Crusader Kings : l'épopée lyonnaise
Nathan Kari04/11/2020Leçon n° 6 : Une dague plantée dans un dos est toujours très utile
Léopoldo Kari, dit l'Imprudent
An de grâce 1204 ; je n'ai pas attendu le décès de mère avant de fomenter l'assassinat du premier de mes frères. Hors de question que je laisse mes duchés à mes frères ! Cela fait déjà quelques années que je prépare mon coup. J'ai développé tout un réseau d'espions et d'assassins. J'ai l'œil partout et une dague à chaque coin de rue prêt à trucider qui me plaira. Mon réseau est tellement important que, dans le milieu, on m'appelle « l'araignée ». S'il y a bien une seule leçon que j'ai retenue de maman c'est : ne pas hésiter à éliminer la famille.
Ma première cible est donc Franz, le duc de Suse. Je mets tout ça rapidement en place et hop, lors d'une sortie pour chasser, on le retrouve dévoré par les loups. C'est un triste accident. Par contre, personne ne s'explique comment il s'est retrouvé attaché à un arbre juste avant.
Mais, what the fuck, c'est mon père qui hérite le duché ! Mais pourquoi c'est lui ? C'était censé être moi. Mes espions me disent que je suis le premier sur la liste de succession de mon père. Bon, ben, un nouveau nom vient de s'inscrire sur ma liste. De toute façon je l'aurais fait tôt ou tard. Je fais jouer de mon réseau pour organiser un nouvel assassinat. Malheureusement, sa cour l'apprécie bien trop pour me fournir assez de complices.
Un petit voyage à Rome et un gros chèque au pape arrangera mon petit problème. Pour les odieux péchés (que j'ai inventés de toutes pièces) que le duc Liutpold II a commis, le pape prononce sa sentence : l'excommunication. La réputation de mon père est en chute libre. On se rallie à mon complot en masse, et bien vite mon père fait une chute mortelle par la fenêtre de son donjon. Quel horrible accident. Mouarf ! Mes larmes inondent mes joues, et c'est avec regret que j'hérite les duchés de Suse, de Thurgovie, de Croatie, de Carniole, de Vérone, de Carinthie et de Bade. Voilà de quoi sécher mes larmes factices !
Toutes ces émotions me donnent des envies de baiser. Je me mets d'accord avec Berenguela, une amie de longue date, pour une partie de jambes en l'air sans attache… émotionnelle, je précise, parce que j'aime bien attacher mes conquêtes. La donzelle devient rapidement ma sexfriend. Nos galipettes donnent naissance à un petit Bernat-Aton en 1206. J'ai failli refuser de reconnaître l'enfant à cause du nom de merde qu'elle lui a donné.
Je n'oublie pas mes autres frères pour autant. Il m'en reste deux, donc encore deux duchés à hériter. En 1207, la chambre de mon frère Adamo « le Cruel » est soudain envahie par une nuée de serpents et de scorpions. Étrange histoire qui lui est fatale. Le duché de Savoie tombe entre mes mains.
Ayant trop de possessions dans mon domaine personnel, je me vois obligé l'année suivante de céder un comté à un vassal. J'offre ainsi le comté de Thurgovie à mon bâtard, Bernat-Aton.
Mon regard se tourne maintenant vers le duché de Gênes tenu par mon dernier frère, Nikolaus. Je déploie mon influence là-bas pour organiser le prochain accident mortel qui va toucher ma famille. Cependant, les morts suspectes de notre père et de nos deux frères semblent avoir quelque peu éveillé les soupçons. Il semble avoir pris des mesures pour se protéger. Mes manigances peinent à s'enraciner.
En attendant une bonne occasion, je m'intéresse à l'Italie. Mon vassal, le prince-évêque Livio de Milan, peut revendiquer le comté de Crémone. Mes armées ne doivent pas rouiller ; la guerre est lancée en 1210. Mon allié de Bohême m'accompagne. L'Italie est rejointe par l'Angleterre et la Navarre. Bon, la guerre ne sera visiblement pas facile mais nous avons un léger avantage numérique, et j'espère mettre à profit le temps que les alliés de l'Italie vont mettre pour arriver.
Pendant ce temps, à la cour, je me chope une nouvelle sexfriend bien en chair que je baise en attendant que la nouvelle grossesse de Berenguela arrive à son terme.
Peu après, Berenguela accouche d'une fille : Clara, que je reconnais sans la légitimer tandis que Camilla m'apprend qu'elle est enceinte de moi. C'est un scandale à la cour quand son mari apprend le pot aux roses. Quelques mois plus tard, Camilla accouche de la petite Candida.
Bon, même pas marié, j'ai déjà trois bâtards. Il est temps de me faire de véritables héritiers. C'est en 1211 que mon mariage avec Cothilda, la princesse de Bohême, est célébré. Suite à ça – mais aussi pour sauvegarder son mariage – Camilla préfère renoncer à notre relation.
La guerre contre l'Italie tourne mal. Déjà, ses alliés sont arrivés bien plus vite que je l'espérais. Nous gagnons une première belle victoire en les repoussant de Lyon, puis les affrontons à Milan où nous subissons une terrible défaite, permettant à l'Italie de reprendre un net avantage.
C'est la panique. Pas le choix, faut que je me serve de mes bâtardes pour remporter les guerres. Clara est fiancée au prince Emmerich Salien, fils du roi Arnold de Franconie, et Candida à Bernhard Otakeren, fils du duc Léopold de Styrie. Ces deux contrats me permettent d'avoir le soutien de ses deux États et de reprendre l'avantage contre l'Italie. Nous battons cette fois l'ennemi à Milan ; son armée est en lambeaux et, pour couronner le tout, plusieurs de ses vassaux se soulèvent. Après nous être emparés des places fortes de Crémone, l'Italie baisse les armes et nous cède le comté en 1213.
J'apprends qu'Amalie Premyslid, ma belle-sœur la reine de Bohême, vient de mourir dans des conditions suspectes : autrement dit, quelqu'un l'a assassinée. Et ce n'est même pas moi ! Mince alors, quelqu'un m'a coupé l'herbe sous le pied. Mon épouse Cothilda hérite donc le royaume de Bohême, ce qui veut dire que le royaume passera à mes enfants. Chouette !
Par contre, autant Camilla a préféré s'effacer, autant Berenguela continue de me faire du rentre-dedans, et moi, pauvre âme fragile face à la tentation, je continue de lui grimper dessus en cachette. Mais la garce jouit tellement fort que ses servantes l'entendent, et bien vite cela arrive aux oreilles de ma femme ; de quoi la mettre dans une humeur noire. Imaginez l'ambiance en ce début de mariage !
Les disputes sont violentes, et très vite seule la haine nous unit. Par contre, nous avons tout deux besoins d'héritiers, alors nous nous mettons d'accord pour consommer le mariage. Au lit, c'est à qui parviendra à soumettre l'autre. Tous les coups bas sont possibles. On insulte, on ligote, on griffe, on mord, on fouette. C'est violent ; saignant, même ! Je crois que je n'ai jamais autant souffert de toute ma vie. Mais malgré tout ça, je prends un de ses pieds ! Oh putain, comme c'est sensass ! Notre première fille, Eufemia, naît en 1215 et la deuxième, Emma, l'année suivante.
En 1216, on organise un concours de tir à l'arc au duché de Gênes. Les candidats sont tellement des bras cassés que trois d'entre eux ratent la cible et atteignent à la place mon pauvre frère, tous les trois en plein cœur. Ses sujets pleurent sa mort suite à ce terrible accident. Ah, ce n'est pas trop tôt, depuis le temps que je complotais contre lui… Une occasion a enfin fini par payer ! Il lui en aura fallu du temps pour crever, celui-là ! Malheureusement, je n'hérite pas encore ses terres puisqu'il a quatre enfants et un autre en route. Bon, ce serait dommage de s'arrêter là ; et puis j'ai déjà mes contacts dans ce duché. On n'est plus à cinq personnes tuées près !
L'avantage des enfants, c'est qu'on trouve bien plus facilement des complices pour organiser leur meurtre. C'est ainsi qu'une série d'accidents mystérieux touche ceux de mon frère. Le premier, Landolf Kari, meurt en 1217 écrasé par une immense armoire. L'année suivante, le deuxième, Liutpold Kari, glisse sur la savonnette et tombe malencontreusement sur un poignard… trois fois. En 1220, la troisième, Amalie Kari, s'endort dans la cheminée. C'est un bête accident qui touche sa sœur Serhilda l'année suivante : en voulant se couper un morceau de fromage, le couteau dérape et lui ouvre la gorge. Quant à la dernière, la pauvre Hélène, du haut de ses quatre ans, n'ayant pas supporté autant de malheurs, elle a voulu mettre fin à ses jours en se pendant… à l'aide de ses boyaux.
Quand tu joues au jeu des trônes, soit tu évites d'être sur mon passage, soit je t'explose le crâne, je te crame la gueule ou je t'éviscère, selon mon humeur : il n'y a pas de moyen terme !
Voilà, tout ceci pour récupérer le duché de Gênes qui appartenait à mon frère et qui n'était plus constitué que d'un comté. Oui, tout ça pour un malheureux comté ! Mais ce n'est pas la taille de la prise qui m'importe ; c'était une terre familiale, ça devait donc me revenir, point. Je suis un homme de principes !
Alors si je compte bien, neuf morts à mon actif, et pas une fois on ne m'a suspecté. Maman, toi qui t'étais fait découvrir dès ton premier meurtre, tu me vois de là-haut ? Regarde comment gèrent les pros !
Mais revenons un peu en arrière. De 1218 à 1219, je soutiens la Franconie dans sa guerre contre la papauté pour récupérer Francfort. Malheureusement, la guerre est une défaite. À la fin du conflit, mon amante Berenguela meurt à cause de sa santé fragile. La nouvelle n'améliore pas la relation dans mon couple. Mes rapports avec mon épouse sont toujours autant sauvages et sadiques. Après une baise ardente, je me retrouve avec trois côtes et le fémur brisés mais, encore une fois, j'ai joui comme jamais ! Mon premier fils, Karl, à la fois héritier de tous mes duchés et du royaume de Bohême, naît en 1219. Il a une petite sœur du nom de Mélania l'année suivante.
En 1223, Innocenzo Kari, comte de Forez et d'Istrie, hérite le duché de Slavonie. Il n'est donc plus mon vassal… pour le moment. Quant à moi, je cherche une stratégie pour pouvoir revendiquer toutes les terres que je peux au sein du Saint Empire. L'autorité de la couronne empêchant toujours les guerres entre vassaux, je tente alors de créer une faction dans l'objectif de forcer le Kaiser à nous accorder plus d'autonomie ; ça ne donne rien. J'essaie d'assassiner ce dernier afin de créer le chaos, mais je n'ai que trop peu de complices.
En 1226, ma cousine la reine Eufemia de Souabe me déclare la guerre. Mes alliés, Franconie et Styrie, se rangent à mes côtés. La même année naît une nouvelle de mes filles : Hélène. L'année suivante, j'apprends que ma femme est de nouveau enceinte mais je ne crois pas être le père. Mes espions me confirment mes doutes : le véritable père est le comte Sobieslav de Grätz. Cothilda passe donc sur ma liste de personnes à éliminer, mais pas tout de suite. Pour le moment elle fait partie de mes complices pour tenter d'assassiner le Kaiser. La victoire contre Souabe est remportée en 1228.
Il est maintenant temps de commencer à placer mes pions… je veux dire mes enfants. Karl est fiancé à Orsolya Árpád, princesse de Hongrie et fille du roi Ambrus III. Il faudra que je m'assure qu'Orsolya hérite de son père ; quelques coups de dague devraient suffire à faire disparaître les héritiers mieux placés qu'elle. Eufemia est fiancée au prince Arn Stenkiling, fils de Henrik, roi de Suède. Emma est fiancée au prince Juan Jimena, frère du roi Gomez de Castille. Tout cela m'apporte, bien entendu, des alliances avec les États concernés.
Grâce à mes nouvelles et puissantes alliances, je peux m'attaquer à un royaume comme la France. Je lui déclare la guerre en 1231 pour appuyer une revendication de mon vassal Hermann de Genève, comte de Varais et de Genève. Tous mes alliés répondent présent, sauf la Castille qui a un pacte de non-agression avec la France. Ma dernière fille, Erica, naît cette année.
La guerre est tout de même compliquée et m'oblige à lever des mercenaires. Heureusement que mes finances le permettent aisément. La victoire est remportée en 1234. L'année suivante, je pars en Hongrie aider mon allié dans ses guerres tandis que j'apprends qu'une croisade se prépare pour libérer des païens la région de Novgorod.
En Hongrie, la guerre ne donne rien. Mon allié est un incapable qui gère mal ses troupes et commet des erreurs. Afin de ne plus perdre mon temps, je le laisse à son sort et envoie mon armée, menée par mon fils Karl, rejoindre la croisade en 1235.
Cette dernière ne se passe pas tout à fait bien, mais mon fils arrive à occuper certaines forteresses ennemies tout en évitant les plus grosses armées païennes. Il est obligé de battre en retraite quand il se retrouve à mener la dernière armée chrétienne encore debout. C'est en 1240 que j'apprends, par un messager, qu'il est sur le chemin du retour. C'est aussi là que la maladie me gagne… ou plutôt me perd. Je n'en ai plus pour longtemps ; j'espère que Karl rentrera à temps pour assister à mes derniers mots.