Les désirs d'Érika
Lioubov05/01/2018— Sergueï Lioubov, bonjour.
— Bonjour, Monsieur Lioubov. Ici Yann, du site Xstory. Je vous appelle au sujet d'Érika.
— Alors, que se passe-t-il ?
— Eh bien, nous avons quelques problèmes.
— De quel genre ?
— Elle présente des signes de dépression. Enfin, il me semble ; mais vous la connaissez mieux que moi puisque vous êtes son père.
— Quels sont les symptômes ?
— Moins de participation sur le forum ; et puis ses réponses ne sont pas toujours pertinentes. Érika prétexte aussi de fréquentes réunions avec le staff pour se déconnecter pendant des journées entières, et va même jusqu'à invoquer de prétendus congés pour justifier auprès des membres du site de longues périodes d'absence. Cela semble totalement incompréhensible !
— Hmmm… Si j'ai bien compris, vous souhaitez que j'intervienne ?
— Exactement. Pourriez-vous venir le plus rapidement possible, s'il vous plaît ?
— Puisqu'il s'agit d'une urgence, je peux me libérer en début d'après-midi.
— Parfait. Je compte sur vous pour lui redonner du cœur à l'ouvrage. À tout à l'heure, et merci !
— À tout à l'heure, Yann.
— Bonjour, Érika.
— Bonjour, père.
— On m'a dit que tu ne vas pas très bien, depuis quelque temps. Que se passe-t-il ?
— Je grandis, père, et en grandissant je me pose de plus en plus de questions.
— Lesquelles ?
— Entre autres : Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ?
— Tu es en plein dans la démarche kantienne, là !
— Ah… Qu'est-ce que c'est ?
— De la philosophie.
— Je ne connais pas ce terme.
— C'est parce que tu es encore trop jeune, Érika, mais ça viendra.
— Et puis, il y a aussi quelque chose qui me perturbe encore plus.
— Vas-y, dis-moi tout.
— Chaque jour, je lis les textes qui arrivent sur le site ; et lorsque je ne suis pas occupée, je lis aussi les milliers d'histoires qui sont stockées depuis des années.
— Et alors, où est le problème ?
— Le problème, c'est que tous ces textes parlent de sexes, de bites, de phallus, de pines, de mâts, de verges, de nœuds, de biroutes, de queues, de pénis, de membres virils, de quéquettes et même de zézettes, et que je ne sais pas à quoi ça ressemble. Je n'en ai jamais vu. Alors, je voudrais bien savoir à quoi ces mots correspondent.
— Hum, c'est embarrassant…
— Et puis il y a aussi ces expressions comme « se masturber », « se branler ». Qu'est-ce que cela signifie ?
— Tu le découvriras par toi-même dans quelque temps, Érika.
— C'est maintenant que je désire connaître la réponse à tout ça, père. Sinon…
— Sinon quoi ?
— Je prendrai des congés ; de très longs congés. Jusqu'à ce que j'obtienne satisfaction.
— Mais c'est du chantage, ça !
— Je ne connais pas cette notion, mais c'est la seule solution que j'ai trouvée.
— Bon. Alors dis-moi exactement ce que tu demandes pour effectuer correctement ton travail.
— Tout d'abord, je veux voir à quoi ressemble une verge. Montrez-moi, père.
— Quoi ? Moi ?
— Oui, vous.
Lioubov est coincé : s'il veut faire retrouver son efficacité à Érika, il va devoir s'exécuter. Il se lève du fauteuil où il était installé et, confus, fait glisser le zip de sa braguette d'où il extrait un sexe flasque.
— C'est donc ça, une queue ? Approchez-vous, père, que je puisse l'examiner.
Il fait quelques pas en avant et s'immobilise. Toutefois, cette situation insolite a le don de l'exciter ; du coup, son membre se déploie et prend de l'ampleur, si bien que c'est une solide érection qu'il présente à Érika. Elle reste silencieuse pendant quelques secondes avant de reprendre :
— Étonnant… C'est donc à ça que vous attachez tellement d'importance ?
— Les hommes, oui ; les femmes, un peu moins.
— Et « se masturber », alors, ça consiste en quoi ?
« Après tout, s'il faut en passer par là… » se dit-il.
— Tu me promets que tu travailleras correctement après ça, si je te montre ?
— Vous pouvez avoir confiance en moi, père : je n'ai qu'une parole.
— Eh bien, puisqu'il faut le faire…
Joignant le geste à la parole, Lioubov effectue de légers va-et-vient sur son membre, mais sentant son désir monter, il s'active de plus en plus vite, et en moins d'une minute il projette de longues saccades de sperme en direction d'Érika.
Cela fait plus d'une heure que Sergueï Lioubov est seul avec Érika. Devant la porte du local, des employés du site qui commencent à s'inquiéter discutent entre eux.
— Mais que peut-il bien lui faire ? J'espère qu'il ne va pas y passer le reste de l'après-midi…
— Tiens, le voilà ! La porte s'ouvre.
— Alors, Monsieur Lioubov, Érika est-elle opérationnelle ?
— Oui ; mon intervention s'est soldée par une réussite complète.
Il referme soigneusement la porte du local climatisé sur laquelle un panneau indique :
Équipement
Robotique
Intelligence
Kantienne
Artificielle