Épilogue (2/2) : Drôle de surprise !

Pour notre nuit de noces, nous avons réservé une suite dans un des plus prestigieux hôtels d'Athènes. Situé sur les hauteurs, nous avons une vue magnifique sur toute la cité. Cependant, je sens que je ne vais pas vraiment en profiter. Je compte passer mon temps à lécher ma Vierge sur toutes les coutures.

J'ai foncé comme un petit fou jusqu'à l'hôtel. Marie ne semble pas aussi impatiente que moi. Elle est décidée et désireuse – elle me l'a assuré – mais elle est visiblement très nerveuse. Elle qui avait fait le serment de chasteté, c'est une toute nouvelle vie qui l'attend. Même si je sais qu'elle ne croit plus que ses pouvoirs viennent de sa chasteté, je sais que ça la travaille encore. On n'efface pas plusieurs années d'endoctrinement d'un coup de baguette magique.

Nous pénétrons dans la suite main dans la main. Les lumières tamisées sont tout juste nécessaires pour se rendre compte du luxe et de la taille des lieux. La lueur des bougies vient se refléter sur les nombreuses dorures et donnent une atmosphère magique au lieu, à moins que ce soit le coup dans le nez que j'ai…

La porte se referme derrière nous. Nous y voilà donc ! Marie est nerveuse. Je ne l'ai jamais vue si peu sûre d'elle. Il faut dire que moi aussi. J'attends ce moment depuis tellement de temps que j'ai peur de jouir trop vite. Je dois lui faire la meilleure impression, qu'elle ne regrette pas de m'avoir épousé.

Je m'avance d'un pas lent afin de ne pas effrayer la bête. D'un geste tendre, je pose une main sur sa joue, puis commence à jouer avec une de ses mèches dorées. Marie m'offre un sourire fébrile. Mon visage s'approche et mes lèvres se posent avec douceur sur les siennes. Ma langue part à la recherche de la sienne, mais Marie recule.

— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je ne suis pas une dépravée ! Arrête avec ta langue, c'est trop bizarre.
— Allons, Marie, il n'y a rien de mal. C'est comme cela que tous les couples s'embrassent.
— Tu es sûr ?

Je retente l'expérience afin de lui montrer. Nos lèvres se soudent de nouveau. Ma langue pénètre à l'intérieur de sa bouche. Ce coup-ci, le contact est accepté et me fait frémir. Je sens ma partenaire se détendre, signe qu'elle apprécie cet échange. Ses doigts viennent se glisser dans ma barbe verte et son corps se serre contre le mien.

La sentant plus à l'aise, je commence à défaire sa robe. En quelques gestes je fais glisser le vêtement vers le sol. Sa douce peau m'apparaît centimètre par centimètre. Ses formes se dévoilent. Marie a les joues en feu. Elle détourne le regard. La voilà maintenant nue mais, comme un dernier rempart, elle couvre sa poitrine et sa vulve.

— Marie, ma belle épouse, il faudra bien que tu te montres à moi un jour ou l'autre.
— Je sais, soupire-t-elle.

Son regard est encore tourné sur le côté. Je tente une approche et lui prends sa main gauche que je tire doucement. Elle ne résiste pas. Ses deux magnifiques globes m'apparaissent. Ils sont parfaits. J'en ai les yeux qui pétillent et le pantalon qui me serre. J'ôte maintenant son autre main, découvrant ainsi son entrejambe surplombé d'une fine toison blonde des plus sensuelles.

— Tu es vraiment parfaite !
— Bien sûr, je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu, plaisante-t-elle pour se donner du courage et de la contenance.
— À ton tour de me déshabiller.

Pour l'encourager, j'accompagne ses mains jusqu'à mon torse. Ce n'est que là que ses yeux se posent sur moi. Son regard empli d'un mélange de désir et d'une crainte attendrissante me fait fondre. Ses mains, tremblantes, finissent par ôter ma cravate. C'est au tour de mes boutons de sauter les uns derrière les autres. Elle prend son temps mais je n'en ai cure. Bien qu'il ne s'agisse que, pour le moment d'un simple effleurement, le moment est vraiment magique. Nous sommes là, l'un pour l'autre, prêts à marquer notre union à jamais.

Ma ceinture enlevée, mon pantalon se retrouve vite au sol. Elle n'a plus qu'à descendre mon caleçon pour me révéler entièrement. J'ai une petite appréhension ; j'espère qu'elle va aimer mon sexe, qu'elle le trouvera à son goût. Mon sous-vêtement tombe, et c'est sur mon pénis que tombent ses yeux. Ouf, elle ne semble pas déçue. Peut-être même qu'un fier sourire lui anime les lèvres.

Je prends sa main et l'accompagne doucement vers mon membre dressé. Ses doigts, fins et chauds, se posent dessus. Le contact est subtil mais néanmoins envoûtant. Elle presse un peu plus, testant la rigidité de la preuve de mon désir. Satisfaite, elle commence à le caresser sur tout son long. C'est vraiment très agréable. Je pourrais presque me contenter de ça, mais il y a tellement de choses que j'aimerais lui faire découvrir…

— Et si nous continuions sur le lit ? proposé-je.

Ses yeux se relèvent d'un coup. Voilà que la panique la gagne de nouveau. Oui, ma belle, il est temps de passer aux choses sérieuses.

— Je sais pas. J'ai… j'ai mal au crâne. Pas ce soir.
— Quoi ? Tu ne vas tout de même pas me faire le coup du mal de tête dès le premier soir ?

Elle détourne les yeux et se renferme sur elle. Quel con ! J'ai été trop brusque avec elle. C'est vrai, c'est une grande première pour elle, normal qu'elle ait peur.

— Désolé, mon amour… Je comprends que tu hésites. Si cela peut te rassurer, nous ne ferons rien tant que tu ne te sentiras pas prête. Je veux que tu en aies réellement envie, pas que tu te sentes obligée d'une façon ou d'une autre.
— Merci ! prononce-t-elle, les yeux pétillants d'amour. Je t'aime, et j'en ai très envie, je t'assure, mais…

Elle ne trouve pas les mots ou la force de finir sa phrase.

— Viens. Allongeons-nous sur le lit. Nous prendrons le temps nécessaire. Si nous ne faisons rien ce soir, ce n'est pas grave ; mais allongeons-nous et discutons. Je veux juste t'avoir près de moi.

Pas grave, pas grave… je serais quand même très déçu de ne pas pouvoir faire l'amour lors de ma nuit de noces, mais si c'est le prix à payer pour que notre première fois soit la plus parfaite possible, alors cela vaut le coup.

Nous nous allongeons sans nous quitter du regard. Je lui tends les bras en signe d'invitation. Elle accepte de s'y réfugier. La chaleur de son corps contre le mien me fait frémir. Son parfum m'enivre. Une main se glisse dans ses cheveux blonds et joue avec quelques mèches.

— « Je tire mes immenses pouvoirs de ma chasteté et de ma vertu. » J'ai toujours cru à ça sans jamais le remettre en question, mais aujourd'hui j'ai fini par laisser tout cela derrière moi. Que Dieu existe ou pas, je ne sais plus vraiment. Ce que je sais, c'est que toi seul ne m'as jamais fait défaut. J'ai peur que tout mon passé n'ait été que mensonge. Dieu n'a jamais eu à faire grand-chose de moi ; il n'y avait pas de grande mission comme je le croyais. Je t'assure que je pense vraiment tout ça.
— Oui, Marie, je te crois.
— Seulement, quelque part en moi une petite voix me répète encore et encore que c'est aujourd'hui que je fais erreur. J'ai peur ! Imagine que mon pouvoir trouve réellement sa source dans ma virginité… Que deviendrais-je si je perds tout ? Je serais une femme sans défense, incapable de se sortir d'elle-même de certaines situations quand ce serait nécessaire, incapable de te protéger et t'épauler au combat. Une bonne à rien !
— Je suis persuadé que c'est faux. Tous les chevaliers ont maîtrisé leur cosmos après un intense et long entraînement. Je ne vois aucune raison pour que ce soit différent avec toi. Toi aussi tu t'es entraînée durement, et comme tu étais la plus douée et la plus courageuse de notre génération, tu es devenue extrêmement puissante. Ta force ne réside que dans ta volonté, et c'est aussi là que réside mon amour pour toi. Je suis sûr que tu n'as rien à craindre.

Elle me sourit, se serre contre moi et m'embrasse. Mes paumes glissent sur son corps bouillant. Mes caresses, après avoir parcouru son dos, atteignent ses globes charnus. Depuis le temps que je la désire, quelle joie de la sentir enfin sous mes doigts ! Puis je pars à l'exploration de ses fesses, de ses cuisses, et enfin de ses lèvres intimes que je trouve bien humides…

— J'en ai réellement envie, avoue Marie. Dis-moi, est-ce douloureux ?
— La première fois l'est pour certaines filles. Mais ne t'inquiète pas : si c'est le cas pour toi, ce ne sera rien à côté de ce que tu as pu vivre au combat. Et puis, je vais y aller doucement. Alors, tu es partante ?
— J'ai peur de te décevoir, de ne pas savoir comment faire ou de me montrer trop maladroite…
— Tu es Marie de la Vierge ; tu as souffert mille tourments pour maîtriser le cosmos de la Vierge. Tu es l'un des chevaliers les plus doués de notre génération. Crois-tu vraiment que tu as quelque chose à craindre d'un acte que l'on fait naturellement ? Je suis sûr que tu vas très vite apprendre et que tu vas te montrer là aussi très douée. Et puis, une nouvelle fois, compte sur moi : je vais te guider.
— Alors je suis d'accord. Accouplons-nous !
— J'ai une idée ; cela va te permettre de te mettre dans le bain. Laisse-toi faire.

Elle me jette un coup d'œil interrogatif avant d'acquiescer de la tête. Je la fais s'allonger sur le dos et lui demande de fermer les yeux. Elle obéit. Mes doigts caressent sa vulve et récoltent quelques gouttes de sa rosée que je porte à ma bouche. Hum, quel goût enivrant !

J'approche mon visage plus près de la source. Je pose ma bouche sur la cuisse de ma partenaire qui sursaute de surprise. Quelques baisers, quelques coups de langue la font frémir. Je me faufile tel un serpent vers son antre. Son parfum sauvage m'assoiffe ! Un premier lapement s'abreuve de son nectar. Marie inspire un grand coup.

— Tu es sûr que c'est bien catholique comme façon de faire ?
— On s'en fiche, Marie. Nous sommes mariés, et nous pouvons faire tout ce qu'on veut.
— Oui, mais quand même… c'est peut-être un peu trop pervers…
— Non, c'est juste une façon de te montrer combien je t'aime. Laisse-toi faire.

Elle veut protester une nouvelle fois mais ma langue le long de sa vulve lui fait perdre ses mots. Seul un gémissement s'échappe de sa gorge. J'ai à peine commencé que déjà elle perd le contrôle. Cela promet ! Je m'attaque ensuite à son clito que j'agace avec ma langue. Son corps n'est pas long à se soulever de plaisir.

— Oh, mon D… manque-t-elle de jurer.

Non, n'invoque pas Dieu ici, et vois de quoi il t'a privée durant toutes ces années, et tout cela pour rien. Mais ne t'inquiète pas, ma belle, maintenant que tu es ma femme je vais te faire rattraper ton retard ! Je me régale de sa source. Je m'applique à lui faire perdre ses moyens. Son corps réagit à chacun de mes suçons.

C'est le meilleur soir de toute ma vie. J'ai une chance exceptionnelle de partager ce moment avec elle. Je ne croyais pas atteindre si merveilleux bonheur avec une femme. J'ai eu tort de craindre la malédiction d'Hypolita. Elle m'avait promis des souffrances, mais cette soirée me promet tout le contraire.

— Arrête, Francis ! hurle-t-elle. Je ne me sens pas bien ! Mon ventre me chauffe…
— Mais non, ne t'inquiète pas, la rassuré-je ; c'est ton plaisir qui monte.
— Je te dis que…

Mais elle ne finit pas sa phrase et me repousse avec ses jambes. Je me retrouve par terre. La tête relevée, je la vois courir vers les toilettes. Elle a à peine passé la porte que j'entends le bruit caractéristique de vomissements. Merde, pas maintenant ! Le moment était tellement parfait…

J'accours vers elle. La tête au-dessus de la cuvette, elle dégobille tout le contenu de son estomac. Bien que dégoûté, je pose une main sur son épaule en signe de réconfort. Il lui faut plusieurs minutes pour retrouver une meilleure contenance.

— Tu vas mieux ?
— Oui… enfin, non. Ça fait plusieurs jours que je n'arrête pas de vomir. J'en ai marre !
— Vraiment ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
— Je ne voulais pas t'inquiéter… Cela t'ennuie si on arrête là pour ce soir ? Je crois que je ne suis pas assez en forme.
— Comme tu veux. Viens te reposer sur le lit. Demain, nous irons consulter un médecin pour savoir ce que tu as.

Éreintée par la longue journée et par son état, elle s'endort dans mes bras en quelques minutes. Quelle déception pour cette nuit de noces ! J'étais tellement proche de lui faire l'amour… Enfin bon, je suis plus inquiet pour elle qu'autre chose. J'espère qu'elle n'a rien de grave. Nous en saurons un peu plus demain. Je m'endors à mon tour.

Le lendemain matin, aussitôt debout, nous nous rendons au cabinet du médecin. Nous avons opté pour le plus prestigieux praticien de la cité. Nous voilà dans la salle d'attente. Par chance, il n'y a pas beaucoup de monde ; nous n'aurons pas beaucoup de temps à attendre.

À observer Marie, je ressens une certaine nervosité. Ce n'est pas bon, je n'ai pas souvenir de l'avoir déjà vue dans cet état. Même des combats à mort ne semblaient pas autant la préoccuper. Pourtant, il ne s'agit que de vomissements ; cela ne devrait pas être très grave. Me cache-t-elle d'autres symptômes ?

Voilà, c'est son tour. Je me lève pour l'accompagner mais elle m'ordonne de l'attendre là. Je n'insiste pas, cela semble important pour elle. Elle disparaît donc avec le médecin derrière la porte de la salle de consultation tandis que moi, je ronge mon frein…

Les minutes passent comme des heures. Je tourne en rond dans cette putain de salle d'attente. Je tends l'oreille mais ne discerne aucun bruit. Mes yeux restent fixés sur la porte. J'aimerais la franchir et voir par moi-même ce qui ne va pas. Je ne sais pas pourquoi, j'ai un mauvais pressentiment.

— MAIS C'EST IMPOSSIBLE, JE VOUS DIS !

La voix de Marie ! Elle semble déboussolée. Qu'est-ce qu'il se passe ? Cette fois, c'en est trop. Je pousse la porte et me précipite pour la rejoindre. Je la trouve assise devant le bureau du médecin. Quand elle se tourne vers moi, son regard m'effraie : il est terrorisé.

— Qu'est-ce que tu as ? Dis-moi tout, il faut que je le sache, la prié-je.
— Je… je suis enceinte…

C'est comme si on venait de me jeter un seau d'eau glacée sur la tronche. Je m'attendais à tout sauf à ça. C'est tellement improbable que je ne sais pas comment réagir, alors je reste buggé un long moment.

— Francis, dis quelque chose, je t'en prie !
— Je… euh… mais c'est impossible, n'est-ce pas ?
— Oui, c'est ce que je disais au médecin.
— Et pourtant elle en a tous les symptômes. Nous avons effectué un test de grossesse pour vérifier, et il s'est révélé positif. Une prise de sang devrait confirmer cela.

Alors c'est vrai ? Mais comment est-ce possible ? Quel con… il n'y a pas trente-six mille façons de tomber enceinte. La garce, elle s'est bien foutue de ma gueule !

— Qui est le père ?
— Hein ? Mais je n'en sais rien, moi…
— Tu n'en sais rien ? vociféré-je. Mais par combien de mecs tu t'es fait trousser ?
— Comment oses-tu douter de moi ? s'énerve-t-elle. Je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu. Je tire ma force de ma chasteté et de ma pureté. Jamais je ne me serais déshonorée telle une misérable décadente. En plus, je suis enceinte de trois mois, ce qui veut dire que nous étions en pleine guerre sainte. J'avais donc autre chose à foutre que de jouer à la catin dépravée.

Oui, j'ai oublié un instant à qui je m'adressais. Que Marie soit allée voir ailleurs est très improbable ; pourtant, elle est bien tombée enceinte. Je suis perdu, je ne comprends rien. Je refuse la nouvelle.

— Mais… c'est impossible !
— Je ne vois qu'une solution : c'est un miracle !
— Mais non, ce n'est pas possible. Ces choses-là ne peuvent pas se produire comme cela.
— C'est déjà arrivé une fois…
— Voyons, Marie, c'est un mythe tout ça, une jolie histoire pour impressionner les croyants.
— Ah ouais ? Qu'est-ce que tu en sais ? En puisant dans notre cosmos, nous sommes capables de choses qui pourraient sembler incroyables. Alors un enfant né sans rapport ne m'a pas l'air aussi déconnant.

Et si elle avait raison ? Cela voudrait dire que les mythes chrétiens ont une part de vérité ? J'ai toujours cru que c'était des conneries parce que, contrairement aux autres dieux, ça fait plus de 2 000 ans qu'on n'a pas de trace du dieu « unique ». J'en avais donc déduit que son culte était né de délires mystiques de croyants sur qui le soleil du désert avait trop tapé.

Retour à l'hôtel. Le trajet se fait dans le silence. Assis sur notre lit, le regard dans le vide, nous sommes aussi songeurs l'un que l'autre. Ah, ça commence bien, le mariage ! Ma femme est déjà enceinte, et ce n'est même pas moi le père. Je ne sais toujours pas comment réagir à la nouvelle.

— Désolé, Marie, d'avoir douté de toi tout à l'heure. C'est que ça m'a foutu un de ces chocs, et je me suis agrippé à la première explication rationnelle que je voyais.
— Ce n'est rien, me rassure-t-elle. À ta place, je crois que j'aurais aussi douté de ma fidélité.

Elle se serre contre moi. Je passe un bras sur ses épaules pour la rassurer. Nos visages se tournent l'un vers l'autre. Nous nous embrassons.

— Francis, crois-tu que cet enfant est un signe de Dieu ?
— Je n'en ai aucune idée…
— Ça me tue, quand même ! J'ai consacré toute ma vie à le servir, à me donner corps et âme à ce que je croyais être ma mission, et il ne s'est jamais manifesté, y compris quand j'avais le plus besoin de lui. Aujourd'hui, alors que je mets en doute son existence – ou plutôt qu'il ait un réel intérêt pour ma personne et que je décide de vivre enfin ma vie comme je l'entends – voilà qu'il se réveille et me colle un marmot dans le bide ?
— Ne tirons pas de conclusions hâtives ; nous ne savons rien de cet enfant. Et puis, peu importe ce qu'est cet enfant ; cela ne nous empêche pas de profiter de notre mariage, non ? Tu veux toujours être ma femme ?

Pour seule réponse, ses lèvres se posent sur les miennes. C'est un baiser des plus savoureux. Mes mains commencent à caresser son corps. Marie fait de même avec le mien. Nous nous allongeons pour pousser plus loin notre exploration. Je commence à défaire les boutons de son chemisier.

Je l'embrasse dans le cou et défais son soutien-gorge. Mes mains profitent du volume de sa poitrine. Mes lèvres se posent sur un sein. Ma langue se fait exploratrice et gravit le relief jusqu'à atteindre un téton érigé qu'elle cajole. Le corps de mon épouse réagit. Marie laisse échapper une petite plainte agréable. Sentant les choses sur la bonne voie, je décide de pousser plus loin mon avantage. Ma main glisse sur son ventre et atteint le haut de son pantalon. Elle tente de se glisser à l'intérieur mais Marie l'arrête.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'étonne-t-elle.
— Tu ne veux pas qu'on fasse l'amour ?
— T'es malade ! J'attends un enfant ; tu ne vas quand même pas enfoncer ton truc dans mon vagin, ce serait crade !
— Mais non, ne t'inquiète pas. Il n'y a aucun mal.
— Ah oui ? Et si ton machin vient lui taper le visage, ou pire, que tu lui lâches la purée dessus… Je ne vais pas te laisser souiller mon enfant miracle, n'y compte pas !

Et merde ! La connaissant, je sais que je ne parviendrai pas à la faire changer d'avis. Elle a un regard qui me fait comprendre que je ne dois pas insister, sinon je risque de le regretter. P'tain, il commence bien, le mariage ! Je ne vais tout de même pas attendre que le môme naisse pour pouvoir profiter de mon épouse ? C'est bien parti ; à moins que…

— Mon amour, j'ai vraiment très envie de toi mais je comprends que tu ne veuilles pas à cause de l'enfant. Mais tu sais, il y a d'autres moyens de faire…
— Ah oui ? C'est à dire ?
— Il y a d'autre voie à explorer, si tu vois ce que je veux dire… L'enfant ne craindra rien.

Elle me regarde sans comprendre. Je n'ai pas voulu être trop explicite pour ne pas la braquer, mais son innocence ne capte pas le sous-entendu. Vais-je devoir indiquer le fond de ma pensée ? Ah non, elle vient de comprendre ; et à son expression, je sais déjà que c'est peine perdue.

— Non mais, ça va pas la tête ! se redresse-t-elle. Je suis Marie de la Vierge, la femme la plus proche de Dieu, et tu me prends pour une vulgaire sodomite ? Dieu s'est enfin manifesté à moi en me confiant cet enfant miracle ; je ne te laisserai pas nous souiller.
— Dieu ? Il me semblait avoir dit de ne pas tirer de conclusions hâtives…
— Parce que tu vois une autre explication ? Il n'y en a pas ! Le Seigneur m'a confié une nouvelle mission, et je compte bien accomplir sa volonté.

Où sont passés ses doutes de tout à l'heure ? Où est passée sa colère contre son dieu ? J'ai l'impression d'avoir en face l'ancienne Marie, l'intransigeante, celle emplie de certitudes, celle qui ne laissera personne se mettre en travers de son chemin. C'est comme si toute son évolution avait été balayée. Et pourtant une petite lueur s'anime encore dans un coin de son regard ; c'est comme un appel à l'aide, une terreur qui cherche à gagner la surface mais qui est happée par le fond.

Je la revois, cette vision que je n'arrêtais pas de vivre lors de mon entraînement avec Irma : Marie attirée par les abysses. C'est exactement le même sentiment.

— Yo, j'vous dérange, les amoureux ?

Nous sursautons tous les deux. Un intrus est entré dans la pièce sans que nous l'ayons remarqué. Il est là, assis – ou plutôt avachi – sur un fauteuil. Brun, les cheveux en pétard, une barbe de trois jours, le regard joueur et une clope au bec qu'il vient d'allumer. Il est revêtu d'une imposante armure aux ailes dorées qui vibre d'une incroyable puissance. On dirait une sorte d'armure divine, comme celles que nous avons revêtues lors de notre combat contre Arès.

— Qui es-tu et qu'est-ce que tu fous là ? craché-je.
— Je m'appelle Artau de l'Archange Gabriel et je viens rencontrer Marie de la Vierge.
— Qu'est-ce que tu me veux ?
— T'annoncer la future naissance du fils de Dieu, qui est Dieu ressuscité.
— C'est des conneries… refusé-je de croire.
— Bien sûr que non ! Après plus de 2 000 ans d'absence, Dieu est prêt à revenir sur Terre et il a choisi Marie de la Vierge, la plus pure des femmes, pour le mettre au monde et le protéger.
— Alors c'était bien la vérité ? Je… je remplirai ma mission. Je me montrerai digne de lui.

Une scène me revient en tête, celle qui avait suivi le combat contre Lioubov. Il nous avait prévenus d'une nouvelle menace, plus terrible encore qu'Arès, qui attendait son heure en coulisses. Serait-il possible que ce soit cet enfant ? J'en suis presque sûr.

— Marie, souviens-toi du message post-mortem du Loup Alpha. Tu sais, je t'en avais parlé quelques jours après la guerre sainte. Il se pourrait que cette énorme menace soit cet enfant.
— Quoi ? Mais comment oses-tu penser que mon enfant serait maléfique ? C'est Dieu lui-même !
— Lioubov était clair.
— Lioubov, un ennemi ! Comment croire une seconde ses paroles ? Un décadent aussi. Pas étonnant qu'il craigne le seul et vrai dieu.
— Exactement, Marie, reprend l'intrus. Ton fils sera en danger au Sanctuaire ; d'ailleurs, il sera en danger partout. Ils vont tous le craindre et voir d'un mauvais œil son retour, tous ces faux dieux. Tu ne pourras pas le protéger si tu restes là-bas. Ils vont vous persécuter et tenter d'assassiner ton fils. Tu dois tout abandonner, tout laisser derrière toi, et fuir.
— Penser que tu serais en danger au Sanctuaire et qu'Athéna voudrait t'éliminer, c'est n'importe quoi ! dis-lui, Marie.

Mais Marie ne dit rien. Son regard hésite. Lioubov ne mentait pas, j'en suis sûr. Son regard était vraiment effrayé avant de disparaître. Comment le faire comprendre à ma femme ? J'avance d'un pas vers elle pour essayer de la calmer, lui faire retrouver la raison. Elle recule, une main protectrice posée sur son ventre.

— Désolée, Francis, je ne peux pas prendre ce risque.
— Ne t'en va pas, je t'en supplie…
— Il le faut !