Je m'étais réveillé dans un autre monde, un monde qui n'était pas le mien. Comment avait-ce pu arriver ? Je l'ignorais.

Bien entendu, les première pensées qui me vinrent furent que je devais simplement être en train de rêver. Mais ça semblait trop réel. Et je me souvenais de ma journée – normale – de la veille.
Je m'étais pincé, je m'étais même cogné la tête contre le mur du dortoir, juste après que les autres soient sortis : je n'avais gagné qu'une migraine.
Et il n'y avait rien d'absurde ni de décousu dans ce que je vivais depuis mon réveil. Je ne reconnaissais juste pas les lieux, me demandais ce que je faisais là, et ne comprenais rien. Mais le cours de ces premières heures de la journée défilait selon une certaine logique.

J'étais vêtu d'une toge blanche, immaculée. Et j'avais vu mes compagnons de dortoir, tous vêtus comme moi, se lever lentement, encore à moitié endormis, se diriger vers la sortie. Et sans rien oser demander j'avais fini par faire de même. Il s'étaient dirigés vers des sanitaires rustiques, tout en pierre, et avaient procédé à une rudimentaire ablution. Je les avais donc suivis, et fait de même.

Nous étions sortis ensuite dans la cour, aveuglante de lumière – le soleil renvoyé par le sable du sol – puis rassemblés. Puis avait commencé un appel, après la sonnerie d'un instrument à vent que je n'avais pas reconnu. Chacun avait répondu à l'appel de son nom. Tous sauf moi. Il avait fallu qu'on répète un nom et que des regards se tournent vers moi et que je finisse par oser clamer « présent » (oui, ça devait être moi, ça).

Étrangement, on (dont moi) parlait une langue inconnue. Ou plutôt je ne reconnaissais pas cette langue mais la parlais et la comprenais couramment. Comme si j'étais bilingue.
Ce qui m'avait terriblement surpris également dès que je m'étais assis sur ma couche tout à l'heure, c'était de constater que mon corps… enfin, je ne l'avais pas reconnu : c'était manifestement le corps d'un jeune homme. Et passant devant une glace un peu dépolie dans un couloir, j'avais vu le visage d'un jeune homme brun, aux cheveux abondants et bouclés, aux traits juvéniles qui pouvaient ressembler vaguement à ceux qui avaient été les miens lorsque j'avais vingt-cinq ans. Bizarrement, ça m'avait presque fait plaisir, et presque rassuré.

Que m'était-il arrivé ? J'avais rajeuni de trente ans. Et en même temps ce n'était pas moi, ce n'était pas mon corps. Étais-je mort puis réincarné ? J'avoue que cette pensée me traversa une seconde l'esprit, bien qu'encore embrumé de sommeil. Mais la suite des évènements ne fut pas en faveur de cette thèse. Réincarné dans le passé ? Si ce monde ressemblait à ce que je savais de l'Antiquité, la ressemblance – ou la vraisemblance, devrais-je dire – n'en était que trop approximative.

Après l'appel j'avais suivi le « troupeau ». Nous nous étions retrouvés dans une sorte de réfectoire, coude contre coude, à déjeuner dans le silence. On nous avait servi un bol de brouet qui me rappelait vaguement de la bouillie d'avoine, mais très insipide. Les autres ne me regardaient pas, et ne se regardaient pas non plus. C'était ce que je voyais en jetant des coups d'œil discrets vers mes voisins, qui n'échangeaient jamais non plus un mot entre eux. Leur regard totalement indifférent et placide ne quittait jamais leur écuelle et leurs mains.

À peine eûmes-nous terminé notre sommaire petit-déjeuner que chacun se leva, prit la direction de la sortie, et calmement forma une file indienne qui emmena le groupe à l'extérieur, suivit un chemin jusqu'à un pré voisin et jusqu'à un sentier qui se devinait à peine dans l'herbe rase.

Le jeune homme de tête se mit à trotter à petite allure, immédiatement imité par le suivant puis tous les autres, et nous courûmes légèrement suivant ce sentier.
Toujours en silence, sans un cri, sans un mot.

Après avoir suivi tout le chemin à petites foulées – il s'avéra que nous avions couru pendant au moins vingt bonnes minutes – nous débouchâmes dans une autre cour. Les premiers ralentirent et se mirent à marcher, imités par tous les autres, et la file se dirigea calmement vers un bâtiment de pierre et de torchis grossier. Un homme attendait près d'une ouverture, les bras croisés. Nous en approchant, je pus distinguer qu'il s'agissait d'un homme mûr, entre quarante et cinquante ans, avec une barbe dure. Sans qu'il n'eût à faire un geste, la file passa la porte. Je vis chacun s'asseoir en tailleur sur les nattes qui habillaient le sol. La lumière était douce dans l'immense salle, l'ombre fraîche.

Quand tous se furent assis (il était remarquable que nous nous étions tous disposés à une distance égale, formant de parfaites quinconces juxtaposées) l'homme entra et se plaça dans le faisceau de lumière que laissait passer l'ouverture, les bras croisés. Il était vêtu d'une sorte de toge, mais de couleur rouge et ocre.
Il allait faire une déclaration, et cela s'avérait solennel :

— Patriciens, déclama-t-il, voici le grand jour pour vous : vous voilà au terme de la sélection. Puisque vous avez ces derniers jours démontré votre aptitude physique et la santé de vos corps et de vos esprits, vous allez ce matin passer l'étape de l'ultime vérification, qui est la dernière formalité juste avant le Choix qui, comme vous le savez, aura lieu ce soir.

Je ne saisissais pas vraiment le sens de son discours, ayant l'impression d'avoir raté les premiers chapitres (ce qui, sans aucun doute, devait être le cas) ; mais en même temps j'avais la conviction que mes compagnons n'avaient pas dû recevoir de longues explications. Mais dans ce monde-là il ne semblait pas d'usage de poser des questions. Savaient-ils même ce pour quoi ils étaient là ? Peut-être – sans doute, même – avaient-ils été briefés par leurs familles avant de se retrouver ici. Mais moi je n'avais aucun souvenir.

Le discours fut bref, et suivi d'aucun dialogue. L'orateur ne demanda pas, comme il est d'usage dans le monde où j'ai vécu, si quelqu'un souhaitait poser une question ou dire quelque chose. Il s'éclipsa très vite. J'avais observé d'un regard en coin mes compagnons pour tenter de discerner s'ils l'avaient écouté avec attention tout au long de son allocution ; aucun n'avait montré trace d'une émotion, quelle qu'elle fût : leur expression était restée tout à fait indifférente, et leur visage totalement inexpressif.

Tous s'étaient donc levés calmement et étaient sortis dans le silence et l'ordre le plus parfait, et avaient formé à nouveau une file indienne. Puis nous avions marché dans cette cour le plus naturellement du monde, en suivant une direction manifestement bien connue d'eux, jusqu'à l'ouverture d'un bâtiment masquée par une grande tenture blanche.
Là, le premier de la file s'était arrêté, comme tous les autres derrière.

La tenture se souleva et les quatre jeunes hommes de tête entrèrent. Les autres attendirent.
J'étais admiratif, quoique un peu sidéré par la patience de mes compagnons. L'attente était longue entre le moment où chaque groupe suivant de quatre entrait après avoir laissé sortir le groupe précédant, et le moment où c'était leur tour de sortir. Personne ne parlait. Ils se conformaient à une stoïque immobilité, à peine distraite par les bruits environnants, le souffle du vent, le chant des oiseaux et le bruit des cigales, et n'échangeaient aucune parole. Personne d'ailleurs ne prononçait un mot, même pour lui-même.
Je suivais totalement cet exemple, ne sachant pas s'il s'agissait d'une règle, d'un vœu de silence qui avait été prononcé avant que je me réveille dans ce groupe étrange, d'un ordre… ou même s'ils étaient muets ! J'apprendrai bientôt que non.

Quand ce fut le tour de mon groupe de quatre, j'entrai avec les trois autres. Nous avançâmes dans un vestibule pour finalement déboucher sur une assez grande salle. Là, une femme nous accueillit avec un bon sourire ; derrière elle, trois autres femmes attendaient. Disposés approximativement aux quatre coins de la salle, des sortes de lit d'examen couverts d'un drap blanc.

La première matrone, à la maturité souriante, prit le premier de nous par la main et le guida jusqu'à l'une des couches. Les trois autres nous firent signe ; sans réfléchir et sans choisir, nous obéîmes à leur invitation. Je me retrouvai devant une grosse matrone blonde aux cheveux longs et bouclés qui, selon mon expérience – du moins, du monde où j'avais vécu – devait approcher la cinquantaine.

Elle me prit les poignets et me parla d'une voix douce et caressante, sans jamais se départir de son sourire léger et sincère. Puis, alors que je ne m'y attendais pas, avec un naturel incroyable elle souleva ma toge. Je fus un peu honteux de constater que je bandais déjà. Elle me palpa les bourses, les malaxa doucement, puis avec un « hum… » de contentement et un sourire satisfait elle empauma la hampe de ma verge et me la pressa doucement. Cette sensation était exquise, et dans ce corps de jeune homme je retrouvais l'émotion et l'impression que j'avais ressenties lors de mes premières expériences sexuelles.

Je sentais déjà le plaisir monter bien malgré moi, et la piteuse et honteuse sensation que je n'allais pas pouvoir me retenir longtemps, d'autant que la vue de son poignet large et potelé, ainsi que des formes épanouies de son corps mûr que je devinais sous sa toge produisaient sur moi un effet puissant. Redevenu par je ne sais quel prodige un jeune puceau dans un monde inconnu, mon corps allait me trahir comme à mes débuts.

Cependant ma matrone lâcha mon membre et se mit à examiner le gland tout gonflé d'un œil attentif. Elle le pressa légèrement et en fit sourdre le liquide séminal translucide qui coulait en abondance. Elle en prit quelques gouttes entre pouce et index, en apprécia la filance, regarda le mince filet de près, les yeux froncés… puis porta ses doigts à ses lèvres et le goûta comme une liqueur rare. Je compris vite qu'il ne s'agissait pas ici de me faire perdre ma prétendue virginité mais de se livrer à un examen attentif du jeune mâle et de ce qu'il produisait.

La grosse femme mûre qui me manipulait n'était pas une péripatéticienne ; c'était une experte, certes, mais elle semblait plutôt experte dans le fonctionnement sexuel de l'homme et de sa physiologie.

À quoi étions-nous destinés ? Je commençais à me poser la question. Mais pour l'heure, entre ses doigts, l'émotion qu'elle provoquait –  même si le but de ses manœuvres avait l'air vaguement scientifique (ou artistique : que savais-je de ce monde ?) m'empêchait de réfléchir et était bien trop forte pour que je garde la tête froide. Toujours est-il que cette dame était suffisamment experte pour savoir comment faire pour que je ne parte pas trop vite, même si cela semblait être fait par pur calcul.

Ainsi, toujours avec un bon sourire bienveillant, elle se remit à me branler lentement. Sa main était douce, et son effet terrible. Or, à deux ou trois reprises, sachant exactement quand le moment fatidique allait être atteint, elle me serra très fortement la base de la verge d'une pogne énergique et sans appel. J'en fus pétrifié. La sensation était quelque peu violente et désagréable – mon visage devait être congestionné – mais elle me regarda avec encore plus de douceur, me souriant tendrement, me caressa la joue avec sa main libre.

Elle attendit une bonne demi-minute avant de desserrer son étreinte puis elle s'accroupit – bien plus souple que je ne l'avais pensé – et me prit en bouche. La caresse buccale était douce, chaude, moelleuse. Sa bouche était soyeuse, mais cela me fit moins d'effet que sa main, comme si elle était plus habile de ses doigts.

Elle remonta, reprit délicatement mon membre en main ; son visage était tellement près du mien que je sentais son haleine. Ses yeux bleus, tendres, étaient dans les miens. Je ne réfléchis pas, et sans avoir peur d'être repoussé je pris ses lèvres dans ma bouche qui fondit sur la sienne. Je happai sa langue et la suçai lentement. Loin de me repousser, au contraire elle se pâma devant cette caresse osée.

Je sentis mon plaisir monter très vite, mais je ne sus pas comment elle le sut elle aussi : elle se mit à nouveau à me serrer puissamment la base de la verge. La sensation était moins douloureuse ; peut-être que je m'habituais, peut-être étais-je en train de m'endurcir ?
Après avoir décollé sa bouche de la mienne elle me murmura :

— Tu vois, c'est mieux, tu vas y arriver…

Autour de moi j'entendais les gémissements de mes compagnons, leurs cris étouffés. Je n'avais aucune envie de les regarder, mais rien qu'à les entendre je comprenais que pareil traitement leur était infligé. Elle se livra à ce manège à plusieurs reprises de façon rapprochée. Chaque fois je prenais sa bouche, l'embrassais avec gourmandise. Elle avait l'air d'apprécier. Étais-je le seul jeune qui aimait ça, qui prenait plaisir à galocher sans retenue une grosse matrone ? Étais-je le premier sur qui elle tombait ? Pourtant, rien n'avait l'air de la surprendre.

J'étais de plus en plus excité. La bretelle de sa toge ayant glissé, mes yeux étaient hypnotisés par la vue d'une épaule ronde et laiteuse ; j'eus envie de la mordre mais je m'abstins. Je me contentai d'y poser ma bouche, de goûter sa peau, d'y presser légèrement mes dents, mais enhardi par le tissu qui bâillait je le descendis et mis à l'air un sein d'albâtre, volumineux et globuleux, et en gobai la large aréole rose et le téton tout entier que je me mis à sucer avidement. Ma main droite s'était glissée derrière son large postérieur pour palper, peloter sa grosse fesse.

J'étais super excité ! J'avais envie de lui bouffer son gros nichon, de l'aspirer et de l'avaler tout entier ; cela devait l'amuser car elle me caressait en me pressant légèrement la nuque de sa main gauche, comme pour me bercer, me murmurant des mots incompréhensibles, chantonnant presque tandis que sa main droite, sans mollir, sans faiblir, accomplissait son œuvre. Elle effectuait de temps à autre des pressions plus fortes sur la base de ma verge ; on aurait dit une rééducation sexuelle, ou plutôt une éducation : n'étais-je pas à nouveau un jeunot ?

Je lâchai son mamelon. Elle regarda en face mon visage congestionné, au bord de l'apoplexie, et elle eut un sourire entendu, un peu carnassier, un sourire de victoire. Était-elle heureuse de me faire autant d'effet ? Vu notre jeune âge, je ne devais pas être le seul… Était-elle fière de me mener là où elle voulait, au rythme qu'elle voulait ? Bref, de me contrôler, et par là, d'être fière de son savoir-faire inégalable ?

Elle s'accroupit à nouveau, frotta le bout de ma queue raide sur son gros robert, puis me prit en bouche, me suça sans retenue (elle avait déjà compris que cette caresse ne serait pas celle qui me ferait venir, aussi je supposai qu'elle le fit par pur plaisir : le mien… ou le sien ?).
Enfin elle prit une petite jatte en terre cuite, peu évasée, et la maintint dans sa main gauche, prête à recevoir l'offrande. Sa main droite finit de m'astiquer le manche et je partis en ne retenant pas mes cris, mes rugissements, mes râles de désespéré. Tous les jets atterrirent dans la jatte.

Satisfaite, elle la posa sur la couche (cette couche n'avait servi pendant toute l'opération qu'à ce qu'elle y appuie ses reins car nous étions restés debout durant tout l'exercice) puis, pliant les genoux à nouveau, elle reprit la chose en bouche pour me nettoyer en recueillant longuement et jusqu'à la dernière goutte ma semence qu'elle avala. La caresse était délicieuse, et même si ma muqueuse était encore en feu et à fleur de peau, je me sentais encore en forme et plein de désir.

Je me surpris moi-même par ma hardiesse, mais avant d'avoir pu réfléchir et me demander si c'était autorisé, j'avais passé ma main sous sa toge, et riche de mon expérience de ma vie passée (la seule dont je me souvenais) j'avais immédiatement trouvé sa fourche et mes deux plus longs doigts s'étaient immiscés entre les lèvres… que je trouvai dans un état d'humidité avancé. La dame écarquilla les yeux, stupéfaite : manifestement, les jeunes hommes ne devaient pas montrer autant d'audace ni de précision dans leurs gestes pour trouver leur but !

Avant même qu'elle n'eût le temps de retirer ma main j'étais déjà en train d'admirer mes deux doigts gluants de sève que je portai à ma bouche pour les sucer avec un air entendu en la regardant bien droit dans les yeux. Son expression atterrée fit place à un sourire coquin, mais gentiment elle me mena vers la sortie et j'eus juste le temps d'entendre qu'elle me murmurait d'une voix douce et bienveillante une phrase que je ne retins pas mais qui disait plus ou moins « Sois sage, garde tes forces pour ce soir. »

Je sortis avec mes compagnons, et calmement nous nous dirigeâmes vers un endroit ombragé qui ressemblait à un parc relativement verdoyant et parsemé de grands arbres. Ceux qui étaient passés avant nous par la même phase de test étaient là, qui assis, qui à demi couchés dans l'herbe, et se délassaient.
L'air chaud et une douce petite brise nous alanguissaient. Personne, comme d'habitude, ne parlait.

Vers midi (du moins, à un moment que j'estimai à peu près vers cette heure-là) et alors que tous les jeunes hommes semblaient ici désormais rassemblés, tous se levèrent et se mirent à marcher. Nous nous suivîmes et arrivâmes dans le grand réfectoire pour (d'après ce que je compris) le déjeuner. On nous donna des coupes et nous nous servîmes une boisson qui sentait les épices. Je portai la coupe à mes lèvres ; le breuvage avait la couleur du vin, mais son goût était sucré et acide à la fois : une saveur de citron, de miel, de cannelle, pour ce que je pus reconnaître. C'était un peu écœurant, comme un Madère ou un Porto sucré, mais passée la surprise on s'y habituait, et c'était presque agréable. Mes compagnons burent de nombreuses coupes.

Des musiciens firent leur entrée et se mirent à jouer d'instruments étranges, à vent, très sonores, qui faisaient un boucan d'enfer ; des trompes, des olifants ? Les jeunes hommes se laissaient emporter par le son, tanguaient, oscillaient sur place, braillant je ne sais quoi, grimaçant. Je ne pouvais dire s'ils étaient joyeux : ils faisaient comme s'ils répondaient à un ordre, suivaient un rituel. On aurait dit une transe mécanique, un happening très ordonné. Ils restaient assis, gigotaient, battaient l'air de leurs bras, clamant des paroles incompréhensibles, mais on ne peut pas dire que c'était l'allégresse ou un besoin de se défouler qui les poussait à agir ainsi ; on aurait dit qu'ils y était poussés comme par une houle. Je les trouvai bien étranges, en vérité.

Cependant, je me rendis compte au bout de quelques minutes que je faisais de même, sans l'avoir voulu, non par mimétisme, mais comme si mon corps et mes cordes vocales agissaient par eux-mêmes. Puis le rythme de la musique diminua ; elle devint plus lente, plus languissante. Les garçons semblaient se calmer, les cruches de terre cuite étaient vides.
Quand la musique s'arrêta, mes compagnons se levèrent l'un après l'autre, un peu lourdement, et se dirigèrent vers la sortie.

La tête me tournait un peu, je sentais mal le sol sous mes pieds, mais je les suivis et nous retournâmes dans le parc ; on y avait placé des couches, simples, blanches, à même le sol, comme posées sur l'herbe. Chacun en choisit une, plutôt au hasard. Je fis de même, m'y allongeai et m'assoupis assez vite.

Contrairement à mes siestes habituelles, mon sommeil fut habité d'images mouvantes et troublantes. Impossible de me souvenir exactement avec précision de ces rêves, mais je me souvenais de nymphes – ou de vestales – qui se mettaient à nu et offraient avec lascivité leur corps à mes désirs, corps que je prenais sans vergogne, sans aucun scrupule ni retenue.

Quand j'ouvris les yeux, l'après-midi semblait toucher à sa fin. La plupart de mes camarades était assis sur leur couche, avec un air embrumé tout comme moi.

Au bout d'une demi-heure un homme vêtu comme celui du matin apparut. Il était plus jeune, plus athlétique. Il nous demanda de nous lever et attendait, debout, les bras croisés. Tous se levèrent assez vite, puis il partit à petites foulées et nous le suivîmes au même rythme, dans l'ordre et la discipline. Il accélérait, nous accélérions. Il freinait, nous freinions. Il finit par ralentir et marcher alors que nous arrivions sur une grande esplanade pour débuter un parcours d'obstacles. « Mens sana in corpore sano… » ne pus-je m'empêcher de penser.

Je ne m'étonnais même pas d'avoir l'esprit aussi clair et le corps si vif après une lourde sieste. Les épreuves qui se succédaient me semblèrent physiques mais aucunement pénibles. Quand j'eus terminé tout le parcours j'étais à peine essoufflé. Je me dis que mon jeune corps devait arriver au bout d'un long entraînement qu'il avait suivi des mois avant, alors que je ne l'habitais pas (du moins, ce n'était pas moi).

Qu'est-ce qui nous attendait ? Je me mis à craindre que nous eussions été entraînés pour la guerre, mais je me raisonnai et me dis que depuis ce matin nous n'avions eu aucun maniement d'armes, aucun exercice de lutte, aucune compétition. Je me rappelai le discours de l'homme, le matin même : il évoquait une sélection. Mais une sélection en vue de quoi ?

Après un retour au calme et une longue marche nous étions de retour aux bâtiments. On nous fit entrer dans une grande salle et – oh, surprise ! – elle était pompeusement décorée, ce qui contrastait avec l'austérité des pièces que j'avais connues depuis le matin. Des tentures et des fresques ornaient les murs où je crus reconnaître des représentations de minotaures, de centaures, des peintures taurines. Les tentures se distinguaient par leurs teintes sombres où se mêlaient la pourpre et le brun. Sur les murs, des vaisseaux voguaient sur les flots simplement représentés. Dans les coins, des scènes d'intérieur me firent penser aux fresques de Pompéi où de jolies femmes semblaient accueillir les visiteurs.

On nous fit asseoir à une véritable table de banquet. Des musiciens interprétèrent des mélopées plus languissantes qu'au déjeuner, dont l'intensité sonore était heureusement moins élevée. Des serviteurs nous apportèrent des mets et nous servirent une boisson légèrement alcoolisée. Prudemment, je préférai en boire modérément, redoutant les effets de ce nouveau breuvage qui fleurait bon les plantes aromatiques, d'autant que je vis certains de mes compagnons s'agiter en fin de repas et avoir des gestes plus brutaux, comme si les substances ingérées leur avaient apporté euphorie et donné un sentiment de puissance et d'invulnérabilité. L'arrogance de la jeunesse et la virilité brute dans toute sa splendeur.

Je m'attendais presque à voir se produire des danseurs, des acrobates, des fous ; mais non, quand même pas. Nous n'étions pas des rois. J'avais trop vu de films, il me fallait redescendre sur terre.

Le dîner s'étira un peu en longueur, et au fur et à mesure on ressentait une atmosphère survoltée, les esprits s'échauffaient. Mes jeunes compagnons gigotaient, gesticulaient, criaient, mais aucun de leur propos n'était construit ni n'avait de sens ; ils n'exprimaient en tout cas aucune phrase sensée.

J'étais en train de me demander si c'étaient des drogues qu'on leur avait fait absorber qui les avaient rendus ainsi ou s'il ne leur manquait pas une case (en somme, si l'on n'avait pas fait une sélection de jeunes hommes beaux, sveltes, athlétiques, mais cons comme des valises) quand je fus brutalement interrompu dans ma réflexion : une demi-douzaine d'hommes s'étaient soudain positionnés face à nous et sonnaient de concert une sorte de cor, ce qui produisit un bruit assourdissant. L'effet (probablement recherché) fut immédiat : tous se turent. Un homme clama d'une voix de stentor que le moment était venu.

Tous se levèrent ; je fis de même. On nous mena en file indienne à travers la bâtisse jusqu'à une large porte à deux battants. Mes compagnons semblaient savoir ce qui nous attendait, car non seulement ils n'étaient pas surpris, mais beaucoup affichaient un sourire satisfait, voire se frottaient les mains.

Toujours sans un mot on nous ouvrit la porte, et nous nous déversâmes dans une grande et somptueuse salle. Là se tenait un groupe de jeunes filles debout, qui affichaient au mieux un sourire crispé, au pire un air anxieux. Il n'y eut aucun mot de prononcé, aucune explication, mais les jeunes hommes s'avancèrent lentement mais sûrement, l'œil pétillant, le sourire carnassier, et en un rien de temps ils avaient tous choisi une fille et lui avaient pris la main. Il ne restait plus que deux jeunes femmes et, à côté de moi, le dernier de mes compagnons encore seul affichait une sale grimace, un air quasi dégoûté, et semblait hésiter, renâcler.

L'une des deux jeunes filles avait une longue chevelure brune ; plutôt élancée, elle arborait un visage mince assez typé, et regardait ses pieds. L'autre était une petite jeune fille très ronde, blonde, au visage rubicond, qui nous regardait avec des yeux humides, visiblement en proie à une anxiété prégnante et une émotion non feinte mais indéfinissable. Sans hésiter je fis deux pas vers elle, lui pris la main et lui adressai un bon sourire qui se voulait rassurant. Elle me rendit mon sourire, légèrement, dans une mimique où la crainte n'avait pas disparu.

J'entendis mon dernier compagnon pester, exprimer sa mauvaise humeur, hésiter, semblant prêt à partir, mais je vis qu'on le poussait avec un pilum pointu et qu'un autre homme (que je jugeai être un garde) avait dégainé une courte épée. Il fit donc un pas en avant et s'accrocha à la jeune brune. Je compris par la suite que s'il n'avait pas obtempéré, un funeste sort lui serait tombé dessus, de même que sur la jeune brune.

Je suivis le groupe, main dans la main avec ma jeune fille, et nous arrivâmes dans un grand atrium. Chaque couple se dirigeait sans hâte vers l'une des portes qui donnait sur les côtés de cette cour intérieure, s'y engouffrer, puis refermer la porte. Je fis de même, sans vraiment choisir notre porte. Nous entrâmes tous les deux. La pièce était vaste, sans fenêtre. Une torche y brûlait. Seule une couche basse et large ainsi qu'une sorte de petit meuble occupaient le grand espace.
Je restai quelques secondes interdit. J'entendis derrière nous un souffle, des pas. L'une des matrones rencontrées ce matin était là. Elle s'adressa à moi :

— Avez-vous besoin d'aide ? Si vous le souhaitez je suis là pour ça : je peux vous assister et même rester tout le temps…

Je tournai la tête vers ma compagne ; elle me fixa avec un air terrifié. Je compris qu'il ne fallait pas accepter.

— Non merci. Cela va très bien aller. Je n'ai aucun besoin, m'entendis-je répondre avec un sourire ferme et convenu.

Elle n'insista pas, sortit et referma les portes.
Je me tournai vers ma compagne :

— Comment t'appelles-tu ?
— On… Ondine. Mais, mais, je t'en prie, je t'en supplie ! Je ne veux pas être enceinte ! Il ne faut pas le faire… !
— Attends, calme-toi. Viens là, allons nous asseoir sur la couche, tu vas m'expliquer.
— J'ai très peur, me dit-elle en me suivant et s'asseyant à mes côtés. Tu ne sais pas ce qui m'attend. Près de la moitié des femmes meurt en mettant leur enfant au monde. Et dans d'atroces souffrances. On essaie de nous le cacher mais je le sais. Je t'en supplie, je ne veux pas mourir !
— Chut, lui dis-je en posant mon doigt sur sa bouche, si ça se trouve ils écoutent derrière la porte. Parlons bas. C'est tout ce qu'ils veulent, que tu tombes enceinte ?
— Mais bien sûr. Tu n'es pas au courant ? chuchota-t-elle.
— Si, fis-je comme si on me l'avait expliqué alors que je venais juste de le comprendre. Mais si on ne fait rien, vont-ils le savoir ?
— Mais oui, c'est ça le problème, gémit-elle…
— Comment ?
— Déjà ils verront que je suis toujours vierge…
— Parce que tu l'es ?!
— Bien évidement, répondit-elle, presque indignée.
— Et puis ?
— Et puis… ils vérifient auprès du garçon.
— Tu es sûre ? Et comment peuvent-ils vérifier ?
— Tu ne le sais pas ?
— On ne nous dit pas tout, à nous, les garçons. Comme on ne doit pas tout vous dire à vous, les filles.
— Ils… enfin, elles… On m'a dit qu'en sortant elles vous « purgent » pour voir si vous avez encore de la…
— Semence ?
— Oui. On dit de la liqueur.
— Mais il y en a toujours. Enfin, il en reste toujours un peu.
— Je crois qu'ils, enfin elles, mesurent ce qui reste. Et le temps que vous mettez… à… à l'émettre.
— Je vois, répondis-je avec une grimace. Bon, eh bien il y a des solutions…
— Mais comment ?!
— Il suffit de ne pas mettre ma… liqueur là ou il faut.
— Mais il ne faut pas qu'ils la trouvent, sinon ils s'apercevront de la supercherie. Et là on risque la mort !
— Bigre ! Je vois qu'ils ne plaisantent pas… dis-je en commençant à m'apercevoir du traquenard.
— Oui… Mais alors où la mettre ? Ça ne pourra être qu'en moi, et quel que soit l'endroit je serai enceinte… Et je ne veux pas !
— Ne t'inquiète pas : il y a des solutions.
— Tu crois ? Sais-tu des choses que je ne sais pas ?
— De tout évidence, ma belle…
— Mais si je ne tombe pas enceinte – même si ça nous laisse quelques semaines de répit – ils sauront qu'on ne l'a pas fait, et nous serons châtiés de la même façon !
— Ça ne marche pas à tous les coups, tu sais…
— Tu crois ?
— Du moins, pas toujours dès la première fois.

Ce disant, je réfléchissais que si ça ne fonctionnait pas la première ou la seconde fois, ils nous imposeraient probablement une matrone pour vérifier que nous agissions comme il fallait ; mais ça nous laissait un peu de répit.

— Allez, ne t'inquiète pas, nous allons trouver une solution.

Là-dessus je l'invitai à se déshabiller, ce qui fut vite fait : elle ôta sa toge par le haut, et ne portait rien en dessous, bien entendu. Je fis de même.

Elle avait un corps tout en rondeurs, avec de jolis bourrelets au ventre et aux hanches, des bras pleins, ses seins tout ronds et bien gros aux jolis mamelons roses. Je me mis à bander comme un malade ! Je la pris dans mes bras, et tout en la caressant je pris sa bouche et la gratifiai d'un baiser langoureux et passionné. Mon jeune corps me trahissait : je me retrouvai des années en arrière dans la verdeur de ma puberté, dans ma vraie vie, à une époque où ce type de stimulation m'aurait fait partir en un rien de temps, si je n'avais pas été puceau jusqu'à vingt ans passés.

Je commençais à comprendre le pourquoi de la séance avec la matrone : si m'avoir fait décharger n'avait pas fait ralentir au soir la montée du plaisir – du moins pas suffisamment – je savais comment arrêter l'explosion finale et me contrôler. Sans ces séances, j'étais certain que les trois quarts de ces puceaux qui étaient mes jeunes compagnons auraient déchargé sur la couche dès qu'ils auraient vu et touché le corps nubile et tout neuf de leur jeune compagne.

Je demandai à ma jeune vierge de se coucher à demi (comme le faisaient les Romains pour manger) et j'approchai de sa bouche ma verge tendue et gonflée.

— Écoute, lui chuchotai-je, il n'y pas trente-six solutions : tu vas sucer mon membre, et quand ma liqueur se déversera dans ta bouche tu avaleras tout. Comme ça, aucun risque. On ne la trouvera pas ailleurs et tu ne tomberas pas enceinte.
— Mais si ! protesta-t-elle, elle sera quand même en moi !
— Aucun risque, répondis-je avec assurance, m'amusant qu'elle ne s'inquiète pas du goût de ma semence.
— Mais tu es sûr… ? On m'a dit, on m'a affirmé…
— On t'a raconté des bêtises, crois-moi, la coupai-je.
— Tu es bien sûr de toi. Comment sais-tu toutes ces choses ? Tu sembles bien savant…
— Oui, je sais plein de choses. Je ne peux pas te dire d'où je les sais. Fais-moi juste confiance.
— D'accord, me répondit-elle, convaincue mais avec une voix toujours inquiète.

J'avançai mon gland vers sa bouche et elle le prit entre ses lèvres, commença à le sucer lentement. Je caressais sa tête et ses cheveux d'une main, de l'autre ses seins appétissants, son ventre, ses cuisses, descendant vers son abricot. Je pris sa nuque, lui montrant que je souhaitais qu'elle fasse des va-et-vient plus amples et lui fis écarter ses cuisses replètes. Mes doigts s'insinuèrent entre ses lèvres vulvaires et trouvèrent une fleur gonflée et trempée !
Tout ceci – la vue de son corps magnifique, son abricot juteux, et la caresse satinée de la muqueuse de ses joues et de sa langue sur mon membre viril – eut raison de moi : je sentis mon plaisir monter irrépressiblement et je me répandis dans sa bouche.
C'est dans un soupir que je lui enjoignis :

— Avale. Avale tout, surtout ; n'en laisse pas une goutte.

Je la vis déglutir péniblement avec une petite grimace. Quand elle eut fini elle murmura :

— C'est pas très bon. Sucré, mais… c'est un peu âcre.
— Désolé…

Je repris un peu mes esprits.

— Bon, on va s'occuper de ta virginité maintenant. Place-toi au milieu de la couche.

Elle obtempéra sans discuter, d'autant qu'au vu de l'état de sa vulve, son corps pulpeux semblait habité d'un désir non feint et incontrôlable.

Je lui fis écarter ses cuisses grasses, et sous une toute petite toison blonde, ses lèvres charnues m'offraient une vue des plus appétissantes. Je commençai par lécher tout le pourtour de cette fleur jusqu'à approcher ma langue au plus près de l'orée de sa chatte et du bourgeon terriblement gonflé. Elle ne me posa pas de questions sur le but que je poursuivais car, premièrement, elle me faisait maintenant tout à fait confiance, et deuxièmement mes caresses buccales semblaient lui procurer un plaisir inédit. Quant à moi, premièrement je ne pouvais résister à une aussi belle chatte (dont le goût capiteux de citron et de miel m'enchantait) ; deuxièmement, je me disais que la déflorer à l'acmé de son plaisir lui serait certainement moins douloureux (je me souvenais que de toutes les femmes que j'avais aimées, quasiment aucune n'avait vécu sa première fois comme une partie de plaisir, à cause de la douleur ; le contraire était un fantasme de mecs, même en comptant sur quelques rares filles masochistes).

Je me mis à la lécher de plus en plus vite. Je sentais les ondes du plaisir monter en elle ; son bassin ondulait de plus en lus fort : ses orgasmes commençaient à arriver, jusqu'au premier cri, violent, aigu. Je dus lui conseiller :

— Fais moins de bruit : tu n'es pas censée avoir du plaisir, et j'ai peur que la matrone débarque et « corrige » notre pratique.

Elle ne répondit pas mais se mordit la main, puis enfouit le linge de la couche dans sa bouche afin d'étouffer ses cris et gémissements de jouissance.

Je commençai à introduire un index en elle, sentis (pour la première fois) les membranes de son hymen qui faisaient comme une corolle interne, puis j'introduisis un deuxième doigt. Mes index et majeur étaient cette fois enserrés dans l'anneau de chair. Alors, avant d'y placer un troisième, je me mis à la lécher comme un forcené ; je pris entre mes lèvres son bouton de rose (dur et tendu comme jamais je n'en avais senti) et me mis à l'aspirer, le sucer, le téter, et lorsque qu'elle se mit à donner des coups de reins violents, au summum de son plaisir, j'introduisis mon annulaire. J'eus à peine à l'enfoncer : elle se déflora sur mes trois doigts joints d'un vigoureux coup de reins. Elle poussa un cri étouffé, et je ne sus pas si c'était de douleur ou de jouissance.

Je retirai mes doigts sanguinolents (ce qui n'était pas gagné, certaines filles ne saignent même pas) et les essuyai ostensiblement dans les linges de la couche, laissant ainsi une preuve que la mission était (à demi) accomplie.

Ondine commençait à se calmer. Et moi je m'aperçus que, de nouveau, je bandais comme un cerf !

— Bon, lui dis-je en lui montrant mon vit à nouveau raide, je pense que j'ai encore de la réserve. Il va falloir que tu me… « purges » encore. Sinon, surtout si tu ne tombes pas enceinte et que j'ai encore de la « liqueur » en sortant d'ici, ils vont penser que je ne t'ai pas bien ensemencée.
— Oh non… me dit-elle d'un air un peu écœuré, je ne pourrai pas…
— Il va bien falloir, pourtant. Sinon, on va courir un risque. Enfin, d'après ce que tu m'as dit…
— Oui, d'accord… bon.

Elle se mit à quatre pattes, et alors que j'étais à genoux sur la couche, elle me prit en bouche et fit des va-et-vient rapides en me suçant. Cette fois, pour moi, ça ne venait pas ; c'était long à monter, et elle commençait à avoir des haut-le-cœur.
Elle cessa, me regarda, et gémit :

— Ça ne marche pas… Je n'y arriverai pas.
— Oui, je vois bien. On peut courir le risque, peut-être…
— Non, ils sauront. Ils savent s'y prendre. Ils nous demanderont de recommencer dès demain.
— D'accord. Bon, je vois bien une autre solution…
— Oui ?
— Mets-toi sur le ventre.

Elle fit comme je le lui demandais. Je lui plaçai des coussins sous le ventre. Merveilleusement cambrée, elle me présentait une croupe épanouie, des fesses larges et magnifiquement rondes et volumineuses. Je me mis à caresser et lécher ces fesses. Ma langue descendit dans son sillon, se mit à flécher son petit anneau froncé qui avait un goût de noix et d'épices, puis descendit à sa vulve. Elle réagit, soupira, émettant des sons languissants de plaisir.

Elle mouillait en abondance ; la cyprine inondait mon nez et ma bouche. J'en recueillis le plus possible, l'étalai sur sa rosette sombre, en enduisis la hampe de mon membre. Je léchai encore sa fleur, ses lèvres, son bouton. Elle appréciait, se pâmait. Je résistai à l'envie d'introduire ma queue dans sa chatte, même quelques secondes, sachant que le liquide séminal peut contenir des bébêtes (surtout après une première éjaculation) : ça aurait été trop bête de foutre en l'air tous nos efforts.

J'introduisis doucement le bout de mon index dans son petit trou qui palpita, se referma sur mon doigt en le serrant. Je le ressortis, remis de sa mouille, fis quelques va-et-vient, avec un, puis un deuxième doigt. Elle gémissait. Je me mis au-dessus d'elle et lui dis pour la rassurer :

— Par là non plus il n'y a aucun risque. Tu ne seras pas enceinte. Je vais t'envoyer toute ma réserve bien au fond de toi. Et tu la garderas le temps qu'il faut.
— D'accord… Oui, mais doucement.
— Bien sûr, ma belle. On va aller très doucement.

Je fis glisser en quelques aller et venues mon gland dans son sillon fessier puis je l'appuyai contre sa rosette. Je la sentis se crisper. Je lui conseillai :

— Détends-toi, relâche-toi.

J'appuyai tout doucement et m'enfonçai lentement. Je sentis son petit anneau tout neuf avoir un spasme. Elle se mit à haleter. Elle était serrée et brûlante. Je ressortis, remis de sa cyprine sur mon vit et repartis lentement à l'assaut de son petit trou. Lentement, je l'enfonçai jusqu'à la garde. La jeune femelle poussa un long soupir crispé.

Après quelques va-et-vient je recommençai la même manœuvre à plusieurs reprises car je trouvais qu'il n'était pas agréable pour l'un ni pour l'autre de ne pas bien glisser dans ce canal étroit. Quand je trouvai que ça coulissait de façon fluide et voluptueuse, je me mis à faire de longs et lents va-et-vient réguliers. Je passai mes mains sous elle, empoignai ses gros nichons moelleux et si fermes, et tout en les pelotant avidement je me mis à la besogner de plus en plus fort.

Elle se mit à haleter, puis à geindre, et enfin à pousser des petits cris d'intensité croissante à chaque fois que j'arrivais en butée dans son cul. Elle me faisait un effet bœuf ! Je sentais monter mon plaisir lentement mais inexorablement. Finalement, c'est comme un damné et sous ses beuglements aigus et impudiques que je la pilonnai jusqu'à sentir une douleur brûlante monter du fond de mes couilles puis passer dans ma queue, et c'est presque avec souffrance que je giclai tout au fond de ses entrailles.

Je restai un moment collé à son gros fessier, et ce n'est que lorsque ma queue encore dure finit par se rétracter que je me retirai à regret.
Elle se replaça sur le dos et mit ses jambes en l'air, maintenant ses cuisses à la verticale.

— Qu'est-ce que tu fais ?
— On nous a dit de faire ça… « après ». C'est, paraît-il, pour favoriser la… fécondation.
— Oui, tu as raison. Fais comme si.
— C'est sûr ? Je ne risque rien ?
— Non, promis, juré. J'ai pris toutes les précautions. Mais n'en dis rien à personne si on te demande. Tu raconteras qu'on l'a fait par devant, tout naturellement.
— Oui, bien sûr.

Nous avions raison de nous inquiéter et d'être prudents, car quelques minutes après ça on entendit la porte s'ouvrir : on devait écouter derrière elle. Un homme déjà aperçu dans la journée me fit signe avec autorité de le suivre ; j'obéis, bien entendu, sans me retourner. Il m'emmena dans une petite pièce où une nouvelle matrone m'attendait et me laissa entre ses mains.

Elle m'accueillit avec un bon sourire puis fit tomber sa toge et m'apparut dans sa nudité de femme mûre mais bien formée : des hanches larges, des gros seins un peu tombants. Elle m‘attira à elle, m'invitant à poser mon visage sur sa poitrine. Bien entendu, je n'avais envie de rien, totalement vidé, au sens propre comme au sens figuré.

Elle pressa ma tête sur son sein. Je pris machinalement en bouche son téton qui état gros et brun, et bien dressé. Je la tétai sans aucune conviction. Elle me prit doucement le menton, me releva la tête et m'embrassa très doucement, jouant d'abord avec mes lèvres, puis sortant le bout de sa langue m'invitant à le sucer. Je l'embrassai lentement, en faisant un effort, et là je craquai : je sentis que sa main avait saisi ma tige qui s'était à nouveau à demi raidie. Mais ma queue me faisait mal et ça ne glissait plus. Elle s'agenouilla, me prit en bouche, et ses muqueuses apaisèrent un peu la cuisson de ma verge. Elle me suça avec art : c'était vraiment une spécialiste, elle était très douée ! Je finis par bander à peu près : encore une fois mon jeune corps me trahissait.

Elle me malaxait doucement les couilles ; ses mains étaient douces et chaudes. Je me mis à caresser son avant-bras, près du poignet, qui était souple et satiné, potelé, moelleux. J'étais à nouveau excité, mais ça ne montait pas, ne venait pas. J'espérais que cette grasse servante allait finir par abandonner, mais elle était tenace, déterminée, probablement décidée à mener jusqu'au bout la tâche et la mission qu'on lui avait assignées.

Elle me branla, suça, lécha pendant un bon quart d'heure ; elle faisait passer ses mamelons dressés sur mon gland, se caressait les seins avec. Elle fit même glisser mon vit sur sa vulve – qui était tout humide – et serra ses grosses cuisses. Elle l'introduisit dans son con brûlant et soyeux ; la douceur de sa chatte me donnait envie de venir, mais je n'y arrivais pas.
Elle le ressortit, se remit à me branler lentement, insistant sur le gland seul.

À force d'insister, sa persévérance, à mon grand étonnement, finit par payer : je sentis une légère brûlure dans ma queue ; je râlai. Elle se colla le bout de mon nœud sur son sein où j'émis deux misérables gouttes de foutre sur sa peau blanche et douce.
Elle me regarda avec un sourire tendre, presque maternel :

— C'est bien. Tu as bien travaillé. Tu vas pouvoir te reposer.

Comme un zombie je suivis un homme qui m'amena dans une chambre et m'y abandonna. Elle était joliment décorée, avec des murs colorés et un ameublement spartiate.
Je me laissai tombai sur la couche et je dormis durant deux jours.


Les jours qui suivirent mon réveil furent mornes et ennuyeux : exercices physiques matin et soir, repas frugaux et silencieux. Mes compagnons étaient mutiques et toujours aussi cons. Je supposais qu'on avait dû les sélectionner pour leur physique, leur docilité, leur absence totale de réflexion et de fantaisie. Ils savaient parler, ils comprenaient ce qu'on leur disait, mais tout semblait les laisser parfaitement indifférents.
Ils avaient l'air d'avoir été lobotomisés. Peut-être étaient-ils drogués à leur insu ? Mais si c'était le cas ça aurait dû en être de même pour moi ; pourtant j'avais la certitude que je gardais l'intégralité de mes capacités de jugement et mon libre-arbitre. Mais devant leurs regards bovins et l'absence totale de parole sortant de leur bouche, je ne cherchais pas à entrer en contact avec eux.

Peut-être, simplement, dans ce monde-là les gens étaient tous soumis, obéissants ; peut-être les avait-on conditionnés dès l'enfance ainsi, à ne pas réfléchir, à ne se poser aucune question, à suivre le courant, le mouvement, les autres. Et peut-être avaient-ils été élevés ainsi – par des parents ? Pas sûr… – par des gens aussi primaires qu'eux. Et si c'était le cas, leur cerveau s'était formé et modelé sous l'influence de cette éducation : il n'y avait même pas eu besoin de se donner la peine de réprimer quoi que ce fût. Et je commençai à imaginer qu'on devait parallèlement former d'autres jeunes gens à être soldats et à tuer sans réfléchir, sans aucune émotion ni réflexion. Et franchement, rien que d'y penser, ça me glaçait le sang.

Pourtant, Ondine (avec qui j'avais copulé) avait été capable d'exprimer des émotions et des craintes, et pour commencer celle de mourir en couches. Même si elle était un peu ignorante des choses de la vie, elle n'était pas aussi abrutie que mes mâles compagnons reproducteurs. Elle semblait réfléchir un minimum et faisait preuve de sensibilité.


Je trouvais le temps long. Les jours passaient les uns après les autres ; je les comptais. Plus d'une lune s'était écoulée. Quant à l'environnement, même si nous ne semblions pas enfermés, au-delà des cours et des bâtiments, des prés où nous allions courir, il ne semblait rien y avoir. À l'horizon des collines pelées, aux alentours quelques champs d'oliviers. Je ne m'aventurai pas hors de cet espace. Nous restions toujours groupés, tel un troupeau.

Je tentai un jour de m'éloigner un peu des autres alors que nous étions tous assis à l'ombre sous des arbres après déjeuner, la chaleur étant déjà forte. Je m'étais levé et regardais à l'horizon, aussi loin qu'il était possible, et déjà des regards se fixaient étrangement sur moi. Quand je commençai à marcher lentement, faisant mine d'explorer les abords de ce verger, plusieurs de mes congénères se levèrent et me suivirent à bonne distance. Je lisais dans leurs yeux étonnés un air hostile, un regard réprobateur. Et plus je m‘éloignais, lentement, prudemment et progressivement, plus le nombre de garçons debout augmentait et ils s'agitaient de plus en plus, avec des airs menaçants.

J'avais compris. Feignant l'indifférence placide, l'air de celui que rien n'intéresse vraiment (comme eux, donc), je marchai à une distance égale d'eux, de façon concentrique, puis je revins tranquillement, imperceptiblement. Ils semblèrent se calmer, rassurés, et se rassirent petit à petit.

J'avais l'impression d'appartenir à un essaim d'abeilles, ou à une fourmilière. En apparence personne ne commandait, mais aucun ne pouvait échapper au groupe sous peine d'être ramené dans le droit chemin, celui manifestement et implicitement tracé.
Je me dis alors que si je voulais fuir cet endroit il me faudrait ruser.


C'est quelques jours après ces faits qu'on nous rassembla. Du moins une partie d'entre nous car je constatai que tous n'étaient pas là. L'après-midi on nous mena aux matrones.
Quand j'entrai dans la salle je me dirigeai immédiatement vers celle que je reconnus, la blonde aux formes très généreuses ; elle m'accueillit avec un demi-sourire.

— Bon, alors, la première fois n'a pas été la bonne. Ne t'inquiète pas trop, ça arrive relativement souvent. Seuls les trois quarts des couples ont réussi. Tu n'as pas éprouvé de difficultés, j'espère ?
— Non, aucune.
— Tu lui as bien injecté ta liqueur ?
— Oui, oui.
— Et au bon endroit ?
— Bien entendu ! m‘entendis-je répondre avec un aplomb énergique.
— Figure-toi qu'il y a des petits salauds – ou des parfaits idiots – qui se trompent de trou la première fois. Ça ne marche pas de la même façon… et ça fait mal à la jeune fille, ajouta-t-elle
— Ah oui, je comprends…
— Mais on te fait confiance. De toute façon, on a vérifié : tu l'as bien déflorée. Alors ne t'inquiète pas.

Et ce disant, elle avait déjà glissé sa main sous ma toge pour attraper ma queue et commençait à me branler lentement. Dès que j'avais senti sa main se refermer sur elle, elle avait durci immédiatement. Sa pogne était douce ; elle savait y faire, la bougresse !

— Cette fois, mon chéri, je ne vais pas te « purger ». Au contraire, il vaut mieux que tu gardes toute ta semence pour ta compagne ce soir. Je vais juste vérifier que tu sais mieux « te tenir » que la première fois, dit-elle en riant. Ce que je veux dire, continua-t-elle sur un ton plus sérieux, c'est que si ce soir tu dois « l'arroser » au moins trois fois, il faut que tu arrives à te retenir suffisamment pour ne pas partir sur les draps… et bien tout lui mettre au fond de sa petite chatte, ajouta-t-elle d'un air coquin et sur un ton presque enfantin. D'autant que l'autre fois je n'ai pas retrouvé grand-chose dans son fourreau, dit-elle en me montrant son index gauche. Soit ta liqueur était vraiment peu abondante, soit elle avait déjà filé en elle…
— Ben, tu m'avais déjà tellement purgé dans l'après-midi… me lamentai-je. Hum, dommage que ce ne soit pas toi que je doive engrosser, lui dis-je très sérieusement, dans un soupir, sous la divine caresse de sa tendre main.

Elle éclata presque de rire :

— Ah, comme c'est drôle ! Que tu es mignon… Je suis trop vieille, voyons. Et tu sais, j'ai déjà eu dix-huit enfants, moi. J'étais une vraie machine. Et une experte en choses de la vie, ajouta-t-elle, mutine. Mais s'il n'y a que ça, et si tu fais bien trop travail – si tu engrosses ce soir ta petite pouliche – peut-être qu'on pourra s'arranger…

C'est à voix basse qu'elle continua :

— … d'autant qu'il y a bien longtemps que je n'ai pas été besognée vigoureusement… Humm… je suis sûre que tu ferais des merveilles, que tu me ferais crier, grand fou !

Je me demandai si elle ne parlait pas ainsi pour me tester, pour voir si je pouvais me retenir et me contrôler. Mais elle savait combien elle m'excitait, cette matrone blonde et grasse ! Elle pouvait tout au plus en rajouter, mais j'avais vite appris à retarder la montée de la sève dans ma tige. Aussi je ne me démontai pas : je glissai une main sous sa toge et mes doigts trouvèrent sa chatte charnue. Elle était trempée, cette vieille salope ! De l'autre main je l'avais dépoitraillée et sorti ses gros nichons blancs et mous dont les pointes roses dardaient comme je n'avais jamais vu.
Alors que j'avais déjà glissé deux doigts en elle et commençais à la fourailler, elle saisit mon poignet et retira ma main. Quel self-contrôle !

— Sois sage, mon loup… me susurra-t-elle en regardant autour d'elle.

Je compris que ce genre de choses n'était pas autorisé entre un jeune reproducteur et une matrone guide et enseignante. Par contre je me rattrapai en lui pelotant de manière obscène sa nichonnaille et ses grosses fesses, jouant avec ses grosses tétines toutes dressées, et elle ne trouva rien à y redire. Mais je sentis l'effet sur moi : avant qu'arrive la catastrophe, je saisis la base de ma verge comme elle m'avait appris à le faire, et la serrai pour tout retenir, avec une grimace de douleur.

— Ouiii, c‘est bien ! me félicita-t-elle. Tu es un bon élève. C'est ce que j'attendais de toi. Tu es au point : ainsi tu seras on ne peut plus efficace ce soir. Si tu pratiques ainsi, tu pourras aller injecter toute ta liqueur bien au fond de son conduit.

« Cause toujours… » me dis-je. Ses propos techniques finirent de couper la montée de mon plaisir. Ainsi la vieille garce ne perdait pas le nord ; forte de son expérience, tout à sa tâche, elle restait fixée sur son objectif : faire de moi un taureau reproducteur. Je me sentis vexé et déçu. Si ça se trouve, me laisser espérer que je pourrais la trombiner en récompense des travaux qui m'étaient demandés était tout aussi bidon. Elle devait faire ça avec tous les jeunes mâles mignons qui craquaient pour elle.
Et comme pour confirmer mes pensées, elle lâcha ma queue d'un seul coup.

— Bravo ! J'ai fait de toi un bon mâle productif qui sait parfaitement se contrôler. Par contre, il va falloir que ta semence soit fertile et fasse son œuvre : si cette fois ta compagne ne tombe pas enceinte, nous te changerons de partenaire à la prochaine lune, et vous serez mis en observation pour comprendre ce qui ne marche pas.

Là dessus elle me repoussa gentiment mais fermement, me faisant comprendre que je devais prendre congé. Je tournai les talons et sortis sans me retourner. Je compris que dès ce soir je devrais agir.


Au soir, il n'y eut pas de tralalas comme la première fois. Nous étions un groupe restreint de jeunes hommes à souper en silence. Le repas était juste un peu amélioré par rapport à l'ordinaire, et on entendait une musique languissante qui venait de la pièce d'à côté. On nous laissa juste terminer notre souper, et un homme vint se poster face à notre tablée ; il frappa dans ses mains. À ce signal tous se levèrent lentement et le suivirent. Il nous guida jusqu'au grand bâtiment. Dans l'immense atrium, nous nous arrêtâmes. Sans un mot il désigna à chacun, l'un après l'autre, une porte. Quand ce fut mon tour j'ouvris la porte, entrai et la refermai. Sur la couche se trouvait Ondine qui m'attendait, légèrement maquillée, resplendissante, assise, baignée par la faible lumière de la pièce. Elle m'accueillit avec un faible sourire.

— Tu avais raison : ça a marché. Ou plutôt ça n'a pas marché… gloussa-t-elle légèrement.
— Évidemment que ça a marché, je te l'avais dit. Mais il ne sont pas satisfaits de cette absence de résultat. Et cette fois, si ça ne marche pas – je veux dire si tu ne deviens pas enceinte – ils nous sépareront… et nous devrons subir des examens. Lesquels ? Je ne sais pas, mais je redoute le pire…

Elle prit un air terrifié :

— Qu'allons-nous faire ?
— Tu n'as pas changé d'avis ? Tu ne veux pas être enceinte ?
— Nooon, dit-elle d'un air désespéré ; à son ton, ça semblait une évidence.
— Et je doute, vu mes compagnons, que si on nous échange, l'énergumène sur qui tu tomberas accepteras de répéter la même supercherie.
— Qu'est-ce qu'on va faire ? La même chose… ? demanda-t-elle anxieusement.
— Ça ne nous laisserait – enfin, surtout à toi – qu'une lune de répit…
— Alors quoi ?
— C'est à toi de décider, mais pour ma part je pense qu'il faut essayer de nous enfuir.

Elle ne répondit pas. Un silence s'installa. Elle regardait dans le vide avec angoisse. Puis, me regardant à nouveau, elle demanda :

— Quand ?
— À mon avis, il faut tenter le coup maintenant, pendant que tout le monde est « occupé » : on fera moins attention à nous. Et après nous serons à nouveau séparés.
— Que… Comment… ?
— Mets tes sandales. Je vais ouvrir la porte. Avec un peu de chance il n'y aura pas de garde. Ils doivent savoir que tous les couples ont commencé leur gaillarde activité.

Elle m'obéit. Je m'approchai de la porte tandis qu'elle me suivait à moins d'un pas. Je l'ouvris lentement : personne dans l'atrium. Je risquai de m'aventurer totalement hors de la pièce…

— Attends, lui dis-je à voix basse.

En effet à ma gauche un garde marchait nonchalamment, avec un air distrait. Il se dirigeait vers une ouverture donnant sur la salle voisine. Dès qu'il disparut dans la pénombre de l'autre salle, je pris la main de ma compagne et l'entraînai promptement vers la porte par laquelle nous étions entrés. Nous passâmes dans une autre salle. Personne. Et ainsi de suite. La succession de pièces que nous traversâmes était déserte.
Bientôt nous nous retrouvâmes dehors, dans la nuit. Les faibles lueurs de quelques torches éclairaient les murs des bâtiments.

Il me sembla reconnaître les prés avoisinants, les champs d'oliviers. Nous ne tombâmes sur aucun mur d'enceinte : tout le monde était tellement discipliné et obéissant qu'ils n'avaient pas dû juger utile de clôturer ce « camp ». La pleine lune éclairait suffisamment nos pas pour nous guider jusque dans la campagne. Nous atteignîmes le pied des collines que j'avais aperçues de jour à l'extérieur.

Suivant un sentier nous gravissions petit à petit la pente, mettant à chaque pas de la distance entre nous et ces étranges bâtisses de pierre ocre où nous avions vécu ces dernières semaines.
Ondine tenait toujours ma main bien serrée dans sa menotte ronde. Elle riait à présent.
Nous étions libres !