Black Hole
Nathan Kari30/08/2019Rêves
— Tiens Margot, j'ai un truc à faire rapidement. Peux-tu t'occuper d'envoyer le mail à ton père ? J'ai déjà mis la pièce jointe, mais vérifie si je n'ai pas fait d'erreur.
— Euh, d'accord.
Je sors de mon bureau et attends quelques instants derrière la porte. Le couloir est plongé dans le noir ; c'est inhabituel. Les portes des bureaux de mes collègues sont ouvertes et ne laissent pas paraître de signe de vie. On dirait que je suis seul avec Margot dans l'entreprise. Où sont passés les autres ? J'hésite à partir à leur recherche. L'obscurité m'attire, mais m'effraie à la fois. J'ai l'impression que quelqu'un ou quelque chose m'observe de l'autre côté. Je suis pris d'un étrange malaise que je chasse en me souvenant de Margot.
J'imagine déjà la tête qu'elle doit afficher en découvrant la pièce jointe. Bon, rien ne sert d'attendre plus, je lui ai laissé suffisamment de temps. J'entre.
Je ne suis pas déçu, son visage est blême. Elle n'ose regarder dans ma direction.
— Co… comment ? balbutie-t-elle.
— Comment quoi ? fais-je, l'air faussement innocent.
— Comment avez-vous eu cette vidéo ?
— Ah ça ! Peu importe comment je l'ai eue. L'as-tu envoyée à ton père comme je te l'ai demandé ?
— Bien sûr que non ! Vous êtes cinglé. Si mon père voit ça…
— Je suis sûr qu'il sera très intéressé, la coupé-je. Ce n'est pas tous les jours qu'on apprend que sa fille entre dans un hôtel aux bras d'un homme plus âgé qu'elle. La fille à papa se révèle être une gentille salope…
Margot semble abasourdie et complètement paniquée. Elle cherche ses mots, bredouille des excuses incompréhensibles. Je l'observe chercher un moyen de se tirer de ce mauvais pas. Elle est vraiment magnifique : visage d'ange, yeux bleus, lèvres pulpeuses, cheveux noirs… Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à Émilie. Tiens… d'ailleurs, c'est le visage d'Émilie. Margot ne ressemblait pas à ça dans mes souvenirs. Pourquoi a-t-elle le même visage qu'Émilie ? Suis-je encore dans un rêve ?
— Mais vous ne comprenez-pas, tente-t-elle de se justifier, nous nous aimons tous les deux.
— Tiens donc ! Et je suis sûr que ton père sera ravi de l'apprendre, ironisé-je.
— Non, vous ne pouvez pas lui dire, implore-t-elle. Il n'aurait plus le droit d'enseigner si notre relation venait à se savoir, et mon père me tuerait.
— Tu veux dire que ce vieillard est l'un de tes profs ?
— Oui, avoue-t-elle. Pitié… fond-elle en larmes. Ne dites rien, je vous en supplie.
Je la regarde sans dire un mot et en affichant un sourire narquois. Elle tente d'accrocher mon regard afin de m'apitoyer en affichant toute la détresse qui l'anime. Je n'ai aucune réaction. Elle sait que c'est peine perdue. Il ne lui reste plus trop de choix. Elle hésite plusieurs secondes…
— Je… je ferai tous ce que vous voudrez, lâche-t-elle enfin.
Hé hé ! Je savais que la suivre dans la rue avec une caméra finirait par payer. La voilà à ma merci, la jeune garce. Je m'approche d'elle, pose une main sur sa joue pour essuyer ses larmes. Mon autre main est occupée à défaire mon pantalon et à extirper mon sexe.
— Voyons ce que ton prof t'a appris….
Je me réveille d'un bond. « Putain ! Encore ce mal de crâne. Décidément, il ne veut pas me lâcher. » Je mets quelques secondes à repérer où je suis, puis les images de mon rêve se mettent en ordre dans ma tête. Drôle de rêve. Dans mes souvenirs, ma relation avec Margot ne commençait pas de cette façon. Pourtant, ce rêve m'avait l'air très réel. Tout se mélange ; je ne parviens plus à savoir ce qui s'est vraiment passé ce jour-là.
J'abandonne finalement l'idée d'éclairer ces événements. Ils remontent à trop loin, et ce n'est pas vraiment ce qui m'importe aujourd'hui. Il me faut retrouver cette Émilie. Par où continuer mon enquête ? Chantal m'en a appris un peu plus sur ma nymphette hier soir, mais ça ne m'a pas apporté de piste supplémentaire. Je vais donc tenter de retrouver son appartement. Les vidéos m'ont montré le début du chemin qu'empruntait Émilie quand elle rentrait chez elle en quittant son boulot. Je vais donc suivre ce chemin jusqu'au bout et explorer ensuite la ville. Je retrouverai peut-être l'hôtel d'où j'ai filmé ses ébats avec son fiancé.
Je me mets donc en route. J'atteins L'Interlude et commence à suivre le chemin. Je retrouve la poste, puis la banque pour enfin atteindre la ruelle où elle m'a offert la fellation. C'est à partir de là que je vais explorer.
Cela fait déjà une bonne dizaine de minutes que je tourne en rond pour trouver le chemin qu'elle emprunte quand finalement je me décide à demander des renseignements à une vieille dame.
— Excusez-moi, pourriez-vous m'indiquer s'il y a un hôtel dans le coin ?
— Euh, oui, il y a l'Hôtel Pressman pas loin. Allez tout droit jusqu'au prochain feu rouge. Ce sera ensuite à gauche, puis seconde à droite.
Je repars sans me donner la peine de la remercier. Je suis les indications et j'atteins enfin l'objectif. Un hôtel est bien là, et en face je reconnais la façade de l'immeuble d'Émilie. D'après mes souvenirs de la première vidéo, elle devrait résider au troisième étage. J'entre dans l'immeuble. « Voyons les boîtes aux lettres : G. Quentin, B. Bloizon, C. Denisot, E. Auchere… Ah ! C'est peut-être ça. Appartement 3C, donc au troisième étage. » Je grimpe promptement et nerveusement les escaliers pour me retrouver devant la fameuse porte. Vais-je pouvoir mettre éclairer la zone d'ombre de ma mémoire ? Vais-je enfin retrouver la femme qui m'obsède ? Mon cœur bat la chamade et mes mains tremblent. Je frappe et attends…
Aucune réaction ; on ne m'a peut-être pas entendu. Je frappe plus fort… Toujours rien. « Putain, ce n'est pas possible, il faut qu'elle soit là ! » Je tambourine à la porte. Cette fois, impossible qu'elle ne m'entende pas. J'insiste au cas où. Toujours pas de réponse ; la colère me prend. « Est-elle vraiment absente, ou y a-t-il une autre explication ? Chercherait-elle à m'éviter, par hasard ? Comment la garce oserait me faire ça ? » Je tambourine maintenant comme un dément sur cette porte. Je laisse échapper toute ma frustration accumulée depuis mon réveil. La rage m'est montée à la tête, et mon atroce migraine se réveille. Mon vacarme attire soudain la voisine qui affiche une mine agacée.
— C'est pas bientôt fini, ce boucan ?
— Désolé, réponds-je sur un ton froid, je cherche à joindre Émilie. Habite-t-elle bien ici ?
— Si ça n'répond pas, c'est qu'elle n'est pas là ! grogne-t-elle. C'est pourtant pas compliqué à comprendre.
— Je dois à tout prix la joindre, c'est une urgence. Sauriez-vous où je pourrais la trouver ?
— Euh… se montre-t-elle plus hésitante, il y a plusieurs jours que je n'l'ai pas vue. Elle doit être chez son fiancé.
— Savez-vous où il habite ?
— Non, pas la moindre idée.
— Avez-vous au moins un nom à me donner ?
— Non plus. Je sais seulement qu'il est friqué et plutôt bel homme.
Je m'en retourne, agacé. J'ai retrouvé son appartement, mais la garce n'est pas là et ne s'y est pas présentée récemment. Cette piste ne mène pour l'instant nulle part. Je pourrais essayer de retrouver le fiancé ; mais sans nom et sans adresse, c'est quasiment mission impossible.
Je remonte dans ma voiture pour réfléchir. De là, j'ai une vue sur l'entrée de l'immeuble. « Et si j'attendais un peu ? Avec un peu de chance, Émilie se montrera. »
J'écoute la radio pour me changer les idées. Je zappe les stations – toutes plus inintéressantes les unes que les autres – pour finir par tomber sur une obscure émission où un invité illuminé parle d'apocalypse et d'absolution. Je laisse ce programme sans vraiment l'écouter. Mon mal de crâne continue de se faire ressentir. Je glisse peu à peu dans mes pensées, de plus en plus confuses. Je rêve presque éveillé. Tout se mélange, mon enfance, mes études, ma carrière…
— Matthieu !
Une voix me fait soudain remonter à la surface. Je regarde tout autour de moi, mais il n'y a personne. Ai-je rêvé ? Était-ce mon imagination ou était-ce la radio ? Je ne crois pas : la voix est féminine, et aucune femme n'a l'air d'être à l'antenne. Je ne peux qu'avoir imaginé. Pourtant elle m'a parue si réelle… Je ne sais pas pourquoi, mais une tension nerveuse engourdit mes membres.
Mon cœur fait un bond quand soudain je la vois. Émilie est là, à l'autre bout de la rue en train de s'éloigner de moi en marchant. Je reconnais sa silhouette et ses cheveux noirs. Je sors rapidement du véhicule et hurle son prénom pour attirer son attention, mais la garce ne réagit pas. Je me mets à courir tout en continuant de l'appeler. Arrivé à son niveau, je lui attrape violemment le bras et la fais se retourner.
— Non mais, ça n'va pas ou quoi ! Qu'est-ce qui vous prend ?
Je suis pris de stupeur : ce n'est pas Émilie. À vrai dire, elle n'a même pas les cheveux noirs. Non, elle est blonde ! Comment ai-je pu la confondre avec Émilie ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne comprends plus rien. J'étais pourtant sûr de l'avoir vue.
— Euh… excusez-moi, je vous ai confondue avec quelqu'un d'autre, bredouillé-je.
— Sale cinglé ! peste-t-elle en s'éloignant.
Je retourne lentement vers ma voiture en essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Je suis confus. J'ai l'impression de devenir dingue ! Mais non, je ne suis pas fou : j'avais pourtant bien vu des cheveux noirs !
— Matthieu !
Encore cette voix ! Je me retourne, regarde tout autour de moi pour voir si je reconnais quelqu'un. Les seules personnes qui me scrutent me jettent des regards interrogatifs et perplexes. Un rire – cette même voix – résonne dans ma tête. Elle semble bien réelle, mais visiblement elle ne l'est pas.
Depuis que je me suis réveillé en trouvant mon appartement saccagé, j'ai l'impression de perdre pied. Je dois comprendre pourquoi et éclaircir ce qu'il m'est arrivé avant mon réveil. Il faut que je retrouve Émilie. Elle aura les réponses. J'en ai besoin. Je ferai tout pour la retrouver. En attendant, j'ai besoin de faire une pause et de me changer les idées. Je ne connais qu'une seule solution : je reprends donc la direction de L'Interlude.
Me voilà quelques instants plus tard de retour dans ce bar, assis à la même place que la veille. Comme hier je pose ma mallette, avec la caméra à l'intérieur, sur le bord de la table. Chantal m'aperçoit, me lance un petit sourire et me fait un signe de la main. J'attends quelques secondes avant qu'elle vienne me voir à table.
— Qu'est-ce que je vous sers, Monsieur ? joue-t-elle, rieuse.
— La même chose qu'hier.
— Un café noir sans sucre ; c'est bien ça ?
— Oui, et une fellation.
— Ah… Par contre, pour la fellation, il faudra attendre, Monsieur. Mon service ne finit que dans trois heures.
Elle s'éloigne en souriant et prépare mon café tout en surveillant du regard que j'ai bien mes yeux posés sur elle. Elle revient avec une tasse et me la tend.
— On pourrait aller faire vite fait un tour aux toilettes ? proposé-je. Pourquoi attendre la fin de ton service ?
— Tu es fou ! Si je me fais choper, c'est la porte pour moi.
— Mais c'est maintenant que j'ai besoin de tes services.
— Non, désolée, je ne peux pas. Ce soir, promet-elle.
Je n'insiste pas plus et sirote mon café en observant ses allées et venues à travers la porte réservée au personnel. Il n'y a pas beaucoup de clients aujourd'hui, si bien qu'à part elle, il n'y a que le patron et un autre employé pour faire le service. Le premier est derrière le bar, en pleine discussion avec deux clientes charmantes. Des clients sortent, la salle se vide un peu plus ; l'autre serveur en profite pour faire une pause clope. Le patron est toujours occupé avec ses deux gazelles. J'hésite un peu et pénètre à mon tour par la porte des employés en emportant ma mallette. J'emprunte un petit couloir qui débouche sur une cuisine où je retrouve Chantal occupée avec un peu de vaisselle. Je m'approche doucement d'elle – elle ne m'a pas vu – et lui mets une main au cul. Elle sursaute, se retourne et tente une gifle précipitée. J'évite le coup.
— Oh, c'est toi ? fait-elle, surprise. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es fou ! Si mon patron te surprend ici, il va être furieux.
— Tu sais très bien ce que je suis venu faire.
— Je t'ai dit ce soir, soupire-t-elle. Je risque ma place si on nous surprend.
— Tu pourras toujours jouer la pute à plein temps ; tu sembles être faite pour ça, ironisé-je.
Ce coup-ci, je ne suis pas assez rapide pour éviter la gifle. Elle est violente et me surprend. Je jette un regard noir de colère sur Chantal mais résiste à la tentation de lui rendre son coup. À la place, je lui agrippe le poignet.
— Je ne suis pas une pute, proteste-t-elle.
— Ah oui ? Rappelle-moi pourquoi je t'ai payée hier soir.
— Je veux dire… Je n'ai pas eu le choix, je ne voulais pas. Je veux garder un vrai métier. Lâche-moi s'il-te-plaît et sors d'ici.
— Je ne partirai pas avant d'avoir eu ce que je voulais. Agenouille-toi.
— Pas maintenant… Pas ici… Je ne peux pas.
— Ici et maintenant, insisté-je.
Qu'elle ne vienne pas me faire croire qu'elle n'a pas choisi de faire la pute : je ne l'ai absolument pas forcée, hier soir. Elle hésite, fuit mon regard puis baisse les yeux. Je la sens sur le point de céder. Je me sens fort, je la domine. Elle est à ma merci. Je sors mon sexe de mon pantalon et la force à s'agenouiller. Vaincue, elle ne proteste pas et attrape d'une main hésitante ma virilité fièrement dressée. Je savais que cette coquine ne résisterait pas. Elles sont toutes les mêmes ! J'impose le contact entre mon gland et ses lèvres et ouvre le passage. « Oh oui, comme c'est bon… » Au début incertaine, sa langue gagne en assurance le long de ma tige. Chantal s'est vraiment décidée à me faire jouir, et rapidement semble-t-il. Elle s'applique de son mieux. Je sors ma caméra pour marquer l'instant, comme c'est devenu mon habitude, et la pose sur une table de manière à nous avoir tous les deux dans le cadre. Chantal poursuit la fellation. Je grogne de plaisir. Cette catin sait y faire !
— Relève-toi ! ordonné-je.
Elle m'obéit, surprise. Je l'embrasse. Elle a un mouvement de recul, mais finalement répond à mon baiser. Nos langues s'enroulent. Mes mains ouvrent sa chemise, arrachant presque les boutons. Les voilà maintenant à l'assaut de son soutien-gorge qui ne résiste pas longtemps. Ma bouche vient en renfort à mes mains sur sa poitrine. Malgré elle, Chantal siffle de plaisir. Le désir a envahi chaque parcelle de mon corps. Je ne me contrôle plus. C'est comme si c'était une autre personne aux commandes. Je pousse Chantal sur la table, lui remonte la jupe et lui arrache sa petite culotte de dentelle. Je la pénètre violemment pour combler mon besoin de jouir. Malgré ses réticences de tout à l'heure, ma serveuse est bien humide. Va-t-elle encore prétendre qu'elle n'aime pas jouer les putes ?
Je la besogne de toutes mes forces en poussant des grognements animaux. Chantal retient ses cris au prix de laborieux efforts. Elle semble suffoquer. Son corps ondule sous mes assauts. C'est si beau de voir ce corps réagir à ma virilité qui la pilonne… Les mains fermement agrippées à ses cuisses, je lui assène des coups de boutoir de plus en plus puissants, puisant l'énergie nécessaire au plus profond de moi. Elle lutte pour ne pas hurler ; je souris orgueilleusement. Mon cerveau jouit de posséder cette femme. J'en profite avant de remettre la main sur ma nymphette portée disparue. « Elle aussi je la posséderai, me promets-je, encore et encore ! » Je ne la laisserai pas une seconde fois m'échapper. En attendant, voilà que l'orgasme m'emporte.
Nous remettons de l'ordre à notre tenue et je lui tends une liasse de billets qu'elle prend honteusement. Soudain, des bruits de pas venant du couloir se font entendre. Chantal, paniquée, m'indique de sortir par la fenêtre. Je m'exécute et atterris dans un buisson. Il est temps de rentrer ; il se fait tard.
Je suis dans la petite rue où j'ai reçu la fellation. Je ne me souviens pas comment je suis arrivé là. D'ailleurs je m'en moque. Je me dirige vers la voiture sur laquelle Émilie avait déposé sa culotte. Je suis déçu de ne rien y trouver. Soudain un rire moqueur se fait entendre derrière. Je me retourne, et mon cœur se serre devant la silhouette d'Émilie toute souriante.
— Mais où étais-tu passée ? lui demandé-je.
— Il me poursuit, dit-elle mystérieusement.
— Qui ça ? interrogé-je, surpris.
— T'es vraiment qu'un imbécile, se moque-t-elle.
— Quoi ?
— Attrape-moi ! ordonne-t-elle.
— Je ne comprends rien.
— Attrape-moi, imbécile. Si tu me veux, c'est simple : viens me chercher.
Et elle se met à galoper rapidement. Je me jette à sa poursuite, mais très vite je remarque que quelque chose cloche. Plus je cours, plus je peine. Mes jambes deviennent aussi lourdes que du plomb, et Émilie s'éloigne fatalement. La rage me gagne. Elle va encore m'échapper, et je ne peux rien y faire. Bientôt je ne fais plus que du sur-place. Je hurle de colère. Le rire d'Émilie retentit. Une voix sombre et gutturale, semblant sortir des bâtiments mêmes, lui fait écho. Je me retrouve soudain projeté en arrière et atterris à mon point de départ. Je suis à terre et j'ai du mal à me relever. J'entends des pas arriver.
— Tu me dégoûtes ! lâche la voix d'Émilie. Tu es immonde ! Une bête !
— Ce n'est pas vrai.
— D'après toi, pourquoi crois-tu que j'ai disparu ? Je ne te supportais plus. Tu n'es pas digne de moi. Tu ne mérites pas les cadeaux que je t'ai offerts.
« Non, qu'elle se taise. Elle va me rendre dingue. J'ai besoin d'elle. Ce n'est pas possible. Je ne peux supporter cela. » La rage monte en moi. Je la sens prendre le dessus. Elle envahit chaque cellule de mon corps. Je retrouve la force de me relever et pose un regard noir sur Émilie. Elle semble soudain terrifiée et recule d'un pas. C'est alors que je prends conscience que quelque chose cloche. L'atmosphère a soudain changé. Elle est lourde. La rue est plus sombre. On ne distingue plus les détails. Bientôt, seule Émilie est encore visible. Quelque chose est là ! Je le sens. Une présence malfaisante se terre dans les ténèbres. Tout cela m'est familier. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène.
Soudain, deux bras humanoïdes faits d'ombre s'enroulent autour d'Émilie et la tirent en arrière. Elle pousse un cri de terreur avant de disparaître dans le néant. La panique me gagne. Je me retrouve seul dans l'obscurité. Il est là, prêt à surgir.
— Tu te souviens de qui je suis ? retentit une voix grave venant de tous les côtés à la fois.
Et une main griffue m'attrape le poignet et me tire. Je tente de me débattre, mais il est trop fort. Je ne peux pas lui résister, je suis trop faible. Je hurle et me réveille d'un bond dans mon lit.
« Putain, quel horrible cauchemar ! » J'en suis tout retourné. Mon mal de crâne est toujours là, une nausée l'accompagne. Je me précipite aux toilettes et vomis. « Qu'est-ce que tout ça veut dire ? »