La mère de Jean
Charline8817/04/2019Une amie dévouée
Durant une longue semaine, la maman n'eut aucune nouvelle de sa progéniture. Elle avait laissé quelques messages, mais Jean n'avait pas répondu. Ce ne fut que le vendredi suivant vers douze heures qu'il envoya un SMS laconique précisant son retour dans la soirée… en compagnie d'un copain. Adèle se demanda qui son fils ramenait à la maison ; ça n'avait de toute façon aucune espèce d'incidence, l'important étant bien évidemment que le gamin soit décidé à rentrer. Elle prépara la chambre d'amis, draps propres, ménage fait.
Si son fils n'appelait plus suffisamment, Lucie, elle, le faisait pour deux. Elle avait presque deux fois par jour discuté avec son amie, pour trois fois rien, pour rompre une vraie solitude dont elle taisait le nom, se gardant bien d'y faire une quelconque allusion. La mère de Jean n'avait pas pu, malgré toutes ses bonnes résolutions, étaler les causes de sa brouille avec son garçon. Un véritable blocage dans sa tête. Pas moyen de mettre cette affaire sur le tapis. Dans ce domaine-là, son amie restait une parfaite étrangère.
Vers dix-sept heures, les deux garçons arrivèrent. Si elle se montra surprise, elle n'en laissa rien paraître : le pote en question n'était autre que Guy, celui de cette fameuse nuit chez son fils. Et l'autre bavait devant elle. Il n'était pas vraiment discret. À tel point qu'elle se demanda si Jean ne s'était pas aperçu de la manière peu orthodoxe dont son ami la zieutait. Le soir, ils regardèrent la télé dans le salon et Adèle s'enferma dans sa chambre. Les deux gaillards avaient commandé des pizzas, preuve que son rejeton restait fâché contre elle ; mais il n'avait rien montré devant Guy.
Le livre qu'elle lisait, peu enthousiasmant au demeurant, l'endormait plus qu'il ne la distrayait ; elle piqua du nez et, le bouquin sur le drap, elle somnolait depuis un certain temps. Un bruit dans le couloir la ramena à la réalité : des pas furtifs lui apprirent que les jeunes allaient se coucher. Alors elle reprit son ennuyeux livre, le referma sur le marque-page et éteignit sa lampe de chevet. Elle respirait mieux, se sentant moins oppressée. Cette fois, elle pouvait se rendormir d'un cœur léger : son petit monde était calme.
Quand perçut-elle comme un mouvement au pied de son lit ? Pourquoi se sentit-elle soudain comme éveillée par une présence dans sa chambre ? Ce n'était sans doute qu'un prolongement d'un rêve qu'elle venait de faire et qui inconsciemment l'avait tirée des limbes de la nuit ! Elle tâtonna à la recherche de l'interrupteur ; la lumière jaillit d'un coup. Il était là, nu comme un ver : Guy, ce fichu gamin, que pouvait-il bien fabriquer au pied de son lit ? Il avait les cheveux en bataille, la bouille mal rasée.
— Qu'est-ce que vous cherchez ? Vous faites quoi dans ma chambre ?
— Hein ? Oh, pardon, je… je suis désolé. Je crois que je suis somnambule.
— Vous vous fichez de moi ? Sortez ou je crie, et Jean va accourir.
— Non, non, ne criez pas, s'il vous plaît ; il faut que je vous parle.
— Vous croyez que c'est une heure pour parler aux gens, ça ? Et vous introduire de cette façon dans la chambre d'une femme ? Vous êtes un sale pervers !
— Non, non, Madame ; je vous en prie, ne faites pas de scandale… Il faut que je vous dise…
— Quoi ? Et puis passez ceci sur votre cul. Vous vous rendez compte de la situation ? Vous êtes à poil devant mon lit, dans ma chambre, chez moi, avec mon fils à seulement quelques mètres de nous !
— Oui… mais Jean n'a pas cessé de nous poser d'étranges questions, à Léo et à moi.
— Des questions ? Comment ça, des questions ?
— Il voulait savoir si rien de spécial ne s'était passé entre vous et nous.
— Quand ça ? Entre vous et moi ? Vous voulez dire entre Léo et moi ou entre vous et moi ?
— Il nous a questionnés les deux. Séparément, puis aussi ensemble. Pour ma part, j'ai nié, et je pense que Léo en a fait autant. Mais Jean est resté comme fou toutes ces deux semaines à l'appartement.
— Je ne comprends rien. Et puis je vous dis de passer cette robe de chambre ; vous n'allez pas me promener votre truc sous le nez la moitié de la nuit, si ?
— Je vous rappelle que « mon truc », comme vous dites, vous l'avez…
— Oui, bon, ça va ! C'était un mauvais rêve, un cauchemar, et j'ai été gentille de ne pas vous coller une baffe.
— Euh, pas si sûr que « mon truc » ne vous a pas plu. Après tout, il y a bien eu un moment où vous ne dormiez plus vraiment.
— Ça suffit ! Maintenant fichez-moi le camp dans la chambre d'amis.
— Oh, s'il vous plaît… nous pourrions partager un peu de notre temps.
— Je dois vous le dire en chinois ? Vous êtes d'une lourdeur, jeune homme ! Maintenant ou vous filez, ou j'appelle Jean. Je réglerai l'incident demain avec vous deux. Allez, ouste, dehors ! Et en plus il est à poil, l'idiot… Non mais, vous me prenez pour quoi, pour qui ? Une pute, peut-être ? J'ai l'âge de votre mère.
— Non, non ! Mais je vous assure que non. Et puis… vous sucez si…
— Foutez-moi la paix ! Dehors ! Dehors ! Non mais, des fois… En voilà des manières !
Adèle avait haussé le ton et le gaillard avait vite regagné en tremblant la chambre mise à sa disposition. La maîtresse des lieux se releva dès qu'il eut disparu dans le corridor. D'un geste rageur, elle tourna la clé dans la serrure. Là ! Au moins cet imbécile ne pourrait plus se faufiler dans son espace intime. Mais bon sang, ils étaient donc tous devenus fous ? Quelle jeunesse que celle qui se croit tout permis ! Mais elle aussi avait mauvaise conscience : n'avait-elle pas activement participé à cet encouragement avec sa fellation inopinée faite à la sortie d'un songe ?
Sa nuit écourtée, elle eut un mal de chien à se rendormir. Les deux jeunes gens étaient déjà à table, buvant leur café matinal lorsqu'elle débarqua dans la cuisine. Le visage immédiatement blême, Guy attendait qu'elle ouvre la bouche. Il craignait ses réactions, mais surtout celles de Jean. Il n'avait guère dormi non plus après l'incident nocturne. Mais la colère d'Adèle était retombée comme un soufflé sortit trop vite d'un four. Elle s'installa face à son fils et prépara tranquillement son thé. Lui aussi attendait qu'elle parle la première, mais elle n'avait aucune envie de déclencher les hostilités ; il lui avait trop manqué depuis ce dimanche chaotique.
L'atmosphère tendue se dérida un peu lorsque Guy comprit qu'elle ne dirait rien. Il se demanda bien pourquoi, mais après tout c'était son choix, et très bien ainsi. Il n'excluait pas de recevoir une fois encore ses faveurs. Elle en avait peut-être envie, finalement, plus qu'elle ne l'avait montré ? Pourtant elle n'avait pas feint sa colère, alors qu'à poil il espérait encore qu'elle l'invite entre ses draps. Allez savoir, avec les femmes… c'est d'un compliqué, ce qui se passe sous leur tignasse de brunes, rousses ou blondes.
— Votre programme de la journée, Jean ? Vous déjeunez avec moi ou non ? Je dois préparer le repas ?
— Tu en penses quoi, toi, Guy ?
— Moi, je suis le mouvement. Je n'ai pas le choix.
— Bon. Alors steak-frites pour tous les trois, ça conviendrait à ces messieurs ?
— Parfait en ce qui me concerne, Madame.
— Et toi, Jean, ça te va également ?
— Oui… avec peut-être une salade verte ?
— Pas de souci. Bien. Je vais me doucher ; alors si vous sortez, fermez la porte.
— Maman… attends…
— Oui ? Tu as besoin de quelque chose ?
— Guy et moi aimerions aller faire un tour au marché ; c'est toujours le samedi, le jour des forains ?
— Oui, ça n'a pas changé.
— Et…
— Oui ? Tu veux quoi, dis-moi…
— Tu n'aurais pas un peu de… monnaie ?
Adèle eut un large sourire. Il ne perdait pas le Nord, ce loustic ! Habitué à recevoir plus qu'à donner, depuis le temps. Et l'autre, là, ce Guy qui épiait chacun des mouvements de la femme… Elle se préparait à une réponse cinglante mais elle jugea qu'il valait mieux une bonne trêve qu'une mauvaise guerre.
— Sers-toi… Dans mon sac, le porte-monnaie. Prends ce dont tu as besoin. J'ai de l'argent ailleurs, ne t'en fais pas. S'il n'y en a pas assez, dis-le-moi et je t'en donnerai d'autre.
Il avait déjà plongé la main dans le baise-en-ville de sa mère et sortit du portefeuille deux billets portant la tête de Cézanne.
— Je peux prendre ces deux billets ?
— Mais oui, je viens de te dire.
— Merci, tu es la meilleure des mamans, et je suis parfois un sale con.
— Chut… Là, on dirait vraiment ton père !
Le garçon s'était avancé et il avait collé sa bouche sur sa joue pour un bisou qui claqua dans la cuisine.
— Bon, les garçons, filez ; le marché ne dure que jusqu'à midi, et moi j'ai du travail. Allez, garnements, allez vous promener. C'est rempli de filles, le marché du samedi.
Ils étaient rapidement partis en riant. Adèle eut pourtant l'impression très nette que l'argent avait largement contribué à améliorer les relations fils-mère. Un comble, tout de même !
Elle préparait son repas de midi quand la sonnette de la porte retentit. Lucie, toute fringante, attendait sagement que son amie lui ouvre.
— Alors, ma belle, des nouvelles de ton fils ?
— Oui. Il est rentré hier soir avec un de ses copains ; ils sont partis traîner sur le marché.
— Il n'est pas très grand en ce moment ; il fait frisquet et la neige menace encore, alors les camelots ne sont pas nombreux à oser braver la fraicheur du samedi.
— Tu y es allée et ne les as pas croisés ?
— Non, mais je n'ai aperçu ton Jean qu'une seule fois, et pas très longtemps. Tu as l'air d'être plus en forme que ces derniers jours ; je comprends que tu sois heureuse.
— Je ne sais pas trop ce qui se passe depuis quelque temps avec lui. Une crise pour sa sortie définitive de l'adolescence ? Tu penses que ça peut exister, ça ?
— Aucune idée, ma pauvre. Mais il devrait se trouver une petite amie, et je suis certaine que sa crise passerait tout de suite.
— C'est bizarre : je crois que là encore tu as raison. Une femme lui ferait le plus grand bien. Bon, ce n'est pas pour aujourd'hui, avec son grand dadais de copain.
— Je vois. Il n'est pas… homo ?
— Je ne crois pas. En tout cas l'autre, ce Guy, lui c'est sûr qu'il ne l'est pas.
— Tu l'as déjà testé donc pour être si catégorique ? Je vois… madame se lance dans les petits jeunes ! Une cougar… D'un autre côté, je trouverais cela plutôt pas mal. Un jour, il faudra que je tente l'expérience moi aussi.
Adèle, qui écoutait d'une oreille distraite sa voisine de table, se sentit soudain plus intéressée. Si c'était Lucie qui demandait, alors aurait-elle peut-être une chance de la décider. Et comme on se jette à l'eau, elle se lança :
— Tu pourrais tenter mon Jean ; ça me rassurerait, et puis je saurais…
— Tu… tu me proposes de baiser avec ton fils ? J'entends bien, là, où je rêve ? Tu imagines le tableau ? C'est un coup pour que tu me tournes le dos définitivement si jamais l'affaire tournait mal.
— Pourquoi ferais-je une chose pareille ? Oui, j'aimerais que tu fasses l'amour avec lui. Au moins serais-je sûre qu'il aime les femmes ; et puis… son professeur ne pourrait qu'être bon, je sais comment tu t'y prends.
— Eh bien, ma cochonne, tu ne me l'envoies pas dire, celle-là !
— Je peux te payer cela ; un service, en somme.
— Là, tu me prends pour une salope à ton service. Non, je veux bien tenter le diable pour te dépanner, mais pas pour m'enrichir. J'ai assez « d'amis » friqués qui se chargent de me faire vivre ; tu le sais parfaitement.
— Oui… Je dois te dire que la scène de ce fameux dimanche où il est parti en colère, elle était provoquée par une envie de moi que je ne pouvais décemment pas satisfaire.
— Non ? Tu me charries, là ? Tu comprends ce que tu me racontes ? Que ton fils serait assez pervers pour vouloir baiser sa mère ? Je n'y crois pas… le petit con !
— C'est les mots que j'ai employés pour qualifier sa conduite.
— Ce n'est pas croyable, ça ! Tu ne me disais pas que c'était un bon fils ? Un gamin ne peut pas faire ça avec sa génitrice. On lui donnerait le bon Dieu sans confession, à ce petit… trou du cul ! Alors c'est décidé : je m'occupe de son cas dès ce soir. Reste son pote ; il devra rester ici avec toi. Tu crois que tu sauras le garder à la maison près de toi ?
— Oui… enfin, je pense que oui.
— Alors tu ne sais pas ? Je m'invite à votre déjeuner. Plus on est de fous, plus on rit, hein !
— Ça marche, d'accord. Va au salon regarder la télé.
— Non, je vais te donner un coup de main. Tu as décidé de cuisiner quoi ?
— Oh, seulement des steaks et des frites. Plus une salade verte.
— Des vraies frites avec de vraies patates ? Humm, je les épluche si tu veux me donner le matériel.
Toutes deux étaient franchement hilares, et ce fut rigolards et amusés que les deux gaillards retrouvèrent Adèle et son amie Lucie. De suite, Jean eut les yeux qui brillaient : il n'allait pas être difficile à convaincre ; de cela la brune en était déjà certaine. Son pote, lui, s'intéressait plus à la mère de Jean, et seule sans doute Adèle ne s'en rendait pas compte, à moins qu'elle ne fasse la sourde oreille à cet appel si peu voilé.
Le repas se passa dans une sorte d'ambiance magique alimentée par les bons mots de Lucie. Elle était époustouflante. Ses yeux, papillons qui virevoltaient, sautant d'un garçon à l'autre avec une sorte de frénésie, entouraient les deux jeunes hommes de leurs clignements de paupières exagérés. Elle captivait l'attention de tous par des histoires plus ou moins cochonnes. Les deux mecs bavaient littéralement devant elle ! Adèle admira l'exercice de haute voltige de son amie : elle savait y faire, pas de doute là-dessus.
— Jean, tu m'as l'air bien costaud… Tu auras bien cinq minutes à accorder à une pauvre femme seule après le déjeuner ?
— Pour quoi faire ?
— Je voudrais descendre une vieille malle de mon grenier, mais elle est trop lourde pour mes frêles muscles. Alors après le café, si tu veux bien, nous irons chez moi et tu me donneras un coup de main.
— Moi aussi je peux vous accompagner si vous voulez, Lucie.
— Toi, Guy ? Non : toi, tu vas aider Adèle à faire la vaisselle ; il faut bien aussi penser à notre hôtesse. Ça te va comme ça ? Et ce soir, nous pourrions tous les quatre aller au cinéma ; le film « Bienvenue chez les Ch'tis » est à l'affiche en ville. Ça convient à tout le monde ? À toi aussi Adèle ? À moins que tu ne préfères que j'embarque notre Guy et que ton fils te donne la main pour les tâches domestiques ?
— Non, Lucie, emmène Jean. Au moins il saura où habite ma nouvelle copine, parce que quand je lui dis que je vais chez toi, il ne visualise pas encore bien l'endroit.
— Bon. Eh bien puisque tout le monde est d'accord… Chef, un café ! Allez, les garçons, avec moi : chef un p'tit verre, on a soif…
Un joyeux brouhaha accompagnait cette fin de repas au demeurant fort agréable. Puis après le café que tous sauf Adèle prirent, la belle Lucie partit en compagnie du fils de la maîtresse des lieux. Guy était dans ses petits souliers. Il avait desservi la table, et maintenant un torchon dans la main il essuyait la vaisselle que la rousse déposait sur l'égouttoir après l'avoir lavée et rincée. Intérieurement, la femme rigolait de le voir si prompt à se racheter. Il se taisait, elle aussi, et de ce fait l'ambiance restait étrangement tendue. Elle venait de finir quand il fit tomber une fourchette sur le carrelage. Il était rouge de confusion et la mère de Jean fronça les sourcils.
— Je… je ne sais pas ce qui m'arrive. Je suis maladroit depuis…
— Oui ? Depuis quand ? Depuis que vous rendez visite aux dames la nuit, nu comme un ver ? Depuis que vous devenez somnambule à la demande ? Depuis quand ? Allons, expliquez-vous.
— C'est… c'est-à-dire que… je, vous me faites flipper.
— Ah bon ? En voilà une de drôle d'idée. Avez-vous dit à mon fils comment vous aviez atterri dans mon lit cette nuit-là ? Vous lui avez expliqué également pourquoi vous étiez venu cette nuit à nouveau dans ma chambre sans rien sur le dos, la queue à l'air ?
— Non… bien sûr que non !
— Vous croyez qu'il apprécierait de savoir que son ami tente de venir baiser sa mère ? À votre avis ? Qu'est-ce qu'il en penserait ?
— Je… j'avoue que je n'en sais rien du tout. Mais vous… est-ce vrai que vous avez passé un moment avec Léo ?
— C'est lui qui vous a raconté cela ? Précisément ? Parce que je peux vous assurer que personne de mon entourage ne s'intéressera plus à vous si je parle de la manière dont vous êtes arrivé au milieu de ma chambre. Vous devriez avoir honte ! Ce n'est pas comme cela qu'on se comporte chez des personnes qui vous reçoivent.
Arrivée chez elle, Lucie avait fait monter le garçon au grenier. Il en était redescendu avec sur les bras une malle si lourde qu'il en avait les muscles noués. Elle suivait dans les escaliers en bavardant, mais ne montrait aucun signe de compassion. Il ahanait avec son fardeau qu'elle avait fait déposer au garage, tout au bout de la maison. La sueur perlait sur le front du jeune homme. Dehors, la température était encore négative en ce début d'après-midi ; le mercure ne remonterait pas avant un bout de temps.
Une fois sa cargaison amenée à destination, Jean suivit Lucie qui souriait.
— Viens, tu vas prendre froid. Attends, je vais te sécher les cheveux. Regarde-moi ça comme tu transpires… Viens là que je te frictionne un peu ta belle tignasse
Jean était tout proche de cette femme qui sentait bon. Un parfum qui l'émouvait. Sans trop savoir pourquoi, Lucie l'attirait. La serviette sur sa caboche allait et venait, se faisant bien plus douce. Puis elle se frotta contre lui. Bizarrement, une main sur sa nuque s'était mise en mouvement et arrivait à hauteur de ses reins.
— Tu es un beau garçon. Un homme, déjà… Tu as déjà pris une femme ?
— … « Pris une femme ? »
— Je veux dire as-tu déjà fait l'amour avec une femme ? À moins que tu ne préfères les hommes…
— Hein ? Mais non, bien sûr !
— Non ? Tu n'as jamais couché ? Oui ou non avec un homme ?
— Non !
Le ton laissait entendre de l'agacement, mais il ne reculait pas alors qu'elle le coinçait contre elle. Les seins de l'amie de sa mère s'écrasaient contre la poitrine du jeune et elle serrait de plus en plus fort. Il sut d'emblée qu'il avait envie d'elle. Son sexe avait, tel un serpent, pris une forme qui ne trompait pas : il bandait, et elle insistait. Maintenant sa main se baladait sur les fesses de Jean. Pas de doute, elle l'allumait. Il se demanda si la malle à extraire du grenier n'avait tout simplement pas été un prétexte. De sa menotte qui tenait toujours la serviette, elle le repoussa vers un siège ; il comprit de suite qu'elle voulait qu'il se mette assis.
Elle ne disait rien, mais ses gestes éloquents étaient autant d'ordres muets. Une fois son cul posé sur la chaise en paille, elle lui mit les bras dans le dos, et tirant sur sa ceinture elle se servit de celle-ci pour lui lier les deux poignets. Jean désormais était à la merci de cette grande bringue brune, mais il n'en éprouvait aucune véritable crainte. D'un mouvement souple inattendu, elle venait d'ouvrir sa braguette. Il baissa les yeux pour éviter son regard.
Sans qu'il y trouve à redire, les doigts de Lucie avaient fait sortir du pantalon le tube de chair en érection.
— Mais c'est vrai que c'est tout beau, ça… Ah, les femmes doivent l'aimer, cette… bestiole !
— …
— Allons ! Tu n'es guère bavard, mais nous allons bien voir si jouer avec ton oiseau te fait aussi chanter.
Elle avait d'un coup joint le geste à la parole. Sans qu'il s'y attende, la brune s'était agenouillée ; sa bite lui arrivait devant les lèvres. D'abord de la pointe de la langue elle vint comme goûter le pistil, puis en gardant la hampe entre ses phalanges recroquevillées elle passa ce bout rose entre la peau et le gland qu'elle n'avait pas décalotté. Jean eut un sursaut, provoqué par une envie violente de faire l'amour et par les sensations de cette caresse enflammée qu'elle lui distillait.
— Alors, beau merle, on n'aime pas ça ? Mais si, tu vas voir : je suis bien certaine que tu vas apprécier et que tu vas même en redemander. Laisse-moi faire. Une deuxième maman, c'est bien ce que tu aimerais, non ? Une maman dans ton lit…
— Pour… pourquoi dites-vous ça ?
— Tous les jeunes de ton âge rêvent de coucher avec leur mère ; enfin, c'est ce que je lis sur certains sites d'histoires érotiques. Vous êtes les rois d'Internet, vous autres, les jeunes d'aujourd'hui. Pourquoi ne serais-tu pas fait du même bois que les autres ? Allons, avoue que ta mère est bien belle, non ?
— C'est… c'est elle qui vous a raconté des trucs ?
— Que voudrais-tu qu'elle me raconte ? C'est ta maman, et elle est bien sage. Mais toi… femme ou homme ? Homme ou femme ? Tu vas bien finir par me le dire… Tu couches avec ton copain, ce Guy, là. Tu peux me le dire sans crainte ; tu sais, moi je comprends que tes réactions à mes caresses sont un signe.
— Je… je ne comprends rien de ce que vous me voulez…
— Mais je veux baiser avec toi ! C'est bien le bon terme ? « Faire l'amour », ça vous est totalement étranger, n'est-ce pas ?
— Ah… ah…
Lucie s'était tue et avait repris le manche en bouche, mais cette fois elle avait accentué sa fellation, introduisant plus profondément le sexe mâle dans sa bouche, et Jean se tortillait comme un ver sous les lapements de la brune. Elle suçait divinement. Il se trémoussait sur l'assise de paille et soufflait tout l'air de ses poumons. Il aurait voulu lui tenir la tête, la caresser aussi, mais elle l'avait si bien attaché au siège que c'était impossible. Il dut donc subir sa pipe ; et Dieu, qu'elle y mettait du cœur à l'ouvrage !
Il ne voyait plus que le haut de son crâne ; elle avançait la tête et reculait de différentes façons, de quoi provoquer chez le garçon des sueurs. Il ne savait plus comment se débattre ; les perceptions qui lui parvenaient avaient toutes des origines diverses. Son corps tremblait sous l'irrésistible envie que Lucie provoquait. Sa seule pensée fut soudain de se retenir, le plus longtemps possible, mais que c'était pénible… Sentir monter en lui cette éjaculation imminente devenait un supplice.
Quand elle stoppa net sa pipe, ce fut encore plus difficile. Il était bloqué par cette semence qui voulait s'échapper de lui, et ne pas pouvoir se servir de ses mains pour terminer le travail qu'elle avait entrepris, c'était atroce comme attente ! Lucie, debout à nouveau, le regardait. Il la vit qui, sans retirer sa jupe, faisait glisser sa culotte sur ses cuisses. Elle saisit juste le pan de son vêtement par le bas alors que le triangle de tissu restait accroché à l'un de ses pieds.
En avançant, elle vint s'asseoir sur les genoux de Jean.
— Tu dois être patient, mon petit Jean… Ne viens pas tout de suite… Je vais te donner ce qu'aucune autre femme ne t'a donné jusque-là…