Le Club des nymphes I
Nathan Kari2017(Louise) Une fille surprenante
— Alors, où étais-tu passée ? me demande Thomas. Je t'ai envoyé un message mais tu n'as pas répondu.
— Oui désolée, j'avais éteint mon portable…
— Et donc ? Qu'est-ce que t'as foutu ? C'est bien la première fois que tu sèches un cours.
Je jette un coup d'œil autour de nous sur les autres tables : personne ne nous regarde. En plus, nous sommes collés au mur du réfectoire et positionnés dans un coin. La table, Miss Punk et Marie en face de nous, nous cachent en partie. Alors je déboutonne mon jean et lui montre mon absence de culotte.
— Quoi ? fait-il, surpris et rougissant. Tu veux dire que tu l'as fait ?
— Oui, lui dis-je tout simplement en reboutonnant mon jean. Pourquoi tu rougis ?
— Bah, c'est toi qui me montres… enfin, tu sais !
— Et alors ? T'en as déjà vu plus, je te rappelle.
— Oui, mais c'était différent, prétexte-t-il, mal à l'aise en avalant une cuillère de purée infâme.
— C'était quel prof ? me demande Miss Punk tout excitée par cette nouvelle.
— Monsieur Chauvin.
— Ah bon ? Il est là aujourd'hui ? s'étonne Marie.
— Oui, à son bureau toute la journée, expliqué-je.
— Tu es quand même une fille surprenante, lâche Thomas.
— Pourquoi ? lui demandé-je en souriant.
— Je n'aurais jamais pensé que tu ferais ça le matin même de l'annonce de l'épreuve. Et puis, avec lui en plus, fait-il avec un ton qui sous-entend qu'il lui reproche quelque chose.
— Et qu'est-ce qu'il a ?
— Ben, il est plutôt vieux, non ?
— Oui, mais il est très bon amant ! déclaré-je.
— Ah, tais-toi, j'veux pas savoir ces trucs-là ! se plaint Thomas.
— Pourquoi ? T'es jaloux ? le taquiné-je.
Il ne répond pas et avale plusieurs cuillères de purée comme pour détourner l'attention. Aurais-je touché juste ? J'aimerais que ce soit le cas.
— Toujours partant pour qu'on révise nos examens ensemble ce soir ? lui demandé-je pour changer de conversation.
— Oui, toujours partant.
Le repas se termine sans que nous réabordions ce sujet. La journée suit son cours comme si de rien n'était. Et dire qu'il n'y a même pas quelques heures, j'étais en train de faire l'amour avec un de nos professeurs… Et dire qu'il y a quelques jours, j'étais en train de sucer plusieurs gars et que j'ai fini par coucher avec mon grand-parrain dans une orgie… Cette journée a tout de la journée banale ; pourtant, tout a changé. J'ai moi-même changé, et très rapidement en plus.
La pause de l'après-midi arrive et nous sortons prendre l'air avec Thomas quand soudain nos marraines se précipitent sur nous, l'air surexcité.
— Viens là que je te serre dans mes bras, fillote ! me fait marraine, les bras en pince ouverte.
— Pourquoi, qu'est-ce qu'il y a ? fais-je, étonnée.
— Ce qu'il y a ? s'étonne Sarah. Ce qu'il y a, c'est que monsieur Chauvin est venu nous voir après la pause du midi et nous a remis une certaine culotte.
— Ouais, même qu'il avait les yeux qui pétillaient, c'était trop chou ! s'extasie marraine.
— Il n'a pas pu s'empêcher de nous raconter ce qu'il s'était passé, et dans les moindres détails. Y compris ton passage sous le bureau pendant que son collègue était là.
— Et alors ? fais-je, surprise. Je n'ai rien fait d‘exceptionnel.
— Oh si ! lâche marraine. C'était exceptionnel pour lui, crois-moi. Il était tout ému. Tu as fait pile ce qu'il lui fallait.
— Elle a raison, confirme Sarah. La dernière fois, il s'était contenté de me remettre les culottes de Sandrine et d'Élisa sans lâcher un mot. En plus, Josiane de troisième année était là et elle a confirmé que l'année dernière il n'avait pas non plus dit le moindre mot, même quand il a apporté la mienne. Tu lui as vraiment tapé dans l'œil, c'est sûr. Et tu t'es montrée bien meilleure que moi sur ce coup-là.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire à cette histoire. Meilleure que Sarah ? Je me sens si fière de moi ! Qu'en pense Thomas ? Cette histoire lui donnerait-elle envie de connaître mes nouveaux talents ? Ne le rend-elle pas plutôt jaloux, comme il m'a semblé au réfectoire ? Difficile de lire en lui : il a le visage fermé et semble cacher ses émotions.
— En tout cas, crois-moi, reprend marraine. Cette histoire va se répandre comme une traînée de poudre. Camille et Josiane ont tout entendu et semblaient aussi excitées que nous deux par ce récit. Elles vont en parler à tout le monde.
— Ouais, en plus ça faisait des années qu'une fille n'avait pas accompli la seconde épreuve le matin même, ajoute Sarah en me faisant un clin d'œil. Tu es vraiment une fille surprenante.
Si je comprends bien, je viens d'accomplir sans le vouloir un nouvel exploit qui va me rapporter des bons points pour la présidence. De quoi me rendre encore plus fière de moi !
C'est toute souriante que je rejoins en compagnie de Thomas le cours suivant, notre dernier de la journée. Cours avec monsieur Gluau, bref, pas le plus terrible, mais la vue de cette immondice ne vient pas gâcher ma bonne humeur. Je surprends pendant le cours quelques regards appuyés de Thomas sur moi. Dès qu'il se fait griller, il tourne la tête, l'air de rien. Je crois qu'il est en train de me mater, de quoi me rendre encore plus joviale.
Nous rentrons tranquillement en direction de mon appartement. Une certaine excitation a rejoint ma félicité. C'est la première fois que l'on va tous les deux se retrouver seuls depuis qu'il m'a vue à cette soirée. Va-t-il se décider à passer à l'acte ? Je l'espère. C'est cette pensée qui me hante l'esprit au moment de tourner la clé dans la serrure de mon appartement. Je lui dis d'entrer et d'aller s'installer au bureau dans ma chambre. Pendant ce temps-là, je regarde vite fait le courrier reçu, pars chercher deux bières dans le frigo et le rejoins dans la chambre. Je lui tends sa bière et enlève mon haut, histoire de le stimuler un peu. Me voilà donc en débardeur assez décolleté. Je suis bête ! J'aurais dû penser à mettre une jupe ce matin plutôt qu'un jean en prévision de ce moment. Tant pis, c'est trop tard maintenant !
Je m'installe à côté de lui, proche de lui et me penche négligemment pour lui offrir une jolie vue sur ma poitrine. Je fais style de relire un cours mais je suis bien loin de pouvoir me concentrer. Mon cœur bat à vive allure.
Oh ! Ça y est, j'ai repéré un coup d'œil intéressé. Il n'a pas pu s'empêcher de plonger dans mon décolleté. Ça m'encourage à en montrer plus. Je lui pose des questions sur le cours ; il balbutie des réponses, semble lui aussi distrait et sa voix trahit une certaine émotion. Mon sexe s'humidifie en m'imaginant la probable suite. Si ça continue, une tache va apparaître sur mon jean.
Je repère un nouveau coup d'œil dans le décolleté. Il détourne le regard en rougissant quand il se sent repéré. Il avale deux grosses gorgées de bière. Aurait-il lui aussi chaud ? Je le fixe ensuite dans les yeux tout en lui parlant. Il a du mal à soutenir mon regard. Contente de moi, je me sens charmeuse et séduisante. Je me sens plus sûre de moi que je ne l'ai jamais été.
J'amène ensuite quelques brefs contacts physiques afin de faire doucement grimper la tension ; une jambe qui le frôle lors d'un mouvement ou une main qui se pose sur son avant-bras au moment de lui adresser la parole. Je me rapproche de plus en plus de lui, diminuant ainsi son espace vital pour provoquer une réaction. Nous sommes maintenant très proches l'un de l'autre, tellement que je sens son parfum et son souffle. Allez ! Embrasse-moi maintenant, je n'attends que ça depuis bien longtemps !
Mais toujours rien ! Je commence à m'impatienter, alors je fais encore grimper la tension. Je poursuis les contacts physiques mais les fais durer plus longtemps. Et au moment de lui adresser la parole, ce n'est plus sur son avant-bras que ma main se pose, mais sur son genou, puis sa cuisse. La tension grimpe de plus en plus, l'air devient irrespirable. J'aimerais me jeter sur lui et lui arracher ses vêtements, mais je préférerais que ce soit lui qui enclenche les hostilités.
Je fais exprès de faire tomber un stylo au sol et je me penche dans une pose qui se veut sexy afin de le récupérer. Je profite du mouvement pour approcher mon visage de son entrejambe afin de lui donner des idées. Ma main, bizarrement, met très longtemps avant de retrouver ce stylo et je reprends donc une position normale en ayant repéré au passage une bosse sur son pantalon. Cette fois, c'est sûr : je lui fais de l'effet. Je saute de joie intérieurement mais ma tête n'affiche qu'un visage rougi par cette vision. Il découvre ainsi mon trouble.
Cette fois je sens la situation sur le point de basculer. Nous nous observons tous les deux dans le silence. La tension est à son comble. Puis, sans que l'un ou l'autre ne dise un mot, nous nous embrassons passionnément.
Mon cœur fait un bon de joie dans ma poitrine tandis que nos langues s'enroulent l'une autour de l'autre. Et puis, la situation dégénère. Sans que j'aie le temps de comprendre ce qu'il se passe, nous nous retrouvons tous les deux torse nu à continuer de nous embrasser. Une de ses mains me pelote un sein et l'autre a plongé dans mon jean déboutonné pour me doigter. J'ai fantasmé ce moment tant de fois que j'ai l'impression de rêver. C'est lui ! Enfin ! Le garçon dont je rêve depuis le début de l'année, depuis qu'il s'est assis à mes côtés le premier jour. Ça a été comme un coup de foudre pour moi.
Je reprends le contrôle de la situation. Mes mains parcourent son torse et sa nuque. Elles sont suivies par mes lèvres et quelques coups de langue qui le font frissonner. Hum, j'aime son odeur, j'aime le goût de sa peau. Puis je me lève de mon siège et le pousse en arrière. Je m'agenouille devant lui et lui déboutonne le pantalon après avoir caressé la bosse. Je descends lentement son pantalon et le lui enlève. Son caleçon suit peu de temps après. Il est maintenant nu devant moi, le sexe fièrement dressé. Je veux lui offrir la même chose que j'ai offerte à monsieur Chauvin. Je veux le sucer de la même façon, avec la même douceur et la même sensualité. Si mon prof adoré a apprécié cela, alors je suis sûre qu'il en sera de même pour Thomas.
Je commence de la même façon à déposer quelques doux baisers qui sont suivis par de petits coups de langue. Je le sens frémir. Tu vas voir, mon cher Thomas, de quoi je suis capable… Je goûte enfin à ce sexe tant désiré et le savoure avec délicatesse. Ma langue part à la découverte de cette merveille et lui rend honneur de son mieux. Mes lèvres l'embrassent et l'enserrent comme une mère enlacerait son enfant.
Et puis soudain, sans que je ne comprenne pourquoi, il pose sa main sur le haut de mon crâne et commence à donner de violents coups de reins. Prise par surprise, je me laisse faire au début ; mais comme il s'y prend mal et me fait mal, je finis par le repousser, me débattre et finalement me libérer.
— Arrête ça idiot ! craché-je.
— Quoi ? me fait-il, étonné. Je pensais que tu aimais comme cela.
— Non, non, non ! Je n'aime pas ça. Pas avec toi ! Ce n'est pas ce que je voulais. Je voulais autre chose, quelque chose de mieux. De l'affection, de la tendresse, de la douceur, pas ça ! Là, je me sens déçue et même humiliée. Tu as tout gâché ! Après tout ce que je fais pour toi, je méritais un peu plus de considération. Je ne voulais pas que tu me prennes, je voulais me donner par amour pour toi.
Je voulais le faire jouir grâce à mes talents, lui faire connaître le bonheur d'un coup de langue habile, lui montrer de quoi j'étais capable et tout ce que je fais par amour pour lui. Et lui, dans tout ça, il se contente de me prendre la tête et de me baiser la bouche comme une vulgaire catin. C'est l'amour qui me guide ; lui, ce n'est qu'une stupide pulsion animale, un grossier fantasme de domination masculine. Je ne veux pas qu'il me considère comme un objet. Je veux être plus que ça pour lui !
Il me regarde maintenant avec de gros yeux.
— Quoi ? Quoi ? balbutie-t-il. Tu m'aimes ?
— Mais oui, je t'aime, triple buse ! Pourquoi crois-tu que j'ai accepté de rejoindre le club ? Tu m'as demandé de venir, tu voulais me voir dedans, alors je l'ai fait pour toi.
— Non, non, je n'ai jamais voulu ça, se défend-il. Je t'aimais bien parce que tu étais différente des autres, que tu n'étais pas comme ces filles. Je ne te voulais pas dans ce club. Pourquoi t'es-tu imaginé que je te désirerais plus en étant membre ?
— Tu bandes sur Sarah, tu bandes sur ma marraine, tu bandes même sur ta sœur… Alors, s'il fallait que je me comporte comme elles pour qu'enfin tu bandes sur moi, je devais le faire. Ne te fous pas de ma gueule, tu ne t'intéresses qu'à ces filles.
— Non, non… je, cherche-t-il à dire sans trouver ses mots puisqu'il sait bien que j'ai raison.
— Mais non, t'inquiète, ça me va. Sarah m'a tout expliqué. Elle m'a dit que je ne pourrais jamais t'avoir pour moi toute seule. C'était dur à accepter au début, mais j'ai fini par y arriver. J'ai fini par comprendre. S'il faut en passer par là pour être avec toi, je suis prête à le faire. Elles t'attirent ? Et alors, je n'ai aucun droit de t'empêcher de les baiser, tu ne m'appartiens pas. Je t'aime et je suis prête à tout pour toi. Je suis même prête à faire tout mon possible pour devenir la présidente et te protéger de ta sœur.
— Ma sœur ? Comment ça, ma sœur ?
— Sarah est sûre que si elle prend la présidence, elle te gâchera la vie. Elle t'excommuniera du club et ruinera ta réputation. Sarah a parlé en début d'année avec elle de toi. Elle te déteste, elle fera tout pour te nuire.
— Non, je refuse de croire ça de ma sœur, tente-t-il de se rassurer. Nous ne sommes peut-être pas le frère et la sœur les plus proches au monde, mais je suis sûr qu'elle ne fera pas ça.
— Oh, s'il te plaît, crois-moi mon amour. S'il te plaît… Ta sœur est mauvaise, elle veut te voir souffrir. Je fais tout ça par amour pour toi, pour te protéger et te donner ce que tu veux.
— Je suis désolé, Louise ; je ne crois pas que tes sentiments soient réciproques.
— Je ne te plais pas ? lui demandé-je, dévastée.
— Si, enfin non… enfin si. C'est plutôt flou, en fait. Je ne sais pas ce que je ressens pour toi. Laisse-moi du temps.
— Du temps ? fais-je avec une lueur d'espoir. D'accord. Si un jour tu finis par m'aimer, alors viens me prendre. Je t'attendrai.
Cette nuit-là, allongée dans mon lit alors qu'il était parti depuis plusieurs heures, je n'ai pas pu m'empêcher de retenir mes larmes.