La vie entre parenthèses
Charline882017L'art et la manière
Elle marmonne les derniers mots, mais Sacha, concentrée sur sa conduite, ne cherche pas vraiment le sens de la phrase, ou bien ne veut-elle pas comprendre. Chez Adélaïde, peu à peu la tension retombe. Elle respire plus calmement ; elle est maintenant perdue dans ses pensées, et c'est d'une voix quelque peu étranglée que dans le petit habitacle de la voiture elle s'adresse à la conductrice :
— Vous aimeriez me montrer votre nouveau « chez vous » ? Ça me ferait plaisir de le visiter. J'aime voir les lieux où vivent mes amis ; et vous en faites partie, ne croyez-vous pas ?
— Oh oui ! Je suis heureuse de vous y emmener. Mais bon, je vous préviens : ce n'est pas encore très bien agencé ; je n'ai que le strict minimum.
— Ce n'est pas cela l'important ; je suis certaine que vous avez le sens des choses, et que malgré le peu de temps où vous y êtes allée, je suis sûre que ça doit déjà vous ressembler.
Dans le trois-pièces, lentement, les yeux de la vieille dame passent en revue, inspectent chaque meuble, chaque espace de vie. Elle se fait une idée sur ce que l'existence de Sacha va être ici, dans cet appartement qui sent encore la peinture fraîche, la colle et le papier peint.
— Comme c'est bien à votre image, ce mobilier, cette manière de le disposer ; j'en étais persuadée avant d'y entrer. Vous avez une jolie chambre à coucher. J'imagine les choses que vous pourriez y faire… Vous ne voudriez pas me faire plaisir et accepter un ou deux de mes amis ? Juste une soirée, pour que vous sachiez de quoi je parle. Je serais dans votre petite cuisine, pour vous rassurer. Je sais, moi, que vous avez… de l'or en vous.
— Vous me faites peur en parlant comme ça ! Comment pouvez-vous penser que je pourrais faire, là…
— Chut ! S'il vous plaît… Pas de mots définitifs. Laissez-vous imprégner de cette idée qu'un homme vous toucherait, que vous lui donneriez du plaisir et qu'il vous assurerait en retour une vie agréable.
— De l'argent pour faire l'amour ? Abject, comme pensée ! Je n'arrive pas à croire que vous puissiez insister de la sorte.
Tout en discutant, elle s'assoit sur le canapé et, tenant la jeune brune par la main, elle continue de sa voix douce à bercer les oreilles de Sacha. Celle-ci, complètement déboussolée par les propos de la tante de Jérémie, a pourtant une sorte de boule qui prend de l'ampleur au fond de son estomac. La petite pointe d'envie latente qui s'insinue tranquillement en elle lui rappelle qu'elle n'a plus fait l'amour depuis des jours, des semaines. Mais est-ce une raison suffisante pour qu'un homme paye ces faveurs-là ?
— Réfléchissez-y. Vous me direz, quand nous serons chez moi, si je peux appeler un de mes bons amis. Il est doux comme un agneau et d'une infinie tendresse avec les femmes. Je suis certaine qu'il saurait royalement vous récompenser pour une heure de votre précieux temps. Et comme je vous l'ai dit, je serais là, prête à intervenir. J'ai encore un certain poids dans ce milieu, et personne n'oserait passer outre à mes consignes les plus strictes, je vous l'assure. De plus, je crois que vous avez besoin de réconfort et, pour oublier, rien de mieux que… de s'envoyer en l'air avec un charmant monsieur.
— Vous, vous êtes folle… Je ne pourrai jamais faire une chose pareille.
— Vous ne le saurez qu'en essayant, non ? Bien ! Vous voulez bien me ramener à la maison ? Nous reparlerons de tout ceci devant un verre, toutes les deux chez moi.
Le petit trajet entre les deux habitations se fait sans un mot. Sacha digère ce qu'Adélaïde lui a mis en tête et l'autre ne revient pas sur le sujet. C'est gaiement qu'elles entrent dans le salon de la vieille dame. Celle-ci sort deux verres, et sans rien demander à son accompagnatrice verse deux larges rasades d'un breuvage ambré. Elle tend l'un des godets à la jeune femme qui a pris place sur le sofa moelleux.
— Trinquons donc à vous. À vous et à la vie que vous allez avoir. À celle que vous pourriez aussi espérer si vous suiviez mes avis.
— Je préfère lever mon verre à notre amitié, voulez-vous ?
— J'aimerais que vous le fassiez en signe d'une collaboration fructueuse pour toutes les deux. J'ai bien saisi que dans ce que je vous proposais, l'argent est un handicap important, voire insurmontable pour vous. Je peux m'occuper de la partie financière d'une éventuelle association. Ça me rappellerait le bon temps et mettrait sans doute du beurre dans vos plats…
— Pardon ? Je ne vous suis pas tout à fait, ou j'ai peur de trop bien le faire.
— Eh bien, admettons que pour dix pour cent du fruit de votre travail, j'assumerais le côté… disons administratif de la chose. Je me chargerais de vous trouver l'essentiel, de négocier les prix et je vous reverserais le solde, en liquide, de la main à la main.
— Comment pouvez-vous être aussi à l'aise pour parler d'un sujet pareil ? Rien que d'imaginer que des mecs… j'en ai la chair de poule. Elle me fait peur, votre idée.
— J'ai connu cela moi aussi, dans ma jeunesse, ces montées d'adrénaline qui vous paralysent ; puis quand c'est l'heure de l'action, vous ne pouvez pas savoir l'effet délicieux que cela procure. Essayez une fois, vous verrez si c'est faisable. Je ne veux pas vous forcer, mais je crois que c'est le plan idéal pour vous sortir des ennuis financiers qui vont arriver à plus ou moins long terme. Et voyez cette façon de vivre comme un mal temporaire. Qui sait ? Vous pourriez être surprise par vos réactions et adorer ce style de vie.
— J'en doute fort ; rien que le fait d'imaginer votre neveu et moi en train de… j'ai fui. Alors un inconnu !
— Non, Sacha, pas un inconnu : un client. Et là, c'est comme au restaurant : un service rétribué. Ça n'a rien avoir avec de l'amour, et ce métier n'empêche jamais d'aimer une personne. Mais c'est à vous de décider ; la balle est dans votre camp. Un petit « oui », et j'ai juste un coup de fil à donner pour changer votre avenir.
— N'y voyez pas une manière de vous dire oui, mais à combien estimez-vous ce genre de… service, comme vous l'appelez ?
— Belle comme vous l'êtes, novice – et je peux vous assurer que les hommes aiment ça – je dirais que vous assureriez votre loyer en deux, voire trois gentilles soirées.
— Trois soirs ? Vous pensez vraiment que des hommes pourraient perdre autant d'argent en si peu de temps ?
— Mon Dieu, et bien plus encore ! Si vous saviez… Quand ils sont excités, ce qu'ils sont capables d'être généreux, pour peu que la fille soit… comment dire… alléchante. Une petite envie ? Allez ! Buvons notre verre.
Les boissons que les deux femmes tiennent à la main sont portées aux lèvres. La jeune femme sur le canapé prend une large lampée de l'alcool qui lui arrache la gorge. Du whisky, et de l'excellent encore. Elle regarde Adélaïde dans les yeux ; celle-ci ne cille pas des paupières, soutenant l'éclat de ces prunelles qui entrent en elle. Elle se dit qu'elle a encore marqué quelques points, que peut-être sa protégée va… lui répondre favorablement. Elles se taisent, se toisent, se jaugent. La jeune semble reprendre lentement sa respiration. Adélaïde ne bouge pas d'un millimètre, attentive à ne pas perturber les pensées de son amie.
— Vous… Il n'y a jamais de… femmes pour demander ce genre de chose ?
— Il y en a beaucoup, mais elles sont le plus souvent dans la rue, et c'est malsain.
— Non, je voulais dire qui demandent ; comment expliquer… qui sont clientes, quoi !
— D'accord, je comprends ; vous préféreriez débuter avec une femme ? Cela vous semblerait plus facile, plus simple ? Vous auriez moins peur ? Mais avez-vous déjà aimé une autre fille ? Je ne vous imaginais pas attirée par le sexe faible… Mais pour répondre à votre question, oui, j'en connais quelques-unes aussi. L'appel téléphonique reste le même, et nos conditions rigoureusement identiques, si vous préférez.
— Et sont-elles également aussi… généreuses ?
— Là, c'est plus complexe ; j'émets quelques réserves. Souvent, elles ont des exigences très spéciales, voire très particulières.
— C'est-à-dire ? Vous pouvez m'expliquer, puisque de toute façon nous avons déjà beaucoup abordé le sujet, autant que j'approfondisse totalement la question.
— Disons que, si vous connaissez, elles sont plus… axées SM ou BDSM. C'est tout à fait différent comme genre, et là, je ne suis pas certaine que vous soyez en mesure d'assumer.
— Je ne suis pas totalement restée une oie blanche. Puis mon séjour en prison m'a permis de découvrir deux ou trois petites choses dont j'ignorais jusqu'à l'existence même avant cela.
— De toute façon, demain, je vous envoie mon homme à tout faire ; il faut poser des tringles pour mettre de jolis rideaux à vos fenêtres. Je viendrai avec Marc – c'est mon réparateur – en début d'après-midi. Ou mieux : vous dormez ici et nous irons ensemble à votre appartement demain.
— Vous pensez à tout. Je n'ai pas de rideaux, et encore moins de systèmes pour les mettre au mur.
— Oh, vous verrez, Marc saura s'en charger : c'est un manuel pour tous les menus travaux de la maison. Que décidez-vous ?
— Ma foi, pourquoi ne pas dormir une dernière nuit dans cette jolie chambre que vous m'avez si gentiment mise à disposition ?
— Vous ne voulez que la chambre ?
— Pardon ?
— Ou… vous savez, un petit coup de fil et…
— Quand ? Là ? Maintenant ? Je ne sais pas quoi vous dire.
— Eh bien, dites oui, et puis on verra. Finalement, vous êtes près de moi et vous ne risquez rien de plus que chez vous, sauf à avoir un certain plaisir et être plus riche au réveil.
— Il est tard, non ? Je… je n'ai rien prévu de…
— De quoi ? Votre chambre possède une belle salle de bain ; je vais vous offrir de la belle lingerie – il m'en reste de la jolie, toute neuve – et comme cela nous serons toutes les deux fixées. Et puis il n'a y pas d'heure pour se faire plaisir.
— Vous me prenez de court ; j'ai très peur… Trop peur.
— Allons, passez à la salle de bain et laissez-moi m'occuper du reste. Voyons, lancez-vous !
— Nous ne pourrions pas attendre demain ? J'aurais le temps de…
— Surtout le temps d'avoir plus peur encore. Faites-moi confiance.
Adélaïde n'attend plus rien de Sacha. Elle s'éloigne vers la tablette où trône un téléphone. La jeune femme sur le divan ne saisit aucune des paroles que la vieille dame souffle dans l'appareil, mais elle sait que son destin se scelle là, au bout du fil. Elle a comme une trouille immense qui lui serre les entrailles. Curieusement, cette peur panique lui donne une sorte d'envie. Une envie qui, elle aussi, l'effraie. Son ventre fait d'affreux gargouillis, mais parallèlement à cela elle sent au fond de sa culotte qu'elle mouille de cette situation qu'elle ne gère plus. La petite dame revient en trottinant vers elle avec un sourire.
— Vous verrez, le monsieur que vous allez rencontrer est d'une douceur incomparable. Allons, venez, il est temps de vous faire belle. Nous allons passer dans ma salle de bain. Il n'y plus guère que moi pour m'y rendre. Respirez, détendez-vous ! Vous verrez, c'est la gentillesse personnifiée, cet homme.
— Vous… pensez que je vais être à la hauteur ?
— Mon Dieu, vous êtes l'amour même. Alors ne vous posez plus ce genre de question. Laissez-vous aller.
— J'ai peur, ça me donne mal au ventre ! C'est horrible. Si vous saviez…
— Qui vous dit que je ne sais pas ? J'ai connu cela il y a bien longtemps, mais ça reste gravé là, dans ma vieille caboche. Vous voulez bien passer votre main sous le robinet ? L'eau n'est pas trop chaude ? Pas trop froide non plus ? Bien. Tenez, alors, voici un flacon de sels de bain. Lilas, un merveilleux parfum pour une femme de votre classe ; notre hôte sera ravi, j'en suis convaincue. Approchez-vous un peu de moi, s'il vous plaît.
— Vous… je ne sais pas vraiment si…
— Allons, ne faites donc pas l'enfant ! Le train est sur les rails, il avance vers nous ; c'est inexorable, et impossible de faire machine arrière. Soyez brave. Laissez-moi vous dévêtir, belle jeune fille.
— Et s'il ne me plaisait pas, vous y avez songé ? Et si je n'étais pas à son goût ? Il n'est pas trop gras, au moins ? Je n'aime pas les gros. Mon Dieu, quelle pétoche ! Vous me mettez…
— Calmez-vous. Là, ne bougez plus, je vais vous dégrafer le soutien-gorge. Parfait. Eh bien, en voilà deux jolis bijoux ! Nous pouvons passer à la culotte ? Vous êtes prête ? Alors je l'enlève. Non, ne faites aucun geste, c'est moi qui vous découvre.
— Ce n'est pas possible. Je ne vais pas y arriver, je vous assure que c'est trop difficile.
— Mais si, regardez. Voilà une belle touffe. Quand je vais avoir travaillé ces poils rebelles, je vous assure que vous aurez un minou adorable. Tous les hommes du monde s'arracheraient cet écrin à prix d'or. Je le savais : vous êtes… géniale ! Ma belle, vous et moi allons faire bien des envieux. Bien, c'est parfait ! Glissez-vous dans l'eau, ma mignonne. Attention de ne pas tomber.
La salle de bain d'Adélaïde, c'est une véritable chambre. Il n'y a pas de baignoire au sens propre du mot. C'est plutôt une excavation enfaïencée dans laquelle on accède par trois marches qui débutent à ras du carrelage. Le tout est dans des tons de rouge et de noir. Les murs de faïence sont de pures merveilles. Une sorte de liseré couleur or court tout autour de la pièce, coupant de sa chaleur l'alignement trop ordonné des carreaux, séparant les deux nuances de rouge et de noir. Sacha plonge son pied dans l'eau aux senteurs de lilas, puis avance dans cette mini-piscine intérieure.
Elle se laisse guider par son amie qui lui tient la main. La dame aux cheveux argentés reste sur le bord alors que le corps entier de la belle Sacha disparaît dans le liquide tiède. Maintenant, d'une main alerte, l'autre frotte l'anatomie baignant dans l'eau, frictionnant toutes les parties visibles de cette brune qui ne dit plus un mot. Elle se laisse faire, bébé lavé par une maman agenouillée sur le rebord de la baignoire. Les mains qui épongent n'oublient aucun recoin, s'efforçant de frictionner entre les cuisses, puis de remonter sur les deux seins totalement immergés. C'est fait avec douceur, c'est fait même avec une certaine tendresse.
— Vous voulez bien me présenter le côté pile, s'il vous plaît ? J'adore votre corps ; vous êtes encore plus belle que je ne l'imaginais. Merci de garder vos jambes légèrement entrouvertes ; il est des endroits que les hommes aiment à câliner un peu, et il faut que ces derniers soient d'une hygiène rigoureuse. Je peux vous demander de vous agenouiller, les fesses en l'air ? Oh, c'est bien. Ne voyez aucune grivoiserie dans mes gestes ; c'est juste pour que vous soyez… parfaite.
— …
— Votre corps est un régal. Quelle plastique !
Sacha, dans l'eau odorante, ne cherche pas à éviter l'éponge qui effleure ses fesses. Elle laisse également la main féminine ouvrir, écarter ces deux demi-globes pour que la délicieuse menotte armée de cette chose qui la chatouille parcoure la raie ainsi découverte. La laveuse s'attarde longuement sur l'œillet sombre dont la position facilite l'accès. Puis le dos est frictionné énergiquement avant que le bras qui officie ne soit rendu au cou.
— Maintenant vous pouvez vous retourner, s'il vous plaît ? Oui, de cette manière. Merci. Soulevez juste votre buste en vous appuyant sur vos coudes. C'est cela, parfait. Rejetez-vous tête en arrière, je vais laver votre crinière magnifique…
Joignant le geste à la parole, Adélaïde guide maintenant le jet sur la chevelure brune qui pend, trempée, en arrière de la tête. Depuis le front de Sacha, l'eau descend sur la nappe brune pour finir dans la baignoire. Quand le pommeau de douche a terminé son arrosage délicat, les phalanges de la vieille dame se mettent en marche. La dose de shampoing qu'elles ont déposée sur la tête se met à mousser alors que le cuir chevelu est massé. C'est comme un rêve que d'être ainsi traitée par une esthéticienne de circonstance. Sacha ne pense plus. Sacha ne songe plus que tout ceci n'a qu'un seul but, un unique objectif : celui de la préparer au festin d'un homme.
Enfin ces ablutions d'un genre très spécial prennent fin. Elle est enroulée dans un immense drap de bain, puis la main de la vieille guide la jeune. Une sorte de table de massage, dans un boudoir inconnu, accueille les formes épanouies de la femme nue.
— Je vais préparer cette touffe pour en faire comme un cadeau. N'ayez aucune crainte ; je vais seulement ciseler ces poils, un peu les sculpter, faire de ce buisson qui vous encombre une invitation à vous désirer. Les hommes sont toujours de grands enfants, et je vais leur offrir un bonbon dont ils ne pourront plus se passer. Vous les trouverez tous à vos pieds, pour peu que vous m'écoutiez.
Dans un grand silence, Sacha, les yeux clos, écoute le bruit sec des mâchoires des ciseaux, puis encore une fois Adélaïde passe sur l'entrejambe de la jeune femme un ustensile démodé. Le blaireau qui tourne sur le bas du ventre laisse, dépose partout où il passe une mousse épaisse. Quand elle juge qu'il y en a assez, le froid d'une lame vient racler la peau. Le rasoir qui file dans la mousse laisse derrière lui une peau blanche d'un satin incomparable. Cette opération dure un long moment, mais quand enfin les mains de la vieille dame coulent sur la peau presque lisse partout, ça glisse, et une impression de bien-être envahit Sacha.
Dernière formalité que le jet de ce flacon dont Adélaïde se sert pour frictionner la partie sur laquelle elle vient de travailler.
— Tenez, redressez-vous un instant et regardez ; n'est-ce pas extrêmement attirant ?
La jeune femme soulève son corps, et comme chez le coiffeur, l'autre maintient un miroir qui reflète l'image d'un endroit qu'elle n'a jamais vu aussi distinctement. Sur le bas de son ventre, la forme d'un cœur fait de poils bien taillés apparaît à sa vue ; elle ne peut s'empêcher d'avoir une sorte de sourire béat.
— Vous en connaissez beaucoup, des hommes qui sauraient résister à cela ? Ou des femmes, si elles aiment d'autres femmes, bien sûr ! Alors, vous voyez, il suffit de peu de chose pour que le miel attire les guêpes. Mais bon, je dois avouer que le modèle est sublime. Vous êtes une perle rare, et ils seront tous tentés d'en ouvrir l'écrin. Nous allons passer à la partie « paquet-cadeau », si vous êtes d'accord.
— Je reconnais que vous avez mis en valeur cette partie intime de moi, mais je n'en ai pas moins peur ; mes jambes ont quelques difficultés pour me porter.
— Allons, ne craignez rien ; je vous dis que vous allez avoir un franc succès. Vous n'aurez peur que le temps de faire connaissance. Ensuite, vous saurez apprivoiser, attacher, faire rêver. Allons dans ma chambre ; vous pourrez essayer plusieurs modèles de lingerie. J'ai pourtant déjà une petite idée de ce qui vous ira à merveille.
La chambre d'Adélaïde – et surtout son dressing – ressemble à une caverne d'Ali Baba pour femmes en mal de petites tenues. D'abord ce sont de jolies boîtes bien empilées desquelles elle sort un premier ensemble aux couleurs chatoyantes. Un soutien-gorge aux formes étranges qui ne doit pas cacher grand-chose, une culotte aussi grosse qu'un confetti s'étalent sur le lit devant Sacha nue.
— Ceci devrait être à votre taille, n'est-ce pas ? Vous voulez bien les passer pour que je me rende compte ?
Le micro soutien-gorge ne vient que soutenir sans envelopper les seins, et les tétons bruns sont maintenus à la vue alors que l'agrafe se ferme dans le dos. Le string, lui, reste acceptable et englobe bien la chatte qu'il masque parfaitement. Comme dans une cabine d'essayage, la glace qui couvre une porte de l'armoire montre un reflet attirant, mais presque vulgaire. Sacha fait une moue désabusée, immédiatement remarquée par la vieille dame.
— C'est vrai, vous avez raison. Si les tailles sont bonnes, cela ne vous met pas en valeur. Mais attendez ; j'ai des friponneries bien plus agréables à vous proposer.
— Merci, parce que je ne veux pas être habillée comme une…
— Chut ! Allons, je vais vous trouver des vêtements dignes de vous, je vous rassure de suite. Tenez, regardez-moi donc ceci…
Dans ses mains âgées, elle tient une sorte de guêpière qui se lace dans le dos. Le tout de couleur pourpre et or semble épouser les formes de Sacha. Les seins, là encore, se trouvent comprimés, mais seule une petite partie reste visible. Un délicieux fossé se trouve créé par les balconnets qui serrent les deux nichons alors que la taille est affinée au possible par le vêtement qui va à ravir à la belle Sacha. La culotte qui s'apparente à cette tenue lui donne un air séduisant. Puis d'une autre boîte sont sortis des bas de soie. Une fois qu'elle les a passés, la jeune femme est à croquer, vraiment craquante. La bande de peau qui va du haut des Dim-up à la culotte tranche par sa blancheur avec le reste du corps mis en valeur par les frous-frous.
— Regardez-moi ça ! Ne me dites pas que vous ne vous trouvez pas belle… Vous aimez-vous ?
— Vous avez fait des merveilles, je dois le reconnaître. Mon Dieu, c'est… presque trop beau. Je ne sais pourtant pas si je dois… accepter. Je ne suis pas encore certaine que je pourrai ! Ne pourrions-nous pas remettre à plus tard cette rencontre ?
— Mon ami est déjà en route. Du reste, il ne devrait plus tarder. Mais je sais déjà que vous êtes faites pour la cour des grandes, celle des élues ; et croyez-moi, je n'en ai pas rencontré beaucoup dans ma vie, des femmes qui avaient votre prestance, votre classe. Vous êtes au-dessus du lot ; la crème ! Je suis presque jalouse de cette jeunesse qui vous va si bien.
Le long frisson qui parcourt l'échine de Sacha lui donne la chair de poule. Elle n'ose plus répondre à Adélaïde, qui maintenant est sûre d'avoir gagné cette manche. Du reste, elle tend à la jeune brune une jupe affolante ainsi qu'un petit débardeur au décolleté si profond que les seins sont aussi visibles qu'un nez au milieu d'une figure. Machinalement, la femme passe le vêtement et enfile la jupe. Le miroir lui renvoie comme un coup au creux de l'estomac. Elle se trouve belle, d'une étrange beauté, sans aucune vulgarité. Elle sent ses jambes se dérober sous elle et doit faire un effort démesuré pour rester debout.
Quelque part, elle se devine un peu piégée par la vieille dame qui continue de lui sourire. Celle-ci lui a pris la main, l'a fait tourner lentement sur elle-même, juste pour la voir sous toutes les coutures. Avec une moue agréable, Adélaïde se dit qu'elle va réussir le dernier chef-d'œuvre de sa vie : la poupée qui danse au bout de ses doigts est ravissante, désirable. Mais Sacha aussi a des états d'âme. Elle se dit qu'elle ne pourra pas faire ce que lui demande son amie, qu'elle n'est pas capable de… d'aller plus loin. Elle admet toutefois que la barre qui lui creuse les reins n'est pas seulement due à cette peur viscérale qui la traverse à intervalles réguliers.
Elle ouvre la bouche pour parler, mais la sonnette de la porte d'entrée retentit, et joyeusement Adélaïde, en se frottant les mains, se tourne vers sa compagne.
— Ah, voici notre hôte. Nous allons voir à son premier regard si j'avais vu juste.
— Je… je crois que je vais tomber…
— Mais non, venez ! Là, c'est parfait. Asseyez-vous sur le canapé pendant que je vais ouvrir. Tout va aller maintenant, et dans quelques minutes votre peur ne sera plus qu'un vague mauvais souvenir.
— On… vous ne pouvez pas remettre à plus…
— Chut ! Ma belle, je reviens dans une minute.
La jeune brune voit disparaître dans le vestibule à pas de souris la chevelure argentée de la dame. Une voix masculine se fait entendre plus très loin, dans la pièce à côté. Les pas qui reviennent crucifient Sacha qui n'ose pas lever les yeux vers la porte dans laquelle s'encadrent Adélaïde et son visiteur.
— Alex, je vous présente Sacha. Sacha, voici Alex ; je suis sûre que vous allez lui réserver le meilleur accueil. Je vous abandonne tous les deux ici. Avant de partir, Alex, soyez assez aimable pour venir me dire au revoir ; nous réglerons les détails de… ce que vous savez… à la fin.
— Comme vous voulez, Adélaïde. Bonjour, Sacha.
— Bien. Alors je vous laisse. Mais je ne suis pas très loin ; si vous désirez quelque chose, faites-moi signe.
La brune lève maintenant les yeux, attendant un quelconque secours de son amie, mais celle-ci tourne vivement les talons et disparaît par une petite porte que Sacha n'avait pas remarquée. Elle est seule face à cet homme qui reste planté là, debout près de la table de salon, à mi-chemin entre le canapé et la porte. « Mon Dieu, comme c'est difficile… » L'homme qui est devant elle a peut-être une cinquantaine d'années. Vêtu d'un costume de bonne facture, le visiteur respire la gentillesse. Il n'a ni moustache ni barbe ; sa chevelure châtain, tirée en arrière, est bien taillée. Il se demande encore s'il doit avancer ou ne plus bouger.
— Alors, ainsi vous vous prénommez Sacha ?
— Euh… oui, c'est… c'est bien ça. Je ne suis pas très à l'aise…
— J'avoue que moi non plus, mais madame Adélaïde m'avait dit que vous étiez jolie : c'est mieux que cela… je n'en reviens pas.
— Je n'ai… jamais fait cela avant, et je ne sais pas si…
— Je ne suis pas un monstre ; je ne vous ferai rien que vous ne vouliez pas, je vous assure. Puis-je m'asseoir près de vous ?
— Oh ! Pardon, bien sûr, venez, ne restez pas debout au milieu du salon. Je ne sais plus ce que je fais, ce que je dis, ni même où je suis.
— Je vous fais cet effet ? À mon âge ? C'est flatteur. Non, non, ne vous crispez pas, c'est seulement une plaisanterie. Alors comme ça, vous… vous travaillez pour Adélaïde ?
— Travailler ? Non. Je crois qu'elle aimerait bien, mais je ne pense pas que je sois faite pour… ça. Je n'ai aucun courage, je ne sais pas vraiment comment m'y prendre et je dois vous paraître bien godiche. Vous devez avoir l'habitude, vous, non ?
— Je vous trouve pourtant à l'aise, plus que la plupart des filles que j'ai connues lors de leur première… fois. Vous savez parler, et on sent seulement un peu votre anxiété au ton de votre voix ; mais il faut une oreille exercée pour le comprendre. Et puis je suis aussi un peu là pour vous guider sur ce chemin ; enfin, j'espère que vous serez d'accord. Sinon vous me le dites de suite et je repars comme je suis venu, sans cri, sans effusion malsaine. Mais je suis assez d'accord avec mon amie Adélaïde : vous avez un potentiel… d'une extrême richesse.
— J'ai peur, vous comprenez cela ? Je n'ai jamais couché pour de l'argent ; je n'y ai jamais seulement songé. C'est difficile pour moi.
— Oui, je suis sûr que ça l'est. Mais dites-vous que je suis un de vos amis, que vous avez envie ce soir de faire l'amour, et que ce désir vous le transférez sur ma petite personne. Alors vous verrez, les gestes innés reviendront ; vous saurez faire, j'en suis certain. Vous voulez essayer ?
— Vous… vous me guiderez ?
— Oui, avec plaisir. Alors voilà. Si vous veniez vous blottir là, contre ma poitrine… Je dois avouer que vous avez une tenue qui… donne envie. Envie de découvrir ce qui se cache sous ces vêtements hyper sexy.
À la demande précise de l'homme, Sacha est venue près de lui. Elle est proche, mais hésite encore à le frôler. Alors c'est lui qui entoure d'un bras ses épaules. Il l'attire lentement contre son torse ; elle le laisse faire sans trop réagir. Elle ne repousse pas non plus son visage quand, de sa main libre, il lui fait lever le menton. L'homme incline légèrement sa tête et vient lentement poser ses lèvres sur celles de la brune. Quand la pointe de sa langue s'insinue entre les deux, elle ouvre la bouche, et c'est fini : elle se sait perdue. Elle évoque un court instant un David invisible, se traite tout aussi muettement de salope, voire même de pute ; mais n'est-ce pas ce qu'elle est en train de devenir, là sur ce canapé ?
Alex ne se contente pas de ce baiser savoureux. Il le peaufine, l'enjolive, et sa main passe du menton au cou, remonte vers l'oreille, de laquelle il commence à tirer délicatement le lobe. La respiration de Sacha s'accélère au point qu'un instant elle craint que son cœur n'explose dans sa poitrine. Ses seins qui se soulèvent de plus en plus rapidement viennent à chaque inspiration s'écraser sur la poitrine de l'homme. Puis les doigts quittent le pavillon qu'ils ont caressé pour suivre un chemin qui les emporte vers le bas des reins, dans le dos de la jeune femme. Là encore, la prière qui monte vers David reste sans effet. Seule la paume bien à plat caresse sur le tissu la naissance des fesses.
Le long frémissement qui lui parcourt le corps reste le premier signe de l'abandon programmé de cette chair féminine si faible. Si les signes visibles de sa reddition physique sont bien présents, sa tête, elle, demeure encore hermétique à cette démarche inimaginable pour sa raison. Mais qui va gagner cette bataille qui se joue sous son crâne ? Qui de la raison ou de l'envie prendra le dessus ? La langue joueuse qui s'infiltre partout empêche pour un temps Sacha de songer à tout cela. Elle répond à ce baiser qui la surprend, l'enivre, la déstabilise. Et la main, pendant ce temps, ne perd pas le fil de ses idées.
Sans en avoir l'air, elle s'est déplacée, plus bas encore que la décence ne le permet. Elle frôle l'élastique de la culotte alors que le visage de la jeune femme se trouve toujours assailli par le bécot ventouse. Sous l'effet d'un mouvement calculé d'Alex, elle se retrouve totalement allongée sur le divan. La main qui commençait à deviner la forme de ses fesses revient sur le devant, cherchant sans ambages la fermeture de ce bustier qui cache le paradis. Les boutons ne résistent guère plus que Sacha qui souffle fort, mais qui cède peu à peu à la demande impatiente de ces doigts qui décachettent lentement les deux fruits mûrs.
Le soutien-gorge ne dévoile pas encore les seins, mais déjà les formes arrondies qui remplissent les bonnets se trouvent plus exposées à la vue de l'homme qui se sent remué par tant de splendeur. Puis la bouche quitte là son festin pour se rendre sur le cou, suivant le décolleté pour venir traîner du côté des bourgeons qui restent invisibles pour le moment. Une tache rouge croule sur la moquette grise au pied du canapé. Quelques secondes plus tard, c'est une autre pièce vestimentaire qui flirte avec la précédente. Le bustier n'a guère tenu devant les ardeurs du monsieur qui ne lâche plus sa proie.
La jupe non plus ne fait pas longtemps office de protection pour ses longues jambes, et seules la culotte et la brassière gardent pour l'instant un semblant de dignité à Sacha. Les lèvres qui rampaient en direction des deux collines rebondies s'acharnent à en faire glisser les chapeaux. Quand elles y parviennent, la femme halète sous les assauts de ces lippes qui suçotent la cerise qui émerge du sein. Elle sait que cette guerre est perdue, plus par l'abandon de son corps que par son esprit qui se défend dans un dernier sursaut mais ne parvient pas à entamer l'envie qui gonfle sa poitrine. Alors elle se prend au jeu et se jette dans cette bataille épique, en maudissant la vieille Adélaïde pour sa clairvoyance.
Les mains masculines ont pris le relais. Elles s'infiltrent partout, découvrant des monts et des vallées que pendant des années un seul homme a eu le privilège de toucher. Quand elles dégrafent le textile qui garde une infime partie des nichons hors de la vue de celui dont la bouche cherche encore à les deviner, Sacha comprend que maintenant il est inutile de lutter contre… elle-même. Elle se jette alors à corps perdu dans cette envie qui la submerge. Alex s'occupe longuement des deux monticules roses, malaxant, étirant, léchant, suçant chaque millimètre des deux beaux seins de la femme qui avance son buste au rythme des caresses qu'il distille avec soin.
Ensuite, alors qu'elle se tortille sur le sofa sous les bisous terriblement excitants, sans plus rien demander le mâle fait enfin glisser le dernier bastion de féminité de Sacha. La culotte longe les longues cuisses ; elle les soulève un peu pour que le chiffon passe les chevilles. Juste avant qu'il ne soit lancé en boule sur le tas qui jonche la moquette, elle se dit qu'il doit être trempé, qu'il n'a pas pu faire autrement que s'en apercevoir. Pendant une longue minute, Alex ne bouge plus, se contentant de relever la moitié de son corps. D'un œil expert, il scrute dans le détail les formes de la femme qui reste allongée, les yeux clos. Elle est d'une beauté à couper le souffle. L'ombre douce de son pubis laisse entrevoir un cœur de poils très bien taillés, humide de sécrétions féminines.
Sans rien brusquer, il se remet debout. La jeune femme ne bronche pas. Puis il se déshabille promptement. Chemise et pantalon, tee-shirt et caleçon vont former une autre flaque de couleur tout près de celle des vêtements de Sacha. Les yeux encore à demi fermés, elle voit ce sexe d'homme qui se tend comme un pic, remontant vers le nombril d'Alex. Elle admire aussi, sans en avoir l'air, la toison de poils sombres qui tapisse le torse de l'homme. Il se remet à genoux auprès d'elle. La bouche du mâle revient pour une nouvelle série de baisers. Elle repart sur des chemins qu'elle a déjà croisés, elle retrouve la trace de ses précédents passages.
Quand les doigts masculins se referment sur le poignet de Sacha, elle les laisse l'attirer vers cette verge qui demeure en érection. Elle est guidée vers cette chose que finalement ses phalanges enroulent dans un cercle tout juste fermé. La queue est vivante, chaude, douce, et elle se souvient de celle de David. Celle-ci lui ressemble à s'y méprendre, vraiment. Les lèvres d'Alex sont maintenant sur ce ventre plat, lutinant le nombril, pour s'exiler vers une autre île. Elles dépassent le cap de ce cœur si bien réussi, longent l'aine, plongent enfin vers une faille alléchante et adorablement poisseuse. Le bout de la langue recueille les premiers émois liquides des envies secrètes de la brune.
Un nouveau déplacement du corps tout entier de l'homme, et la tige torride toujours maintenue entre les doigts, Sacha la voit s'approcher de son visage alors que celui d'Alex est désormais au milieu de la cible chaude et ouverte. La bouche de l'homme la ventouse tout entière, et les mouvements de la langue sont, soudain, autant de décharges électriques. Réflexe ou envie ? Elle s'accroche à cette queue qui folâtre avec ses lèvres. C'est rapide ; d'un mouvement du bassin, Alex l'enfonce dans cette gorge en feu qui vient de s'ouvrir pour lui livrer passage. Il pousse un grognement, un cri de plaisir. C'est une coulée de lave qui rencontre une autre coulée de lave, et l'effet est immédiat.
Elle remonte ses deux cuisses au-dessus des épaules de l'homme, creusant davantage son ventre pour que la caresse soit encore plus profonde. Pendant ce temps, elle ne cesse de sucer ce long sucre d'orge qui monte et descend dans sa bouche, l'empêchant presque de respirer. Elle ne songe plus à l'argent, elle a oublié la vieille dame aux cheveux d'argent. Elle n'a plus qu'une hâte : celle de jouir, de prendre son pied avec cette bite qui lui fait envie. Elle persiste à téter ce mât au satin doux alors qu'elle ne parvient plus à endiguer les frémissements de son propre ventre, et les grognements qui emplissent le salon deviennent de véritables cris d'amour.
Ces deux-là sont maintenant dans une position qui leur permet de s'imbriquer l'un dans l'autre. Alex a entraîné Sacha avec lui sur la moquette grise et ils ont roulé dans les boucles de laine. Comment s'est-elle retrouvée sur le corps de l'homme ? Mystère ! Elle ne garde pour le moment que cette sensation d'être remplie, que son sexe de femme se dilate et qu'il laisse entrer la queue d'Alex. La cavalcade débute sur deux souffles rauques. Les poitrines se soulèvent, et c'est elle qui maintenant règle le tempo. Elle ne veut rien perdre des sensations que lui procure la bite sur laquelle elle se plante voluptueusement. La ruée de ce ventre qui s'enflamme, elle ne veut que la domestiquer.
Ses gestes sont mesurés, et petit à petit elle sent se durcir plus encore – comme si c'était possible – cette chose chauffée au rouge qui la transperce. Elle se secoue tantôt rapidement, pour finir lentement, et c'est Alex qui serre désormais les dents pour ne pas éclater en elle trop vite. Sans se dire un mot, ils se regardent, relâchant l'air qu'ils compriment dans leurs poumons ; ils se laissent aller à ce délicieux abandon que leur apporte l'orgasme. Sacha tremble des pieds à la tête, et lui se répand en larmes de sperme dans ce ventre qui vient de lui offrir un feu d'artifice digne d'un roi.
L'un à côté de l'autre, seules leurs mains restent entrelacées. Le nez au plafond, les yeux perdus dans le vague, l'homme et la femme savourent ce moment de bien-être de l'après-amour. Dans un petit coin de la tête de Sacha, elle songe soudain que cet homme, malgré l'argent qu'il a dû donner pour avoir son corps, cet homme-là est un amant fabuleux. Mais en y songeant un peu plus, ne serait-ce pas elle qui serait une maîtresse exceptionnelle ?