La panne d'ascenseur
Nathan Kari21/10/2020— Allez, salut ma belle ; rentre bien, et sois prudente surtout !
— Oui, ça devrait aller : juste deux rues à traverser et je suis chez moi, souris-je.
— Ouais, mais on ne sait jamais. On peut toujours tomber sur un cinglé, surtout à cette heure-ci.
Yasu m'enlace, me sourit et me laisse enfin partir après un dernier signe de main. Elle est gentille mais parfois un peu trop collante. Je me sauve avant qu'elle ne trouve encore un prétexte pour me retenir. Hop, direction l'ascenseur. J'appuie sur le bouton pour l'appeler.
Putain, mais il fait quoi, cet ascenseur ? Il n'est pas en panne au moins ? Vu l'état déplorable du bâtiment, je ne serais pas étonnée. La flemme de descendre huit étages à pied. Il fonctionnait tout à l'heure en tout cas. Je suis prête à abandonner et à me rabattre sur les marches quand soudain les portes s'ouvrent. Ouf, j'ai eu peur à un moment. Je me précipite à l'intérieur et appuie pour descendre au rez-de-chaussée.
Yasu, une franco-japonaise de petite taille, est la petite amie de mon grand frère. Ils se fréquentent depuis plusieurs années mais ne vivent toujours pas ensemble. Dans notre famille, on se demande vraiment ce qu'ils attendent. Je crois que c'est mon frère qui ne préfère pas ; il doit trop aimer sa liberté. En tout cas, Yasu semble s'en accommoder.
Zut, je repense à ses derniers mots : « On peut toujours tomber sur un cinglé. » C'est le genre de truc à ne surtout pas dire à une pétocharde comme moi. La dernière fois j'ai failli avoir une crise cardiaque parce qu'un chat a renversé un pot de fleur derrière moi. Et maintenant, je vais avoir la trouille tant que je ne serai pas arrivée chez moi. Je vais imaginer voir surgir un violeur à chaque recoin. J'aurais dû demander si je pouvais dormir chez elle afin de ne rentrer que demain matin.
D'un coup, l'ascenseur se bloque. Hein ? Quoi ? Il ne va pas me faire ça, ce con ! Mais non, encore une fois je panique pour rien. Les portes s'ouvrent. Apparaît un type brun, la trentaine, plutôt pas mal malgré son côté négligé et son jogging. Il semble surpris de me voir. C'est vrai, à cette heure-ci on ne croise généralement personne. Il me sourit, me souhaite un « bonsoir » que je lui rends en bredouillant et entre. Hop, lui aussi descend au rez-de-chaussée. Je vais donc passer sept étages avec ce type.
« On peut toujours tomber sur un cinglé. » J'espère qu'il n'en est pas un. Est-ce ma poitrine qu'il vient de mater, là ? Son regard a été furtif mais j'en suis quasiment sûre. Je le vois déjà me coincer dans le coin de l'ascenseur et commencer à arracher mes vêtements. Allez, et voilà, je m'imagine déjà le pire. Non, mais qu'est-ce qui lui est passé dans la tête à Yasu de me dire ces mots ? Je chasse mes pensées mais le garde quand même à l'œil.
L'ascenseur se bloque de nouveau. Quoi ? Encore ? Je respire un grand coup. Pas la peine de paniquer pour rien. Sûrement une autre personne qui veut monter à bord. Zut, qu'est-ce qu'ils ont tous à venir me casser les pieds à cette heure si tardive ? J'attends que les portes s'ouvrent, mais rien. RIEN ? Ce n'est pas normal.
Non, non, non ! J'appuie sur les boutons pour tenter de le faire réagir, d'abord doucement, puis comme une folle furieuse. Aucune réaction de l'engin. Putain de bordel de merde ! Tout mais pas ça !
— Poussez-vous, je vais essayer, me lance l'autre.
Je me décale. Il s'avance, passe devant moi et pose un doigt sur un premier bouton. Il attend quelques secondes mais l'ascenseur ne bouge pas d'un poil. Il fait une deuxième tentative ; même résultat.
— Bon, il semble que ça ne fonctionne pas.
Merci, Sherlock, je n'avais absolument pas remarqué ! Qu'est-ce qu'il croyait ? Que ça allait faire une différence avec lui ou que c'est moi qui ne savais pas appuyer comme il fallait ? Non, mais je vous jure !
— Qu'est-ce qu'on va faire ?
— Pas de panique. Vous voyez, là ? C'est pour appeler de l'aide. On appuie et on sera mis en contact avec quelqu'un qui arrangera notre problème.
Il appuie. On attend plusieurs dizaines de secondes mais rien ne se passe. Ben tiens, ça m'aurait étonnée ! Fait chier ! Je veux sortir. Pitié !
— Euh… vous avez un téléphone peut-être ? tente-t-il, lui aussi de plus en plus inquiet.
— Plus de batterie du tout. Et vous ?
— Je descendais juste fumer une clope, j'ai laissé le mien là-haut.
Et donc me voilà bloquée dans un ascenseur, en pleine nuit, avec un type que je ne connais pas, et aucun moyen de prévenir quelqu'un ! Non, ce n'est pas possible… Je refuse d'y croire. Laissez-moi sortir ! Mes doigts agressent frénétiquement les boutons mais cette conne de cage d'ascenseur ne réagit toujours pas. Je me précipite sur les portes, tape comme une cinglée en hurlant pour appeler des secours. Rien n'y fait.
— Du calme, tente-t-il, ça ne sert à rien de s'énerver dessus. Et puis je ne crois pas que quelqu'un nous entende.
— Du calme ? DU CALME ? le foudroie-je du regard. Vous voulez rire ? On est coincés là et personne ne le sait. On va mourir dans d'atroces souffrances, de faim et de soif. Ils retrouveront nos squelettes desséchés, et vous voulez que je me calme ?
— Mais non, tout ce qu'on risque au pire c'est de se retrouver coincé quelques heures. On finira par sortir, sûrement demain matin quand ils se seront aperçu du problème. Il faut juste se montrer patients.
Bon, j'avoue, je déraille complètement. Il ne doit pas avoir tort, mais comme d'habitude mon esprit imagine le pire. Quoi qu'il en soit, mes nerfs me lâchent. Je me mets à chialer comme une madeleine. Le mec semble un peu gêné. Il ne sait pas où se mettre. Il tente deux trois mots pour me rassurer mais rien n'y fait, je n'écoute pas. Hésitant, il s'avance vers moi et pose une main réconfortante sur mon épaule. Ce petit contact est plus efficace. Je me précipite contre lui pour pleurer sur son épaule. Il me prend dans ses bras et me caresse le dos en guise de réconfort.
J'avoue que je me sens soudain plus apaisée. C'est même agréable d'être collée à un beau torse masculin protecteur. Je me sens même troublée, et me traverse la folle idée de l'embrasser. Qu'est-ce que je fous, bon sang ? Je ne sais toujours pas si c'est un cinglé ou non. Je recule d'un bond, par prudence. La lumière se coupe. Je crie de terreur et me réfugie de nouveau dans ses bras. Il ne manquait plus que ça…
Plongée dans le noir, dans le silence et entre ses biceps, il me faut plusieurs minutes pour retrouver mon calme. Il n'a pas cherché à en profiter. C'est même lui qui met fin à notre union, ce que je regrette presque. Ce n'est pas qu'il me plaît – bon il est loin d'être un thon, c'est vrai – c'est surtout que je me sentais plus en sécurité. Il n'a pas l'air si cinglé, après tout.
Il m'invite à m'asseoir. C'est vrai, ça risque d'être long, il est inutile de rester debout. Je le sens se positionner à côté de moi, pas collé, il doit sans doute préférer me laisser un espace vital.
— Au fait, je m'appelle Victor ; et vous ?
— Clémentine.
— Nous pouvons peut-être nous tutoyer, Clémentine ? Nous risquons de passer un moment ensemble. Qu'en pensez-vous ?
— Pourquoi pas…
— Tu as quel âge ? Tu fais quoi dans la vie ?
— J'ai vingt-et-un ans et je suis étudiante en droit.
— Moi, trente-quatre ans et je suis informaticien.
S'ensuit un silence. Ouais, je ne suis pas vraiment douée pour faire la conversation. Surtout que là, la situation me rend nerveuse. Après plusieurs minutes, j'entends mon compagnon d'infortune se marrer. Mais que peut-il bien trouver de si drôle ?
— J'ai la putain de chanson de Calogero qui tourne en boucle dans la tête : « En apesanteur, pourvu que les secondes soient des heures. En apesanteur, pourvu qu'on soit les seuls dans cet ascenseur… »
— Si un jour je le croise, je lui fais bouffer sa guitare !
Il éclate de rire. La chanson raconte l'histoire d'un mec qui fantasme sur une femme qu'il croise dans l'ascenseur. Victor fantasmerait-il aussi sur moi ? Est-ce pour cette raison que la chanson l'obsède tant ? Vu son regard sur moi à son arrivée, je ne serais pas étonnée. Et puis, n'était-il pas trop tactile tout à l'heure, lorsqu'il me caressait le dos pour me réconforter ? Bon, peu importe ; tant qu'il garde ses distances, ça me va.
— Tu as un petit ami Clémentine ?
— Oui… mais il est loin.
Zut, pourquoi ai-je ajouté ces mots ? Très souvent, quand il y a un « mais » dans une phrase, c'est le bout qui suit qui importe le plus. Il va donc comprendre quoi, là ? Que je suis en manque ? Que c'est une invitation ? Bon, c'est vrai que mon mec est loin, parti en voyage à l'étranger. C'est aussi vrai que sa présence et nos baises me manquent, mais Victor n'a pas à le savoir, ça ne le regarde pas.
— Je suis divorcé, pour ma part.
— Désolée pour vous. Que s'est-il passé ?
— Oh, rien de spectaculaire, juste la flamme qui s'est éteinte. Nous n'avions plus rien à faire ensemble. En fait, notre erreur a été de nous marier trop tôt. On s'est imaginé que c'était le grand amour, alors on a foncé sans profiter de la vie avant. Tu l'aimes, ton copain ?
— Euh, oui… je crois…
Mais merde, vais-je enfin me taire ? Pourquoi ce « je crois » ? C'est vrai que je ne me suis jamais posé la question. Mon mec est beau, sympa, drôle et baise bien. Je me sens bien avec lui, mais suis-je vraiment amoureuse de lui ? Encore une fois, j'en ai trop dit.
— Ben, si tu veux un conseil, ne va pas trop vite avec lui. Prends le temps de faire tes propres expériences de ton côté. Tu es bien trop jeune et jolie pour t'enfermer dans une relation contraignante.
— Euh… d'accord, j'y penserai.
Ah, il a dit « jolie ». Il me trouve à son goût, alors. Il a dit aussi de « faire mes propres expériences ». Il entend quoi, au juste ? Me conseille-t-il de coucher à droite et à gauche ? Il s'imagine peut-être qu'il va pouvoir en profiter. Alors là, non : je suis fidèle, moi ! Quoi qu'il en soit, je dois reconnaître que nourrir son intérêt ne me laisse pas indifférente. Mon ego s'en sent flatté et mon ventre commence à chauffer.
D'un autre côté, je ne me sens pas très à l'aise. S'il pète un câble d'un coup et me saute dessus, impossible de lui échapper dans cet espace confiné. Je suis prise au piège. Il n'a pas l'air cinglé, mais sait-on jamais… Dieu, faites que ces putains de portes s'ouvrent vite !
Il continue la conversation, m'interroge sur mes études et mes passions, et me parle un peu de lui. Il n'a vraiment pas l'air méchant. Je commence à me détendre un peu, même si mon esprit reste attentif au moindre signe de dérapage. Il semble drôle et assez cultivé. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu le trouver vraiment charmant. Notre conversation nous rapproche, aussi bien au sens propre qu'au sens figuré.
Cela doit faire bien une heure que nous sommes bloqués. Je crois que Victor avait raison : nous en avons jusqu'à au moins la matinée. Le silence commence à s'imposer de plus en plus, la fatigue nous gagne, ma tête s'alourdit. Je me permets de la poser sur son épaule ; je me sens suffisamment en confiance. Il ne proteste pas. Il vient même passer un bras dans mon dos pour me serrer contre lui.
— En tout cas, ton mec doit bien avoir de la chance de t'avoir. Tu as l'air d'être une jeune femme formidable, belle et intelligente. Très charmante aussi.
— Merci… c'est gentil.
Bon, mon alarme clignote mais je la fais taire. Il ne fait que me complimenter, rien de plus. Et puis c'est plutôt agréable, aussi bien ses mots que sa présence rassurante à côté.
— Tu as une très jolie poitrine aussi…
Je me raidis. Là, c'est déjà moins innocent.
— Désolé, se reprend-il aussitôt. Je n'aurais pas dû dire ça. C'était déplacé. Je ne voudrais pas te mettre mal à l'aise. J'ai pensé à voix haute. En fait, j'aime beaucoup les poitrines bien fournies, et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que c'était le cas de la tienne quand je suis entré dans l'ascenseur tout à l'heure, et je… désolé, encore une fois. Je devrais vraiment fermer ma gueule. Quel crétin !
— Ce n'est pas grave. Oui, j'ai plutôt une grosse poitrine, c'est un fait. Je ne t'en veux pas de l'avoir remarqué. De toute façon, j'ai jamais réussi à la camoufler.
— Ouais, merci de ne pas m'en vouloir. Promis, à partir de maintenant je vais fermer ma gueule. Je ne t'embête plus.
Bon, ça va, il s'est plutôt rattrapé. Je lui accorde le bénéfice du doute. Il n'a pas l'air du lourdaud en chien, mais plutôt du genre un peu maladroit avec les filles, une maladresse qui s'ajoute à son charme. Je fais peut-être une erreur, mais je lui fais suffisamment confiance pour la suite et, la tête toujours posée sur son épaule, je bâille et ferme les yeux.
Mes pensées se brouillent, je me sens partir…
Hum, c'est agréable… C'est quoi cette drôle de sensation sur mon sein ? Où suis-je ? Que se passe-t-il ? Je me réveille petit à petit. Mon cerveau est en vrac. Je remets progressivement un peu d'ordre et me souviens : l'ascenseur, Victor… Je suis allongée par terre ; le sol est dur, mais ma tête s'est trouvé un oreiller bien plus confortable : les cuisses de mon compagnon d'infortune. Et ce contact sur mes seins, alors ? Je comprends soudain ; mes yeux s'ouvrent en grand. Le salaud est en train de me peloter ! Pas franchement, mais l'intention est là.
A-t-il profité de mon sommeil ? Me pensait-il réveillée ? S'imaginait-il que je me laissais faire ? Mystère ! Une chose est sûre, c'est qu'il apprécie ce qu'il me fait. À sentir sa vigueur durcie sous ma joue, je n'en ai aucun doute.
J'ai une boule au ventre. Je ne sais comment réagir. Je devrais le repousser mais je n'ose bouger. Ses caresses se montrent de plus en plus hardies. Mon corps réagit bien malgré moi. Je sens mes tétons pointer. Ce n'est pas désagréable.
— Clémentine, tu dors ? murmure-t-il.
— Non, soupiré-je après un bon moment.
Sa main s'est arrêtée en plein sur mon sein. Il n'ose la bouger pour le moment, guettant un mot de ma part. Comme une conne, je suis incapable de lui dire d'arrêter. Je suis incapable de bouger ; pourtant il le faudrait. Et voilà, il prend mon manque de protestation pour une autorisation : « Qui ne dit mot consent. » comme on dit !
— Je… je suis fidèle, affirmé-je.
Enfin, je suis censée l'être, mais va-t-il gober ça alors que ça fait un moment que je le laisse me trifouiller les seins ? J'en doute.
— D'accord, je comprends… Laisse-toi faire, c'est tout. Ça n'ira pas plus loin, promis.
Ben oui, comme je m'en doutais, c'était loin de suffire à le dissuader. Il faudrait que je lui dise clairement d'arrêter : je suis sûre qu'ainsi je réussirais à sauver ce qui peut encore l'être. Recevoir quelques caresses, aussi agréables soient-elles, n'est pas tromper ? Je pense que ma conscience s'accommodera de si peu, mais maintenant il faut que je mette fin à ça.
Sa main s'attaque aux boutons de ma chemise. Elle les fait sauter les uns derrière les autres. Et toujours sa queue durcie sous ma joue, à la fois flatteuse et menaçante, qui me perturbe ; avec la faible épaisseur de son jogging, on la sent aisément. Dieu, je suis folle de ne rien faire !
Victor écarte maintenant les pans de ma chemise. La fraîcheur s'attaque à ma chair ; ses doigts aussi. Ils se glissent dans mon soutien-gorge et m'agacent les tétons. Je me mords la lèvre pour m'empêcher de protester. Un frisson me parcourt le dos tandis que mon entrejambe s'humidifie. Je suis fidèle, pourtant ; il en est encore temps de tout arrêter.
Mes seins sont libérés de leur entrave, prêts à subir tous les sévices que leur infligera Victor. Ce salaud en profite bien. Oui, on sent qu'il apprécie vraiment ma poitrine. Il la caresse, la palpe, s'amuse de mes mamelons. Je laisse échapper un soupir de plaisir et me fustige aussitôt mentalement ; je n'ai pas le droit : je suis fidèle, et il est encore temps.
— Je peux te demander quelque chose, Clémentine ?
Je refuse de répondre ; j'ai peur de répondre. Ses doigts voguent sur mon cou, ma joue, puis mes lèvres. Je dépose un petit baiser dessus bien malgré moi.
— Aurais-tu l'obligeance de me sucer ? À sentir ta tête posée sur mon sexe depuis tout à l'heure, j'en ai vraiment très envie.
— Je… je suis fidèle, tenté-je.
— Oui, j'avais compris. Mais en as-tu envie ?
Encore une fois, je refuse de répondre. Peut-être que si je fais la morte, il va finir par abandonner. Oui, je sais, c'est une stratégie stupide mais je suis désespérée et n'ai pas de meilleure idée.
— Clémentine, je sais que toi aussi tu en as envie. Tu te dis fidèle ; alors sois fidèle à tes désirs. Tu es jeune, profite de la vie.
Je me redresse doucement. Il en profite pour libérer la bête. Toujours dans le noir, je ne la vois pas mais je sens une odeur masculine me sauter au nez. Il me prend une main et la pose sur son membre épais, chaud et dur. Je ne trouve rien d'autre à faire que de le masturber avec douceur. Peut-être se contentera-t-il de ça ?
Il est encore temps de mettre fin à cette folie. Une main se pose dans mes cheveux et fait pression sur mon crâne sans forcer, m'indiquant la marche à suivre. Je me laisse manipuler. Mon visage descend lentement. Mes lèvres se posent sur son gland mais elles restent closes. Il est encore temps… Non, cette fois ma décision est prise : j'ouvre la bouche et savoure ce mets d'un coup de langue.
Son goût, plus sauvage que celui de mon copain, m'envahit le palais. À partir de là, je n'ai plus guère d'hésitations : je crois que j'irai au bout avec lui, que je ne ferai pas marche arrière. Quant à ma relation, ben, je verrai bien ; il est trop tôt pour y penser. J'avale son membre sur sa longueur, en gobe le plus possible. L'épaisseur de la bête rend la tâche ardue. Victor laisse échapper un râle de satisfaction.
Il ne reste pas inactif ; sa main retourne rendre hommage à ma poitrine. Elle se fait ensuite plus vagabonde. Migrant vers le bas de mon corps, elle vient s'attarder sur mes cuisses et mes fesses. Ma jupe est relevée, et l'animal en profite pour se glisser dans ma culotte. Tandis que je le suce sous tous les angles et lui caresse les bourses, lui me palpe le cul.
— Je crois que je vais bientôt jouir. Tu devrais peut-être…
Enfin je viens de réussir à l'engloutir entièrement. Ça lui a cloué le bec d'émotion et de surprise. Bon, je recrache le morceau trempé de ma bave et reprends un peu d'air.
— Wouah, s'exclame-t-il, tu es impressionnante ; on ne m'avait jamais pris entièrement… Comme je disais, tu devrais…
— Chut, le coupé-je. Laisse-moi profiter.
Je me sens d'humeur à lui en mettre plein la vue. Ma langue joue à agacer son gland. Je le lèche du bout. Victor pousse un grognement de frustration. Bon, après une bonne minute de ce petit jeu, je décide d'arrêter et de le pomper avec plus de voracité. C'est étrange, je me méfiais de lui tout à l'heure, j'avais peur qu'il s'en prenne à moi, et maintenant je fais mon maximum pour lui faire prendre son pied. Tout ça à cause d'une panne d'ascenseur. Quelle histoire de dingue ! Par chance, jamais personne n'en entendra parler.
— Argh, ça vient !
En effet, plusieurs jets de sperme chaud se répandent dans ma bouche. J'avale tout sans hésitation. Je ne relâche son sexe qu'après être sûre de n'avoir laissé aucune goutte. Je me redresse, fière de moi et heureuse d'être la responsable de son orgasme. D'un coup, Victor m'attire à lui et m'embrasse à pleine bouche. Surprise, je lui rends cependant son baiser.
Il m'enlève la culotte et vient m'asseoir sur ces cuisses, face à lui. Malgré sa jouissance, il ne compte pas s'arrêter là. Tant mieux, moi aussi. Une main se glisse sur mon entrejambe trempé et s'attaque à mon clitoris et mes lèvres intimes. Oui, j'avais bien besoin qu'on me trifouille par ici.
Sa bouche m'embrasse maintenant dans le cou puis descend lentement sur mes seins. Il gobe un téton qu'il mordille légèrement. C'est ensuite sa langue qui prend le relais tandis que sa main continue de malaxer mes seins. Oui, j'aime ce qu'il fait. J'enlève son maillot et embrasse la peau de son torse musculeux. Elle a un petit goût de sueur que je trouve excitant.
Après plusieurs minutes de ces traitements, la virilité de Victor renaît. Très vite, je sens son dard pointer en direction de mon ventre. Ce coup-ci, je compte en profiter pleinement. J'attrape la bête et m'empale dessus. Dans cet ascenseur, je m'apprête à monter jusqu'au septième ciel. Et je compte bien profiter du voyage.
Premier ciel : le trajet débute sans hâte. Positionnée sur lui, j'oscille en douceur. Je me détends et laisse le plaisir grimper au cerveau. Ma bouche se colle à la sienne. Nos langues s'enroulent. Nos mains s'échangent des caresses. C'est agréable.
Deuxième ciel : cette fois, je me sens vraiment embarquée dans le voyage. Mes gémissements commencent à se faire entendre. Nous accélérons la cadence et nos échanges deviennent plus fougueux. L'escalade vers le sommet se poursuit.
Troisième ciel : j'ai une pensée fugace pour mon copain. Je n'ai jamais envisagé de le tromper. Je n'en ai même jamais été tentée. Pour moi, c'était inconcevable, totalement impossible, et pourtant ce soir j'ai craqué avec un total inconnu. Je ne sais pas pourquoi ; est-ce la peur de me retrouver prisonnière qui m'a fait perdre toute raison ? Je le trouve plutôt attirant, mais auparavant ça n'a jamais été une raison suffisante pour trahir mon conjoint. A-t-il quelque chose de plus que les autres ?
Quatrième ciel : le pire dans tout ça, c'est que je n'ai même pas honte. Au contraire, je prends beaucoup de plaisir. J'ai l'impression de n'ouvrir qu'une parenthèse que je pourrai refermer aisément quand tout redeviendra à la normale. C'est un moment de totale liberté que m'offre cet ascenseur, un moment où je ne vis que pour moi.
Cinquième ciel : je ne veux penser à rien d'autre qu'à ce moment, qu'à ce sexe qui me procure tant de plaisir. Plus rien n'a d'importance. Seul l'instant présent compte. Je me laisse porter par mes émotions et le bonheur que me transmet son pic de chair. Je m'abandonne à cette sensualité qui prend de plus en plus possession de moi.
Sixième ciel : la fin du voyage s'approche à grands pas. Nous baisons sauvagement, sans plus aucune retenue. Nos regards sont collés l'un dans l'autre. Nos ongles se plantent dans nos chairs. Nos cris se répondent l'un à l'autre. La passion nous inonde jusque dans nos veines. Là, je le vois, l'escalier vers le paradis n'est plus qu'à un pas.
Septième ciel : nous y sommes ! La goutte en trop a été atteinte et fait déborder le vase. Elle le brise même, libérant au passage une énergie folle qui se déverse hors de nous par un cri rauque. Son sperme jaillit comme une cascade dans mon ventre. Arrivée aux plus hautes altitudes du plaisir, j'ai l'impression de perdre pied et de dégringoler jusqu'à me noyer au fond des abysses.
Enlacés l'un à l'autre, nous finissons la nuit ainsi. Après tant d'émotions, le sommeil nous emporte.
Je me réveille avant lui. Je ne sais pas quelle heure il est ; j'ai perdu toute notion du temps. Je repense à ce que Victor et moi avons fait. Je repense à mon mec et à ma trahison, mais je n'arrive pas vraiment à regretter ; je suis attachée à lui mais je ne crois pas l'aimer. Que vais-je faire ? Rien, comme j'avais prévu : la parenthèse se refermera dès que je sortirai d'ici.
Je réveille mon amant avec une cajolerie buccale. Je compte profiter un maximum avant que nous nous quittions. Je le sens réagir. Une main se pose sur mes cheveux pour les caresser. Il me souhaite un bonjour mais je ne réponds pas, trop occupée à déguster son sexe au goût de nos ébats.
Soudain, la lumière revient ! Nous sursautons. L'espoir nous gagne alors nous renfilons nos vêtements à la vitesse de l'éclair. Miracle, l'ascenseur se met soudain à vibrer. Il bouge et amorce une descente comme il aurait dû le faire plusieurs heures plus tôt. Je vais pouvoir retrouver mon train-train quotidien. Je souris. Pourtant, quelque chose me chiffonne au creux de mon ventre.
Les portes s'ouvrent. Un vieux technicien apparaît et nous regarde, intrigué. Une bosse est clairement visible à l'entrejambe de Victor mais nous faisons comme si de rien n'était. Le vieux tente de nous expliquer la raison de la panne mais nous ne l'écoutons pas vraiment, trop heureux de revoir la lumière du jour. Mon compagnon d'une nuit a le sourire aux lèvres. Il est vraiment pas mal, en fait. J'ai encore envie de l'embrasser.
Cette fois, l'heure des adieux se fait sentir. Nous nous enlaçons une dernière fois et nous nous souhaitons bonne chance pour la suite. Toujours cette boule au ventre qui me turlupine. Je lui souris et m'apprête à sortir du bâtiment. Mes pas s'arrêtent. Je fais demi-tour et reviens vers lui.
— Finalement, je crois que je vais prendre ton numéro.
— Tu es sûre ? s'étonne-t-il. Et ton copain, alors ?
— Oui, je suis sûre. Et pour mon copain, je crois que tu avais raison : le temps est venu de faire de nouvelles expériences. Je suis jeune, après tout !