois que votre petite sauterie aurait tourné court : la connaissant comme je la connais, elle vous aurait plantés là tous les deux.
— Chut ! Écoute !
— Ah ? Oui c'est lui.

Dans le couloir, les pas se faisaient pesants, lourds. Il devait en avoir plein les bottes. Il entra dans sa chambre sans chercher à être discret, ne pouvant imaginer que dans la pièce de Bernard sa belle-sœur attendait qu'il se pieute. D'un coup, sa voix troua le silence de la maisonnée :

— Chérie, tu dors déjà ?
— Mais non… Ne fais pas autant de boucan et viens te coucher, bon sang !

Ensuite plus rien. Dans la chambre d'amis, les deux autres se prirent par la main pour évacuer les lieux et retourner prestement dans celle de Marielle. Elle le traînait comme un gamin, à poil. Elle referma la porte sur eux et le colla de suite contre celle-ci, dans le but avoué de lui relécher les babines. N'ayant aucune velléité belliqueuse, il la laissa faire. Les femmes de cette famille étaient bien agréables – incontrôlables aussi –, mais pourquoi aurait-il dû s'en plaindre ? Elle lui roula une pelle plus que lascive à laquelle il n'eut d'autre choix que de répondre.

Elle avait déjà empaumé sa queue, qui n'était pas au meilleur de sa forme, à vrai dire. Mais la bougresse savait y faire, et ses caresses pouvaient se comparer à celles de Marie-Anne. Elle arriva à redonner un semblant de contenance à cette flamberge qui avait déjà beaucoup servi en si peu de temps. Elle se lova contre son torse nu, serpent au sang chaud qui se fichait pas mal de savoir que le type avait bien donné. Non ! La jeune femme voulait du sexe, du cul à l'état pur, et son envie devait être assouvie comme elle l'entendait.

Elle s'y employa de fort belle manière, avec un tact et un savoir-faire à faire pâlir une professionnelle. Décidément, les deux sœurs avaient bien des points communs. Celui de ne pas faire les choses à demi, en premier lieu. Pour gagner un peu du temps nécessaire à un sursaut d'orgueil de sa bite fatiguée, il la poussa gentiment vers le lit. Elle se plia de bonne grâce à ce moment de flottement. Et une fois de plus, Bernard plongea son museau entre deux cuisses accueillantes.

Il fit durer un poil plus longtemps ces préliminaires qui ravissaient la jeunette. Les lapements du vieux chien venaient faire écho aux plaintes de la belle qui se tortillait sous la langue qui la butinait. Et au fil de la visite de la chapelle, l'homme retrouva un second souffle ; du moins, sa chandelle donna-t-elle l'illusion d'être rallumée, juste assez pour qu'il s'en tirât la tête haute. Si elle ne jouit pas violemment, si elle ne grimpa pas aux rideaux avec extase, au moins trouva-t-elle assez bonne la prestation de son amant.

Après avoir joui un peu en elle, il finit par presque s'enfuir dans sa chambre dès qu'elle se fut endormie : pas question que Marie-Anne ou Christophe sachent qu'il s'était aussi envoyé la frangine. Même si c'était plus probablement elle qui l'avait cherché, il ne voulait pas que ça prête à confusion. Il n'y aurait jamais plus photo. Entre l'aînée et la cadette, sa préférence irait toujours vers… l'épouse de son ami.

La fin de nuit l'empoigna avec une vigueur accrue.


Le soleil de printemps était déjà haut, éclairant la ligne bleue des Vosges de ses rayons bienveillants, lorsqu'il émergea dans la cuisine. Trois visages se tournèrent vers le retardataire qui, bien habillé, ne montrait rien de ce qui la veille lui avait tiré les traits.

— Ah-ah ! L'air est bon dans notre pays, n'est-ce pas ? À moins que vous n'ayez fait la nouba toute la nuit avec ma sœur et mon beau-frère ?
— Euh… non…
— Dis donc, toi ! Tu peux parler… on ne sait même pas à quelle heure tu es revenue de ta virée nocturne. Tu t'es fait plaisir, au moins ?
— Tu veux tout savoir sans rien payer, ma belle. Mais Christophe, toi et Bernard, vous avez joué aux cartes ? Fait du tricot ? Allons, ma vieille, ne me pose pas de questions. Si je te demandais la même chose, tu serais bien incapable de me répondre. En tout cas, vous avez, vous Bernard, passé un bon séjour ici ? Ils ne sont pas toujours marrants, ces deux loustics.
— Oh, rassurez-vous ! Je crois que si je suis de nouveau invité, je me ferai un plaisir de revenir.
— Voilà qui est parlé. Mais je crois que mes deux femmes seraient heureuses de te revoir de temps en temps. Je me trompe ?
— …

Aucune des deux sœurs n'avait réagi ou voulu rétorquer. Au fond d'elle-même, Marielle espérait bien ne pas attendre les prochaines vacances pour renouer le contact avec ce fameux pote de son beau-frère. Quant à Marie-Anne, elle gardait en mémoire sa promesse de revivre une autre soirée similaire si les deux hommes faisaient ce qu'elle leur avait demandé. Et aucun des deux n'avait refusé. Alors, une parole étant une parole, la sienne serait d'or.

Le soleil qui jouait avec les cheveux de l'épouse de Christophe avait un air radieux.

Le sol se couvrait de jaune, le torrent chantait, et les quatre s'apprêtaient à vivre leur dernière journée dans ce petit paradis. Les images qui remontaient dans toutes les têtes se bousculaient et offraient une joie indicible à chacun d'eux. Ici, c'était le berceau de la famille des deux femmes ; ici, c'était aussi – depuis cette nuit – un peu… la terre des hommes.

Un sourire béat sur les visages en disait long sur ce que chacun rêvait pour un futur proche.