Y en a qui disent
Charline8807/04/2017Personne ne sait comment ça commence. Pourtant la femme qui regarde son mari sur la piste de danse avec cette cavalière aux cheveux roux sent ce qui va arriver. Les deux là en sont à la sixième danse ensemble. Elle le connaît, ce bougre d'homme athlétique, cheveux courts et châtain, aux yeux d'un bleu délavé. Ses muscles roulent sous les vêtements bon chic bon genre. Elle admire ces deux-là qui ne s'occupent de personne et prennent seulement un malin plaisir à suivre en harmonie les accords tendres d'une série de slows plutôt langoureux.
Elle a senti depuis le début que cette fille légèrement potelée charmait son mari. Les obscures raisons qui rendent l'alchimie de l'attirance possible sont sans doute toutes réunies parce que Michel ne la quitte plus depuis qu'elle est venue vers eux. Le mari de cette dame s'appelle Marc. Il a quelques années de plus qu'elle, et les sorties quelque peu mouvementées telles que celle-ci, il ne les supporte que pour elle. Elle ? C'est Maryse. Quarante ans, dont la moitié passée aux côtés de Marc. Un autre slow débute sur la piste, et Claude fait signe au serveur. Empressé, l'homme accourt et prend la commande de la jolie brune.
Sur la piste, ils sont serrés l'un contre l'autre. Michel est un bon danseur ; il guide Maryse tranquillement, et la tête de la femme est collée à l'épaule du mari de Claude. À table, la bouteille de champagne est arrivée, fraîche dans son seau de glace ; Marc se met en devoir de délier le muselet. Le couple assis au bord du parquet n'est en rien jaloux. Tous les quatre sont des amis de longue date, et pour eux, c'est toujours un bonheur de sortir ensemble. Mais ce soir, Claude a senti que Michel avait un petit béguin pour Maryse.
Il faut dire que sous des airs très « femme du monde », inconsciemment ou volontairement, elle a tout fait pour cela. Marc a sans doute aussi compris que son épouse aguichait ouvertement Michel. Tout comme Claude il s'est tu, n'a fait semblant de rien. Une amitié si vieille, aussi solide ne se brise pas pour un semblant de flirt d'un soir. Elle le connaît, son Michel ; elle sait bien que quelque part dans le contrat de mariage, il y a bien dû avoir quelques entailles. Il faut dire aussi qu'il est parfois de longues semaines loin de la maison. Son travail l'y oblige.
Marc vient de faire sauter le bouchon de la bouteille, et le liquide doré coule dans les coupes alors que la musique change de rythme. Les deux danseurs reviennent vers la table. Sur le front du cavalier de Maryse une légère sueur perle, mais Claude ne remarque rien d'autre que la bosse qui déforme son pantalon. Sans doute que le mari de sa cavalière voit la même chose. Personne n'en fait état, et ce sont des sourires qui les accueillent alors qu'ils reprennent leur place auprès des autres.
— Marc, ta femme est toujours aussi bonne danseuse !
— Oui, je le sais bien, et je suis heureux d'avoir des amis comme vous pour qu'elle puisse encore s'amuser un peu.
— Tu pourrais faire un effort et me suivre sur la piste pour un slow de temps en temps…
— Je te l'avais bien dit qu'épouser un homme plus âgé que toi de quinze ans serait un jour un handicap.
Les quatre se mettent à rire, mais une sorte de nuage passe dans les yeux de Claude. Que son Michel ait une aventure alors qu'il est loin de leur chalet, c'est une chose ; mais qu'il bande pour la femme d'un couple avec qui ils sont amis depuis toujours en est une autre. Une autre bougrement plus dangereuse, à ses yeux. Ce que l'on ne voit pas, ne sait pas, ne fait pas mal au ventre ; et là, le doute insidieusement s'installe en elle. Est-ce seulement particulier à cette soirée ? Y a-t-il déjà eu, auparavant, une ébauche d'amourette sans qu'elle s'en soit aperçue ?
Un millier de questions – sans réponses, bien évidemment – mais des interrogations bien légitimes quand elle se remémore la manière plutôt lascive que prend Maryse pour se coller à son mari. C'est aussi étrange, comme la jalousie peut soudain jaillir d'une salle mal éclairée, d'une danse trop zélée, d'un slow… entre une amie et son mari. Claude se laisse aller à des idées sans queue ni tête, et d'un geste nonchalant elle rejette en arrière la mèche de ses cheveux mi-longs qui lui barre le front. Il lui faut à tout prix exorciser ses mauvaises pensées et retrouver un semblant de calme.
Sa nervosité, pourtant bien retenue, n'a pas échappé à son mari. À Marc non plus, et il se sent dans ses petits souliers : ça se devine à sa manière bien personnelle de prendre la main de Maryse, de la serrer dans la sienne comme s'il tentait de retenir quelque chose qui pourrait s'éloigner de lui. Ni les uns ni les autres ne font état de ce malaise soudain, et les coupes se vident avec des rires. Jaunes, ceux-ci, pour Marc et Claude ; mais les apparences sont peut-être trompeuses.
— Michel, tu veux bien me faire tourner un peu ? L'orchestre entame une série de valses ; tu sais comme j'aime cette danse.
— Allez, viens ! J'en ai envie aussi ce soir.
Claude et Michel ont lâché ces paroles comme pour se rassurer l'un l'autre. Les couples qui occupent l'espace se croisent, se frôlent, se touchent parfois. Elle se lance à corps perdu dans une suite de pas, pas toujours bien synchronisés avec la musique. Il n'y a pas que le corps qui est perdu ; son esprit également se confond dans les méandres du doute, dans un labyrinthe de questions. Michel ne lâche plus cette main si douce. Il la fait tourner en posant rapidement sur elle-même, il est attentif à ne pas lui marcher sur les pieds. Il sent que sa cavalière n'est pas naturelle. Claude a beaucoup de peine à se concentrer. Le ver est dans le fruit…
Dès que la dernière mesure est finie, ils se détachent l'un de l'autre et se dirigent de nouveau vers leurs amis qui font tapisserie. La bouteille de champagne a subi les outrages de l'absence du couple.
— Je ne suis pas très en jambes, ce soir…
— Je n'aime pas la valse, alors tu ne me feras pas danser là-dessus !
— Je crois que nous allons rentrer, il se fait tard ; qu'en pensez-vous, les amis ?
La soirée s'étiole et part en javel, en sucette. Maryse a une sorte de regard dépité mais ne répond pas. Tous se lèvent, et Michel passe au bar régler l'addition. À l'extérieur, près des voitures, les embrassades sont légèrement écourtées. Claude laisse son mari prendre le volant alors que la berline de leurs amis est déjà loin devant. Les deux là n'échangent aucun mot. Le col qu'ils suivent les ramène directement à la maison, mais l'ambiance n'est pas au beau fixe. Un grain, un orage s'annonce.
— Claude, tu peux me dire ce qui t'arrive ? Tu ne me décroches plus un mot depuis notre départ, et c'est tout juste si tu as été polie avec nos amis au moment de les quitter.
— Écoute, Michel : si toi tu ne vois pas pourquoi je suis dans cet état, alors qui le verra ? Me prends-tu pour une gourde ? Une aveugle ? Ça fait longtemps que ça dure, votre petit manège ?
— Quoi ? Qu'est ce que tu me racontes là ? Je ne comprends rien à ce que tu me dis !
— Tu crois que je ne vous ai pas vus vous frotter comme deux chats en chaleur ?
— Mais je n'ai rien fait d'autre que de danser. RIEN d'autre, tu m'entends ? Le reste, c'est ton esprit qui se fait des films. Marc et Maryse, ce sont des amis ; rien de plus.
— Et tu t'imagines que quand tu bandais sur la piste de danse ça ne se voyait pas ? Me prendrais-tu vraiment pour une sotte ou quoi ?
— Mais… pas du tout. J'avoue qu'elle s'est frottée contre moi et que ça m'a chauffé un peu. Mais de là à baiser la femme de mon meilleur pote, il y a tout un monde !
— Tu ne l'as pas encore sautée ? Elle en crevait d'envie : ça se voyait comme un nez au milieu d'une figure.
— Mais, ma parole, c'est une crise de jalousie que tu me fais là ? Je rêve ! On va danser avec nos meilleurs amis, et je m'en prends plein la gueule sous prétexte que Maryse a un peu joué collé-serré. Ce n'est pas moi qui lui ai fait des avances. Du reste, personne n'en a fait.
— Je crois que si vous aviez été seuls…
— Pense comme tu veux, c'est ton droit. Mais pour le moment je ne me sens coupable de rien, sauf d'avoir une bite qui répond à des stimuli bien anodins. Pour tromper quelqu'un, il faut aussi passer à l'acte, et je ne serai jamais prêt pour le faire avec Maryse.
— C'est toi qui me le dis ; qu'est-ce qui me le prouve ?
— Rien. Mais là, c'est déjà m'insulter que d'y songer, vois-tu ! L'incident est clos en ce qui me concerne.
Il se tait. Tout au fond de la vallée, les lumières des lampadaires sont déjà visibles. Gérardmer, son lac, et bientôt le chalet se rapprochent rapidement. Une larme de rage a coulé le long de la joue de Claude. Elle se traite d'idiote, de crétine d'avoir fait tout un pataquès pour trois fois rien. Sans doute que Michel a déjà bandé pour d'autres femmes, ça ne fait pas d'elle une cocue. Elle a des choses à se faire pardonner, à présent. Le faisceau des phares balaie déjà le portail qui donne sur la descente gravillonnée de leur propriété.
Dès que le véhicule est devant le garage, la femme entre dans la maison sans attendre. Elle n'a pas le temps d'entendre le bruit du moteur qui ronronne lors des manœuvres d'accès dans la remise que déjà elle est nue sous l'eau tiède de la douche. Elle a besoin de se retrouver. La salle de bain, c'est l'endroit idéal par excellence, pour Claude. Immédiatement le jet tiède crache son bien-être sur l'ensemble du corps. Seule sa chevelure est épargnée par le flot continu de liquide incolore. Elle se frictionne avec un gant de crin, se masse sans ménagement, tentant d'atténuer – à défaut de pouvoir les effacer – ces doutes qui persistent à dérouler leur film dans sa caboche.
Elle masse les deux seins qui avancent sur sa poitrine. Puis le gant largement pourvu de gel douche glisse sur le ventre, continue à descendre pour atteindre la fourche formée par la jonction de ses deux jolies cuisses. Elle ne s'y attarde pas, désireuse uniquement de laver ce corps de la souffrance engendrée par un excès de jalousie. Ensuite, puisque le côté face est net, comme nettoyé, elle attaque tant bien que mal le côté pile de son anatomie. Armée d'une sorte de longue brosse enduite également du savon liquide odorant, elle la passe et repasse entre ses omoplates, puis lisse le dos jusqu'à ses fesses.
Michel est furieux. Claude lui a pratiquement fait une scène pour… bon, c'est vrai que Maryse l'a un peu allumé. Mais comment interdire à son sexe de bander ? La cochonne avait su mettre tous les atouts de son côté. Les slows sont des danses très rapprochées et très… faites pour ce genre de situation. Habituellement, c'est avec son épouse qu'il les danse ; elle ne hurle pas quand il a une érection, dans ces cas-là. Et puis la femme de Marc n'a rien à voir avec les canons de la beauté. C'est une belle femme, bien comme il faut… pour Marc. Lui n'en a aucunement envie. Sauf que ce soir… Eh bien, il ne sait pas pourquoi, sa bite a réagi en se tendant comme un arc. Sa manière de se coller à lui, son parfum enivrant, un tout qui l'a désorienté.
Son regard fait le tour de la cuisine, puis du salon. Pas de Claude ! C'est le bruit singulier de l'eau qui coule qui lui suggère qu'elle doit être sous la douche. Sans se formaliser, il entre dans la salle de bain. La brune est bien là, nue sous le jet qui dégouline partout sur elle. Il la regarde se frotter le dos. L'érection de tout à l'heure revient au grand galop. Merde ! Elle est toujours aussi… désirable. Vingt ans qu'il vit avec la nymphe qui se baigne, vingt ans qu'il est fou de ce corps, et ce n'est pas une soirée pourrie qui va changer la donne. Prestement, ses vêtements sont jetés à même le carrelage.
Il n'y a que la porte transparente de la cabine, dans laquelle Claude se livre à un curieux manège, à franchir. En deux pas c'est fait. Il s'empare d'une main de la brosse, et à l'aide d'un gant de nylon emberlificoté il commence à caresser le dos de la créature magnifique qui se laisse faire. La colère de l'un est retombée et celle de l'autre se calme par des gestes doux, tendres, attentionnés. La femme va au-devant de la main qui fait aller et venir le gant sur le cou, sur la colonne vertébrale, puis sur les fesses. Finalement, elle fait un demi-tour et se trouve face à son mari. Se montant sur la pointe des pieds, elle s'accroche à son cou, se soulève doucement pour chercher ses lèvres.
Michel a vite compris qu'elle veut un baiser, un baiser de feu sous l'eau. Il penche sa tête vers elle, et leurs bouches se soudent sans que le jet ne cesse de les couvrir de ses milliers de gouttelettes tièdes. Il saisit le poignet de la brune, le guide vers le centre de son corps, et quand elle empoigne le pieu qui vient de pousser là, il lui susurre d'un air narquois :
— Tu vois ? Maryse n'est pas là, et je bande quand même.
Claude, piquée au vif, se recule d'un pas. Sa main lâche le cou et vient brutalement à la rencontre de la joue de Michel. Celui-ci prend la gifle avec un sourire. Elle crie :
— Espèce de salaud ! Tu vois : même près de moi, à poil, tu penses encore à cette cochonne !
Il se dit, mais un peu tard, qu'on ne l'y reprendra plus. Il n'a pas été fin sur ce coup-là ; et s'il en rit, c'est pour ne pas en pleurer de dépit. Il tente de calmer la furie qui se débat sous la douche. Elle le griffe, lui laboure la poitrine de ses longs ongles rouges.
— Salaud ! Salaud ! Tous les mêmes, les mecs ! Que des queutards qui ne pensent qu'à sauter tout ce qui bouge !
— Calme-toi, veux-tu ? Ce n'était qu'une mauvaise plaisanterie. Pas la peine de te mettre dans un pareil état.
— Je suis sûre que tu l'as déjà baisée, cette… salope, cette pute.
— Tu as fini de raconter des conneries ? Oui ou non ? Je vais me coucher. À demain. Ça ira sans doute mieux après une bonne nuit de sommeil… Merde alors, ce n'était pas vraiment ma soirée !
L'homme s'essuie à la hâte puis s'en va. Il écoute encore un long moment les bruits de l'enragée qui continue sa toilette. De belles traces rouges sont visibles sur son torse. S'il est fâché, il ne s'en prend qu'à lui. Sa plaisanterie a mis sa belle dans un état pas possible ; pff… les femmes jalouses, ils en ont ri souvent tous les deux, et la voici qui entre dans cette catégorie sans qu'il sache vraiment pourquoi. Mais elle ? Le sait-elle seulement ?
Il dort depuis un sacré bout de temps quand elle vient à pas de louve se coucher en prenant soin de ne pas le déranger. Sa rage est retombée.
Bon Dieu, mais elle devient folle ou quoi ? Ils sont souvent sortis avec Marc et Maryse. La rousse a dansé tellement de fois avec Michel sans que cela ne pose aucun problème. Alors ? Pourquoi ce soir réagit-elle de la sorte ? Elle s'en veut, ne sachant plus comment rattraper le coup. Il lui a paru vexé quand il est parti se coucher. Le temps infini dont elle a eu besoin pour se calmer, tout cela n'est pas très normal. Et puis c'est vrai, il a raison ! S'il l'avait ou s'il voulait la tromper, il ne le ferait pas devant Marc et elle. Encore que… avec les mecs… on ne peut jurer de rien. C'est bien compliqué, tout cela. Il vaut mieux dormir. Michel a encore raison : demain sera un autre jour, et la nuit porte conseil… parfois.
Le matin a levé le rideau de la nuit, et le soleil qui brille depuis une heure au moins réveille brusquement la brune endormie. Machinalement, sa main vient du côté du lit où son mari est censé être allongé. Le drap est vide, la place froide. Signe qui laisse à penser qu'il a quitté le nid depuis un long moment.
— Michel ! Michel ! Où es-tu ?
Le silence est la seule réponse à ses questions. Serait-il encore fâché pour hier soir ? Elle lui dira qu'elle avait trop bu… mais il ne croira jamais cela. Il la connaît depuis si longtemps.
— Mais enfin, pourquoi ne me réponds-tu pas ? Michel…
Toujours aucun écho à sa question. Elle se lève, s'habille à la hâte et fait le tour du nid. Personne ! L'oiseau n'est plus là. Alors en désespoir de cause, elle va à la fenêtre du salon. Depuis celle-ci, elle remarque, sur la nappe bleutée, le petit point sombre qui flotte sur l'eau. Elle comprend immédiatement que s'il est parti à la pêche avec sa barque, c'est qu'il réfléchit. Elle se reproche mentalement d'être allée trop loin hier soir. Cette histoire de jalousie l'énerve, mais comment y échapper ? Ce serait trop bête de se faire la gueule pour des idioties, pour une illusion sans nul doute.
Elle se lance alors dans des tâches domestiques obligatoires, guettant de temps à autre l'embarcation qui reste au loin. Ce type-là, c'est son Amérique à elle, son Eldorado. Alors, s'embrouiller pour quelques pas sur un parquet… c'est vraiment trop con. Elle se promet de présenter des excuses à Michel dès qu'il reviendra. Tout à son ménage, elle remarque soudain que la lampe rouge qui signale que la sonnerie du portail, là-haut sur la route, a sonné, mais que le bruit de l'aspirateur ne lui a pas permis de l'entendre. Elle jette un œil sur le visiophone, et dans le minuscule écran… la tête qui apparaît lui donne un coup au ventre.
Maryse est là, près de sa voiture. Elle attend patiemment, et quand elle appuie pour la seconde fois sur le bouton du carillon, Claude déclenche l'ouverture électrique. La petite Austin noire s'engage dans la descente et déjà la maîtresse des lieux est sur la défensive. Cette femme ! Quelle impudence, quel aplomb… Venir carrément chez elle ! Bon, l'heure n'est plus à la colère, mais aux explications ; alors autant les avoir rapidement. Sur le pas de l'entrée, Claude sans sourire suit des yeux la rousse qui quitte son véhicule.
— Bonjour, Claude. Désolée de vous déranger, mais je voudrais vous parler, à Michel et toi.
— Bonjour, Maryse. Il est à la pêche, mais c'est vrai que nous devons nous expliquer… à propos de la soirée d'hier.
— Je peux entrer ? Il y a certaines choses que tu dois savoir ; après, tu jugeras si nous devons couper les ponts ou si tu peux pardonner.
— Eh bien, viens donc me raconter tout cela. Nous n'allons pas nous battre ; on peut aussi converser devant un café, non ?
— Oui, je veux bien.
Les deux femmes sont l'une en face de l'autre. L'arôme du café frais emplit soudain toute la cuisine. Claude laisse venir Maryse ; elle ne fait rien pour la presser de questions, pour ne pas faire peur à son amie. Après le « jus », celle-ci se met à bavarder.
— Je te demande de m'excuser pour mon comportement envers Michel, hier soir ; je me rends compte que j'ai pu te paraître un peu… salope. C'est le mot que Marc a employé pour me faire des reproches en rentrant chez nous.
— C'est bon. J'ai moi aussi fait des tas de reproches à Michel. Il m'a pourtant assuré qu'il n'avait pas répondu à tes avances. Mais j'ai vu quand même cette érection que tu as provoquée chez lui.
— Il avait raison : c'est moi qui me suis comportée comme… une poule.
— Tu as des raisons particulières pour…
— Ben, je ne sais pas si j'en ai ; mais tu vois, Marc a quinze ans de plus que moi et nous traversons une période compliquée. Quand tu me parles d'érection, je dois avouer que depuis plus de quatre mois il ne m'a pas touchée. Manque d'envie de sa part, mais surtout une indisponibilité permanente à… comment dire… bander. Alors hier soir, dans les bras de ton mari, une danse que j'adore et un peu trop de vin… un cocktail qui mène tout droit vers ce qui s'est passé.
— C'est à ce point avec Marc ?
— Oh oui… Nous avons vu je ne sais combien de médecins. Ils lui ont tous prescrit un tas de comprimés. Ca a à peu près bien fonctionné, au début ; mais depuis quatre mois, plus rien. Et il se désespère ! Mais le pire, c'est qu'il ne veut même plus me toucher. Tu sais bien que parfois les préliminaires peuvent remplacer, donner un autre plaisir, mais il ne veut pas en entendre parler. Il se dit trop vieux, trop usé, trop… enfin, tu imagines la situation.
— Oui, bien sûr ; mais de là à harponner le mari de ta copine… il y a tout un monde.
— C'est surtout à cause de la danse. Et puis, où pourrais-je bien rencontrer un autre homme ? Marc est toujours avec moi. Sentir soudain ton mari bander alors que je frottais un peu, c'est vrai que ça m'a rendue dingue ! J'ai eu comme une sorte d'ivresse, le feu au ventre de savoir un sexe si proche, si accessible… Tu vois le tableau. Je me dis que tu as dû me prendre pour une fieffée salope, et c'est ce que j'étais à ce moment-là. Une pute prête à se taper n'importe quelle queue en état de marche.
— Je suis contente que tu sois venue m'en parler ; je peux imaginer ton calvaire… Allez, viens contre moi que je t'embrasse. Je ne t'en veux plus. Mais Michel et moi nous sommes fâchés à cause de cela ; tu aurais dû nous en toucher deux mots. Et Marc, lui ? Il en pense quoi, de cette situation ? Tu lui as parlé de ton… manque ?
— Oui, naturellement. Il me dit de prendre un amant, qu'il aimerait regarder, que de cette façon je ne le tromperais pas, qu'il aurait aussi une autre forme de plaisir.
— Alors ? Pourquoi t'attaquer à mon mari ? Puisque tu as le feu vert de Marc, profites-en !
— Plus facile à dire qu'à faire. Mais c'est vrai que ce matin je me suis sentie ennuyée par ce qui s'est passé au bar-dancing. Et comme Marc était aussi fâché, il a tenu à ce que je vienne m'excuser.
— C'est bon, je comprends mieux, et je ne t'en veux pas. Je pense que j'aurais peut-être agi comme toi. J'en parlerai avec Michel. Passez prendre l'apéro et dîner, Marc et toi, ce soir. Les choses seront comme ça remises à plat.
— Bon, eh bien comme tu veux. À tout à l'heure, alors, sauf si Marc a prévu autre chose ; mais si c'est le cas, je t'appellerai pour que tu ne prévoies rien à manger pour nous.
— Viens m'embrasser, et tout sera oublié. D'accord ?
— Oh oui, merci !
Michel est revenu. La franche explication qu'ils ont permet de clarifier une situation qui risque de dégénérer. Désamorcer la crise qui couve, c'est le seul objectif de ces deux-là. Que Marc et Maryse viennent ce soir est loin de réjouir un Michel mouché dans son amour-propre. C'est de sa femme à lui qu'il doit surtout se méfier, encore que les derniers événements l'éclairent un peu mieux sur les motivations profondes de l'épouse de Marc. Claude semble avoir pris le contre-pied de cette histoire et être plus calme après son entrevue avec Maryse. Et comme ni Marc ni elle n'ont appelé, ils vont donc venir dîner.
— Et tu comptes que ça se passe de quelle manière avec elle ? Parce que ta petite comédie d'hier… je ne veux pas qu'elle se renouvelle.
— Ben, à vrai dire, je ne sais pas trop comment gérer ça. Tu aurais envie d'elle ? Tu sais, si ça peut arranger leurs affaires, je veux bien te « prêter » quelques minutes à cette femme qui reste mon amie.
— Ah oui, prêter ? Un bien joli mot dans ta bouche… Tu es versatile quand même : hier, tu m'aurais bouffé parce qu'elle me serrait d'un peu trop près, et aujourd'hui tu me jetterais dans ses bras ?
— N'exagérons rien, je ne t'ai pas « bouffé » comme tu le prétends. Et puis, nie donc qu'elle ne t'a pas toujours un peu tenté ? Avec ses rondeurs agréables, ses seins qui te font loucher chaque fois qu'elle vient…
— Bon, c'est reparti ? Que veux-tu en fin de compte ? Explique-toi ; je ne veux pas, moi, encore un esclandre débile, une scène de jalousie maladive.
— Disons qu'on pourrait proposer à Marc de vous regarder, et ainsi sa femme serait contentée.
— Tu crois cela, toi ? Il sera d'accord, lui, de me regarder baiser sa Maryse devant lui ? Et toi, tu serais où dans tout cela ? Prête à m'arracher les yeux ou autre chose ?
— Mais non ; de toute manière, tout se décide… à quatre, et en leur présence. Comme cela, pas de quiproquo, pas de malentendu.
— Et bien sûr, ce sera encore à moi de provoquer la discussion, j'imagine ?
— Oh, s'il n'y a que cela pour te faire plaisir, je veux bien m'en charger si ça peut te rassurer.
— Pas besoin d'être rassuré : simplement, je n'ai pas envie de revivre une putain de scène comme celle d'hier. D'accord ?
— Promis, mon amour.
— Continue à te foutre de moi et j'envoie tout promener !
— Tu es d'une susceptibilité… débordante.
Elle lui sourit et il fond. Elle se rapproche de ce mâle avec qui elle passe sa vie. Elle a besoin de se retrouver contre lui, elle a besoin qu'il la prenne dans ses bras. Alors quand elle minaude, tout proche de son corps, il ne recule pas. Il lui suffit d'étendre les deux mains et elle se blottit contre sa poitrine. De là, il ne reste qu'un pas à franchir pour qu'ils se roulent une pelle. C'est chose agréablement faite quelques secondes plus tard. Elle fait mine de découvrir la bite dure qui déforme sa braguette.
— Mais qu'est-ce que je que je sens là ? Tu as mal, Michel ?
— Mal de te vouloir, mal d'attendre que tu sois enfin revenue à toi !
— Ce ne serait pas plutôt ma suggestion de te taper ma copine ? Ah, mon salaud… Ça te fait bien plus d'effet que tu ne veux bien le dire, hein ?
— Je vais te montrer qui je vais me taper, et immédiatement même.
Michel pousse Claude contre la table de la cuisine. D'un seul élan, il la soulève comme une plume. Si vite qu'elle se retrouve les fesses posées sur le plateau de bois recouvert d'une nappe. Il lui attrape ensuite les deux pieds, l'obligeant à s'allonger sur cette couche d'un genre un peu rude. Mais elle ne renâcle pas, elle est également émoustillée par cette entrée en matière d'un bon moment qui se profile à l'horizon de leur après-midi. Après la dispute, la réconciliation ; et pas besoin d'un oreiller pour assouvir leur faim. La suite n'est qu'un long et bon moment où la poupée brune est prise pour cible par un Michel déchaîné.
Il adopte toutes les positions que l'endroit lui permet. Il est fort, stable, puisque campé sur ses deux jambes. Claude, le compas largement ouvert, les talons sur les épaules de son mari, est prise et hurle tout son content. Quand il se retire pour éjaculer, elle est en transe et se cramponne à lui comme pour retenir encore ces spasmes qu'il a si bien su faire monter en elle. Ça lui fait presque mal de le sentir s'arracher d'elle de cette manière brutale. Quand le jet chaud atteint son buisson, une larme coule du coin de ses yeux. D'une main nerveuse, elle étale cette manne blanche, collante et abondante, l'éparpillant sur tout son sexe de femelle en rut.
Après cela, les choses s'enchaînent rapidement. Douche, puis cuisine au menu, et ils sont prêts pour attendre de pied ferme leurs invités. Claude adore recevoir, mais c'est très spécial ce soir.
Maryse et son mari arrivent à l'heure, comme prévu. Lui ne fait aucune allusion à la soirée du dancing ; elle a apporté un bouquet et une bouteille de vin rouge. Les deux hommes devisent gentiment sur le dernier match de foot du club local, sur la pêche au brochet qui ne donne pas grand-chose cette année. L'apéritif rapproche pour un temps les quatre personnages curieux qui semblent être en round d'observation. Ni le couple de Claude ni celui de Maryse ne veulent dévoiler leur jeu, et l'alcool va peut-être enfin désinhiber les uns et les autres.
Claude, fidèle à sa parole, engage la conversation sur une actualité brûlante :
— Marc, Maryse nous a parlé de vos petits déboires ; et, mon Dieu, c'est idiot de rester enfermé dans tes problèmes. Elle en souffre, et elle fait n'importe quoi ; n'attends pas qu'elle te trompe pour réagir.
— Oui, je sais bien que je dois faire quelque chose ; mais quoi ?
— Tu as bien senti que la situation nous échappait à tous pendant notre sortie nocturne.
— Hum, ouais, mais quoi faire ? Je ne peux plus rien faire avec elle, alors…
— Alors quoi ? Tu ne peux pas jouer avec elle ? Il n'y a pas que les pénétrations dans une vie de couple, bon sang ! Tu ne peux pas savoir comme c'est déprimant d'avoir envie de son homme et que celui-ci te délaisse sous prétexte qu'il a une panne momentanée.
— Momentanée, c'est un doux euphémisme… Je suis trop vieux, c'est sûrement du définitif.
— Ben tiens ! Tu vas nous faire pleurer tous les trois. Il n'y a rien de pire qu'un mec qui pleurniche sur son sort. Bouge-toi, bon sang ! Tu as bien dû dans ta vie te servir de tes mains et de ta bite pour autre chose que pisser non ?
— Claude, calme-toi ! Tu ne vas pas engueuler notre ami et invité sous prétexte qu'il ne peut plus bander et baiser ta copine, non ? Pourquoi ne lui ferais-tu pas des choses toi ? Avec une langue aussi bien pendue, tu devrais avoir des facilités… Qu'en dirais tu, toi, Marc ?
— C'est surtout à Maryse de décider ; je ne suis hostile à rien, et vous, vous êtes un peu nos amis et notre famille…
— Vous pourriez me demander mon avis aussi, vous ne croyez pas, vous trois ? C'est un peu mon corps aussi, et je ne vous donne pas le droit d'en disposer à votre guise, comme bon vous semble.
— Alors dis-nous ce que toi tu attends ; tu veux…
— Je veux… j'aimerais que l'un de vous trois s'occupe de moi : j'ai besoin de faire l'amour, j'ai besoin de vos caresses, de votre attention à tous.
— Et si nous laissions le sort décider pour nous ?
— Explique-toi, Michel, je ne comprends pas.
— Ben, disons que l'on peut faire des jeux avec des dés ou des cartes, et le vainqueur aura le droit de… enfin, vous comprenez…
— Oui, mieux maintenant. Mais si c'est moi qui gagne, je fais quoi puisque je ne bande pas ?
— Eh bien, si tu veux, nous te préparerons et Michel s'occupera de ton petit cul.
— Me faire encu… N'y comptez pas, mais alors pas du tout !
— Mais… tu m'avais un jour juré que tu le ferais une fois pour me faire plaisir.
— Ça s'inscrivait dans le contrat de nos jeux amoureux, des paroles que l'on dit quand on est chaud ; pas une certitude ni une obligation. Un fantasme qui ne se réalise jamais. Je ne suis pas contre les jeux… enfin, je veux bien essayer.
— Qui veut d'une seconde tournée ? Un petit verre, ça ne peut pas faire de mal, et puis l'alcool fait du bien aux femmes quand il passe par le corps des hommes…
Tous éclatent de rire et tendent à Michel leurs godets pour qu'il les remplisse une seconde fois. Claude se frotte honteusement à son mari et Maryse reste un peu à l'écart. Marc, voyant cela, attire à lui sa poupée rousse. Finalement, le repas prend une tournure inattendue. Le vin coule à flots dans les verres et tous sont ou font semblant d'être heureux. Quand la table est desservie, Marc réclame à grand renfort de rires des dés. Il veut absolument jouer à ce fameux « qui perd gagne ». Quand Claude apporte le plateau et les cubes pointés, il bat presque des mains. S'ensuivent des règles édictées par les deux femmes qui mènent à coup sûr à un effeuillage plus ou moins rapide.
La première à être concernée par le retrait de son chemisier est Claude. Elle le fait de bonne grâce, et c'est ensuite au tour de Marc de voir sa chemise flirter avec le vêtement de la première. Au fur et à mesure des tours de dés, les fringues forment un tas de plus en plus conséquent, et c'est finalement Maryse qui doit quitter le dernier bastion de nylon qui masque le bas de son ventre. Ensuite Michel est nu à son tour. Et Marc dépose son pantalon alors que Claude est encore en culotte. Mais le reliquat de nippes de cette dernière est bien vite au rencart. Alors c'est aux femmes de décider qui va faire quoi.
— Moi, je me retire du jeu. Je reste assis sur le fauteuil et je joue… les observateurs.
— Pas question ! Marc, tu as commencé, et tu vas jusqu'au bout. D'accord, trouillard ?
— Je crois que Maryse a raison sur ce coup-là, mon ami ! Sinon où serait l'égalité des chances pour tous dans ce truc ?
— Vous êtes tous contre moi ?
— Pas contre : tout contre, si tu veux… Je suis partante pour jouer avec ce truc-là.
Claude montre la bite molle qui pend entre les jambes du garçon, et tous – même lui – éclatent de rire. Maryse quant à elle s'est rapprochée de Michel, envieuse de ce dard qui, lui, est déjà en état de marche, tendu sans doute par une situation très équivoque. Elle passe devant le couple que forment Claude et Marc, sa main sur le genou du mari de son amie. Ses seins généreux sont une invitation à les frôler, et il faut une bonne dose de courage pour que l'époux de Claude n'y mette pas immédiatement la bouche.
— Attention, Maryse : les yeux de mon homme vont sortir de leur orbite si tu lui colles tes doudounes sous le nez de cette façon ! Et toi, Marc, si tu te servais de tes mains… Je ne crois pas que Michel soit en mesure de refuser quoi que ce soit ce soir. Tout le monde est bien d'accord avec ce qui va arriver ?
Comme aucun ne répond, c'est un accord tacite que la brune enregistre. Elle prend le poignet de son ami et le fait avancer vers elle. Quand la main touche ses seins, c'est comme un coup de chaud. Sans faire mine de rien, elle lâche la main qui maintenant s'agite toute seule sur cette poitrine bien moins opulente que celle sur laquelle Michel se balade déjà. Il n'y a plus de mots ; tous sont bien trop attentifs aux sensations reçues, aux gestes à faire également. La tension est montée d'un cran. Michel ne se prive plus d'explorer les courbes et les plats de cette rousse qui aime visiblement ce qu'il lui fait.
Tout semble aller pour le mieux, même si Marc, anxieux, suit du coin de l'œil l'avancée des caresses de son ami sur sa femme. Il se décide soudain à découvrir le corps de Claude qui se frotte contre lui outrageusement. Mais elle a beau lui triturer les couilles, lui astiquer le manche, rien n'arrive à lui faire redresser la tête. Dans son crâne, c'est l'horreur absolue. Elle est pourtant bougrement appétissante, cette salope brune qui lui tripote la bite, experte et soucieuse de bien faire ! Le problème est plus profond, et il le sait. Alors son amazone lui fait courber la tête en le tirant par le cou. Elle l'oblige presque à poser sa bouche dans cette fourche à la toison brune.
C'est très étrange, ce décalage entre son envie de mec, bien présente, et l'absence de réaction de sa queue. Un vrai malaise s'installe en lui alors qu'il s'efforce de lécher ce minou tellement humide. C'est doux, c'est bon, mais – bon Dieu ! – comme c'est traumatisant de ne pouvoir être dans le même état que Michel. Comme il voudrait bander comme son ami, et alors avec quelle joie il la baiserait, cette salope brune qui s'évertue à lui lécher une guimauve morte ! Il tente, désespéré, de fermer les yeux, de penser à autre chose ; mais rien n'y fait : tout le ramène à ce sexe qui ne monte plus. Alors il se laisse choir sur le côté, laissant en plan une Claude dépitée.
Elle lui murmure des mots de réconfort, lui susurre des phrases gentilles, mais il ne veut pas de sa pitié. Il tourne simplement la tête et observe son épouse qui fait une fellation à son copain. Il sent revenir les souvenirs des merveilleuses pipes de Maryse, et une larme perle au coin de son œil. Elle est vite écrasée par les lèvres d'une Claude malheureuse de voir leur pote dans un pareil état. Quand il se crispe de voir Michel mettre sa Maryse à genoux, qu'il regarde l'homme se placer derrière sa femme et diriger son vit vers la chatte qui l'attend, Claude lui serre le poignet fortement. D'une main câline, elle lui cajole la joue, et il laisse à nouveau échapper une larme.
Le bonheur de Maryse de sentir un sexe vigoureux l'investir, se frayer un passage entre les grandes lèvres n'a d'égal que le désespoir de son mari. Il sait qu'il n'aura sans doute plus jamais l'occasion de… Mais merde, ce que cela fait mal, de voir ! Et sans doute plus encore d'entendre les cris de bonheur de Maryse qui laisse libre cours à ses pulsions. Alors Marc met ses paumes sur son visage et sanglote sans bruit. Sa complice du moment ne peut plus rien pour empêcher cela. Michel a stoppé net ses élans et Maryse s'est retournée. Elle contemple son mari qui, prostré, continue à être secoué par de longs spasmes. La soirée tourne court et personne n'est vraiment à l'aise encore une fois.
— Eh bien, Marc, ne sois pas triste : ça reviendra, j'en suis sûr. Allons, viens, on va boire un coup !
— Merci de ta sollicitude. Je veux bien un alcool ; mais un balaise, un costaud, un qui fait oublier.
— Genre un triple cognac, ça peut faire l'affaire ?
— Oui, et même un quadruple si tu veux. Putain, ça fait mal de voir… Si tu n'avais pas été mon meilleur ami, je crois que je t'aurais défoncé la tête.
— Hé ! Attends un peu ; nous étions bien tous d'accord, non ?
— Évidemment, mais c'est plus fort que moi. Cette jalousie qui m'a pris aux tripes, je te jure…
— J'ai arrêté de suite quand j'ai compris.
— Oui. Oui, j'ai vu et je t'en remercie. Je crois que je préfère encore qu'elle fasse cela sans me le dire, ou alors avec toi, mais sans moi ; tu comprends ?
— Là, c'est Claude qui m'arracherait les yeux.
— Si tu veux, je peux lui demander. Et si elle est avec toi ? Elle ne serait pas d'accord pour que Maryse y trouve son compte ?
— C'est à elle que tu dois le demander ; je ne veux pas me mêler de cela.
— Pas de souci ! De toute façon, c'est cela ou Maryse va se tirer avec un autre mec un de ces jours.
La bouteille de cognac a pris une claque quand les deux amis retrouvent les deux femmes qui reviennent de la douche. Michel décide donc de les laisser tous les trois pour lui aussi se rendre à la salle de bain. Il espère ainsi que Marc aura le courage de parler à Claude et à son épouse, mais il espère par-dessus tout qu'il saura les convaincre ; il a maintenant très envie de reprendre la partie de cul avec la compagne de Marc là où ils l'ont interrompue.
L'eau lui coule sur les épaules, et les hanches de la rousse sont toujours aussi présentes. Bon sang, quel cul elle possède ! Rien à voir avec celui de sa brune. Et puis depuis le temps qu'il fantasmait sur les nibards de la belle rousse, les avoir tétés, touchés, l'a mis en appétit. C'est vrai qu'il aimerait bien… la baiser profondément. Enfin, ce sont des mots qu'il ne dira jamais à Claude, certain qu'elle en ferait encore toute une jaunisse. La seule pensée de ces poils rouges, hum ! Sa queue se tend de nouveau. Pourvu que Marc leur parle à toutes les deux et que sa dulcinée soit d'accord… De toute façon, le bruit du jet empêche d'entendre les conversations dans le salon.
L'instinct le pousse à prendre dans ses doigts cette tige longue et raide. Il décalotte la chose pour diriger le jet chaud sur le gland bien rose, puis il lâche le mât et se frotte avec le bain moussant. Il savonne en évoquant des images toutes plus érotiques les unes que les autres. Il imagine sa Claude caressant la femme rousse, il voit des doigts qui courent partout sur les deux corps de femmes. Et, summum de l'imaginaire, il se voit se planter dans l'une, puis l'autre, et faire d'incessants va-et-vient dans ces deux calices exquis.
Puis il tente de calmer son érection en pensant à tout autre chose. Il se dit que demain il retournera sur le lac : ces foutus brochets doivent bien se nourrir à un moment ou à un autre, non ? Mais rien à faire ; son esprit reste branché sur les endroits entrevus, sur ces deux chattes qui lui donnent envie. De toute façon, si ce n'est pas la rousse, du moins sa blonde sera-t-elle disponible pour finir le travail et le mettre au repos.
Après un minutieux séchage, il revient vers le trio qui est sagement assis au salon. Claude le regarde sans dire un mot, et c'est Marc qui se lève à son arrivée.
— Bon, je crois qu'il est temps de vous laisser tranquilles. Encore merci pour le repas ! C'était comme toujours, Claude, délicieux.
— Vous revenez quand vous voulez. De toute façon, on s'appelle demain, Maryse. Bon retour alors.
— Merci, Claude ; merci, Michel !
Après les embrassades d'usage, ils quittent la maison. Claude et Michel se retrouvent seuls dans la cuisine à ranger les verres du salon. Michel ne pose aucune question ; il aimerait pourtant savoir ce qui s'est dit, mais il sait ne pas la brusquer. Elle a sans doute besoin d'un peu de calme pour lui narrer dans les détails la partie qu'il a ratée alors qu'il était sous la douche. Ensuite, d'un geste doux, elle lui passe le dos de la main sur la joue. Dans ses yeux brille comme une flamme aux reflets égrillards. Ce simple frôlement rallume un feu qui couve chez lui depuis un long moment.
Il la serre soudain contre son torse et sa bouche vient chercher ses lèvres. Un baiser doux les unit, entraînant dans son sillage leurs envies insatisfaites. Elle se laisse peloter ; il ne bronche pas quand elle pose sa main sur son sexe redevenu de bois. Sous les doigts qui malaxent une sorte de corsage fin, le soutien-gorge n'est pas un vrai obstacle. Il ne lui faut guère plus d'une seconde pour que les deux merveilleuses poires soient à l'air libre. Accessibles aux lèvres qui se sont désunies, les deux seins sont immédiatement assiégés par la langue habile de Michel. Claude a rejeté son buste en arrière en signe de reddition. Elle plaque même ses deux paumes sur la nuque de son amant, le forçant par ce simple mouvement à garder une fraise en bouche.
C'est doux, merveilleux, ces stimuli provoqués par les chatouillis que lui distillent les lèvres. Elle en redemande à sa façon ; elle râle, gémit sous les assauts redoublés que ses cris engendrent. N'y tenant plus, il laisse enfin ses mains traîner sur la jupe remise à la sortie de la douche. Miracle ou intention délibérée, rien sous celle-ci ne vient stopper la progression de ces deux mains affamées. Elles trouvent d'instinct la chapelle ardente, curieux endroit en feu, mais pourtant si humide.
L'index qui suit le sillon entre les deux grandes lèvres n'exerce aucune pression sur la fente. Il se contente de la longer de bas en haut avant de redescendre lentement. Durant son périple premier, il s'est enduit de cette rosée que la femme ne peut cacher. Cette manne facilite le voyage de retour, et le long frisson qui parcourt Claude annonce déjà la couleur à l'homme qui bande. Elle est prête, elle attend, elle espère ! Lui ne veut surtout pas la brusquer ; il veut tirer le plus possible de sensations de ce corps-à-corps qui s'annonce magique.
La table de la cuisine sera la couche improvisée, une fois de plus. Du reste, c'est elle qui s'y adosse et se laisse choir, les jambes pendant dans le vide, veillant cependant à ne pas écarter le doigt qui la lisse. Puis elle se couche le dos sur le tablier recouvert d'une toile cirée. Sans à-coups, elle relève ses deux longues jambes, et chaque talon vient tranquillement prendre appui sur le rebord, les cuisses largement ouvertes. Michel devant elle. La tentation est grande de plonger le visage tout entier dans l'espace qu'elle vient d'ouvrir. Il y résiste quelques minutes encore, laissant son index glisser encore et encore juste sur le pourtour de cette foufoune qui lui est dévoilée.
Alors que les phalanges font de légers cercles sur le petit capuchon qui masque encore le clitoris, il se penche en avant et approche ses lèvres du Saint des Saints. Elle a anticipé leur venue, et le long frémissement qui lui donne la chair de poule est là, bien avant le contact de la bouche avec son gouffre. Tout l'air qu'elle a retenu dans ses poumons en prévision de l'alunissage de la langue se trouve soudain expulsé dans un immense soupir. Quand il touche l'objectif, elle serre les cuisses sur ses tempes, lui interdisant tout repli. Mais il n'a nulle envie de se redresser : il lape comme un jeune chiot la chapelle aux mille douceurs.
Toutes leurs sécrétions se mélangent dans un baiser d'amour tendre et délicat. Son corps à elle est tendu, elle n'est plus qu'attente d'un plaisir trop longuement contenu. Lui continue à fouiller les parois roses et chaudes, humides et exquises. La pointe baveuse de sa langue déniche un minuscule mât qu'il se met à mâchouiller. Sur son lit de fortune, Claude se tortille comme un ver, respire plus bruyamment aussi. Il a trouvé le point sensible et s'évertue à le masser sans vergogne, provoquant en elle des spasmes de folie. Elle adore sa manière tout en douceur de l'amener à l'orgasme.
Mais elle ne pense plus, elle ne raisonne plus, elle n'est plus guidée que par son instinct. Il joue aussi avec ses poils, juste une petite touffe en forme de cœur sur le haut du pubis, son dernier refus du « tout lisse », comme elle se plaît à le dire. Dans son crâne, des milliers de couleurs défilent, se mélangent, s'entrechoquent aussi. Derrière ses paupières closes, c'est un grand remue-ménage. Des abîmes de douceur se retrouvent confrontés aux pires horreurs ; elle aimerait… une claque. Elle aimerait avoir mal, simplement pour savourer encore plus ce bonheur qui lui explose dans le ventre. Ce ne sont que des images subliminales qui s'empilent les unes sur les autres, qui génèrent leur lot de plaisir.
Un liquide clair, abondant, inonde la bouche de Michel. Son érection est de plus en plus conséquente, alors il se déplace le long de la couche. Un bras de son épouse suit le mouvement de son corps qui s'approche. Bien entendu, la main qui termine ce bras se referme sur la tige chaude. Elle empoigne ce mât pour lui imprimer de petits allers et retours, et il ne rechigne pas devant cette masturbation bienvenue. Sa bouche finit par délaisser l'entrecuisse toujours béant, et il exprime lui aussi son plaisir par de soupirs qui font écho à ceux de Claude. Mais il a besoin d'autre chose.
Quand enfin il s'est placé comme il en a envie, il se hisse lui aussi sur le tablier de bois. Ses jambes font une passerelle sur le visage féminin qui sait ce qu'il veut.
La tête de Michel replonge dans l'entrejambe qui ne s'est pas refermé, et Claude – qui tient toujours la hampe bien solidement entre ses doigts – n'a plus qu'à guider celle-ci vers sa bouche. Elle ressent l'envie qui secoue la chose que sa langue lèche à petits coups répétés. La tête rose se dérobe sous la peau qu'elle s'empresse de retrousser, et le velours enfin se retrouve englouti dans l'antre bouillant de la femme. Alors commence une sorte de chevauchée fantastique, chacun cherchant dans sa caresse respective à faire monter d'un cran le feu dans le corps de l'autre.
Claude connaît bien cette queue qui frémit dans sa gorge ; elle s'évertue à longer toute sa longueur de sa langue avant que d'en mordiller le casque lisse. L'homme se cabre sous les dents qui agacent ; il apprécie le savoir-faire en oubliant de satisfaire correctement sa compagne. Elle en connaît tous les soubresauts ralentissant son action quand elle sent la sève prête à déborder. Mais ce n'est que pour un instant plus tard revenir sur un autre endroit, énervante et appliquée. La main qui ne guide pas la lance dans le volcan s'est aussi mise en marche. Elle s'est saisie du petit paquet qui gigote sous son menton.
Soupesant et palpant le sac, elle tire des soupirs appuyés des poumons de son mari. Mais c'est quand même elle qui, la première, demande grâce et réclame un plaisir plus… bestial, moins sophistiqué.
— Oh ! Michel… prends-moi ! Vas-y ! Fais-moi l'amour ! Viens ! Viens, j'ai envie… de toi…
Bien sûr, il ne veut que la satisfaire (le menteur…) ; il est de suite sur ses jambes, entre les deux cuisses bien écartées. D'une main qui ne tremble pas, il dirige son engin vers la cible rose qui est toujours mouillée. Une seule pression, et le membre tout entier est en elle. Son souffle s'en trouve littéralement coupé. Elle cherche un peu d'air, comme une nageuse qui vient de plonger. Et lui qui reste bien au fond de son étui de chair, à ressentir tous les effets sympathiques de cette entrée enivrante… Ensuite, bien entendu il se remet en mouvement, glissant de tout son long sur les parois qui semblent frémir d'impatience. Elle crie, roule sa tête de gauche à droite, se mord le poing et balbutie des mots sans suite…
Trop longtemps contenue, leur jouissance explose enfin. Tout d'abord, c'est Claude qui est secouée par d'immenses spasmes ; son corps tout entier n'est plus qu'un grand tressaillement, un frémissement qui n'en finit plus, et les cris qu'elle pousse sont autant de signaux qui déclenchent chez Michel une montée d'envies irrépressibles. Alors, dans un grand râle, il libère sa semence dans la coupe bouillante, continuant cependant quelques va-et-vient, et reste encore un long moment à se vider doucement en elle. La cuisine a pris les odeurs de cette partie de sexe torride, et quand il se retire du minou ouvert, le liquide blanc et épais coule un peu.
Les doigts aux ongles rouges courent sur la fente baveuse et gluante pour étendre la crème masculine mélangée aux sécrétions intimes de la femme. Michel prend alors délicatement le poignet de sa belle pour l'amener vers sa bouche qu'elle ouvre doucement. Elle se lèche les doigts humectés de cette mixture d'amour, et l'homme se penche vers cette bouche gourmande. Quand celle de madame et celle de monsieur se rejoignent, c'est pour sceller dans un baiser passionné et goûter à leur amour au sens premier du terme. Leur bécot dure une éternité, et quand il se redresse, la petite chose molle qui lui pend entre les jambes a quitté son nid douillet depuis un long moment déjà.
— Ouf… Quel pied, ma belle ! Je crois que je ne m'en lasserai jamais… c'est bien toi que j'aime !
— Hum, je ne sais pas… Je crois que vous, les mecs, vous devez dire cela à toutes les femmes avec qui vous avez joui. Mais je reconnais que c'était… trop bon.
— Ah, quand même ! Merci.
— Je crois que Maryse t'avait bien émoustillé avant… et à ce propos…
La phrase se perd dans les rires de Michel. Il ne la laisse pas parler et l'embrasse à nouveau.