Clorinde, ma colocataire
Exorium14/10/2023Chapitre 11
— Eh ben, voilà ! On a la chambre à côté de la leur.
— Comment tu sais ça, toi ?
— Il nous a donné la 114, le type. Et la seule clef qu’était pas au tableau, c’était la 112. Donc…
Elle est allée s’installer directement dans le fauteuil en face du lit.
— Que je sois aux premières loges pour vous regarder faire.
Et on a tendu l’oreille.
— Il ne se passe rien.
— Mais si ! Écoutez bien.
Effectivement. Le matelas grinçait. En petits couinements feutrés.
— Oui, ben eux, ils perdent pas leur temps en préliminaires, c’est le moins qu’on puisse dire.
Ça s’est presque aussitôt accéléré. Emballé. La fille a gémi. Et crié comme une perdue.
Clorinde y est allée de son petit commentaire.
— Ou bien c’est la première fois qu’ils font ça ensemble, ou bien il y a longtemps qu’ils se sont pas vus. Ça a été expédié, en tout cas. Vous avez même pas eu le temps de vous déshabiller.
Elle a suggéré :
— Vous devriez le faire. Parce qu’ils vont recommencer. Ils vont forcément recommencer.
Il s’est passé une dizaine de minutes. Et puis…
— Tiens, bingo ! Qu’est-ce que je disais !
La fille a haleté un plaisir longuement suspendu que j’ai accompagné d’une main résolue, en en épousant au plus près les méandres, les pleins et les déliés. Jusqu’à la tonitruante explosion finale qui m’a, moi aussi, libéré. En interminables et abondantes giclées blanches.
Clorinde a quitté ma queue des yeux.
— J’ai cru que vous alliez crier, vous aussi, à un moment.
— C’était à deux doigts.
— J’ai bien vu.
— Tu te l’es pas fait, toi…
— Non. Ce que je voulais, c’était tout bien observer et écouter. Dans tous les détails. Ça m’aurait parasitée de me le faire. Mais peut-être ce soir. En y repensant. Sûrement, même.
À côté, ça a bougé.
— Attendez ! Écoutez !
Ça a paisiblement parlé.
— C’est fini. Ils se rhabillent.
On est allés se poster, côte à côte, à la fenêtre. Et on a attendu. Pas très longtemps.
— La v’là !
D’un pas décidé, sur le trottoir.
— Elle va où, à votre avis ?
— Peut-être bosser…
— Ou bien retrouver son mari. Ça l’excite, si ça tombe, de courir vers lui pleine du foutre d’un autre. Parce qu’on n’a pas entendu d’eau couler, ce qu’il y a de sûr.
On l’a perdue de vue.
— Ils reviendront peut-être.
— S’ils doivent se revoir, ce sera sûrement ici, oui, il y a toutes les chances.
— Même jour, même heure ?
— On vérifiera, c’est facile. Faudra aussi essayer de voir la tronche qu’il a, le type. Et tâcher de savoir où elle va, elle, après, quand elle le quitte.
On s’est éloignés de la fenêtre. Elle m’a regardé me rhabiller.
— Je sais pas pourquoi, mais je sens qu’on va faire tout un tas de découvertes plus passionnantes les unes que les autres, nous deux.
Un texto. De Martial.
— On l’avait oublié, celui-là.
— Vous, peut-être. Mais pas moi.
— Ce qui veut dire ?
— À votre avis ?
— Que tu te rends délicieusement et discrètement visite en pensant à lui. En imaginant ses regards fous de désir qui te parcourent tout partout encore et encore. Jusque dans tes moindres recoins. Et que ça te met dans tous tes états.
— On peut rien vous cacher, à vous. Bon, mais il dit quoi, ce texto ?
— Que je suis un salaud. Que je lui avais promis de tout faire pour lui arranger le coup avec toi, que le temps passe et qu’il voit rien venir.
— C’est vrai, ça. Faudrait peut-être lui donner un os à ronger…
— Tu veux que je l’invite ?
— Après avoir préparé un peu le terrain avant, oui.
— C’est-à-dire ?
— En lui donnant une photo de moi. Dénudée. Et en lui disant que vous l’avez prise en douce. Sans que je m’en rende compte. Du coup, quand il viendra manger, il pourra plus penser qu’à ça. Tout le temps qu’il sera là.
— Il y pensera même avant. Et il fera pas qu’y penser.
— Oui, ben ça, évidemment !
— Et j’en connais une autre que l’idée qu’il fait pas qu’y penser mettra en appétit.
— La seule chose que je me demande…
— C’est ?
— Ce qu’il vaut mieux que je lui montre. Pas tout ; ça, c’est sûr. Qu’il puisse imaginer. Et espérer en voir plus. Mais quoi ? Si vous deviez me voir, vous, qu’est-ce que vous préféreriez ? Les nénés ou les fesses ?
— J’ai déjà tout vu.
— Oui, non, mais ça, je sais bien. Mais imaginez que vous deviez me découvrir. Pour la première fois. Sans savoir comment je suis faite. Des deux, vous choisiriez quoi ?
— Je serais bien en peine. J’aurais trop envie et des uns et des autres.
— Oui, bon. Va falloir que je décide toute seule, quoi !
J’ai finalement photographié les deux.
— On choisira après.
D’abord les seins.
Elle s’est allongée de tout son long sur le canapé, a fait mine de dormir profondément. Et j’ai mitraillé. De dehors. À travers la baie vitrée. En plans larges. En plans rapprochés. Avec le visage. Sans le visage. Je m’en suis donné à cœur joie.
Et puis les fesses qu’elle a tenues bien serrées. Fermées.
— Faut pas trop lui en donner non plus. Pour une première fois…
Elle a longuement hésité.
Opté pour les seins.
— Ça, c’est sûr. Mais laquelle ?
Elle a fait défiler.
— Il en faut une où on voit ma figure. Qu’il aille pas se servir de mes nénés en imaginant que ce sont ceux d’une autre.
— Alors ça, il y a pas le moindre risque.
— Oui, oh, avec les mecs, on sait jamais. Bon, mais celle-là. Allez, celle-là ! On va pas y passer la soirée.
— Je lui envoie ?
— Ah, non, non ! En mains propres vous irez lui remettre. Que vous puissiez voir ses réactions. Et me raconter…