Six jours dans la vie d'une femme
Charline8804/06/2020Les Jeux interdits
La route qui serpente entre deux vallées est enfermée dans la forêt. Dans la berline, Alain reste silencieux depuis leur sortie de la pizzeria. Il se demande comment sa diablesse d'épouse a pu se débrouiller pour convaincre aussi facilement son amie. Il en ressort dans sa tête que le corps de Laure lui colle toujours une trique d'enfer. Évidemment que l'endroit où les trois se rendent est excitant aussi. Les deux femmes sont montées à l'arrière et leurs voix suaves et musicales n'arrivent pas à le sortir de cette espérance. L'épouse de son pote qui s'encanaille à son insu lui plaît trop.
Si Laure discute gentiment avec son amie, elle garde son esprit en alerte. C'est bien vrai qu'elle ne sait rien de ce qu'il se passe derrière les murs de cette vieille ferme recyclée en club échangiste, et ce ne sont pas les lectures sur le sujet qui peuvent la rassurer. Elle s'est engagée à les accompagner, encouragée en cela par une Minouche particulièrement convaincante. Et cette fois, plus moyen de reculer. Elle songe aussi que le chauffeur est bien silencieux depuis qu'ils ont quitté le restaurant. Serait-il lui aussi intimidé par sa présence ? Elle revoit par bribes cette queue flasque qu'il arborait fièrement malgré tout à l'issue de sa douche.
Alors bien que perturbée par sa décision, elle y fait face avec courage. « Pas besoin de consommer… » Si la belle Marine savait l'histoire de la nuit passée, elle en rigolerait de belle manière ! Pour être cocu, son malheureux mari l'est bel et bien, et quelque part aucun remords ne vient troubler la brune. Une fatalité toute bête qui fait que c'est arrivé, un point c'est tout. Fabuleusement facilement, et tout cela parce que son mari a voulu se faire plaisir en l'appelant au téléphone. Mais de ceci, Laure ne veut s'en ouvrir à personne. C'est son secret, et puis voilà.
La voiture vient de s'arrêter devant un portail gris et Alain descend pour montrer patte blanche à un visiophone. Les deux femmes sont figées dans l'attente de l'ouverture, et alors que l'homme revient vers elles, les deux battants métalliques tournent lentement, sans bruit sur leurs gonds. Encore une bonne centaine de mètres sur un chemin caillouteux, et enfin un parking qui ne compte qu'une petite dizaine de places occupées. Minouche murmure dans la voiture :
— Il n'y a pas grand monde ce soir.
— Oh, vous savez les filles, ce n'est pas la quantité qui prévaut, mais surtout la qualité. Mieux vaut être peu, mais que les gens soient bons.
— On le saura bientôt ! Tu me suis, Laure ? Et tu n'as pas besoin de trembler comme une feuille : Alain et moi sommes là.
Devant eux, une porte vient de s'ouvrir et une bande lumineuse illumine les alentours. Une dame en body sexy les invite à entrer.
— Bonsoir, Mesdames ; bonsoir, Monsieur. Ah, je vois que vous connaissez déjà les lieux. Je vous fais donc grâce de la visite. Je vous attends au bar.
— Bonsoir, Jennifer.
C'est le mâle du groupe qui vient de répondre, et les deux femmes partent vers les vestiaires. Marine explique un peu le cérémonial de l'entrée dans cet endroit si particulier :
— Tu vois, ma belle, ici il y a sauna et hammam, alors tu prends un casier. Si la clé est dessus, c'est qu'il est libre. À l'intérieur de celui-ci, il y a une serviette et des produits de douche. La propreté est de rigueur, bien entendu. Quelques préservatifs également, pour le cas où… Ensuite, tu peux soit rester vêtue comme tu l'es, ou alors te dévêtir et te couvrir d'un drap de bain. Alain et moi préférons cette seconde formule.
— Les gens sont tous dans cette… tenue ?
— La plupart : c'est plus pratique pour les douches et pour certaines autres activités… mais tu fais comme tu veux. Moi, je retire tout.
Joignant le geste à la parole, la femme d'Alain commence un savant déshabillage et se retrouve bientôt totalement nue dans la petite pièce. Une serviette immense vient remplacer toutes ses fringues qu'elle plie consciencieusement pour les ranger dans le placard. Et sans vraiment la mimer, sa compagne de soirée se décide finalement à se désaper également. Ce sont deux femmes en tenue légère qui retrouvent leur chauffeur qui est déjà au bar à les guetter. Laure a l'impression qu'Alain laisse échapper une sorte de soupir de soulagement. La voir presque nue le fait donc respirer plus fort ?
L'ouvreuse de l'entrée pousse de suite un verre sur le comptoir devant les femmes. À la couleur, Laure se doute que c'est une vodka orange commandée par leur chevalier servant. Dans la salle, un disc-jockey s'escrime sur ses platines. Une poignée de danseurs se trémousse sur un parquet minuscule baigné par les flashs psychédéliques de spots multicolores. Presque tous ceux qui tournent là sont à l'image des nouveaux arrivants : les hommes torse nu, avec juste le bas du ventre entouré d'une serviette ; quant aux dames, elles ont passé les draps de bain de manière à masquer plus de leur corps.
La petite patte de Minouche attrape celle de son amie et l'entraîne avec un rire de gorge.
— Viens, allons brûler nos calories sur la piste. Viens danser ! Tu vois que c'est possible.
— …
Bien sûr que la brune se laisse entraîner vers les silhouettes qui s'agitent frénétiquement au rythme imposé par une musique très tendance. Et sur des rythmes endiablés, deux danseuses folles se joignent à la masse grouillante de ces femelles qui font bouger leur cul. Exercice difficile pour une Laure qui, toutes les trente secondes, renoue l'éponge qui la drape plus ou moins bien, ce qui fait rire sa copine. Les curieux – sans doute les compagnons des follettes qui remuent sur le parquet – sont curieux de voir quelle serviette tombera la première. Le bruit assourdissant empêche de se parler autrement qu'à l'oreille, et l'œil aguerri du maître de cérémonie a vite repéré les deux nouvelles ; il prend un malin plaisir à les inonder de ses loupiotes clignotantes.
Laure se sent comme un lièvre pris dans les phares d'une voiture, éblouie et perdue. Au bout de quelques minutes d'une bousculade sans nom, la piste étant vraiment réduite à sa plus simple expression, les nanas regagnent le bar où Alain garde leurs boissons. Son épouse fait une autre recommandation à son amie :
— Ici, tu fais comme moi : tu ne laisses jamais ton verre seul. Soit tu le bois avant de quitter le bar, ou tu n'y touches plus lorsque tu reviens. Là, Alain a veillé à ce que personne ne mette une saloperie dans nos godets. On ne sait jamais… La drogue des violeurs, tu connais ?
— Non, mais j'imagine bien. Je… j'aimerais que nous fassions un tour, que tu me montres un peu les petits coins.
— Tu veux dire les salons ? Oui. Alain, nous allons en visite toutes les deux. Tu restes là ou tu nous accompagnes ?
— Vos verres sont vides ? Alors je vous escorte. On commence par la mezzanine ?
— Oui, si tu veux. Là-haut, on s'entendra un peu mieux peut-être.
En se donnant la main, ils sont montés par un escalier métallique. Ils surplombent ainsi une partie de la salle, et c'est vrai que le bruit semble moins assourdissant en surplomb de la mêlée. Laure ne perd pas une miette de ce qui l'entoure. C'est tout d'abord un immense lit placé sous une croix de bois. Sur celle-ci un homme est crucifié, nu, entouré de trois jeunes femmes qui le caressent. Minouche raconte de quoi il retourne :
— Là, tu es dans le coin de ceux qui pratiquent un peu le SM. Ce que tu vois ici reste très soft, mais parfois c'est plus… hard. Des hommes – ou des femmes, d'ailleurs – sont roués de coups de cravache ou de martinet, mais toujours à leur demande. Tu veux y goûter ?
— Ben, sûrement pas ! Ce n'est pas mon truc. Mais là-bas, c'est quoi, ce mur ?
— Ah, ça… Tu vois la porte qui se trouve au bout ?
— Oui…
— Eh bien, tu entres par là. Tu veux que je te fasse voir ?
— Mais, les hommes qui sont alignés contre la paroi…
— Suis-moi, tu vas comprendre toute seule.
Elles viennent de franchir le battant de bois. De l'autre côté de la cloison, trois femmes sont agenouillées ; ce qu'elles font n'a pas besoin d'être décrit. Du coup, la brune saisit le pourquoi de la position des mâles qui sont contre la paroi.
— Voilà, ma belle ; ça s'appelle un glory hole. C'est amusant. Il faut essayer une fois pour rire. Viens, maintenant nous allons visiter un salon particulier. Une chambre d'amour, un endroit où les couples s'envoient en l'air seuls ou en bonne compagnie. Toutes les figures sont possibles : avec des hommes, des femmes, d'autres couples, bi ou pas. Je ne vais pas te faire un dessin…
— Si tu veux, nous pourrons en occuper une tous les trois…
Alain, qui ne perd pas le Nord, vient de lâcher cette petite phrase mais n'obtient aucun écho à sa proposition, et le trio se dirige cette fois vers des endroits plus sombres, sous des tentures discrètes. Quelques œilletons sont disposés ici et là dans des cloisons. Laure imagine que les occupants de ces chambres d'amour sont fort occupés. Et Marine d'ajouter :
— Ce sont bien les judas que tu chouffes comme ça ? Les occupants peuvent les tenir fermés de l'intérieur ou laisser la liberté de visionner ce qu'ils font.
— Pour des voyeurs ?
— Oui. Il y en a pour tous les goûts dans ces clubs… Je ne te raconte pas non plus combien de types ont déjà dû se branler sur nos ébats à Alain et moi !
— Parce que tu ne les bloques pas ? Ça te fait quoi de savoir que des types te reluquent en se masturbant ?
— Ça peut être très… excitant. Jouissif, parfois même ! Mais le mieux serait que tu essayes pour t'en rendre compte.
— … ? Pas certaine que ça m'emballe vraiment. Pour moi, amour rime encore avec intimité. Quoique…
— Ah-ah ! Raconte-moi cette hésitation. Tu joues à la sainte Nitouche, mais tu aimerais bien te dévergonder, peut-être ? Allons, dis-le-moi…
— Non ! Non, je réfléchis sans pour autant…
— On entre dans celle-ci ? Elle est peut-être déjà occupée, mais… à toi de décider si tu veux regarder comment c'est agencé.
— Pourquoi pas ?
La brune a simplement murmuré ces mots, comme s'ils étaient pensés tout haut. Alain, qui la suit, tend la main et entrouvre une porte à peine visible. Dans la pénombre, deux couples sur un immense lit font ce que des milliers d'amants de par le monde pratiquent chez eux. Ce que Laure aperçoit n'est pas très différent de ce qu'elle ferait avec son Gabriel. Sauf qu'elle et lui se contentent d'être entre eux alors que ceux qui font l'amour dans cette pièce sont quatre, emmêlés dans un bouquet très… pornographique. Pas une seule tête ne dévie de sa trajectoire, personne ne cherche à savoir qui entre. Un autre lit tout aussi grand que celui où les fornications ont lieu semble attendre des arrivants… chauds.
Ce qui surprend le plus, c'est une odeur de sexe, un parfum qui flotte partout. Laure réalise que cette chambre est à cet unique usage et qu'elle est envahie par les fragrances des accouplements successifs qui se passent chaque soirée où le club est ouvert. Ça ne l'excite pas vraiment, cette odeur de cul qui lui chatouille les narines.
La main de son amie est maintenant sur la sienne, invitation muette à entrer plus avant dans cet espace dédié au dieu Priape ou à fuir de suite. C'est Alain qui fait pencher la balance par sa seule impatience :
— Il reste un lit vide, les filles… on en profite un peu ? Tu veux voir le loup, Laure ?
— … ! Je vous laisse, si cela vous fait plaisir. Je peux aller visiter toute seule cette baraque insolite. Faites comme si je n'étais pas là. Je vais au bar boire un verre et je ferai un tour toute seule. D'accord ?
— Comme tu veux. Nous serons là, hein, ma caille ? Minouche et moi aimons bien la promiscuité et que les yeux des murs soient ouverts.
— Tu es sûre, Laure ? Nous ne dirons rien à ton Gaby, tu as notre parole. Si tu le veux, tu peux te joindre à nous. Ou revenir un peu plus tard… quand tu l'auras décidé.
— À tout à l'heure. Faites-vous plaisir ; c'est trop tôt pour moi.
— D'accord. Ici, personne ne force personne.
La brune est ressortie hâtivement. Elle reste quelques secondes abasourdie par ces corps qu'elle a vus dans des positions qui ne laissent planer aucun doute sur la manière dont les couples s'occupent. Mue par une curiosité presque malsaine, elle fait un pas vers l'un de ces judas qui, espacés d'un mètre, sont disposés un peu partout sur la cloison. Le spectacle est édifiant : Marine et Alain, à poil, ont déjà été rejoints par les quatre partenaires qui jouaient ensemble. Les solutions sont multipliées à l'infini par l'apport de ce couple « frais ».
La femme sourit à l'idée que, finalement, les hommes et les femmes peuvent aussi être des animaux comme les autres. Le coup d'œil qu'elle jette par l'intermédiaire du trou dans le mur lui montre que ses amis sont bien des libertins, et la bite que Minouche a dans la bouche n'a rien à envier à l'instrument de son Gabriel, bien qu'elle soit trop loin pour en juger. Ensuite, faire un second tour ne peut qu'être instructif.
Au bar, elle sirote une seconde boisson après laquelle elle revisite la mezzanine et son fameux « mur à pipes ». Mue par elle ne sait quel sentiment étrange, elle se faufile du côté obscur de la paroi. Là, une jeune femme, la voyant entrer, lui fait un sourire. Une fraction de seconde elle lâche le boudin anonyme qui dépasse d'un orifice circulaire à la hauteur de sa bouche. La pipeuse fait un signe à la nouvelle venue, que Laure prend pour une invitation à s'approcher. Ses quelques hésitations sont balayées par une curiosité faite d'un mélange de peur et d'envie. Lorsqu'elle est toute proche, d'une voix douce l'autre s'adresse à elle :
— Tu veux partager ? Viens là. Elle est belle, n'est-ce pas ? Ne sois pas timide. Allons, agenouille-toi là.
— … !
C'est comme si la jolie femme qui tient entre ses doigts la tige sans corps lui donnait un ordre. Oui, la brune ressent fortement cette persuasion que la suceuse exerce sur son esprit. Un instant elle se demande ce qu'elle fait là. Qu'est-ce qui peut l'attirer dans ce grenier glauque ? Sûrement pas un besoin de sentir une queue entre ses lèvres, non : c'est tout bonnement inconcevable ! Alors pourquoi se met-elle aussi en position de prière ? Et la main libre de la donzelle qui lui prend le poignet pour le diriger droit vers le membre crûment exhibé sans que rien d'autre de son propriétaire soit visible, pourquoi ne la repousse-t-elle pas ?
La tige est chaude, gonflée de sang. La patte qui sans vraiment forcer l'engage vers le nœud sans visage réussit son coup, mais la fille en veut plus encore :
— Vas-y ! Tu peux aussi le sucer. Nous pouvons le faire jouir ensemble ; ça te plairait ? Tu n'es jamais venue ici ; c'est la première fois, n'est-ce pas ?
— … Ou… oui.
— Tu sais, dans cette boîte, personne ne s'occupe de ce que nous faisons. Mon plaisir à moi, c'est de sucer des queues sans que les gens à qui elles appartiennent me voient. J'aime le contact de mes lèvres sur… sur ça. Et l'odeur aussi ! Goûte, ne crains rien. En plus, le bonhomme – ben oui, il y a bien un mec au bout de ce mandrin – au moins il ne peut pas foutre ses sales pattes sur moi, sur toi.
— Je… je vois, je comprends. Le plaisir dont vous avez envie sans les inconvénients d'une possession non désirée.
— Tu apprends vite et tu raisonnes bien. Tu en veux de mon sucre d'orge ?
Laure hoche la tête puis baisse le menton. Sa langue vient à la rencontre d'un gland gonflé, et la jeune femme fait l'identique démarche. Sur la hampe leurs deux salives se découvrent, se retrouvent, et c'est comme un baiser extraordinaire. Un palot de rêve avec un esquimau bouillant au beau milieu qui sépare tout en donnant une certaine saveur à cette bistouille. Quand Laure se retire seulement de quelques millimètres, décollant sa bouche du pieu, la jeunette prend le même chemin.
Cette fois, l'organe mâle ne sépare plus les quatre lippes. L'une et l'autre explorent tour à tour un palais qui réclame sa part de butin. Le souffle qui vient à manquer oblige enfin les bouches à se séparer. Et à la grande surprise de la brune, sa compagne d'un moment se penche de nouveau sur un sexe différent, remplaçant celui qui l'instant d'avant était délaissé. Laure sait que ce n'est plus la même bite, vu la couleur de cette nouvelle qui dépasse du trou : le boudin blanc de la première tétée est bel et bien remplacé par un appendice d'une jolie couleur ébène. Entre deux coups de langue, la femme à ses côtés lui susurre :
— C'est tellement bon de ne rien savoir de celui qui est derrière… Un jour, j'en goûterai une appartenant à un extraterrestre, et je serai la seule à ne pas le savoir ! Tu en veux ?
— Après tout… pourquoi mourir idiote ?
La soirée est chaude ; tout est fait dans cet espace clos pour que le sexe soit roi. Laure cède aux injonctions doucereuses de cette déesse en génuflexion. Elle aussi ne donne plus sa langue au chat et trouve un plaisir malsain à réaliser des fellations anonymes. Elle ne s'arrête qu'à la rasade inattendue d'un éjaculateur trop pressé. Là encore elle réalise que les hommes ne sont pas tous égaux en matière de maîtrise de leur queue. Et lorsqu'elle retrouve au bar ses deux amis, qui visiblement ont largement profité de la chambre, personne ne lui pose la moindre question.