Une mauvaise mais excitante surprise

Mardi matin, 10 h 05, devant l'ascenseur…

C'est aujourd'hui que la nouvelle équipe de direction va nous être présentée. Les rumeurs selon lesquelles des têtes vont sauter en haut de l'échelle circulent de plus en plus depuis une semaine. J'avais déjà eu vent de ce genre de racontars depuis mon arrivée, mais il ne s'était rien passé. Or cette fois elles se vérifient, et les têtes commencent à voltiger à tour de bras. Bien que Nathalie m'ait expliqué la raison de cet écrémage, je ne suis pas rassurée, attendu que, quelque part, j'en suis la cause.

Lors d'un tsunami, on voit le raz de marée se former à l'horizon mais on reste quand même tétanisé lorsqu'il nous tombe dessus. Richard et moi faisons au mieux pour avoir des dossiers bien ficelés, qui ne souffrent d'aucune faille. Car – outre les membres de la direction qui ont protégé Daniel – d'autres cadres ont aussi sauté. Mais je sais pertinemment que, lorsque l'on veut la peau de quelqu'un, on trouve la moindre petite faille dans laquelle s'engouffrer pour le faire tomber. Et je refuse que cela nous arrive.

Je trépigne d'impatience devant l'ascenseur. La réunion avec la nouvelle direction a été avancée à cet après-midi. Je pensais pouvoir préparer les documents tranquillement après le déjeuner, mais je vais devoir le sauter pour y parvenir avant quatorze heures. Je dois descendre aux archives, trouver les documents nécessaires, faire un résumé et les imprimer dans la foulée pour que chaque participant en ait un exemplaire. Depuis l'arrivée de notre nouveau directeur, c'est le branle-bas de combat dans l'agence.

À peine les portes ouvertes, je me précipite dans la cabine en m'excusant auprès des personnes déjà présentes. J'appuie sur le bouton du sous-sol. Je regarde avec agacement le panneau de commande : l'ascenseur va d'abord monter. Je pousse un profond soupir alors que les portes de la cabine se referment.

L'ascenseur s'élève et s'arrête immédiatement au deuxième étage. Je gémis d'impatience tandis que la cabine se remplit. Je me recule le plus possible pour laisser de la place et finis par me retrouver plaquée entre la paroi et un autre occupant de la cabine. Je me sens soudainement enveloppée d'un parfum musqué, enivrant.

— Ce n'est pas possible… murmuré-je.
— Quelle heureuse coïncidence, me chuchote une voix à l'oreille. Je ne pensais pas te retrouver ici.

Que fait-il ici ? Dans mon esprit défilent à toute vitesse les souvenirs de la soirée. Je me mords la lèvre inférieure alors que mes jambes commencent à trembler. Je ne parviens même pas à lever les yeux sur lui tant son regard pèse sur moi.

— Ne sois pas si nerveuse, voyons.
— Je… ne suis pas nerveuse.
— Vraiment ?

« Comment a-t-il fait pour me retrouver ici ? »

Sa main se glisse dans mon dos pour le caresser, comme pour m'apaiser.

— Détends-toi, me murmure-t-il alors que sa main descend sur ma fesse.
— Que… que faites-vous ici ? demandé-je, inquiète.
— Rendez-vous professionnel.

Les portes vont se fermer quand une main les retient pour laisser encore des employés entrer. Je me tortille un peu, me calant contre la paroi. Ma poitrine se retrouve écrasée contre lui. Il plaque une main sur mon sein, l'écrasant avec force, et l'autre sur ma fesse, me serrant contre lui.

— Je devrais sans doute m'excuser, mais je ne le ferai pas, me glisse-t-il en commençant à me malaxer le sein.

Je résiste pour empêcher un gémissement de s'échapper de ma gorge tant que la cabine se remet à vibrer. Nouvel arrêt, troisième étage. Plusieurs personnes descendent. Un peu plus à l'aise, je pousse un soupir. Mais aussitôt plusieurs personnes entrent, plus nombreuses que celles qui sont sorties, et le bouton cinq s'illumine sur le panneau de contrôle. Un mouvement devant moi me colle un peu plus contre l'inconnu. Il dégage mon chemisier de ma jupe pour glisser sa main en dessous, jusqu'à atteindre mon soutien-gorge pour me caresser les seins, sans trop en montrer.

— Arrêtez, je suis sur mon lieu de travail, là.
— C'est excitant, non ?

Très discrètement, il passe sa main sous le bonnet de mon soutien-gorge et me pince le téton. Peu de personnes descendent. Il fait rouler mon téton entre ses doigts. Je soupire de plaisir. Une vision érotique me traverse rapidement l'esprit : cet homme me prenant debout dans l'ascenseur. À cette vision, je sens déjà mes lèvres s'humidifier et mon ventre se contracter.

Nouvel arrêt au quatrième. Nous sommes de plus en plus serrés l'un contre l'autre. Je sens la main courante de la cabine s'enfoncer dans mon dos et écraser légèrement ses doigts. Il esquisse une petite grimace de douleur avant de la dégager et de la glisser sous ma jupe, dans mon entrejambe. Il me sourit en sentant le tissu de mon string mouillé. J'affiche un sourire gêné alors que nous nous arrêtons au cinquième étage.

— Détends-toi, me murmure-t-il à l'oreille en pinçant plus fort mon téton. Personne ne s'en rendra compte.

Pour appuyer ses paroles, sa main commence à me caresser le sexe à travers le tissu de mon string. Ses doigts en saisissent la ficelle et la font coulisser entre mes lèvres. Je tente d'étouffer un gémissement.

La cabine continue de monter. Il agrippe mon sein avec force. J'étouffe un gémissement contre son épaule lorsqu'il me pince encore plus fort le téton. Ses lèvres descendent le long de ma mâchoire puis sur mon cou, qu'il mordille avec avidité. La paume de sa main caresse avec force mes lèvres. Je ne peux m'empêcher de me tortiller contre lui. Je n'arrive pas à croire que je me laisse faire comme ça, dans un lieu public, par un homme que je connais à peine, à qui, pourtant je me suis déjà offerte une fois. Mais ça ne fait qu'augmenter mon excitation.

Je jette un coup d'œil à notre voisin ; il doit s'agir d'un client ou d'un représentant car je ne l'ai jamais vu dans la boîte. Il se tourne vers moi, me cachant ainsi aux yeux des autres occupants de la cabine et vient se frotter contre ma main. Si j'en juge par la bosse que je sens contre mes fesses, derrière sa braguette, il semble se régaler du spectacle. Il prend alors ma main et la fait glisser discrètement sur sa braguette. Je sens son membre tendu derrière le tissu de son pantalon. Je suis tétanisée. Très vite je sens ses mains se glisser sur ma taille. J'entends alors mon partenaire se racler la gorge, faisant sans doute comprendre à notre potentiel compagnon qu'il n'est pas le bienvenu. Je sens presque la tension électrique entre les deux hommes. L'intrus s'excuse et recule un peu, laissant ma main vide.

La proximité des autres employés m'excite encore plus : si l'un d'eux se contente de tourner la tête, il nous verra. Je préfère être discrète. Je retiens mes gémissements de plaisir lorsque mon inconnu remonte sa main dans le creux de mes reins pour me plaquer contre lui tandis que l'autre me caresse le clitoris. Je sens mon jus couler sur ma peau et mouiller la dentelle de mes bas.

Je fais doucement monter ma cuisse contre la sienne. D'une main ferme il la saisit, et avec un ricanement il la bloque entre sa hanche et la paroi : je viens de lui ouvrir la voie vers mon sexe. Sans hésiter, il glisse deux doigts. J'écrase ma bouche contre son épaule : je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Ses doigts commencent un va-et-vient lent et profond.

L'ascenseur arrive au sixième. La cabine se vide presque entièrement. J'ajuste ma jupe au cas où quelqu'un entrerait. L'homme se penche contre moi et me murmure à l'oreille :

— Tu m'as bien allumé, toi. Va falloir assurer maintenant…
— Désolé, lui dit mon partenaire tout bas. Elle est à moi.

Son ton bas n'en est pas moins menaçant. L'homme bat immédiatement en retraite et quitte l'ascenseur sans demander son reste. Les portes se referment sur le pauvre homme laissé sur sa béquille.

— Il n'a qu'à se soulager dans les toilettes, commente mon partenaire.

Je fronce les sourcils et ose lever les yeux vers lui.

— Me considérez-vous comme votre propriété, Monsieur ?
— Quand je suis avec toi, oui.

Son ton est sec et sans appel, ne semblant autoriser aucune réponse.

L'ascenseur redescend enfin. Nous sommes tous deux seuls dans la cabine. Ses mains remontent ma jupe jusqu'à ma taille et reprennent l'exploration de mon sexe. Je jette rapidement un coup d'œil à l'affichage numérique qui indique que nous passons le cinquième étage. Il déboutonne entièrement mon chemisier et soulève mon soutien-gorge pour me libérer les seins. Au quatrième étage, sa bouche a fondu sur mes tétons pour les mordiller avec force tandis que sa main pince mes lèvres humides de plaisir. Quand nous arrivons au premier étage, il m'enfonce trois doigts alors que son pouce titille mon clitoris.

— On arrive au rez-de-chaussée.
— Ne t'inquiète pas, je m'en occupe.

J'entends alors un cliquetis métallique. La cabine ne s'arrête pas au rez-de-chaussée mais s'immobilise brusquement au sous-sol. Je suis surprise de ne pas voir les portes s'ouvrir.

— On… on est bloqués !
— Non, ne t'inquiète pas. C'est moi.

Je jette un regard sur le panneau de commande et vois une petite clé enfoncée dans la serrure commandant l'arrêt d'urgence.

— On est tranquilles jusqu'à ce que j'en finisse avec toi.

Alliant le geste à la parole, il entame avec ses doigts un long et profond va-et-vient tandis qu'il me tète goulûment. Malgré la situation incongrue, j'ai envie de le sentir en moi. L'interphone se met alors à grésiller et la voix de Thierry, l'agent de sécurité, résonne dans la cabine :

— L'ascenseur vient de se bloquer au sous-sol. Un souci ?

J'hésite un instant.

— Il s'est arrêté brutalement.
— Bon, vous êtes combien ?
— Deux.

Thierry nous répond de ne pas nous inquiéter, qu'il va appeler le service de dépannage.

— Ça risque de prendre du temps, nous informe-t-il par l'interphone.
— Nous avons tout notre temps, me murmure mon inconnu à l'oreille.

Il s'agenouille devant moi et retire mon string. Il pose ma cuisse sur son épaule et m'écarte les lèvres. Il les mordille, les aspire avec force. La délicieuse douleur me fait me tortiller de plaisir. Je pousse un cri lorsqu'il me pénètre avec trois doigts d'un seul coup. La douleur que je ressens est dépassée par le plaisir. Son pouce décrit de petits cercles autour de mon clitoris. Mes gémissements se font plus puissants au fur et à mesure qu'il appuie de plus en plus fort. Je dois prendre appui sur la main courante de la cabine pour ne pas m'effondrer.

— À genoux. Et ne lève pas les yeux.

Encore une fois, je lui obéis sans discuter. Mon visage se retrouve à la hauteur de sa ceinture.

— Tu sais quoi faire.

Mes doigts se portent vers son pantalon et tirent sur la languette de sa fermeture Éclair. Comme un serpent qui se dresse à la vue de sa proie avant de la frapper, son sexe s'érige devant moi, me faisant loucher. Avant qu'il ne réalise, je l'enfourne dans ma bouche. Il râle autant de plaisir que de surprise quand je le fais glisser entre mes lèvres. Sous ma langue, sa peau douce est très agréable. Je le lèche consciencieusement, insistant sur le gland. Il saisit alors ma tête et s'enfonce profondément dans ma gorge. J'engloutis entièrement son sexe et fais tourner ma langue tout autour en de longs va-et-vient. Je le sens palpiter contre ma langue. Il me caresse les cheveux en me félicitant.

« Pourquoi ce compliment me fait-il autant plaisir alors que je me trouve dans la situation la plus obscène que je n'ai jamais connue ? De quel pouvoir use-t-il sur moi pour me faire obéir ainsi ? »

Il me saisit les cheveux, m'ordonne de me lever et de me tourner vers la paroi. Je pose spontanément les mains sur la barre et me penche en avant.

— Tu n'imagines pas tout ce qu'il me passe par la tête, là. Mais je n'ai pas le temps.

Il m'écarte les lèvres et me pénètre avec force. Je me redresse tandis que ses doigts s'enfoncent dans ma peau.

Tout n'est plus que bruits mouillés et gémissements rauques dans cette cabine. Mon jus coule en abondance tandis que son sexe s'enfonce profondément. Je sens alors ses doigts se crisper dans ma chair. Ses mouvements sont de plus en plus brutaux. Mes doigts s'agrippent à la barre. Je laisse échapper un long gémissement lorsqu'il s'enfonce entièrement.

— Tourne-toi, vite ! m'ordonne-t-il en se dégageant.

J'obéis aussi vite que mes jambes flageolantes me le permettent. Il attrape mes cuisses et me dit de m'appuyer sur la main courante. J'ai à peine le temps de m'exécuter qu'il me soulève les cuisses pour me prendre à nouveau. Il s'enfonce profondément, rapidement, intensément en moi. Ses coups de reins sont violents et me repoussent de plus en plus contre la barre qui me meurtrit les fesses mais je m'en moque : seul compte le plaisir bestial qu'il m'offre.

— Plus fort, Monsieur, plus fort !
— Oui… ouiiiii…

Il accélère le rythme avant de pousser un cri rauque et de se lâcher en moi. Nous restons emboîtés comme ça quelques instants. Son sexe palpite dans mon orifice tandis que mon jus mêlé à son sperme dégouline sur le sol de la cabine.

Je me dégage alors et m'appuie contre la barre, les jambes tremblantes. J'entends le léger froufrou de ses vêtements alors qu'il se réajuste.

— Dépêche-toi de te rhabiller, ils ne vont pas tarder.

La voix de Thierry résonne à nouveau dans la cabine.

— Ça va ? L'équipe de dépannage s'occupe de votre cabine. Vous allez être libre d'un moment à l'autre.

Avec fébrilité, je réajuste ma jupe, mais mes doigts engourdis ne parviennent pas à reboutonner mon chemisier. Je l'entends maugréer et vois ses doigts finir le travail.

Nous sommes chacun dans un coin de la cabine quand les portes s'ouvrent sur les techniciens, qui s'excusent de l'attente. Le plus dignement possible, nous sortons de l'ascenseur. À une dizaine de mètres de là je me retourne et vois les deux techniciens dans la cabine, les yeux baissés, en train de regarder la petite flaque que nous avons laissée. L'un d'eux m'adresse alors un sourire vicieux et me fait « Chut… » de l'index.

Je file immédiatement aux toilettes des archives avec l'impression que cette scène digne d'un film pornographique est sortie directement de mon esprit surchauffé. Pourtant le liquide poisseux, fruit de notre plaisir commun, est encore bien là lorsque je passe aux toilettes pour me rafraîchir.

— Merde, mon string !

Je ne me souviens pas l'avoir vu sur le sol en sortant de l'ascenseur : l'inconnu doit l'avoir pris. L'eau fraîche fait du bien à mes lèvres et à l'intérieur de mes cuisses enflammées. Heureusement que personne ne fréquente les archives, ni leurs toilettes…

Je ne sais pas comment j'ai pu réussir à reprendre le fil de mon travail après ça, mais je suis parvenue à compiler l'ensemble des informations dont j'avais besoin et à les envoyer par mail à toutes les personnes concernées, trois heures avant la réunion.

Mon téléphone bipe alors que je quitte mon bureau pour me rendre en salle de réunion ; c'est un message de Richard.

Richard : Bon travail !

Moi : Merci 😀

Si, pointilleux comme il est, Richard me dit que c'est du bon travail, je peux être tranquille.

Je respire calmement en entrant dans la salle. Plusieurs personnes sont déjà arrivées et installées. Alors que mon regard se promène sur les rangées de chaises, il repère très facilement la chevelure rousse de mon amie. Je me hâte de me faufiler jusqu'à elle. En me voyant, elle me claque une grosse bise avant de m'inviter à m'asseoir.
Elle me toise de la tête aux pieds.

— Dis donc, c'est quoi cette tenue ?

Je jette un coup d'œil à mes vêtements froissés et me mords la lèvre en songeant à l'épisode de l'ascenseur. Je commence à lui fournir des explications quand le nouveau patron arrive dans la salle.

— Il m'est arrivé un truc de dingue… lui murmuré-je.
— Ah oui ? chuchote-t-elle. Plus dingue que samedi dernier ?
— Au moins autant, et…

Je ne peux même pas finir ma phrase que mon corps reçoit comme une décharge électrique. Notre nouveau directeur a commencé son discours et nous présente son équipe. Mon corps se tétanise.

« Il est là, ici, parmi nous ! »

Mon regard se promène avec anxiété sur la salle puis vers le nouveau staff que nous présente notre nouveau directeur, Christophe Lamblin.

— Maintenant, Mathieu Guillermo, mon directeur adjoint, et aussi mon bras droit aussi, dit-il en riant. Nous travaillons ensemble depuis de nombreuses années, reprend-il avec sérieux.

Je me décompose sur place : je me suis fait baiser par le bras droit de mon patron ! Pas une, mais deux fois !

— Merde… lâché-je.
— Ouais, comme tu dis…

Je lance un regard à Nath' dont je vois les mâchoires se crisper.

« Elle le connaît ! Eh bien… Mais que sait-elle d'autre ? »

Même si Nath' est une grande libertine devant l'Éternel, elle risque d'être choquée d'apprendre que je me suis offerte à lui par deux fois.

Je peux enfin le voir. Mon regard ne peut se détacher de lui. Athlétique, il est un peu plus petit que notre nouveau patron. Sans être une gravure de mode, il est très sexy. Son regard noir magnétique parcourt avec curiosité l'assemblée. Je me tasse sur moi-même pour lui échapper, mais c'est peine perdue : il passe d'abord sur Nath' puis s'arrête sur moi. Son regard d'obsidienne s'accroche au mien. J'ai la sensation qu'il pourrait me déshabiller de ce simple regard. J'ai la gorge sèche, du mal à avaler.

« Je suis foutue ! »

Mes mains se mettent à trembler, au point que je dois serrer les poings pour les maîtriser. Il porte son index discrètement à ses lèvres, comme s'il voulait les gratter, mais il semble surtout m'intimer le silence. Je me sens oppressée. J'ai de plus en plus de mal à respirer. Mais je sais que je ne peux pas quitter la réunion avant la fin. Je me force à respirer calmement pour ne pas alerter Nath'.

— Vous recevrez vos convocations pour votre entretien dès demain. Mais ne vous inquiétez pas : il s'agit plus de faire votre connaissance que d'autre chose, alors ne stressez pas. Merci, et bonne soirée.

Tous mes collègues se lèvent pour applaudir le discours qui vient de se terminer. J'en profite pour m'éclipser discrètement devant cette situation catastrophique.

« Je suis foutue… Je suis foutue… »

Ces trois mots tournent en boucle dans mon esprit alors que je peine à retrouver le chemin de mon bureau. Au détour d'un couloir, alors que je vois la porte de mon antre, je suis brutalement tirée par la main et entraînée vers les escaliers de secours. Je me débats lorsque je me retrouve immobilisée face au mur, une main plaquée sur ma bouche.

— Silence !

Je me fige en reconnaissant sa voix. Des larmes perlent au coin de mes yeux. La peur déferle sur moi brutalement.

« Le tsunami ! »

Mon cœur bat à tout rompre, au point que je suis persuadée qu'il va sortir de ma poitrine.

— Promettez-vous de vous taire si j'enlève ma main ?

N'ayant pas le choix, j'opine doucement de la tête. Lentement, la pression sur mes lèvres diminue.

— Maintenant vous avez compris comment je vous ai retrouvée, dit-il en me faisant tourner face à lui, et qui je suis.
— Oui : Monsieur Guillermo.
— Bien. Je vous recommande de n'en parler à personne. Pas même à Nathalie.

Je hoquette de surprise : ils se connaissent vraiment.

— Si… si elle ne sait pas, elle s'en doute, tenté-je. Elle est loin d'être idiote.
— Oh, je sais, oui. Lui faites-vous confiance ?
— Oui, Monsieur.
— J'y réfléchirai.

« Pourquoi dit-il ça ? Qu'est-ce que Nath' a à voir là-dedans ? »

Toutes ces questions se bousculent dans mon esprit au point que je n'arrive plus à raisonner.

— Regardez-moi ! m'ordonne-t-il sèchement.

Je n'ose pas lever les yeux.

— Regardez-moi, me dit-il alors sur un ton plus doux.

Mon regard plonge dans le sien. Ma bouche est sèche. Ma gorge est tellement nouée que j'ai du mal à respirer.

— Vous êtes sous le choc, dit-il en reprenant un ton professionnel ; je comprends. Nous en reparlerons lors de votre entretien, jeudi à dix-sept heures. Vous recevrez votre convocation demain matin. Ne soyez pas en retard.

Sur ces paroles il me relâche, me laissant m'effondrer dans les escaliers. Ses pas, dont l'écho se répercute jusque dans ma tête, s'éloignent, et la porte de secours claque brutalement. Je me prends la tête entre les mains et me mets à pleurer.

« Je suis foutue. Définitivement foutue. »