Le feu sacré

Au sol, la petite tache noire du téléphone ne gêne plus le garçon qui tient par les hanches la jolie brune. Laure ne fait rien pour arrêter le jeune de la limer ; elle a même tendance à se dandiner pour que la pénétration soit plus profonde. Aucune difficulté pour qu'elle se mette à genoux alors que le gosse la suit dans cette position. Les râles, soupirs et gémissements fusent dans le salon. Elle se laisse prendre et se permet même de le sucer alors qu'il lui présente une queue qui n'a rien à envier à celle de son mari. Pour le moment, elle refuse de songer à ce qu'elle fait.

Comme c'est Gabriel avec son coup de téléphone qui a provoqué chez elle cette montée irrépressible d'envie, elle se donne bonne conscience en pensant ainsi. Le jeune, s'il en profite bien, ne l'a pas violée non plus : elle ne pouvait que finir avec cette bite, et c'est un peu son mari qui la baise là, sur la moquette de leur salon. Elle sent bien ce sexe qui la perce tantôt lentement, parfois plus vite, au rythme qu'elle impose à son propriétaire en ondulant des hanches.

Et le voisin qui ne fait rien d'autre que se cramponner pour ne pas être viré de cette chatte d'où s'échappent de petits bruits si délicieusement érotiques… Avec ceux-ci, un parfum de cul se répand partout dans la pièce. Elle lui fait l'amour comme s'il s'agissait de son mari, et l'autre se laisse aller à subir ce qu'en fin de compte elle décide. C'est long, c'est bon, et il ne lui oppose que la fougue et la jeunesse turbulente de sa bite raide. Il cherche dans des images éloignées de ce qu'il fait pour résister à la montée inéluctable de sa semence. Mais même le visage de sa mère en furie ne peut empêcher l'épanchement annoncé.

Le sperme qui jaillit, elle en a prévu l'arrivée ; alors d'un bond en avant elle parvient à le faire éjaculer sur son ventre plutôt qu'en elle. Finalement, c'est avec les doigts qui pataugent dans cette bouillie gluante que s'achève leur corps-à-corps interdit. Ils restent tous deux, là, couchés devant l'âtre où s'élèvent encore les dernières flammes.

— Tu veux bien remettre une bûche dans la cheminée ?
— …

Elle a prononcé ces mots comme pour rompre un silence qui devenait pesant. Elle aurait dit les mêmes à Gaby ; mais le type avec qui elle vient de… n'a rien de son mari. Elle détaille ce garçon aux courbes harmonieuses qui, à genoux devant le foyer ouvert, pose sur les braises la bille de bois qui va réveiller le feu. Les muscles roulent sous la peau élastique du jeunot et elle se revoit, bien des années auparavant, avec son homme à elle, à la même place, alors qu'il venait de lui faire l'amour, un peu de la même manière que ce soir… Son Gaby… il avait, il était tellement semblable à ce Renaud !

Comment d'une image d'un garçon tisonnant dans l'insert l'envie renaît-elle ? L'esprit féminin est bien imprévisible ! Alors, mue par un instinct incompréhensible, au lieu de renvoyer le jeune chez sa mère elle lui passe la main dans le dos. Bien sûr, il reste dans la position où il se trouve alors que sur un coude, la femme, d'une paume s'aventure sur cette colonne vertébrale qu'il courbe légèrement vers l'avant. Il frissonne de cette caresse inattendue.

— Tu… tu es bien foutu. Et puis j'ai encore envie ; tu n'auras sans doute qu'une nuit… alors profites-en. Au petit jour, il sera trop tard et nous serons à nouveau juste des voisins.
— Vous… vous en avez envie ? Vous voulez bien que je vous fasse encore l'amour ?
— Oui. Puisque tu es là et que lui ne l'est pas, puisque tu as déjà si bien commencé… Achevons cette nuit, ce sera notre secret.
— Vous… vous êtes sûre ? Je ne voudrais pas que vous pensiez que…
— Que quoi ? J'ai envie, et c'est mon mari qui a provoqué cet état ! Tu es là, le remplaçant idéal. Mais au petit jour tu devras partir sans espoir de retour. Alors cette nuit est à nous deux.
— Vous avez déjà fait ça ?
— Quoi, « ça » ? Tu veux dire tromper mon mari ? Ça ne te regarde pas ! Contente-toi de prendre ta part ou de partir. Tu as le choix. Mais décide-toi vite : je sais aussi changer d'avis.
— Non ! Non, je prends…
— C'est bien ! Je suis prête, j'ai envie, et j'en avalerais trois ou quatre comme toi ce soir. Vous… enfin, Gaby et tes caresses avez fait que mon corps s'est réveillé.
— Vous aimeriez que je… demande à un ami de…
— Tu es fou ? À moins que tu ne sois plus en mesure de me faire l'amour ? C'est ça ? Tu ne bandes plus ?
— Non, non, pas du tout, mais bon… vos propos me laissaient penser que…
— Parce qu'en plus tu aurais quelqu'un à me proposer ?

Laure éclate de rire devant la mine désappointée du garçon. Mais l'idée qui germe dans sa tête la rabaisse au rang d'une salope ordinaire. C'est vrai qu'elle aimerait une fois dans sa vie essayer ce genre de truc ; le demander à son Gabriel n'est pas évident, mais ce jeunot… là, si prompt à saisir ses envies ? Pourquoi pas, après tout ? Elle a encore sept jours à tuer.

Pendant qu'elle cogite, Renaud s'est retourné et son visage vient à la rencontre de celui de la femme.

C'est le premier baiser qu'ils échangent. Rien d'extraordinaire, une pelle sans trop de saveur. Mais comme au fond d'elle tout brûle depuis qu'elle discute avec lui, ce palot reste passable. C'est avec une main sur le cou du bonhomme qu'elle le guide là où elle le veut. Sa bouche, même si elle n'embrasse pas très bien, peut aussi servir à lui donner un autre plaisir. Et peut-être que ce nouveau patin sera bien meilleur, qui sait ? Le premier contact est de toute manière… électrique. Et elle sent déjà revenir au grand galop son fichu désir.

Elle se vautre sur le flanc, entraînant avec elle le gaillard qui reste accroché à sa chatte. C'est pour mieux l'amener à se positionner de la même façon qu'elle, mais les jambes vers le visage de la dame nue. Et à ce petit jeu-là, le sexe redevenu raide est idéalement placé. Alors qu'il lui lèche avec entrain la moule, elle le branle, d'abord lentement puis, décalottant le gland d'une main experte, elle gobe son casque de velours. Renaud a un mouvement brusque du corps, et ce raidissement fait que sa queue s'immisce plus avant dans cette cavité accueillante.

Les choses avancent alors que les flammes crépitent de plus belle dans l'insert. À la chaleur corporelle s'ajoute maintenant celle plus animale de ces deux êtres qui se font l'amour. Elle guide, mène les débats, gère leurs ébats. Quand elle le sent trop pressé, elle ralentit le roulement de sa langue sur sa pine tendue, et si d'aventure c'est lui qui lui donne trop de pression, elle resserre les cuisses, interdisant momentanément l'accès de sa foufoune à la langue trop zélée.

Cet apéritif dînatoire dure un long moment. Puis, d'une ruée, Laure pousse sur le dos son jeune amant. C'est alors tout tranquillement qu'elle se redresse, passe une jambe de part et d'autre du corps du jeune homme. Elle fléchit sur ses genoux jusqu'à venir pratiquement s'asseoir sur lui. Il n'a plus pour champ de vision que le dos lisse et satiné de cette femme qui d'une main pousse en elle son vit respectable. Elle se coule, se love sur l'engin, et lorsqu'il est bien au fond de sa chatte elle se repose de tout son poids sur le bassin du gamin.

Il respire plus vite, plus fort aussi. Mais sûr de sa force mâle, il ne bouge pas, se contentant de la laisser faire comme elle l'entend. Maintenant les longues jambes de la dame sont repliées le long des flancs de Renaud. C'est alors qu'elle se penche légèrement en avant et, les mains en appui sur les cuisses du mec, elle se soulève un peu. Quand elle se laisse retomber, il pousse comme un soupir. Et l'opération se répète sans qu'il ne puisse compter le nombre de fois où elle la réitère. Il est bien, elle fait comme elle veut : que rêver de mieux ?


Renaud et Laure ont fait l'amour plusieurs fois. Mais c'est toujours elle qui est restée à la manœuvre. Une seule fois, alors qu'elle se courbait en avant, il a osé pointer de l'index l'œillet que sa position dévoilait.

— Non ! Tu me laisses faire, tu veux ? Tu ne touches pas à ça ! C'est à lui.

Dans la tête de Renaud, ce « lui » s'apparente bien entendu à l'absent de la nuit. Et un adage populaire dit que ceux qui ne sont pas là ont toujours tort… alors il n'a pas insisté, trop heureux de sa bonne aubaine. Sa jolie voisine, l'amie de sa mère, jamais hier encore il aurait cru que… qu'elle serait aussi chaude et bonne. Mais il sait aussi rester à sa place et se taire. C'est ainsi que pour finir, c'est par une fellation que s'achève cette nuit de sexe intégrale. Il aura éjaculé trois fois avec toujours le même bonheur.

Il ne cherche pas à savoir où est passé le sperme qu'elle a fait jaillir dans son gosier. Qu'elle l'ait recraché ou avalé n'est pas important en soi. Par contre, il aime la façon douce qu'a cette femme de s'occuper de sa queue : pas un geste violent, pas un mouvement pour lui faire mal. Une amante sublime et dévouée, qui s'est prise au jeu du sexe et de l'amour. Un instant il pense « baise », puis se dit que c'est trop sophistiqué pour n'être qu'une partie de cul. Oui, elle se donne vraiment, et c'est tellement différent de ces petites connes avec qui il a des rapports de temps à autre…

Ils sont une nouvelle fois côte à côte, le dos sur la laine du sol, le nez face au plafond. Elle n'a pas retiré sa main quand il l'a prise dans la sienne. Une classe folle, cette nana ! Il est aux anges, mais l'échéance qu'elle a fixée arrive avec les premiers rayons d'un pâle soleil levant. Il sait que ça va se terminer là avec le jour. Il ne cherche pas à prolonger inutilement ce duel fascinant, trop heureux qu'elle lui ait finalement donné bien plus que personne ne lui a jamais offert.


— On prend un petit déjeuner ?
— Ça ne va pas t'ennuyer ? Tu sais, c'était… non, tu es formidable. Si tu n'étais pas mariée, je te draguerais.
— J'ai presque l'âge d'être ta mère ! Allez, viens, et ne dis donc pas d'âneries. Et puis voilà le jour, alors…
— Oui. Oui, je sais. Mais bon, je peux quand même rêver encore un petit moment.
— C'est toujours gratuit, les rêves… et je ne suis pas dans ta caboche. Allez, debout. Viens prendre un café.

Machinalement il a suivi. Elle est toujours nue, impudique au possible. Mais c'est vrai qu'elle se trouve être chez elle, dans son élément, et que l'intrus dans cette affaire… c'est lui.

— Pain grillé, beurre et confiture ?
— Ne vous dérangez pas pour moi.
— J'en prends aussi ; alors un morceau de plus ou de moins…

Le garçon face à elle n'a rien à voir avec celui rempli de gouaille et de morgue qui se trouvait en compagnie de ses amis, hier matin. Nu, il est presque trop beau, trop… parfait. Il ressemble tellement à celui pour lequel elle a craqué il y a… déjà si longtemps. Laure se retient pour ne pas… ce ne serait pas raisonnable. Puis l'idée de son Gaby qui lui aussi doit ou va se lever revient là, à la surface. C'est aussi sa faute si la situation est celle-ci ce matin.

— Je… je n'ai donc plus aucune chance de vous… revoir ?
— Revoir, oui, mais dans des circonstances analogues je ne pense pas.
— J'aurais aimé, pourtant, et vous le savez bien.
— C'est l'occasion qui a fait que… Mais voilà, tu sais bien que ce n'est pas possible.
— Vous l'aimez, lui ; il est bien chanceux !
— Oh, un jour ou l'autre tu rencontreras la femme de ta vie, et tu verras, tout change à ce moment-là.
— C'est encourageant ! Mais vous allez me manquer, et je ne ris pas du tout : je suis très sérieux.
— Tu croyais quoi ? Que nous allions avoir une liaison longue ? Non. J'ai aimé faire l'amour avec toi, mais c'est surtout parce que les événements ont fait que ça pouvait se produire. Pas question d'aller plus loin.
— S'il vous plaît… il vous reste encore quelques jours à passer seule, et puis j'ai senti que lorsque je vous ai proposé l'appel à un ami vous aviez hésité juste une fraction de seconde.

Laure a les yeux dans ceux de ce foutu gamin. Bon sang, comme il a déjà bien su la cerner ! On dirait qu'il l'a mise à jour plus que sa nudité actuelle ne le fait. Rien que le fait qu'il en reparle laisse remonter en elle ce vieux fantasme de femme. L'ont-elles toutes au moins une fois dans leur vie rêvée ? Cette idée n'a-t-elle pas effleuré tous les esprits féminins ? Et puis les maris aussi, du reste, ont parfois poussé beaucoup de femmes au vice grâce à une pareille envie. Elle se sent toute chose devant le grand dadais qui insiste lourdement.

— Vous savez, je peux facilement trouver un compagnon et…
— Et quoi ? Tu t'imagines que parce que nous avons fait l'amour tu vas me refiler à tes copains ? Tu crois encore au Père Noël à ton âge ? Contente-toi de ce que tu as reçu. Gardes-en de bons souvenirs et oublie tout le reste.

Elle se lève comme pour se resservir une goutte de café. Renaud a le regard posé sur ces fesses qui se promènent sous son nez, ou presque. Et quand ses yeux se posent sur le coussin clair qui recouvre la chaise qu'elle vient de quitter, une auréole mouillée ne laisse planer aucun doute : il est certain que leur conversation l'a fait vraiment mouiller. Cette femme, c'est… c'est une bombe, un cadeau du ciel ! Il se promet d'essayer à nouveau et de revenir. Mais elle ne parle plus, reste sur le qui-vive, et sa tasse vide, c'est la mort dans l'âme qu'il se rhabille et prend congé.


Renaud est parti ; le vide de la maison décourage la brune. Elle a encore au creux des reins la trace des passages de la bite du voisin. Puis vient s'ajouter à cela la peur. Celle, tout d'abord, que Gabriel apprenne, qu'il sache que pendant son absence… C'est toujours possible que l'autre idiot aille le chanter partout. Des noms d'oiseaux jaillissent en cascade dans sa caboche de femme adultère. Même le mot est amer à penser, à prononcer : « cocu », son pauvre mari, elle qui ne jure que par cet homme…

Elle se repose mille fois la question, celle de savoir ce qui lui a pris. Elle revient toujours à la conclusion que rien de tout ceci ne serait arrivé sans ce fichu appel de Gaby. L'autre était là au bon endroit, au bon moment ; un heureux hasard pour l'un et une mauvaise fortune pour celui qui n'était pas là. Elle tente de se rassurer en se disant qu'il n'est pas question de réitérer cette idiotie. Le fils des voisins… merde, c'est trop con ! La chair est faible, et elle n'est qu'une femme, après tout. Pourvu que ce coup de canif dans le contrat ne se renouvelle pas…