Chez lui, toujours la musique à fond, mélangeant rap et tradition sénégalaise, et tant pis pour le voisinage… Rhum, vodka et whisky de mauvaise qualité, mélangés à des sodas aux goûts improbables, paquets de chips XXL…
Il roulait ses joints en continu…
Et, sous la broderie dorée de la silhouette de La Mecque, entre le drapeau de son pays et une calligraphie à la gloire du prophète, mon cul à vif arrachait encore davantage le skaï de son canapé, beaucoup trop massif pour l'étroitesse de la pièce, qu’il laissait dans la pénombre… J'ai connu là des extases d'anthologie… pendant que le voisin s'acharnait à frapper la cloison et à monter le son de son téléviseur pour couvrir nos bruits indécents…

D'ordinaire, une fois rassasiée du très jeune franco-béninois qui me soulage depuis des années, je le raccompagnais, lui et sa planche de skate. Mais ce samedi-là j'étais restée mijoter davantage dans le modeste jacuzzi du sauna glauque où j'ai mes quartiers. Et Oumar avait eu la même idée, après s'être amusé avec un couple dans une cabine sombre. Nos pieds eurent vite fait de se trouver dans les remous. Survoltée, je me surpris à lui déclarer que je ne restais pas, mais que nous pourrions nous… « tester »… en vue d'une fois prochaine…

Dans mon recoin préféré, sur le matelas où j'avais déjà joui quelques minutes auparavant… Un corps-à-corps dans l'urgence, déjà échauffés, et l'évidence de la compatibilité sexuelle, des peaux qui s'attirent…
Vite rhabillée, je lui demandais, sans aucune discrétion, de noter mon numéro alors qu'il était au bar, discutant avec le patron. Quand je veux, je prends, et ce grand Noir, médusé par mon aplomb, avait de trop beaux atouts pour que je le laisse filer…

Un dimanche de sextos et, dès le lundi, son univers…

Il ne cessait de répéter « Une prof, putain, et on n'est qu'à cinq minutes l'un de l'autre… »
Mais c'était lui qui m'apprenait à apprécier telle punchline de Lino ou Kerry James, me faisait découvrir des griots du Sénégal, m’éduquait à distinguer la bonne herbe, à en connaître les tarifs et les bons revendeurs, et surtout m’initiait à sa religion, omniprésente… alors même qu'au-dessus d'une calligraphie à la gloire du prophète, une double anale agitait son écran plasma…

Ma première d'une longue série de visites chez lui me fit me lâcher à grandes eaux dans sa bouche, ne distinguant plus d'où ses doigts me massaient les entrailles. Je n'étais qu'une poupée de chiffon qu'il soulevait et secouait à sa guise, me dévorant goulûment… me laissant pantelante alors que mon alibi de prolonger l'horaire de mon cours de danse avait déjà fait long feu, je devais rendosser mon rôle de sage épouse…

Trois mois de pure frénésie et d'inventivité à trouver des prétextes pour aller élimer davantage son canapé ou faire une baignoire de son lit au sommier défoncé, au moins trois fois par semaine, au moins trois heures, et souvent bien davantage… Je m'inventais des stages le week-end, des sorties entre copines en boîte de nuit… Et, entre nos acrobatiques ébats, nous regardions, enlacés sous un plaid, des films qu'il avait vus et revus, traitant invariablement de la ségrégation raciale…

Oumar, grand, fort et beau. Encore plus beau quand il me faisait la surprise de m'ouvrir sa porte en vêtement traditionnel…

Il savait jouer de nos corps fluides en nous faisant glisser dans d'improbables positions encore plus à même d'exacerber nos sensations. Du yoga sexuel. Un homme doué comme rarement pour écouter mon corps, et entrer si facilement dans mes jeux particuliers.

J'aime être baisée dans des langues que je ne comprends pas, être traitée de chienne, de pute, de salope, et le deviner aux intonations de la voix…

« Ma Thiaga… »

J'avais appris à reconnaître ces mots si chantants qu'il chuchotait en pular dans mon cou :
« Aar gaï giée » (Viens ici.)
« Ada yidii ?… » (Tu veux ?)
« Quantino, otto daro… » (Continue, ne t'arrête pas…)
« Aar battou gaii… » (Viens, approche…)

« Eeh komi thiaga… » Fier d'exhiber à son cousin, juste arrivé du village, une chatte annelée qui giclait sous ses doigts…

Une promotion professionnelle l'a envoyé à 10 heures de chez moi… et ses rares retours n'eurent plus la même saveur…

Trois mois dont il me reste sa voix prononçant « Ma Thiaga… », fière pute peule, oui…
Trois mois que me rappelle mon deuxième anneau qu'il avait voulu voir posé au-dessus de mon clitoris par un vieux rasta aux dreads grises…
Trois mois de cette voix de synthèse sortant de cet invraisemblable carillon me saluant à chaque ouverture de sa porte : « Allah Akbar »…