Réconfort et vieilles dentelles
Doc7730/04/2019La femme de l'aéroport
Cela faisait déjà trois ans que j'étais veuf.
Question vie sexuelle, je ne chômais pas. J'étais plutôt en forme, toujours prêt (ou presque), entretenu par le rythme des ébats qu'arrivaient à me faire tenir mes amies, bien qu'un peu fatigué à force.
Au niveau sentimental, ce n'était pas terrible. Mais de toute façon je ne cherchais à pas à me remettre en couple. Je ne me sentais plus trop seul. Parfois oui, mais bon, ça ne durait pas, question d'organisation, de boulot et de vie sociale.
Il m'était arrivé de partir en week-end et en vacances avec une collègue pour qui j'avais des sentiments (et une fois avec une autre), mais ça ne s'était pas super bien passé. Quelques jours, ça suffisait ; il valait mieux que ça ne dure pas plus longtemps : après, ça partait en vrille. Elle savait qu'elle n'était pas la seule, mais je ne lui rendais pas de comptes : je ne voulais pas de fil à la patte. Du partage, de l'amour, mais pas de prise de tête. Pour ce qui est partir en vacances avec elle, tintin, je ne voulais pas. Un week-end de deux jours, c'était un max.
Alors forcément, à force de vouloir la paix, de faire mon difficile, il fallait que j'accepte de partir en vacances seul. Une semaine, ça allait. Il fallait que je choisisse bien mes vacances. Plutôt prendre un circuit rando avec un petit groupe ; ça pouvait être sympa : on pouvait faire de belles rencontres, des gens intéressants. Bien entendu, on pouvait aussi tomber sur des cons et se faire chier durant toute une semaine ; un huis clos avec des bobos emmerdants, ça peut vite me faire regretter de ne pas être parti une semaine avec ma belle copine, avoir partagé avec elle ma chambre et mon lit, et avoir baisé tous les jours.
Mais de temps en temps j'avais besoin de me reposer, de recharger mes accus. Un peu de plage, un peu de fitness au club, quelques délires durant des jeux à la con, quelques bons verres, de la lecture autour de la piscine.
Et puis je me faisais encore draguer par des femmes de soixante balais, c'est dire. Même si je matais celles, inaccessibles, qui étaient en couple. Comme cette jolie petite blonde, tiens.
Dommage qu'elle n'ait aucun regard pour moi et qu'elle soit toujours main dans la main avec son vieux croûton de mari. Vieux mais amoureux. C'était bien, quand même ; j'étais attendri.
Là, je suis en train de vous parler de la petite semaine que je m'étais octroyée en Crète. À rien foutre. Mais je me reposais. Tellement crevé que je m'endormais parfois au bord de la piscine. Que j'allais faire la sieste souvent dans ma chambre. Il me manquait juste ma femme à mon réveil – ou mon amie que je n'avais pas emmenée – pour une sieste crapuleuse. On ne peut pas tout avoir.
La semaine s'était écoulée. Je n'avais pas fait grand-chose. Deux balades sur des îles grecques. Un peu de photo.
Il avait fait si beau, chaud, lumineux… Ce que ça fait du bien un ciel tout le temps bleu alors qu'en région parisienne le temps était pourri depuis deux mois, gris, de la pluie tout le temps.
J'étais un privilégié.
J'étais dans la salle d'embarquement de l'aéroport. C'est toujours marrant, ces retours. On retrouve des visages connus. Connus parce qu'on les a juste vus quelques minutes, au maximum deux ou trois heures dans l'avion à l'aller. On ne les a pas vus pendant une semaine parce que s'ils ont pris le même avion, ont débarqué dans le même aéroport, ils sont montés dans un autre autocar qui les a amenés dans un autre village-club à quelques dizaines de kilomètres du sien.
On les retrouve tout bronzés. Ils ont fait autre chose, vécu autre chose. Mais finalement pas grand-chose de différent : ils ont eu une chambre comme moi, ont fait les mêmes quelques excursions à la con pour touristes passifs et un peu gogos, ont fait trempette dans la même mer, se sont écorché les pieds sur les mêmes cailloux, se sont posés tous les jours autour d'une piscine assez semblable à la mienne.
Et les revoilà. Contents de rentrer chez eux, quand même.
Il y a les mêmes jeunes couples avec leur bébé qui va brailler pendant tout le vol. Le même trio de jeunes mecs remuants qui vont se vanter de leurs exploits, peut-être même raconter avec force détails les meufs « qu'ils se sont tirées en soirée ». Et tiens, il y a cette femme au visage en lame de couteau qui discute avec deux jeunes filles.
Elle était assise à l'aller dans la rangée derrière moi, de l'autre côté du couloir, si bien que chaque fois que je me retournais pour regarder machinalement dans la direction du bébé qui beuglait, je croisais son regard. Elle avait des mimiques vaguement dégoûtées. Au début, je croyais qu'elle me faisait des signes, me montrant qu'elle était écœurée et lassée d'entendre ces pleurs ; après, j'ai fini par comprendre que ça devait être une sorte de tic. Son visage avait comme un masque blasé et un peu snob.
Difficile de lui donner un âge. Au moins soixante ans. Mais pas beaucoup plus. De longs cheveux blonds en une coupe soignée, un peu années quatre-vingts. Grande, mince, élancée, assez classe finalement. Je ne me serais pas vu draguer cette vieille peau, pas mal, mais un peu seizième. Enfin, c'était du moins son apparence.
Au moins, celle-là, je la laissais indifférent, je pense. Elle ne m'a pas abordé. J'étais en vacances et on me foutait la paix. Je n'allais pas me plaindre.
La salle d'embarquement était assez réduite par rapport au nombre de passagers qui devaient remplir cet Airbus A330. Du moins les gens, comme d'habitude – comme s'ils avaient peur de ne pas pouvoir monter dans l'avion – ne s'éloignaient pas. Crainte de ne pas voir ni entendre quand l'embarquement commencerait ? En tout cas, ils se massaient sur les sièges près de la banque d'embarquement, si bien qu'il n'y avait pas assez de places assises.
Ma blonde au visage en lame de couteau discute avec les deux filles. Elles, sont assises. Je ne vais quand même pas lui proposer mon siège ; je serais vraiment galant ou je voudrais la draguer, je le ferais. Mais bon. Non. Et puis, à ce genre de femme qui s'entretient, proposer de lui laisser ma place pourrait paraître insultant, ou en tout cas un peu goujat car ça ferait remarquer à tout le monde qu'elle est une vieille femme alors qu'elle fait tout pour le faire oublier.
Donc, je ne bouge pas. Je lis, et surveille mon entourage du coin de l'œil.
À côté de moi il y a comme une tablette de métal étroite qui n'est pas un siège, et à côté – de l'autre côté – les filles. Et soudain, pour continuer à discuter, la blonde vient s'asseoir sur la tablette. Elle est si proche de moi qu'elle s'excuse (la fameuse distance sociale est un peu amputée), mais non sans humour :
— Désolée, Monsieur ; ne croyez pas que je veuille m'asseoir sur vos genoux…
— Non, non, réponds-je très digne, il n'y a pas de problème.
Mais je ne résiste pas à l'envie d'ajouter, taquin, et un rien provocateur :
— Mais si c'est ce que vous vouliez, ne vous en faites pas, je ne dirai rien.
Elle sourit. Je l'ai mal jugée : elle n'est ni snob, ni coincée. Bien élevée, c'est sûr. Et d'un bon niveau social. Une bourgeoise retraitée. Si ça se trouve, une ancienne cadre sup'. J'avoue que ça m'excite. Désormais, je ne la regarde plus de la même façon.
Elle est habillée simplement : une robe classique, un peu courte, et des collants opaques (sans doute des collants de contention, pour le voyage). Qu'est-ce qui me prend de mater et désirer les femmes minces, maintenant ?
On appelle les voyageurs pour commencer l'embarquement. Tout de suite les gens se lèvent comme s'ils avaient peur de ne pas avoir de place, comme si on risquait de leur donner un strapontin ou qu'on les laisserait debout. Moi, ça me fait toujours marrer.
Je continue de lire tranquillement mon journal, attendant que presque tout le monde se soit engouffré dans les couloirs menant à la passerelle. Quand il n'y a plus qu'une petite dizaine de personnes dans la file, je me lève. Ma voisine vient de faire de même. Je me trouve près d'elle dans la file. Nous passons l'enregistrement des cartes d'embarquement et nous nous trouvons quand même dans une file immobile. Ça bouchonne devant, comme d'habitude.
Elle affiche toujours son air blasé, me regarde un peu en coin. Je lui souris ; elle me rend mon sourire. Nous nous mettons à deviser sur l'anxiété et l'empressement des gens, ce qui nous amuse autant l'un que l'autre.
Elle me dit tout à coup :
— Avec un peu chance vous serez assis à côté de moi…
Je lui réponds du tac au tac :
— Oui, je sais : vous préféreriez être sur mes genoux, mais je crois que ce n'est pas prévu par la compagnie. Et bon, même si ça ne serait pas désagréable, au bout de trois heures on finirait par avoir des crampes. À moins que vous voyagiez en business class ? Ah zut, c'est vrai qu'il n'y en n'a pas dans ces compagnies charter, surtout sur des moyen-courriers.
Loin d'être choquée, elle rigole, amusée par mes propos :
— Ce n'est pas que je sois grosse, mais rapidement vous demanderiez grâce !
— Allez savoir… dis-je malicieusement.
Là, elle a un petit sourire en coin qui en dit long : loin d'être choquée, on dirait que je viens d'allumer un petit feu en elle. Elle ne me regarde plus, mais conserve son petit sourire. Est-elle vaguement flattée ? Cela a-t-il réveillé en elle une envie lointaine ? Elle voit bien que je ne la drague pas ouvertement, mais nourrit-elle l'espoir de quelque chose, la vague promesse que je ne la lâcherais pas ?
La file finit par avancer. Elle franchit la porte de l'avion juste avant moi. Nous avançons toujours très lentement et difficilement à cause des gens qui n'en finissent pas de s'installer, de placer leur bagage de cabine dans les coffres, bloquant la progression.
Arrivés devant la rangée n°17 elle dit :
— Ah, je suis là.
Je réponds alors :
— Désolé, alors. Moi je suis à la rangée 24. Nous ne serons pas côte à côte.
Elle sourit :
— Vous serez tranquille, alors : personne sur vos genoux.
— Ça, je ne sais pas encore…
— En tout cas, ça ne sera pas moi.
— Dommage… lui dis-je plus bas, près de son cou, en posant furtivement ma main sur son épaule.
Je ne sais pas, mais j'ai l'impression que ce contact inattendu l'a fait frissonner.
Étant seul, je me retrouve avec un couple, et suis à la place au bord du couloir.
L'avion décolle bientôt. D'où je suis, je ne peux plus voir ma vieille blonde. Je lis, puis finis par tomber dans une espèce de torpeur contre laquelle je ne peux pas lutter. Néanmoins, je ne m'endors pas.
Tandis que je ne cherche pas à penser à elle, je me rends compte que le souvenir de nos échanges de tout à l'heure vient me hanter. Des idées me viennent. Des questions. Est-elle chaude sous son apparence digne ? Veut-elle un rencart ? Était-ce une innocente plaisanterie ou bien ne serait-elle pas contre une partie de bête à deux dos avec moi ?
Je ne sais pas si c'est le fait de cette drôle de somnolence, des vibrations de l'avion ou du séjour écoulé durant lequel j'ai fait le plein de soleil sans faire l'amour durant une semaine qui est train de me monter au cerveau, mais spontanément je me mets à bander très fort. J'ai une gaule énorme qui n'est pas décidée à s'en aller maintenant.
Je finis par ouvrir les yeux, avec un petit sourire béat – du moins satisfait – de ma réaction physiologique. Juste au moment où j'aperçois… qui ? Devinez. « Ma » blonde qui remonte l'allée (probablement pour aller aux toilettes). Elle me voit sourire, doit penser que ça s'adresse à elle, intentionnellement. Elle me gratifie d'un grand sourire, me touche l'épaule, et sans vraiment s'arrêter me dit, l'air entendu :
— Ça va, vous êtes bien installé ?
Évidemment, le temps que je trouve une réponse spirituelle, elle a déjà dépassé mon siège.
Alors ni une ni deux, je n'ai pas le temps de réfléchir à ce que je fais : je me lève aussi, nonchalamment, puis me dirige vers les toilettes. Avec un peu de chance il y aura la queue et on pourra toujours discuter là-bas, dans cet espace réduit entre couloir et cagibi du personnel de cabine.
Bingo : il y a déjà une personne qui attend que le cabinet soit libre.
La blonde me voit arriver et me lance un sourire complice. Je hausse les épaules et les sourcils, l'air de dire « Eh oui, tout le monde s'y retrouve. »
Elle me dit :
— Un seul de disponible.
— Ah oui, c'est la misère.
— Non : c'est ça, les compagnies charter.
— Mais vous voyez, vous aviez tort : je n'ai personne sur mes genoux.
— Mais j'espère bien ! dit-elle d'un air rieur et faussement jaloux.
— Je vous le promets. Ils n'en sont pas encore là. Pas plus que de faire rentrer deux personnes en même temps dans les toilettes pour faire gagner du temps.
— Ça, c'est à chacun de voir…
Je souris, amusé par une boutade un peu provocatrice de plus dans sa bouche. Décidément, elle m'étonne, m'intrigue, et m'intéresse.
Le pire, c'est que j'ai toujours la gaule, et ses taquineries ne font rien pour me refroidir.
Elle a de la classe, avec ses longs cheveux qui lui tombent sur le haut du dos et son corps élancé. Elle est presque plus grande que moi.
Je suis tout près d'elle ; nos corps, dans ce couloir exigu, sont à quelques centimètres l'un de l'autre. Je sens son eau de toilette légère ; j'ai envie d'aller la respirer dans son cou.
La porte s'ouvre, et nous devons reculer tous les deux jusque dans le réduit du fond de l'avion pour laisser sortir la femme. Elle retient la porte, semble hésiter un moment tout en me regardant au lieu de s'y engouffrer. En une fraction de seconde je réagis, prenant son regard comme un appel. Alors je me colle presque à elle, posant ma main sur sa taille, et je lui demande à voix basse :
— Vous voulez que je rentre avec vous ?
Elle ne répond pas, mais elle a un regard trouble et ne fait pas le geste d'entrer et de refermer la porte derrière elle. Alors je me colle à elle, la pousse, et c'est moi qui referme la porte derrière moi. Avec peine. Je ne sais pas si vous connaissez les toilettes des avions, mais pour y tenir à deux il faut que les deux personnes restent debout et collées l'une à l'autre.
C'est évidemment ce qui arrive : elle est devant moi (elle ne pourrait de toute façon pas se retourner), et moi je me colle contre elle. Mes deux mains sont sur sa taille. Je me serre contre son corps et elle ne peut que sentir ma gaule contre son fessier.
Mes mains montent lentement vers sa poitrine et se referment sur ses seins. Je me mets à les presser et elle pose ses mains sur les miennes pour m'encourager à continuer. Ma bouche est dans son cou ; je le parcours de son oreille à la naissance de son épaule. Je prends le lobe de son oreille entre mes lèvres, le suçote ; elle tend son corps comme un arc et se met à onduler du bassin tandis que je donne des coups de reins lents et ascendants, comme des mouvements de reptation, comme si je montais à l'assaut de son grand corps.
Je masse ses seins avec délectation (elle doit avoir un soutien-gorge fin et souple, pas un truc à coques ni à baleines, et je sens ses pointes durcir à travers les deux couches de tissu). Elle passe une main derrière elle pour saisir ma nuque et me caresse les cheveux. Une de mes mains descend sur son ventre, arrive à son bas-ventre, trouve le mont de Vénus proéminent, le saisit à pleine pogne, le presse avec envie.
On ne va pas pouvoir rester là-dedans éternellement. Je me dis qu'il va y avoir la queue quand on va sortir. D'habitude, ce genre de situation me stresserait énormément et me donnerait envie de sortir rapidement ; mais c'est moi qui l'ai voulue, moi qui ai poussé cette vieille poupée blonde dans les chiottes et qui suis en train de la mettre dans tous ses états, de la peloter, de la palper partout, de l'exciter… Et je ne débande pas. Tant mieux, il faut en profiter.
Alors que je me mets à penser à la suite des évènements, à ce que je vais faire, ma grande dame très digne commence à remonter sa robe à deux mains, sa robe au tissu fluide qui glisse sans trop de difficultés.
Alors, je décide de l'aider, d'activer les choses : j'achève de retrousser cette robe et la lui fixe sur les reins, puis j'attrape son collant et sa culotte à deux mains et les descends d'un geste brusque. Elle a de belles fesses ! Un fessier majestueux, avec deux hémisphères un peu mous et oblongs, mais bien bandants.
Je baisse mon froc, sors ma queue. Je lèche mes doigts et vais à la rencontre de sa fente. Je caresse sa vulve entrouverte ; mes doigts glissent entre ses lèvres, les humidifient, puis je prends ma queue raide et la dirige tant bien que mal vers l'orée de sa chatte. L'exercice est difficile et périlleux, mais la belle dame blonde m'aide : elle se cambre, recule son bassin, cherche à venir à la rencontre de mon vit, et je finis par arriver à l'enfiler. Je la pénètre doucement mais elle pousse son cul en arrière et s'empale jusqu'à la garde avec un râle de bonheur.
Je la saisis par les hanches et je me mets à la besogner à un rythme rapidement croissant. Elle a posé ses mains sur la paroi d'en face et pousse des cris rauques cadencés à chaque coup de pine. Je bute violemment tout au fond d'elle à chaque ruade, et mes couilles claquent contre ses cuisses serrées, entravées par sa culotte baissée.
Notre baise en levrette ne dure pas plus d'une minute et demie. Elle pousse des cris de plus en plus puissants (je suis un peu inquiet, mais le vrombissement de l'avion ne doit pas permettre d'entendre grand-chose à l'extérieur) qui finissent par faire avoir raison de moi en faisant monter mon plaisir : je pars et lui envoie de grands jets de foutre dans la chatte ; à entendre ses cris désespérés, je suis certain qu'elle jouit elle aussi. Je reste collé à elle quelques secondes. Elle s'est redressée. J'embrasse tendrement son cou, ses joues, l'angle de sa mâchoire anguleuse. Elle tourne la tête, me donne sa bouche ; je lui roule une pelle magistrale.
Nos deux bouches ont du mal à se décoller. J'aime ces moments-là, comme si les partenaires se remerciaient, sans avoir besoin de se parler, du plaisir donné l'un à l'autre. Là, je ne me dis pas encore que je viens de baiser une inconnue, une femme d'âge vénérable (mais qui m'excitait), et sans capote.
Je reprends mes esprits, elle aussi apparemment. Nous réalisons que nous venons de baiser dans les toilettes d'un avion, à quelques mètres des passagers. Rudement gonflé ! Et on dit que c'est les jeunes qui sont sans gêne… Je remonte slip et futal. J'ouvre la porte tandis qu'elle finit de se rajuster également, à la vitesse de l'éclair. Je sors, devant reculer pour laisser sortir ma complice.
Il n'y a qu'une personne qui attend, une femme entre deux âges. Je ne vous dis pas sa tête en nous voyant sortir des chiottes ! Ma blonde, échevelée et très rouge, part d'un pas décidé dans le couloir pour regagner son siège. Moi, j'essaie de mettre un masque d'indifférence, mais difficile de rester impassible en tombant moins de deux mètres plus loin sur l'hôtesse éberluée, indignée, qui me fusille du regard.
Le pire dans tout ça, c'est que nous n'avons même pas pissé. Il me faudra y aller avant l'atterrissage.
Je me rassois, essayant de recouvrer mes esprits. Je me calme. Tant et si bien qu'à peine une demi-heure après je m'endors.
Qu'est-ce qu'il va se passer ensuite ? Nous allons atterrir, débarquer, et si ça se trouve, une fois dans la foule je ne reverrai pas ma dame blonde. Cette idée me dérange. Si je ne devais plus la revoir, plus la baiser, ça ne me perturberait pas. Je ne suis pas tombé amoureux d'elle, et j'ai plein d'amantes. Trop, même. Mais pour qui me prendrait-elle ? Je ne suis pas un goujat. J'essaie plutôt d'être un gentleman : je tiens à mon image.
Alors, avant que nous amorcions la descente et qu'on nous demande d'attacher nos ceintures, je prends un bout de papier, y inscris mon prénom et mon numéro de portable. Je me lève et marche jusqu'à sa rangée. Quand j'arrive à elle, je me penche, pose ma main sur son poignet, et sans dire un mot je pose le papier sur sa tablette. Elle lit, me sourit ; son sourire éclaire vraiment son visage. Comme une promesse.
Voilà, j'ai fait ce qu'il fallait. Elle m'appellera si elle en a envie, si elle a envie que nous développions plus avant et dans un cadre plus confortable la « conversation » que nous avons eue dans les toilettes ; elle n'aura qu'à composer mon numéro.
Comme je l'avais deviné, à la descente de l'avion je suis happé par le flot des autres passagers. Il y a foule près des tapis bagage. Je cherche le mien ; autour de moi, aucune tête connue.
Je rentre chez moi, fatigué de m'être levé si tôt.
Je souris chaque fois que je pense à cette baise improvisée dans les toilettes de l'avion avec cette sexagénaire. Quand même, quel culot ! Et elle ne s'est pas dégonflée. Respect. Les femmes ont bien changé : elles n'ont plus de complexes, elles ne font plus de chichis arrivées à un certain âge.
Trois jours après mon retour, alors que je viens de reprendre le boulot, vers dix-neuf heures je reçois un appel d'un numéro inconnu :
— Bonsoir. Vous vous souvenez de moi ? Nous nous sommes rencontrés à l'aéroport de M. et nous avons discuté dans l'avion… « aux toilettes » ajoute-t-elle avec de la malice dans la voix.
— Oui, en effet, je m'en souviens très bien. Nous avons passé un bien agréable moment… très convivial.
Elle éclate de rire.
J'apprends ainsi qu'elle s'appelle Chantal, et qu'elle habite Enghien.
J'apprendrai par la suite qu'elle a 67 ans (même si elle en fait cinq de moins) et qu'elle est divorcée. Mais aussi, quelle est affamée ! Elle a dû être sevrée trop longtemps.
Car elle aime le sexe, vous pouvez me croire !