Une si folle envie de tes doigts sur ma peau… Tu sais prendre le temps.

[Chienne]

Je livre mon corps aux violents assauts de monstres incapables d'y voir le privilège. Jusqu'au point de rupture, quand ils oublient que ce n'est qu'un jeu, avec mes règles, et qu'ils ne sont les maîtres de la partie que parce ce que je leur en ai confié le pouvoir. Hors du plateau, je ne suis la chose de personne.
Je ne pleure jamais de les perdre, même les meilleurs. Impuissante à leur faire distinguer en quoi cette abnégation cérébrale et physique particulière – la seule à même de me faire atteindre cette jouissance qui m'obsède – n'est qu'une parallèle, et non un prétexte à l'humiliation dans nos vies d'ici.
Je m'impose alors une parenthèse : interdite de casino ! Le jeu devient toxique ? J'entre dans un cycle nettoyage en profondeur… Tout en douceur.

[Chatte]

Tu sauras m'ouvrir à nouveau aux frissons. Ceux qui rendent cinglée quand, par surprise, ils nous entraînent dans l'incroyable vertige qui justifie, ensuite, la quête perpétuelle pour les frôler encore. J'étais prête à tout pour ça : mentir, tricher, rouler trop vite, payer…
Tu es toujours là, toi. Mon urgentiste ! Sans un mot sur ces mois de silence que tu me sais avoir passés sous un bulldozer qui me laissait ecchymosée. Tu ne diras rien sur la colère que tu perçois encore vibrer sous ma peau. Aucune question. Même si tes gestes expriment que tu voudrais que je reste, tu sais que je retournerai catcher pour ce plaisir d'être mise à terre. Tes caresses me réparent avant de remonter sur le ring.
Parfois, avec toi, je pleure. De plaisir et de reconnaissance.
De rage aussi.
Je retournerai les provoquer et me battre jusqu'à ce qu'ils me cassent.

Là, tes doigts-onguent prennent le temps de lisser mes cicatrices.
Ta bouche-pommade me nettoie des affronts.
Ta peau-cataplasme me ressuscite.
Tu me soulages de mon orgueil masochiste, tu calmes ma dépendance, tu me soulèves d'émotion.
Mon corps fond, et je peux me reposer.
Quand, sous eux, ma peau se fait dure et qu'enfin je cède, épuisée.
Tu sais où je jouis.
Plume contre enclume.
Baisers contre crachats.
Effleurements contre gifles.
Langue contre dents.
Avec toi, fragile.
Petite chose.

Un jour, je refermerai à nouveau notre parenthèse pour redescendre dans la fosse aux lions. M'y trouver un large d'épaules suintant de bestialité et de perversité. Un de ces monstres qui ont ça dans leur ADN.

Avec eux, tu sais, je ne ronronne pas.
J'aboie.