Khaba, journal d'une marathonienne
Olympe7601/06/2022Je puise mon énergie dans la vôtre, me nourris de votre nectar, et telle un vampire, je vous traque pour ma dose – exponentielle à mesure que j’avance en âge – oubliant tout sommeil, corps à la recherche du plus puissant, du plus endurant… Jeunesse noire vigoureuse et généreuse.
Avril 2019, lancée dans une cure de jouvence, Paname la folle, « il pleut des hommes »…
Des jours et des nuits comme un puzzle sexuel, remplir le moindre espace disponible, nous emboîter pour me sentir complète…
Et quand, enfin repue, je me pose, je me fais peur…
Vendredi, c’est A. mon fournisseur.
Mais, dans le train, ce n’est pas un livre que j’ouvre. Wild world… encore ce tourbillon des possibles… Quelques mots, et c’est un bonus qui m’attend à la porte d’un sauna proche de la gare… « Viens, même si c’est rapide… et je te conduis à ton rendez-vous. »
Un échauffement… une mise en bouche… Même pas pris de retard… Même pas noté son prénom… oublié son pseudo… métis des Indes…
A.
Celui-là me rend hystérique : il sait ce que je viens chercher et ne le donne pas si facilement… Je rampe… mais là, c’est du copieux, du calorique… et déjà je ne peux plus dormir, électrique… Lion de Douala.
Samedi, festin. Les sucer, les vider, puis passer d’un RER à un Uber pour ma tournée des champions.
C.
Fou, bouleversant, inattendu.
Celui-là a trouvé mon talon d’Achille. Ébranlée… Attention ! J’ai bien dit « Prenez mon cul, pas mon cœur… »
Vitamines exotiques. En concentré.
Faut que je me méfie de toi.
K.
Apéro. Ma gourmandise… Mon bonbon… Mon souple bambou de Lomé, j’aime tant le chant de tes gémissements quand j’aspire ta sève…
Et tu m’appelles un taxi pour rejoindre le prochain sur ma liste.
S.
Togo (bis).
T’es un prince toi !
Avant de me conduire dans ton carrosse à une soirée au Manoir, grand seigneur, tu m’invites dans un restaurant clandestin de compatriotes. Prendre des forces… Puis avec R. (Togo ter), vous managez le GB qui fait exploser mon compteur… Combien ? Je ne sais pas… jamais assez, tant que c’est possible… Je sais juste que c’était sauvage et que les heures s’étaient arrêtées…
Dimanche.
S. Tu es fou… Mon train pour Montpellier est à neuf heures, et quand nous fermons la fête à cinq heures du matin, tu nous a réservé un hôtel… pas pour y dormir : tu me veux seule… Et quand je monte dans mon wagon, tu me glisses un café et des croissants…
Je ne vois rien du paysage.
A.
Gentleman du Sénégal, il m’attend pour les vingt ans du sauna star montpelliérain. À l’intérieur, sa bande, ça bande… De l’énergie en barre à revendre, les p’tits gars… Ça tombe bien, j’en ai encore besoin… Orgie.
Retour à mon hôtel…
Et ce n’est pas fini…
X. m’attend.
Black-bidule ou Black-truc… Oublié… Prétentieux … mauvais plan … Bonus effaçable.
Je frôle l’indigestion… Gavée.
Lundi est là quand, enfin, je dors.
M.
Une dernière danse… d’Algérie…
L’expédition touche à sa fin, mais tu as su me convaincre. Un verre en terrasse, un banc dans le jardin du Peyrou. Pour une fois, nous avons le même âge…
De la perversité dans le regard et les mots.
Je te livre un fantasme… chiche !
En dentelle dans les bas-fonds, le ventre de M. claquant sur mon cul… C’est dans une cabine du sous-sol voûté d’un sex-shop glauque, aux abords de la gare, que je prends ma dernière rasade de foutre, ambiance poisseuse, poubelles dégueulant des mouchoirs souillés, cris de jouissances feintes s’échappant des écrans, voyeurs tristes agglutinés aux grilles du faux cachot…
« Medeli terme taaake, Khaba… » (Donne-moi ton cul, Salope, Pute…)
Je rentre chez moi. Là-haut, dans le brouillard… Vampire rassasiée… Pour un temps seulement.