Les chevaliers du zodiaque :
les vices du Sanctuaire
Nathan Kari27/01/2021
Rapprochement forcé
— Grand Pope, comme vous me l'aviez ordonné, je vous ai ramené le chevalier du Bélier.
— Bien, Ayéfèmi. Vous a-t-il suivi de son plein gré ?
— Non : j'ai dû utiliser la force.
Ça y est, l'heure de vérité est arrivée. Ma – probablement dernière – confrontation avec mon supérieur va avoir lieu. Il n'était pas content de ma discussion avec Athéna lors de ma mission, et depuis qu'elle m'a rendu visite, la situation a empiré. Je vais donc prendre cher, il m'avait prévenu. Son fils, le Maquereau, est là sur le côté, un sourire sadique au coin des lèvres. Pourquoi ai-je accepté de venir ? Je suis décidément faible avec les femmes.
— J'espère que vous êtes content de vous, Francis du Bélier. Vous nous l'avez, encore une fois, mis bien de travers. C'est quoi votre but, à la fin ? C'est de nous montrer que vous avez la plus grosse paire ? Alors oui, d'accord, j'avoue que vous en avez une grosse paire bien burnée. Voilà, vous êtes content ?
— Vous vous trompez, Votre Seigneurie : tout ceci est un malentendu.
— Un malentendu ? Et en plus vous osez vous foutre de ma gueule ! Alors Athéna vous rend visite, repart avec de nouvelles idées en tête, et c'est censé être un malentendu ? Ah-ah, vous avez un de ces culots… J'aime bien ça.
— Si, si, j'vous assure : je n'avais pas prévu qu'Athéna me rende visite, et malheureusement elle est tombé sur le mauvais journal.
— Tu veux dire « Le Vrai Journal » ! vocifère Emmanuello. Qu'est-ce que ce torchon faisait dans ton bureau, fumier ?
— Allons, du calme, fils. Cet homme nous a montré qu'il en avait une grosse paire ; surveille ton langage.
— Je voulais juste voir ce que nos opposants disaient de nous, m'expliqué-je.
— Tss… « Nos opposants », dis-tu, siffle le Maquereau. Pourtant, étrangement, leur discours est plein de gentils mensonges sur toi.
— Je ne suis pas responsable de ce qu'ils disent.
— Ce journal est un problème, reprend le Pope. Tant qu'on n'aura pas fait passer la loi contre les fake news pour lui faire fermer sa gueule, il continuera de répandre le chaos. Que vous en soyez responsable ou pas, ils se servent de votre image pour leur propagande en vous faisant passer pour un grand héros. Chaque jour un nouvel article vous met en avant : « Francis, le héros de la veuve et l'orphelin », « Le glorieux passé de Francis du Bélier », « Francis du Bélier, le meilleur pour nous et le pire pour eux ». Si vraiment vous êtes sincère, vous devez nous aider à changer tout ça : c'est votre dernière chance de ne plus me décevoir.
— Tout ce que vous voudrez, Votre Seigneurie… tant qu'il n'y a pas de civils à défoncer.
— Arrête de faire ta bobo-gauchiasse de merde, rage le Maquereau ; les civils sont des connards comme les autres. Ils ont parfois besoin d'une grande claque dans leur gueule pour la fermer.
— Allons, fils, du calme. Ne sois pas si impoli. Rappelle-toi ce que je t'ai déjà dit : il ne faut pas prendre les gens pour des cons…
— … mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont, complète le Maquereau. J'en ai justement un sous le nez.
— Comme disent les gosses, c'est celui qui le dit qui l'est.
— Va te faire foutre !
— Bon, ça suffit tous les deux. Nos problèmes actuels sont dus à vos enfantillages. Le Vrai Journal se sert de votre hostilité pour appuyer sa propagande. Il faut prouver à tous qu'ils ont tort. À partir d'aujourd'hui, je ne veux plus vous voir vous disputer.
— M'enfin, p'pa…
— Cela suffit, j'ai dit. Demain commence le salon de l'agriculture. Je vous donne pour mission d'y aller tous les deux afin de prouver à tous qu'il n'y a aucune dissension entre les chevaliers d'or. Et, Emmanuello, je n'ai pas dit d'envoyer une de tes bonniches à ta place : je veux que tu y ailles en personne, et aux côtés de Francis. Pas de dispute, pas de chamaillerie : que de la franche camaraderie. Et faites gaffe à ce que vous dites aux journalistes.
Hein ? Visiter un salon dont je me fous me saoule déjà pas mal, mais en plus faire la visite avec le Maquereau… mission de merde ! Moi qui pensais pas mal m'en sortir au début de la conversation, je ne sais pas si je n'aurais pas préféré me faire virer. Mais bon, on va la faire, sa mission.
Le salon a été installé dans un grand entrepôt sur la bordure extérieure de la ville. Comme par hasard, le Maquereau est en retard. Pas étonnant pour un chevalier d'or. Je ne comprends pas pourquoi le Pope compte encore sur leur ponctualité. En revanche, je suis surpris de découvrir la présence d'un autre de mes collègues sur place. Assis contre le mur, son menton pointe vers le bas et un ronflement rauque, proche d'un grognement d'ours asthmatique, se fait entendre. Je m'approche et lui secoue l'épaule.
— Sanka, réveille-toi, mec.
— Hein ? Que… quoi ? balbutie-t-il. Quelle heure il est, maman ? J'veux pas aller à l'école…
— Tu te trompes, Sanka : j'ai plus de couilles que ta mère.
— Hein ? Ah, c'est toi Francis ! ouvre-t-il enfin les yeux. Hé, salut man ! Comment tu vas ? Euh… on est où, là ?
— On est devant le salon de l'agriculture.
Le chevalier du Cancer reçoit l'information mais il se passe bien un bon tiers de minute avant que son cerveau ne l'analyse.
— Ah oui ? Et qu'est-ce que je fous là ?
— Aucune idée. Je viens d'arriver et je t'ai trouvé en train de pioncer. De quoi te souviens-tu en dernier ?
— Euh, attends que je réfléchisse. Le ciel était rose… il pleuvait des pâquerettes et il y avait cette charmante femme à six seins qui dansait tandis qu'un petit lapin lui broutait le minou.
À voir les nombreux mégots à côté de lui, je devine qu'il devait être une fois de plus bien défoncé.
— Ah oui, les lapins ! Voilà, j'me souviens de ce que je suis venu faire ici…
— Oui, et alors ? attends-je son explication.
— Et ben tu me croiras ou pas, man, il m'est arrivé un truc de dingue ! J'voulais manifester contre l'exploitation des p'tits lapins et de leurs copains de la ferme, et quand je suis arrivé, le salon était déjà fermé… ou pas encore ouvert, je m'souviens plus.
— Hein ? Tu veux dire que tu es arrivé en avance ?
— Ouais, truc de dingue ! J'avais mis mon réveil pour onze heures du matin, histoire d'arriver pas trop tard, et ce con a sonné douze heures plus tôt. J'ai mieux compris après pourquoi il faisait encore nuit.
— Et qu'as-tu fait après ?
— Bah, je m'suis assis pour attendre l'ouverture, et puis j'me suis allumé un pétard… puis un autre… puis un autre… et encore un… un autre… et…
— Ça va, j'ai compris !
— Hé, dis, Francis mon ami, tu veux manifester pour les lapins toi aussi ?
— Je ne peux pas : je suis ici en mission, avec le Maquereau.
— Merde alors ! J'te plains, man. Tiens, prends un bédo, ça va te faire du bien.
J'accepte et l'allume le temps que l'autre con arrive. Le joint tourne entre nous deux. Dix minutes plus tard, Sanka en allume un second que je refuse, voulant garder la tête froide. Le chevalier du Cancer déguste lentement son herbe tandis que les visiteurs s'agglutinent à l'intérieur du salon. Nous n'approchons pas loin de midi, et toujours pas d'Emmanuello en vue. Je me demande pourquoi je m'embête encore à être à l'heure à mes rendez-vous.
— Et au fait, Sanka, tu ne voulais pas manifester ?
— Yo, déstresse, man. Rien ne sert de courir avant d'avoir tué la peau de l'ours.
— Ce n'est pas comme ça qu'on dit.
— Vraiment ?… Ouais, bah, de toute façon, c'était pas gentil pour l'ours, ça.
Finalement, le chevalier des Poissons décide de faire acte de présence. Je lui tends la main à son arrivée. Il me lance un regard de dédain mais accepte de me la serrer sans pour autant effacer le dégoût de sa face. Et dire que je vais devoir le supporter tout le long… Je salue Sanka et me dirige vers la porte de l'entrepôt. Emmanuello me bouscule pour être le premier à pénétrer dans les lieux. Grande inspiration ; ne nous énervons pas !
— Pouah, c'est une vraie infection, cette porcherie ! s'exclame le Maquereau sans grande discrétion. Ça doit vachement te rappeler chez toi, Francis !
— Chez moi ?
— Bah oui, le Jardin d'Aphrodite, le sanctuaire des bouseux !
— Mais va te faire foutre, le Maquereau. T'as rien d'autre à faire que de me pomper l'air ? Nous n'étions pas censés faire semblant de collaborer ?
— Oh, ça va ! C'était un petit tacle amical.
Mais bien sûr, prends-moi pour un con… J'ai envie de le baffer mais je garde le contrôle. Il ne faut pas oublier pourquoi je suis ici.
— Viens, mêlons nous au public et faisons semblant de nous intéresser à leurs problèmes.
— Pff, c'est d'un pénible…
Nous arrivons devant un enclos de moutons qui ont l'air vraiment mal en point. Leur éleveur, un homme en salopette, ventre gonflé et hygiène bancale est en pleine discussion avec un groupe de visiteurs.
— Oh, regarde : tes confrères, me souffle le Maquereau en désignant l'enclos.
— Non, mais franchement, t'es lourd, là !
— Dis, t'en as déjà sodomisé un juste pour voir ? J'suis sûr que oui ! Allez, avoue.
Je tourne les talons et m'éloigne avant de m'énerver. Je crois que la visite va être longue, très longue… Emmanuello me rattrape et me tire sur le bras. Il m'indique une direction : un groupe de journalistes avec des caméras.
— Viens, allons faire notre numéro. Nous sommes là pour ça, après tout.
Ouais, plus vite ce sera fait, plus vite je serai débarrassé. On se dirige donc vers eux. Ils repèrent notre approche et se précipitent vers nous comme des vautours sur un cadavre. En un rien de temps nous sommes encerclés et éblouis par les flashs lumineux des appareils photo et des projecteurs.
— José Estéban pour BIFL TV, s'il vous plaît !
— Seigneur Emmanuello, Louan Lemme, de La Gazette du Sanctuaire. Me feriez-vous le plaisir de répondre à mes questions ?
— Marina Solo, journaliste au Vrai Journal. J'aimerais vous poser à tous deux des questions.
Oh, la jolie perle que cette Marina ! De grande taille dans un tailleur gris anthracite parfaitement ajusté à ses jeunes et jolies courbes, des longs cheveux bleus qui descendent en cascade, des lèvres rouge carmin et un regard bleu abyssal laissant transparaître une forte ambition : c'est un bien alléchant morceau… Son regard et son sourire me semblent destinés. Je m'avance vers elle, prêt à prendre la parole, mais Emmanuello me passe devant en me poussant.
— Moi, le très noble chevalier des Poissons, Emmanuello le magnifique, fils de Sa Sainteté le Grand Pope, je suis prêt à répondre à la moindre de vos interrogations.
— Seigneur Emmanuello, quand comptez-vous agir en faveur des plus défavorisés ? lance la journaliste du Vrai Journal.
— Je ne répondrai pas à ça, peste le Maquereau.
— Mais vous aviez dit toutes nos questions !
— Pas celles de votre journal de charlatans, en tout cas…
— Ce que mon très cher collègue voulait dire – interviens-je avant que l'autre con qui bouillonne déjà ne fasse déraper la situation – c'est que nous répondrons à toutes les questions en rapport avec notre visite ici.
— Pour les lecteurs de La Gazette qui seront surpris de vous voir ensemble, pouvez-vous nous décrire votre véritable relation ?
— Mais avec plaisir ! s'exclame Emmanuello. Le chevalier du Bélier et moi nous sommes BFF depuis toujours. D'ailleurs, nous devons justement dîner ensemble dans mon humble demeure. N'est-ce pas, Francil ?
— Francis, grogné-je. C'est Francis, putain d'abr…
— Vraiment ? Ah, ma langue a dû fourcher.
— Est-ce réellement le cas, Seigneur Francis ? m'interroge la charmante Marina. Devez-vous vraiment aller manger avec le Maquereau ?
— Eh bien, très chère Dame, je suis comme vous : je l'apprends à l'instant. Mais c'est avec plaisir que j'irai dîner chez mon confrère ; du moins, si mon goûteur arrive à se libérer.
Le Maquereau manque de s'étrangler en réprimant une insulte rageuse. Ah-ah, après le « Francil », c'est de bonne guerre !
— Vous voyez, simule-t-il un ton enjoué, nous sommes tellement amis qu'on n'hésite pas à se taquiner.
— Après toutes les prises de bec qu'il y a eues entre vous deux, doit-on vraiment croire que vous soyez amis, Seigneur Francis ? Exerce-t-il une quelconque pression sur vous ? Chantage, menace, otage ?
— Une pression ? Mais quelle idée ! Mon amitié avec Emmanuello est aussi réelle que la sûreté de mon emploi.
— Je vois, je vois… sourit-elle. J'aimerais beaucoup que vous m'accordiez une interview privée ; nous aurions tellement à nous dire… Je pourrais vous accueillir dans un endroit un peu plus calme et isolé, dans une ambiance chaleureuse et intime. Nous prendrions une flûte de champagne et nous discuterions en tête-à-tête. Nous ferions un peu plus connaissance, et peut-être plus si affinités. Êtes-vous intéressé ?
À son regard de braise, je n'ai aucun mal à savoir ce qu'elle entend par « plus si affinités », et l'idée me séduit autant qu'elle réveille mon entrejambe. Je suis prêt à accepter avec joie quand Emmanuello me fout un coup de coude dans les côtes et me pousse pour me passer devant.
— Pourquoi vouloir interviewer, ce péquenaud ? Il n'est personne, ici. La vraie star du Sanctuaire, c'est moi ! Je pourrais vous emmener en week-end à mon chalet dans les Alpes, et on se ferait notre interview devant un feu de bois romantique…
Non mais, j'y crois pas… ce connard tente de me piquer mon plan cul ! Alors non, ça ne va pas se passer comme ça. Je peux accepter certaines choses de sa part, mais absolument pas qu'on me prenne mon plan cul !
— Dégage, connard ! On ne t'a jamais appris de ne pas te mêler à la conversation quand deux grandes personnes discutent ?
— Non mais, Francis… sois sage, mon garçon. La seule personne que les gens veulent voir dans leur journal de merde, c'est moi. J'y peux rien si les gens m'admirent !
— En effet, reprend Marina, nos lecteurs aimeraient fortement vous entendre sur de nombreux sujets. Vous venez de parler d'un chalet dans les Alpes ; c'est bizarre, il n'apparaît pas dans votre déclaration de patrimoine…
Le visage d'Emmanuello blanchit en une fraction de seconde. Il se tourne soudain sur le côté.
— Oh, regardez ce stand là-bas. Comme ça a l'air passionnant ! Allons tout de suite dire bonjour à ce bous… à cet éleveur de… comment ça s'appelle déjà, ces bestiaux ? Ah oui, cet éleveur de poules.
Il se précipite vers le stand, la horde des médias bien rangée derrière lui. Malheureusement, il y a plusieurs personnes attroupées devant qui l'empêchent d'accéder. Il essaye de se glisser entre elles mais est gêné. On l'entend soudain hurler un « Casse-toi, pauv' con ! » Là, voilà, il peut enfin aller parader. Marina me lance un sourire coquin et me glisse dans la main sa carte avant de disparaître vers d'autres horizons.
Je rejoins finalement mon collègue, même si j'en ai plus qu'assez de cette comédie. D'ailleurs, on ne peut pas dire que ce soit une réussite pour le moment, mais ce n'est pas comme si cet abruti de Maquereau faisait beaucoup d'efforts. Là, l'éleveur étale ses difficultés financières et techniques devant les caméras tandis qu'Emmanuello bâille d'ennui en faisant semblant de l'écouter. Le type met bien un long quart d'heure à faire le tour de la question dans un exposé plus que laborieux.
— En tout cas, merci, Monseigneur Maquereau, de m'avoir écouté, finit-il par conclure. J'aimerais vous offrir un petit cadeau pour vous remercier…
— Un cadeau ?
L'attention d'Emmanuello vient d'un coup de grimper en flèche.
— J'aimerais vous offrir cette p'tite cocotte. C'est une brav' bête. Elle s'appelle Agathe.
L'éleveur lui tend alors une petite poule de couleur rousse. Le chevalier des Poissons, dont l'expression laisse deviner le fond de sa pensée – « Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ce machin-là ? » – la prend dans ses bras et se tourne vers les caméras, le visage d'un coup transformé, tout souriant. Il lève la poule en l'air comme un champion lèverait la coupe qu'il vient de remporter.
— C'est un cadeau exceptionnel qu'on vient de me faire. Vous voyez, les gens m'aiment plus que tout au monde : Agathe en est la preuve absolue !
— C'est merveilleux ! s'exclame le journaliste de La Gazette du Sanctuaire. Nous assistons là au plus magique des salons de l'agriculture. Un événement qui entrera à coup sûr dans les livres d'Histoire et qui montrera au monde entier que le très grand et noble seigneur Emmanuello est un homme proche du peuple !
Hein ? Tout ce cinéma pour une poule ? À coup sûr, tout ceci est une mise en scène organisée par le Grand Pope pour redorer le blason de son crétin de fils.
— Tout à fait d'accord, poursuit le journaliste de BIFL TV. Pour fêter l'évènement, nous inviterons Agathe sur nos plateaux et nous réaliserons son interview.
— Vous êtes sérieux, là ? n'en crois-je pas mes oreilles. C'est une poule. Uune poule !
— Non, Francis : c'est MA poule ! Et elle mérite toutes les attentions du monde. C'est sûr que c'est difficile à comprendre pour quelqu'un comme toi ; t'as jamais été proche de la nature et des gens.
— Mais va te faire foutre, crétin !
— Hé, mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? Pourquoi tu le prends mal ? N'oublie pas ce que papa a dit…
— Alors arrête de me chercher !
— Oh, mais je plaisantais, bien entendu ! On ne peut plus rien dire avec toi, t'en fais tout un plat à chaque fois. Excusez-le, continue-t-il à l'intention des médias, le pauvre est un peu susceptible : il ne supporte pas de rester dans mon ombre ; il est jaloux de la resplendissante admiration que me porte la populace. Hé, faut t'y faire, mon petit : je suis une star, et pas toi. C'est ainsi, tu ne peux rien y faire. N'est-ce pas, Agathe ?
Avec sa main, il lui fait hocher la tête de haut en bas.
— Tu vois ? Même la poule a mieux compris que toi ! Elle est plus maline que toi, dis donc ! Ah-ah-ah !
Vraiment, là, je retiens mon poing de toutes mes forces. Je me fais violence pour ne pas éclater sa petite gueule de fouine. Ah, s'il n'était pas le fils du Grand Pope, il aurait déjà pris cher… Quoi qu'il en soit, trop c'est trop ! Je refuse de rester plus longtemps à supporter ses conneries. Qu'il aille se faire voir. Hop, direction la sortie !
— Quoi ? T'es vexé ? semble-t-il s'étonner dans mon dos.