La vie entre parenthèses
Charline882017Démesure et luxure : la honte ?
Dans la petite chambre où elle s'est réfugiée, Adélaïde a repris sa lecture, mais elle est distraite, rêveuse, et finalement, au bout d'un long moment, elle se relève de son siège. Sans aucun bruit, elle se rapproche du mur attenant au petit salon. Devant elle, la minuscule toile qu'elle a héritée d'un de ses anciens amis voit ses vieux doigts la pousser sur le côté. Derrière cette peinture, un œilleton habilement dissimulé, que là encore Adélaïde décale légèrement. Son œil se colle à cette vitrine qui donne directement et discrètement sur le salon. La vision de ce qui se passe là est édifiante.
Sa petite protégée embrasse Alex. Celui-ci n'a pas son pareil pour amener les femmes à s'abandonner, et si elle a fait appel à lui, c'est qu'elle était certaine qu'il mènerait Sacha là où elle voulait qu'elle aille. Elle n'a jamais demandé d'argent à cet homme qui s'occupe si bien de la belle brune, dans le petit salon. Elle a quand même préparé une jolie somme rondelette qu'elle remettra à la dame après sa partie de jambes en l'air ; on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Son plan fonctionne à merveille, et du coup elle tient encore mieux Alex, fou de jolies femelles.
Elle a suivi pendant plus d'une heure les ébats des deux-là. Quand elle a vu que Sacha rendait les caresses, elle a su que la partie se terminerait bien, comme elle l'avait escompté. Alors elle s'est dirigée vers son ordinateur portable. D'un seul coup d'œil, elle avait regardé si toutes les caméras dissimulées un peu partout dans la pièce fonctionnaient correctement. C'est vrai que Marc, son homme de main, fait du bon travail. Le cœur plus léger, elle avait repris son livre, et sa passion dévorante pour la lecture l'avait gardée éveillée. De temps à autre, sur la pointe des pieds, elle revenait à son poste de guet pour suivre l'évolution des choses.
Elle se trouvait derrière son judas quand le round final avait débuté. La brune avait crié si fort que le son lui était parvenu comme si elle s'était trouvée à côté d'eux. Elle les avait regardés encore quand ils étaient tombés l'un à côté de l'autre, étendus le dos sur la moquette. Son œil avait également repéré ces deux mains qui se tenaient. Le calme avait duré longtemps, presque une demi-heure. C'est aussi avec un large sourire aux lèvres qu'elle voyait maintenant Sacha lâcher les doigts et poser sa tête sur le torse velu comme un singe d'Alex. Finalement, ils formaient un très beau couple. Elle savait aussi que cette main qui entortillait des pincées de poils attendait juste le bon moment pour redescendre plus bas. L'homme ne bougeait plus, seulement attentif à laisser errer cette menotte aux doigts si fins.
Adélaïde, surprise mais pas étonnée, est heureuse : tout fonctionne comme elle le désire. Là, de l'autre côté du mur, assise maintenant devant son écran, elle vient en gros plan étudier les faits et gestes de celle qu'elle espère éduquer. La jeune femme a juste déplacé sa tête vers le centre de l'homme et sa main joue avec la petite bête flétrie lovée sur le ventre d'Alex. Gourmande avec ça, cette petite brunette ! Finalement, c'est une bonne fille. Ce à quoi elle songe est là, sous ses yeux. La bouche de Sacha s'enhardit, et une pointe rose passe sur la tête du vit qui se redresse déjà à demi. La vieille femme sourit franchement et se frotte les mains ; sa protégée fait une pipe d'enfer au quinquagénaire qui ne demande pas mieux.
Intérieurement, elle la traite de cochonne, mais elle se dit aussi que cette petite va lui rapporter gros ; elle est prometteuse, dans son genre. Au premier client, elle en redemande. Trop longtemps privée de sexe sans doute, alors il lui faut mettre son corps et sa tête en accord. Elle sait cette Sacha affamée de bite, et c'est bien qu'elle lui en apporte une fois ou deux encore sur un plateau. C'est presque dommage que ce soit encore Alex qui en profite. Enfin elle reprend son téléphone et à nouveau les mots s'envolent vers une destination connue seulement de la vieille dame. Dans le salon, l'homme remue son bassin en maintenant le visage de la belle plaqué contre son ventre. Puis à petits jets saccadés, il se vide dans cette grotte accueillante, chaude et douce à souhait.
Sacha ne peut plus respirer tandis que les petites saccades qui s'échappent de la queue qui frémit remplissent son gosier. Elle ferme les yeux en attendant qu'il relâche son étreinte. Mais comme il n'en fait rien, elle se sent obligée de boire ce nectar d'homme qui ruisselle encore par à-coups tout au fond de ce sexe improvisé. Quand il a fini, il se relève sans un mot, se rhabille et fait un bisou sur le front de la belle qui reste couchée sur la moquette. Il disparaît sans bruit, et tout est calme dans la maison.
C'est beaucoup plus tard, alors qu'elle regagne sa chambre, que la voix d'Adélaïde lui parvient :
— Alors ? Comment avez-vous trouvé cela ? Vous avez aimé ?
Elle est derrière elle, et pourtant Sacha ne l'a absolument pas entendue arriver. Elle sursaute et se retourne d'un bond vers la femme qui est debout, le visage tendu vers une réponse qu'elle quémande.
— Racontez-moi ; ça s'est bien passé ? Alex a été suffisamment doux ? Il ne vous a pas brusquée, au moins ?
— Oui, je reconnais que vous aviez raison : cet homme est d'une grande douceur, et il sait y faire avec les femmes. J'ai aimé faire l'amour avec lui, mais je ne sais pas si je recommencerai.
— Prenez un peu de repos, douchez-vous, dormez, et laissez-moi m'occuper du reste. Je sais que vous êtes faite pour cela.
— J'ai aimé, mais pourquoi ai-je si peur, alors ?
— Le métier vous permettra de passer outre cette peur, vous verrez. Ah, oui… Tenez, ceci est à vous, de la part d'Alex. Et il vous remercie du fond du cœur.
La vieille femme tend une enveloppe à Sacha qui l'attrape du bout des doigts, comme si son contenu la brûlait. Puis aussi vite qu'elle est apparue, Adélaïde repart vers sa chambre. La jolie brune entre dans la sienne, se douche, puis se glisse dans les draps frais et s'endort comme une masse, recrue d'une fatigue inhabituelle. Elle dort d'un sommeil sans rêves, ou alors de ceux dont on ne veut pas se souvenir.
C'est le bruit des persiennes qui s'ouvrent et l'entrée d'un grand soleil dans la chambre qui la sortent de sa léthargie nocturne. Adélaïde est là, aérant la pièce en riant.
— Allez, paresseuse, c'est l'heure de vous lever ! Marc va aller chez vous pour voir ce qu'il lui faut pour installer vos rideaux. Le petit déjeuner est prêt ; je vous attends à la cuisine.
— Hum… Non, je voudrais encore dormir un peu.
— Pas question, il faut vous lever, allez !
D'un geste net et précis, elle fait voler au pied du lit la couverture et le drap. Le corps de Sacha apparaît, rose sur le rectangle blanc. Elle replie les jambes comme pour cacher l'entrecuisse qui reste bien visible, tache sombre sur son anatomie intégralement nue. Si elle parvient tant bien que mal à dissimuler la faille du bas de son ventre, ses seins, eux, restent en pleine lumière, et les yeux fureteurs de la vieille dame ne se gênent pas pour détailler ses deux globes épanouis. Alors par réflexe elle se tourne de l'autre côté, et c'est maintenant au côté pile d'être exposé aux regards de sa logeuse.
Ses hanches et le haut des cuisses ainsi mis au jour, Sacha est plus nue que nue. Elle est offerte aux regards qui suivent toutes les courbes, toutes les rotondités. Regards exercés, mais non salaces ; regards qui réceptionnent les images de cette femme au saut du lit, dans toute sa beauté naturelle. Aucun artifice ne vient troubler les yeux qui consultent le livre ouvert du satin de cette brune aux charmes étalés sur un drap blanc, fenêtre ouverte sur la vie. Sur une vie, une autre vie… à venir.
Puis son amie se retourne, saisissant dans la penderie un peignoir qu'elle jette plus qu'elle ne le tend à sa petite protégée.
— Vous voulez bien passer ceci ? À force de vous regarder, j'en deviens jalouse. Ah, si j'avais encore votre âge…
La voix se voile, tout comme le corps de Sacha qui enfile le vêtement. Mais même avec cette chose sur elle, cette femme demeure toujours désirable.
— Vous disiez que votre homme-à-tout-faire va venir chez moi ? Il faut donc que je m'y rende rapidement.
— Nous avons encore un peu de temps devant nous ; et puis il va venir ici chercher l'adresse et vos clés. De cette manière, il ira voir et fera le nécessaire pour enjoliver aussi votre intérieur : il faut que l'écrin soit à la mesure du bijou ! Vous pouvez lui faire confiance ; il ira jeter un œil, prendre des mesures si c'est nécessaire, puis il fera pour vous les achats et posera aussi les tringles, et pourquoi pas les rideaux si nous allons en acheter.
— Vous voudriez que nous allions faire les boutiques ? Mais je n'ai pas beaucoup d'argent. Et je dois être précautionneuse avec le peu que j'ai pour le moment.
— N'auriez-vous pas ouvert l'enveloppe d'hier soir ? Ou bien ne voulez-vous pas utiliser cet argent ? Vous allez en avoir d'autres, des cadeaux de ce genre, je vous l'assure. Alex est reparti… enchanté. Et des garçons comme lui, j'en connais… beaucoup. Tous seront prêts à vous faire un pont d'or pour quelques heures près de vous.
— Faire l'amour, hier soir, m'a beaucoup plu ; j'ai apprécié. Mais faire vraiment la pute me gêne énormément. Je ne crois pas que je suis cette femme que vous cherchez.
— Les talents dont vous avez fait preuve avec mon ami Alex démentent totalement vos dires ; vous le savez, et au fond de vous, vous savez déjà que c'est moi qui suis dans le vrai. C'est seulement un sursaut d'orgueil, mais bien mal placé, je vous l'assure. Je vais servir le café, ou préférez-vous un thé ? Autre chose ?
— Non, un café m'ira très bien.
Pourquoi cette femme a-t-elle toujours le bon mot au bon instant ? Ses paroles se bousculent dans le crâne de Sacha alors qu'elle prend une douche plus que rapide. Un léger coup de brosse sur ses cheveux, et la voilà qui entre dans la cuisine de son hôtesse. L'odeur du café entraîne dans sa mémoire une autre odeur, moins subtile, celle d'un Ricoré pris en compagnie d'une autre femme, dans un autre univers. Quelle différence y a-t-il entre cette maison et la cellule là-bas ? N'est-elle pas toujours la même personne ? Ce qu'elle a fait cette nuit, était-ce moins agréable que quand c'était son mari qui la prenait ? L'argent que David ramenait à la maison n'avait pas d'autre but que de les faire vivre, elle et lui. Non ?
Alors ces billets au fond de l'enveloppe, qui lui brûlent la main, sont-ils plus sales que ceux qu'elle dépensait sans trop y songer des mois plus tôt ? Étrange comme Adélaïde a trouvé le lien entre elle et les autres. Et puis il y a ce plaisir, ce foutu plaisir qui l'avait envahie quelques heures auparavant. Sa caboche qui ne voulait pas et son ventre qui hurlait son envie. Pourquoi ce fossé entre ce qu'elle veut et ce qu'elle fait en réalité ? Et puis la douceur de ces pattes qui l'ont tripotée, comment s'en passer ? Est-ce que toutes les mains sont pareilles ? Amènent-elles toutes des sensations aussi violentes ?
Alex n'est en fait que le troisième homme qui ait pris son corps. Son premier flirt n'avait duré qu'un feu de paille, juste le temps de n'être plus… pucelle. Ensuite, une longue attente avant que David ne devienne son mari. Rien que de penser à cela, à cette nuit, à ces empoignades amoureuses avec son mari, une incroyable envie s'insinue en elle. Elle se fait peur ; elle se dit que finalement, elle devient vraiment, à défaut d'être une pute, une fieffée salope ! Pourtant cette perspective n'a pas l'air de lui déplaire ; alors pourquoi se défendre encore ? Autant laisser cette amie qui lui veut du bien guider sa vie, du moins pour quelque temps.
Les deux femmes passent une grande partie de la journée à courir les magasins. Les bras chargés de paquets, elles viennent enfin voir les travaux de ce Marc qui a gardé les clés de Sacha. Il est toujours dans l'appartement, où elles font le tour rapide de ce qu'il a fait. Il n'y a plus qu'à pendre les voilages, ce qu'il fait en un tour de main.
— Alors, Mesdames, qu'en pensez-vous ? Est-ce à votre goût ?
— Marc, c'est… c'est parfait. Vous êtes un artiste, dans votre domaine.
— N'exagérons rien ! C'était facile. J'ai tout fait comme vous me l'aviez demandé.
Cette phrase sibylline s'adresse surtout à la plus âgée des deux. Adélaïde saisit immédiatement l'allusion, et ses regards repassent sur les travaux qu'il a effectués sur les fenêtres sans rien déceler d'anormal. Pourtant, quelque part dans ce salon, dans la chambre à coucher également, de minuscules caméras et des micros sont là, savamment dissimulés. Elle admire en silence ce travail minutieux et sait qu'elle pourra ainsi à chaque instant suivre les faits et gestes de cette jolie poupée. Simple précaution pour assurer sa sécurité ; enfin, c'est ce qu'elle veut se dire. La réalité n'est-elle pas ailleurs ?
— Bon. Eh bien, puisque j'ai de quoi vous offrir à boire à tous les deux, vous prendrez bien un verre avec moi ?
Marc et Adélaïde acquiescent et Sacha leur sert un verre de bon vin. Un Bordeaux acheté l'après-midi même. Les billets de l'enveloppe, suite à ces excursions dans différents magasins, ont fondu comme neige au soleil. Les vêtements, et en particulier la belle lingerie, sont horriblement coûteux. Il faut bien avouer aussi que ce qu'elle a acheté lui va à merveille, qu'elle s'est sentie comme une âme de gamine dans ces rayons aux mille et un bonheurs de soie et autres frous-frous doux. Quelques belles jupes, des tops, et des tas d'autres petits riens qui remplissent des sachets aux marques des plus prestigieuses boutiques, et voilà son maigre pécule dilapidé. Ajouté à cela de quoi se nourrir pour quelques jours, Sacha a dépensé sans trop se soucier du lendemain.
Après cet apéro improvisé, elle raccompagne la gentille vieille dame chez elle et prend congé de celle-ci devant sa maison. Elle n'a qu'une hâte, c'est de prendre un bon bain, se délasser de cette journée de marche dans les espaces restreints des magasins. Les deux femmes se sont fait un bisou sur la joue et Sacha est revenue dans son appartement. L'eau douce de la baignoire a accueilli la jeune femme qui soupire d'aise de se détendre dans l'odeur de fleurs distillée par le bain moussant. Combien de temps reste-t-elle dans le liquide dont elle renouvelle de temps à autre une petite partie, simplement pour qu'il garde la bonne température ? Elle ne cherche pas à jouer avec son corps, se contente seulement de passer un gant de crin dont elle a fait l'achat ce jour. Elle est bien, elle est détendue. Le calme du silence de ce nouveau « chez elle » lui procure un bien-être fou.
Finalement, elle somnole presque dans son bain, et c'est le frais de l'eau qui la tire de ce moment d'absence. C'est la sonnerie de son portable qui, posé sur un petit meuble dans l'entrée, la dérange. Elle ne se précipite pas, ne cherche pas à sortir de l'endroit qui lui convient ; elle se relève très doucement. Qui que ce soit, il ou elle rappellera bien, alors pas de quoi fouetter un chat. Le séchage minutieux de son corps prend lui aussi un certain temps. La douceur du linge épais et doux qui glisse partout dans son dos lui donne des frissons.
La sonnerie du téléphone se fait de nouveau entendre, perturbant le silence. Alors la jeune femme se dirige vers l'appareil. Aucun appel, juste un message ; c'est Adélaïde qui parle dans l'oreille de Sacha :
— Sacha ? Un de mes amis de passage dans la région a fait appel à moi pour… enfin, vous comprenez. C'est un ami sûr, et j'aimerais que vous le receviez. Je lui ai donné votre adresse ; il sera là dans environ… une heure. Si cela vous convient, inutile de me rappeler. Mais si vous ne pouvez pas, dites-le-moi. Merci, Sacha.
Elle se dit que cette vieille est un peu gonflée ! À peine arrivée, elle lui envoie… puis elle revoit l'enveloppe, les billets, et bien sûr sa colère retombe un peu. N'empêche que cela fait un peu court entre les deux fois que… qu'elle… Bon, ça ira pour cette fois. Il faut donc qu'elle se prépare à une visite, et elle fouille dans ce qu'elle acheté dans l'après-midi. Fardée, maquillée, bien peignée, vêtue de neuf, elle est à peine sortie de la salle de bain que la sonnette retentit. Le cœur de Sacha ne fait qu'un tour dans sa poitrine. Elle est prête sur elle, mais pas forcément en elle.
Ses jambes vacillent un peu quand elle ouvre sa porte. L'homme est grand, mince, sans doute pas plus âgé qu'elle. Il tient dans sa main un énorme bouquet de roses derrière lequel il dissimule son visage. Lorsque les fleurs s'avancent vers elle, Sacha voit enfin l'homme qui lui sourit. Sa bouille est agréable à regarder.
— Bonjour ! Je suis Adrien ; c'est Adélaïde qui m'envoie. Je suis attendu ?
— Oui, elle m'a prévenue. Allez-y, entrez.
Elle s'efface sur le côté et il entre dans l'appartement. Son allure est élégante ; il est bien mis, et il ne quitte pas des yeux la silhouette de la jeune femme qui semble soudain tourner en rond. Le bouquet à la main semble l'embarrasser.
— Excusez-moi une seconde. Je crois que je… je n'ai pas de vase.
— Ah, mais ce n'est pas grave. Remplissez l'évier d'eau et laissez les tiges y tremper. Vous trouverez bien une bouteille d'eau vide à découper pour en faire un vase provisoire, non ?
— Oui, merci. Vous me prenez un peu de court…
— J'espère que vous n'êtes pas contrariée par si peu de chose.
— Non, non, ça va aller ; je suis seulement un peu déboussolée : je viens juste d'emménager, et je n'ai pas encore tous mes repères.
— Je comprends. Vous voulez que je revienne une autre fois ?
— Non, non, je vais m'y faire. Ce n'est rien, je vous assure. Vous voulez bien prendre place sur le canapé ? Merci, j'arrive. En attendant, servez-vous : il y a du vin et des verres dans le living, près du divan. Je suis à vous dans un instant.
— J'aime vos mots, Madame ; j'adore déjà ce « je suis à vous ».
L'homme se dirige vers le sofa où il s'installe après avoir entrouvert le bar du living. Un verre de vin rouge, c'est plaisant comme boisson.
— Je vous sers aussi un verre, Madame ?
— Sacha ; je me prénomme Sacha. Vous pouvez m'appeler comme ça.
— D'accord. Alors, Sacha veut-elle un peu de vin ?
— Oui, une larme, juste une larme. J'arrive. Le temps de mettre les fleurs dans l'eau.
Elle tremble sur ses gambettes. Comment faire… que va-t-il se passer ? Elle ne sait pas trop si c'est bien, pas bien, elle ne sait pas ce qui se passe, mais elle est certaine que pour le moment elle n'a pas envie de sexe, pas envie de faire l'amour. D'autant qu'il n'y a pas si longtemps, Alex et elle se trouvaient encore dans des situations… confortables. L'autre, là, sur le canapé, attend sagement, son verre à la main. Elle revient donc vers lui et il se lève, reprend le second sur la table basse où il l'a posé et le lui tend.
— Trinquons à cette rencontre, à notre rencontre, voulez-vous ?
— À votre santé, Monsieur… Adrien.
— Vous êtes jolie, Sacha, mais vous devez déjà avoir entendu cela des milliers de fois. Je suis un ami d'Adélaïde, et chaque fois que je passe par cette région, je la contacte. Des bonnes adresses, elle en connaît beaucoup et l'on n'est jamais déçu avec ses… amies. Vous avez de l'expérience dans ce genre de rencontre ?
— Euh, non, pas vraiment. Et je ne sais pas si j'en aurai vraiment un jour.
Elle regarde cet homme aux cheveux ni blond ni roux. Un savant mélange entre ces deux couleurs, avec comme de légères ondulations qui lui donnent un air un peu triste. Mais ses yeux démentent immédiatement la réflexion que se fait Sacha. Il sourit, et ses babines se retroussent, dégageant deux rangées de dents d'une blancheur impeccable. Il fixe la brune sans hypocrisie. Finalement, c'est quelque chose qu'il va payer, et ne regarde-t-on pas la marchandise que l'on achète ? Il boit un peu de ce vin qu'il a servi, sans jamais quitter de ses yeux acier la belle qui maintenant lui fait face.
Sa main gauche glisse dans sa poche et elle ressort, avec, entre les doigts, une sorte de rouleau de couleur. Sacha suit du regard les gestes d'Adrien, intriguée et sur la défensive. Mais lui, calme et serein, défait de l'étrange cylindre un bracelet de caoutchouc et devant les yeux de la dame, une pile de billets encore roulés, se détend. Il s'assoit plus profondément dans le canapé, comme s'il était chez lui.
— Deux billets jaunes pour le corsage. Vous voulez bien le retirer ?
Elle a un court instant d'hésitation, puis se redresse un peu. Les doigts fins trouvent en remontant les boutons qu'ils ouvrent un à un. L'autre pose les deux rectangles sur la table.
— Un violet pour la jupe ; à vous de me dire si c'est suffisant.
Les mains cherchent en tremblant le fermoir, le décrochent et font glisser le zip. Le tissu noir coule sur les longues jambes, les laissant apparaître gainées de bas style Dim-up. Un nouveau morceau de papier, mais violet celui-là, retrouve ses deux petits frères sur la table.
— Merci ! Vous êtes très belle. Vous pouvez faire un tour sur vous-même ? Lentement. Oui, comme cela, tout doucement. Hum… c'est vrai que l'envers vaut aussi le détour. On continue ?
Elle ne dit toujours pas un mot ; ceux-ci restent comme bloqués au fond de sa gorge. Là, son esprit lui crie d'arrêter, qu'elle est la pute par excellence, qu'il est le mac qui profite de la situation. Mais les trois petites choses sur la table, ce sont des courses pour combien de jours ? Le loyer du mois peut-être.
— À combien estimeriez-vous le soutien-gorge ? Trois jaunes, ou deux violets ? À vous de choisir, à vous de me le dire. Je ferai comme bon vous semble.
— C'est vrai ? Je peux dire ?
Les mots s'étranglent. La voix semble cassée, venue de très loin.
— Je suis un homme de parole. Je poserai sur la table ce que vous demanderez.
— Alors… deux violets, s'il vous plaît.
— D'accord. Voilà, ils sont là.
Adrien les tient entre son index et son majeur, les fait remuer comme pour lui montrer qu'il est clean. Les deux billets sont sur le tas que forment déjà les autres. Ce ne sont plus des tremblements, mais des frissons qui animent Sacha. Des pieds à la tête, son corps tout entier est secoué. Son cerveau lui hurle des choses horribles alors que les euros passent de la main à la table.
« Ça y est, tu es devenue une salope, une femme vénale. Tu te fais payer pour baiser… la taule ne t'a pas suffi ? Tu vends ton ventre à ces inconnus pour du pognon ; elle est jolie, la cochonne, mais c'est seulement une façade : à l'intérieur, elle est pourrie ! Ah, elle est belle, la veuve joyeuse… Une pute ! Tu es devenue une vraie pute, ma fille ! »
Mais cette voix, cette raison qui veut se faire entendre n'est pas écoutée. Et le cache-néné va rejoindre sur l'accoudoir du fauteuil la jupe et le chemisier. Elle reste là, les bras le long du corps, en culotte et en bas. Elle ne sait plus quoi faire pendant que le gars assis la détaille tranquillement.
— C'est vraiment, vraiment chouette ce que vous me présentez là, Sacha. Encore deux billets – violets ceux-là – et vous me donnez votre… oui, ceci, mais cela je l'emporte avec moi. Vous seriez d'accord ?
La tête brune se balance de haut en bas, plusieurs fois. C'est incroyable comme elle se trouve passive, face à ce mec. La culotte roule sur les hanches, longe les cuisses, descend le long des mollets et finit dans la main de la jeune femme. Une courte hésitation et elle tend l'objet vers celle d'Adrien. Il met à nouveau deux papiers violets sur la pile et attrape la boule noire et rouge. Il la monte vers son nez, renifle un grand coup pour s'imprégner des odeurs intimes de la belle.
— Je pourrai vous essuyer avec elle, tout à l'heure, quand… vous aurez joui ?
Là non plus, pas de réponse ; seulement un signe du chef de la femme qui est nue, hormis ses bas. Ses bras pendent contre ses longues gambettes ; elle est exposée tout entière aux regards concupiscents du mâle qui sourit. Le tas d'argent s'alourdit de ces deux éléments.
— Prenez-les, ils sont à vous. Pour le reste, combien en voulez-vous ? Dix, vingt ? Ah, vous ne dites rien… ce n'est pas suffisant ? Dix violets et vingt jaunes ? J'en rajoute dix verts ; c'est ma dernière offre. Ça vous convient ?
— …
— Allons, ne soyez pas timide ; j'aimerais entendre le son de votre voix. Faites un effort ! Tiens, je vous remets encore deux violets si vous me dites que ça va.
— Oui. Merci… c'est bien. Je ne veux pas vous décevoir.
— Me décevoir ? Mais rien que le spectacle de vous voir vous mettre nue vaut plus que tout ce que je vous ai donné. Sans mentir, si vous faites aussi bien les choses que vous êtes belle… je vais me régaler.
En mouillant son index, l'homme a entrepris de compter les billets, et sous le regard de Sacha qui n'y croit toujours pas, il met exactement le nombre qu'il a dit. Ensuite il reprend tout le tas qui est sur la table du salon, boit une grande lampée de vin et met l'argent dans la main de la brune.
— Ils sont à vous. Et même si nous ne faisions rien vous et moi, j'aurai eu l'insigne plaisir de vous faire faire un gentil strip-tease qui valait bien quelque monnaie.
Nue face à un homme inconnu qui paye pour un déshabillage qu'il a commandé, demandé pièce par pièce, elle est là à ne plus savoir que faire de ces longs membres au bout desquels les mains sont accrochées. Lui a des yeux comme des lames de couteau qui transpercent sa nudité, qui entrent dans son âme, dans son esprit, et qui pourtant lui sourient. Dans la main gauche, une liasse de billets dont elle ne sait quoi faire. Alors, de la droite, elle reprend son verre de vin. Le simple fait de boire lui redonne une certaine confiance, un aplomb qu'elle est loin d'avoir. Et l'implacable blancheur des quenottes de l'homme qui la nargue n'est pas faite pour la rassurer vraiment.
Alors, lentement, elle se retourne et se dirige vers son living. Elle y place l'argent, elle y place ses dernières illusions, et elle sait qu'elle est à cet autre qui l'attend là, toujours sans un geste, sur le sofa. Il a payé le prix fort, le prix de son corps, le prix du sexe. Elle est de nouveau face à lui, et en deux pas, pas légers du tout, elle retrouve la place qu'elle vient de quitter. Ses bras sont toujours aussi inutiles, elle ne cherche pas à cacher quoi que ce soit de ses appâts que l'homme observe.
— Le versant pile est aussi attirant que le côté face. Vous devez plaire aux hommes, vous ! Vous savez que vous feriez bander un mort ?
La plaisanterie amène un sourire forcé sur les lèvres de Sacha. Arrivée à trente-cinq ans pour faire ce genre de chose ! Elle ne se serait jamais crue capable de se laisser mettre toute nue par un inconnu, surtout pour du fric. Et pourtant elle est là, à poil devant un type dont elle ne sait rien, qui lui demande de se défringuer ; et comme une conne, elle le fait. En plus, il lui a donné tellement de pognon qu'elle ne peut plus refuser de se laisser baiser par ce gars-là. Elle ne se reconnaît plus. Son séjour en prison lui a radicalement changé la vie. Ses valeurs, celles du temps de David, sont aux oubliettes. Elle est bel et bien une pute désormais.
— Vous auriez un ou deux foulards ? Vous savez, ce genre d'écharpe que les femmes se passent parfois sur les cheveux.
— Peut-être, oui, sans doute.
— Vous pourriez m'en trouver deux s'il vous plaît ?
— C'est nécessaire ?
— Non, mais c'est mon désir, et vous êtes là pour exaucer mes moindres souhaits, non ?
Elle hausse les épaules et part vers son armoire. Derrière la porte, là où avant des cravates étaient pendues, elle trouve ce que cet Adrien demande. Elle en prend plusieurs et rejoint encore une fois la place qu'elle occupe depuis le début de la soirée. Elle dépose sur la table du salon ces carrés de tissu, de soie et de nylon.
— Vous voulez bien que nous jouions, maintenant ? À un jeu pour grandes personnes, un jeu où je fixe les règles. Mais nous les décidons ensemble, d'accord ? Vous avez toujours le droit de dire non, et je ne ferai que ce que vous m'autoriserez à faire. Vous avez bien saisi ?
— Je pense que oui. Vous allez me faire des trucs, et si ça ne me va pas, il me suffit de le dire et vous arrêterez immédiatement. C'est bien cela ?
— Je vois que j'ai à faire à une adulte et une femme très… intelligente. Oui, c'est bien comme cela que je veux jouer.
— D'accord, je vais vous faire confiance. Vous pouvez commencer.
— C'est parti, alors ! Vous vous agenouillez, s'il vous plaît ? Oui, là, devant moi.
Sacha obtempère sans résistance. Ses genoux prennent contact avec le tapis qui se trouve sous la table basse.
— Maintenant, je vais venir vers vous et vous mettre ce foulard sur les yeux, vous voiler le regard. Je peux ?
— Ou… oui.
— J'aime les femmes obéissantes. Parfait. Alors me voici.
L'homme se lève et la brune remarque la bosse qui déforme son pantalon. Il s'approche, et ses yeux sont maintenant sous le tissu léger qui se trouve noué derrière elle, sur sa nuque.
— Mettez vos mains sur votre tête !
Cette phrase est sèche, dite sans intonation autre que celle d'un ordre donné. Là encore, elle obéit sans se poser de question. Il a pris ses poignets, les a réunis dans son dos, et ses bras sont liés derrière elle. Elle perçoit un bruit de frottement, puis sent la table basse se coller sous sa poitrine. Ses seins reposent sur le plateau de bois. Les mains de l'homme caressent lentement les deux globes appuyés sur la table. Entre les doigts, il serre sans faire mal les deux tétons ; elle réagit presque immédiatement par un large soupir.
— Jusque-là tout va bien ? Vous n'avez pas trop peur ?
— Non. Ça peut aller.
— Je veux vous entendre chanter, un peu crier, mais je ne veux pas vous faire mal vraiment. Juste jouer, vous donner une fessée. C'est permis, cela ? J'ai besoin de petits cris, de gémissements pour… me sentir à l'aise. Vous comprenez ? L'impression que je vous oblige, même si ce n'est pas vrai, me donne un sentiment de toute-puissance et je bande beaucoup mieux. Mais j'avoue que vous me faites de l'effet, vous, ce qui n'est pas toujours le cas.
Elle se tait alors que sous les doigts ses tétons se durcissent. L'homme lentement presse sur la chair des seins et les aplatit sur le tablier verni. Elle est oppressée, mais pas paniquée. Les paroles douces de l'homme qui avoue sa toute-puissance par ce genre de jeu ne la choque pas plus que cela. Elle aime sentir que l'on s'occupe de ses nichons, et elle ne déteste pas un zeste de violence. David savait tellement bien faire ces choses-là…
— Je vais me déshabiller ; donc les bruits que vous entendrez seront ceux de mes vêtements que je quitte.
— Oui.
Un moment, elle reste dans la position dans laquelle il l'a mise, et c'est vrai que les raclements, les sons qu'elle perçoit sont étranges. Une sorte de sifflement court aussi. Puis elle n'entend plus rien, ne sait plus où il se trouve. Un chuintement lui parvient du fond de la cuisine ; mais que ferait-il dans sa kitchenette ? Il est à nouveau là, près d'elle. L'air qui se déplace autour d'elle lui indique sa présence. La main qui touche une de ses fesses confirme ces impressions. Sans fioriture, la paume chaude se meut sur la rotondité nue, caresse sans se presser. Les deux masses sont écartées et un doigt longe la ligne de séparation du postérieur.
Il décrit seulement un petit cercle sur l'anneau brun qui se cache au milieu de la ligne de démarcation, appuie dessus, mais ne tente aucune entrée. Il s'éloigne plus bas vers le début des lèvres, les suit sur toute leur longueur. Ensuite il revient vers le cul ouvert, remonte la fente que la position penchée de la brune offre aux regards. Sans qu'elle s'y attende, la paume de l'autre main s'abat sur le gras de l'une des fesses et claque dans sa nuit. Elle se sent frémir sous le coup pas très violent, mais très bruyant, qui vient de lui être porté.
Une seconde claque lui atterrit sur l'autre fesse. Elle se contracte, serre les dents, ne dit rien. Phénomène étrange, son sexe réagit à ces gifles d'amour. Puis c'est une vraie fessée qu'Adrien lui administre. Une bonne dizaine de tapes sur le cul ; maintenant, il lui semble que celui-là est en feu. Elle n'a que soupiré, laissant siffler l'air prisonnier de ses poumons. La main est revenue, plus calme, caressante et obsédante. Elle se promène sur le dos, elle va et vient à sa guise, découvrant sa peau de femme, ne cherchant nullement à lui faire mal. Encore une série de bruits inconnus alors que l'homme ne la touche plus.
Les doigts revisitent la raie de ses fesses, mais cette fois l'un d'eux stationne plus longuement sur l'entrée sombre de l'anus. Il descend un moment, plongeant dans la chatte mouillée, puis se repositionne sur l'œillet, tourne dessus durant quelques secondes, puis finalement force le passage. Très lentement, il entre, millimètre par millimètre, dans ce lieu peu usité. Sacha souffle plus fort mais ne dit pas un mot. Elle sent maintenant que ce mini-pénis est en elle. Il évolue comme pour en éprouver l'élasticité, s'enfonce davantage. Quand il est rejoint par un autre, elle a un mouvement qui arrête net la main.
— Je vous ai fait mal ? Vous voulez que j'arrête ?
— Non ; vous m'avez seulement surprise, mais ça devrait aller. Vous êtes doux, et cela me convient. Je ne suis pas… habituée, et c'est un peu serré, non ?
— Oui… c'est pour cela que je vais tout doux et que je prépare l'entrée. Je peux donc insister encore un peu ?
— Si vous voulez…
Les deux doigts enfoncés à demi dans le rectum reprennent du service. Ils s'écartent l'un de l'autre, ouvrant de plus en plus la porte de ce réduit qui se prête à leur manœuvre. Ils sont presque totalement entrés dans le fondement lorsqu'un troisième vient les y rejoindre. Les trois lutins se mettent comme à danser, tourbillonnant dans ce sanctuaire, en repoussant les limites. La brune gémit doucement alors qu'elle met une joue sur la table. Aussi doucement qu'ils sont arrivés, ils ressortent. Quelque chose de froid coule dans l'orifice encore béant, comme un liquide épais.
Deux secondes après, Sacha sent qu'un objet imposant est sur la pastille qui se laisse tripoter. Une pression constante, et elle a comme une sorte de douleur quand l'engin s'introduit en elle. Adrien pousse fortement sur la chose qui glisse dans son derrière alors que son souffle est totalement coupé. Le truc qui avance dans son cul est énorme, et pourtant, la première douleur passée, elle n'a absolument plus mal. C'est elle qui remue son bassin pour faciliter l'intromission de ce… qu'est-ce que ça peut bien être ?
Elle sent aussi le souffle de l'homme. Il court sur son cou alors qu'il presse toujours sur l'objet qui continue sa percée en elle.
— Ça va ? Je peux encore entrer de quelques centimètres ?
— Oui… mais que… qu'est-ce que c'est ? Avec quoi me sodomisez-vous ?
— C'est seulement un concombre que j'ai trouvé dans votre réfrigérateur. Il n'y avait que cela. J'aime bien jouer avec les fesses des femmes. Je peux continuer ? Cela vous donne envie ?
— Allez-y doucement, cet endroit ne sert pratiquement jamais… et surtout, il n'a pas été utilisé depuis… bien longtemps.
— Je vois cela. Il est très serré, en effet. Mais ça devrait aller ; je suis prudent, et je ne veux pas vous faire mal. J'aime conjuguer le plaisir avec des choses pas trop simples. Et vous êtes une merveilleuse partenaire. Je vous en suis reconnaissant, vraiment. Je vais bientôt commencer à vous limer. Je peux y aller ? Détendez-vous, c'est plus facile si vous ne vous crispez pas.
C'est vrai que la belle serre les dents. Réflexe de peur sans doute. Mais les paroles d'Adrien lui donnent confiance, alors elle soupire pour se détendre. C'est le moment que choisit le mec pour faire aller et venir le sexe improvisé dans son fondement. Petit à petit, les muscles eux aussi se détendent ; l'envie qui la gagne lui permet de se sentir de mieux en mieux, et c'est un orgasme qui vient définitivement la libérer de son stress. Elle ne calcule plus rien. Son corps réagit à ces sensations anales qui entraînent des spasmes vaginaux d'une incroyable intensité. Elle se laisse faire, se berce de ces crampes qui lui arrachent le ventre, et maintenant ce sont des cris de plaisir qui remplissent son salon.
Tout s'accélère, tout devient folie. Elle hurle alors que la seconde main de l'homme lui flatte la chatte. L'objet qui monte et descend dans son derrière va de plus en plus vite, de plus en plus profondément. Et pourtant, c'est très long un concombre. Jamais elle n'a reçu un tel engin là-dedans. David avait une belle queue, mais rien à côté de ce truc qui la pénètre presque entièrement. Et cette main qui flirte avec son sexe, ces doigts qui ouvrent le coquillage, elle en devient folle. Son bassin ondule sous les allers et retours de la bite improvisée. Les gémissements sont ininterrompus. Des cris de plaisir s'envolent de plus en plus fort tandis qu'elle s'empale sur cet engin qui lui rentre dans les fesses.
Le légume ne remue plus. Il est toujours fiché au milieu, mais il ne dépasse pratiquement plus. Sacha n'ose plus bouger non plus. Cette énorme chose la gêne un peu maintenant qu'elle n'est plus mobile. Ce sont les doigts qui jouent avec son minou qui l'obligent à se trémousser. Il sait y faire, ce type, et il en profite. Il entrouvre les lèvres, cherche visiblement le clitoris qu'il finit par trouver, et c'est par de petites touches qu'il se met en devoir de l'exciter. Cet homme est diabolique ! Le jeu continue, et Sacha n'en peut plus de rouler des hanches, d'osciller du bassin. Elle râle de plus en plus et se sent sur un petit nuage.
De ce sexe de femme largement ouvert, une sorte de liquide coule le long des cuisses. Les muscles tressaillent sous la peau ; elle tremble de partout, et son visage se frotte contre le plateau de la table. Elle hurle, les mains toujours liées dans le dos, les yeux encore voilés. Elle jouit bruyamment, sans aucune retenue. Elle se laisse aller à ce bonheur qui la met en transe. Son esprit a totalement lâché prise et elle ne se pose plus aucune question. Elle est devenue une salope qui profite des attouchements pervers d'un type qui la paye grassement pour ce qu'elle lui donne. Du plaisir à l'état pur !
Ce plaisir atteint des sommets quand son partenaire du moment, sans prévenir lui redonne une fessée sans pour autant que son autre main ne quitte ce qu'elle fait. Elle n'en peut plus, se tortille comme un ver, se laisse aller à des mots insensés, se traite tout haut de pute, de salope, quémande encore des claques sur le cul, hystérique au possible. L'autre reste impassible, se contentant de faire lentement durer le plaisir. Celui de la belle brune, qui jouit si fort ; le sien, bien plus cérébral, et sans que ni l'un ni l'autre ne le sache, celui d'une Adélaïde qui n'en a pas perdu une miette.
La femme aux cheveux d'argent derrière son écran se prend, elle aussi, au jeu de voyeuse auquel elle s'adonne depuis qu'Adrien est entré chez sa petite protégée. Marc a vraiment fait du bon boulot. Les caméras habilement dissimulées dans le salon lui renvoient des images aussi nettes que si elle se trouvait sur place, et les cris de Sacha résonnent dans son propre salon. La bande qu'elle enregistre ne cesse de se gonfler des scènes torrides que les deux là-bas animent sous ses yeux. Elle savait bien que cette brune était une bombe au lit et que l'argent qu'elle allait lui rapporter serait un bienfait pour ses vieux jours.
Malgré le nombre d'années que compte Adélaïde, elle se sent elle aussi excitée par les deux amants qui jouent un jeu qu'elle a voulu depuis la veille qu'elle a conclu le marché avec Adrien, lui donnant l'adresse de la jeune femme en échange de ces divertissements qu'elle voulait voir imposer à Sacha. Et cette petite n'arrête pas de la surprendre… agréablement, même. Un cul du diable, une gueule d'ange, un ensemble explosif qui, si elle sait en tirer profit, pourrait les rendre heureuses toutes les deux. Et pour ce qui est d'en faire bon usage, la belle brune peut compter sur elle.
La scène sur l'écran change ; Adrien a libéré les mains et découvert les yeux de la belle Sacha. Sans retirer ce qu'il a enfoncé en elle, il la fait marcher tout doucement en lui tenant la main. Des traces luisantes laissent des coulées sur les bas noirs de la femme. Elle se meut à petits pas précautionneux, un peu comme si elle marchait sur des œufs. La longue tige entourée de son préservatif n'est pratiquement plus visible ; seule une extrémité verte écarte légèrement les fesses de la dame. À genoux devant elle, cet homme vient fourrer son museau dans la fourche que ses jambes largement ouvertes laissent entrevoir. Il la lèche doucement, faisant de nombreux va-et-vient avec sa langue. La position n'est guère confortable pour sa tête qui est trop inclinée.
Alors c'est au sol que les caresses se poursuivent. Il s'est déporté de manière à ce que sa queue soit devant la bouche de Sacha. Elle gobe cet instrument qu'il lui présente, mais il ne quitte pas sa chatte. Tous deux sont sur le côté, et chacun lèche quelque chose de l'autre. Là encore, les soupirs de Sacha sont nets et distincts. Mais Adrien également laisse échapper des râles, et son bassin bouge au rythme de son désir. Il se sert de la bouche comme il le ferait du sexe de la femme. Elle se crispe et serre ses deux jolies cuisses autour du visage, prenant la tête dans un étau, un étau d'amour. La langue qui flirte avec le clitoris tendu, la langue qui ouvre les lèvres pour en rechercher toutes les saveurs, la langue qui se fraye un chemin dans cette intimité lubrifiée au possible, la langue trouve un écho dans les succions d'une autre bouche qui, elle, suce une bite congestionnée par l'envie.
Quand l'éjaculation devient trop proche, il se remet en position sur la belle brune. D'une seule poussée, il entre en elle qui roule toujours sur le côté. Il suffit de quelques coups de reins violents pour que l'issue heureuse soit atteinte, puis dépassée. Sacha n'en peut plus. Même cette étrange douleur qui lui scie le ventre n'arrête pas l'orgasme qui l'emporte. La semence qui gicle dans son ventre la tétanise et la fait jouir longuement. Elle s'accroche aux flancs de l'homme, les labourant de ses ongles rouges.
Ils restent l'un dans l'autre alors que leurs souffles reviennent à la normale. Lentement, elle pousse, et le gode naturel est expulsé. Pendant de longues minutes, son ventre est encore secoué par des spasmes impossibles à contenir. La queue en elle se ramollit, pour finir par sortir d'elle-même. Adrien se relève avec un sourire.
— Vous êtes une amante merveilleuse… Bon sang, que c'était bon ! Il y a bien longtemps que je n'avais joui aussi fort. Je peux me doucher, s'il vous plaît ?
— C'est la porte juste derrière vous. Allez-y, je vous apporte une serviette.
Il lui tend une main qu'elle saisit pour se remettre sur ses pieds. Il en profite pour prendre à nouveau ses lèvres et ils échangent un dernier baiser. Puis au bruit de l'eau qui coule alors qu'elle dépose une serviette bien pliée sur le bord du lavabo, elle sait qu'il se douche. Elle ressort de la salle de bain, pas voyeuse du tout.
Quand il émerge de là, il est déjà rhabillé, ce qui étonne Sacha qui ne l'a pas vu reprendre ses fringues ; mais elle était encore un peu ailleurs lorsqu'il est allé dans la salle d'eau, c'est vrai. Il la serre dans ses bras, fouille dans ses poches et extrait de l'une d'elles un autre billet violet qu'il plie en quatre. Avec un large sourire, il le glisse dans la fente gluante de la brune.
— Tenez, beau minou ; vous avez si bien su me faire miauler que vous méritez un petit… supplément.
Un bisou sur les joues et il prend congé de la dame. Sur le pas de la porte, avant de filer vers sa vie, il tourne la tête, et du bout des doigts il fait un signe d'au revoir. Sacha referme son appartement, murant sa porte sur ses illusions perdues, et se dirige vers le seul endroit qui peut encore lui permettre de nettoyer autant son corps que son âme : la douche. Au passage, elle ramasse l'imposante chose verte qui traîne sur le sol, ouvre la poubelle et jette l'objet qui, finalement, lui a donné tellement de plaisir.