Je suis Femme
Nariko23/01/2019Je me retrouve dans la tenue que les Dieux m'ont donnée.
Entourée d’un cocon de douceur jusqu'ici inexplorée, je me laisse emporter comme une feuille au fil de l'eau, tantôt lentement, tantôt rapidement, mais toujours avide de découvrir ce monde inconnu. Je voudrais le connaître déjà, savoir comment réagir, mais mon ignorance fait de moi la spectatrice de ce que je vis. Le cocon m'enveloppe davantage et me berce comme une mère berce son enfant avant qu'il ne s'endorme. Je suis sereine, étonnée, émerveillée, subjuguée par cette chaleur qui m'envahit, augmentant chaque fois qu'elle s'empare d'une parcelle de mon corps.
Je ne sais plus où je suis… Je ne sais plus ce que je fais…
La chaleur devient brûlante, presque insupportable, mon cœur s'emballe et bat au rythme des vagues qui m'emportent. Où me mèneront-elles ? Je ne le sais pas. J'ai envie de déchirer ce cocon qui m'entoure, ce cocon qui m'étouffe ! En sortir… vite ! Mais une partie de moi veut rester, savourer cette douceur magique et cette chaleur envahissante ; alors je me laisse emporter. Je me laisse flotter comme une poussière emportée par le vent.
Mais soudain une douleur sale, immonde, me sort de ma torpeur pour me faire pousser un long cri silencieux ! Je voudrais retrouver la douceur de mon cocon, vite ! Mais il n'est plus là, remplacé par la violence de ce mal qui me transperce comme une épée. Le temps s'arrête. Je reste immobile, comme paralysée, attendant la suite comme on attend le coup de grâce qui nous libérera enfin…
Une vague me prend et m’emmène lentement loin de cette douleur répugnante, petite vaguelette frémissante poussée par le vent vers un autre rivage. Elle me prend et m'emporte pour me déposer délicatement sur cette plage de sable fin. Elle me reprend et m'en éloigne pour m'y redéposer à nouveau. La vaguelette grossit ; elle devient vague au sommet bordé d'écume, reformant le cocon autour de moi ! Je suis emportée de nouveau, ballottée, emmenée toujours plus loin, toujours plus haut pour finir sur cette plage de sable blanc.
Le vent augmente, les vagues se succèdent, de plus en plus rapides, de plus en plus fortes. La plage de sable se transforme en plage de galets sur laquelle je viens m'échouer, vite reprise par une autre vague qui m'éloigne encore plus loin, encore plus haut ! Les galets se transforment en rochers sur lesquels les vagues viennent exploser en milliers de gouttelettes d'eau. Le cocon se referme autour de moi ; je suis dans un nid douillet et brûlant. Je n'ai plus mal, je suis si bien… Je me laisse flotter parmi ces vagues.
Le vent devient tempête, les rochers deviennent falaises, les vagues plus nombreuses, encore plus fortes et plus hautes… J'en aperçois une plus grande que toutes les autres, véritable muraille qui avance à la vitesse d'un cheval au galop. Elle se saisit de moi, me pose à son sommet et viens submerger mon esprit qui vole en éclats. Je ferme les yeux pour voir ce feu d'artifice qui explose en moi au moment où un éclair me transperce. Des couleurs étincelantes éclairent mon âme, lueurs multicolores jusqu'alors jamais vues. J'entends mon cri plus que je ne le pousse. L’air me manque, incapable de me contrôler, emportée par le tourbillon d'un ouragan qui m'emmène au-delà des nuages. Je vole parmi les étoiles qui illuminent le ciel !
Je vole et redescends comme cette feuille qui tombe en tournoyant…
Je suis dans la tenue que les Dieux m'ont donnée…
Je suis Femme.