La suppliciée
Charline8819/04/2017Assise à califourchon sur sa chaise, la femme brune se cramponne fermement au dossier. Une autre femme, un voile sur la tête, une robe longue lui tombant sur les chevilles, lui passe la main sur les épaules. Des épaules, les doigts se faufilent dans les cheveux fins, qu'ils empoignent délicatement. D'une voix douce elle s'adresse à celle qui assise, semble attendre :
— Vous êtes sûre que c'est bien ce que vous voulez ?
L'autre ne répond pas. Le regard perdu dans le vague, elle est accrochée au siège, attendant sans dire un mot.
— C'est vraiment dommage ; ils sont de toute beauté ! Vous êtes prête ? Alors je peux commencer ?
Toujours aucune réponse de la brune qui offre, malgré son mutisme apparent, un visage fin, des traits raffinés. Sa robe relativement courte est, de par la position adoptée, remontée largement sur ses cuisses. La partie visible à elle seule vaut le coup d'œil. Deux jolis fuseaux bien remplis, des lignes agréables qui se terminent par des chaussures à talons hauts. Deux écrins qui mettent en valeur les chevilles en soulignant la finesse de celles-ci. Aucun sourire ne transpire sur ses lèvres rouges. Ses grands yeux aux couleurs indéfinies sont rehaussés par des sourcils soigneusement épilés.
L'autre tourne autour d'elle avec d'étranges instruments dans la main. Elle semble danser, un sourire malicieux au coin de la bouche. Celle-là n'a pas d'âge ; ses cheveux sont coiffés et enfermés dans une sorte de foulard, lequel se trouve noué sur sa nuque. Toutes deux sont sur une sorte d'estrade, placées en pleine lumière. Leur scène est plaquée contre un long mur tapissé de rouge. L'étoffe qui le recouvre ressemble à du velours. Dans le noir, invisibles des deux personnages qui seuls sont en vue, plusieurs rangées de sièges, tous occupés par des hommes et des femmes qui suivent avec intérêt les gestes de l'une et l'immobilisme de l'autre.
— Une dernière fois : c'est bien ce que vous voulez ? Je ne ferai rien sans votre aval, alors dites-moi, faites-moi un signe, que sais-je… mais je veux bien être certaine.
La femme assise ne fait rien d'autre qu'un signe de tête. Ce dernier est immédiatement interprété comme un oui par la danseuse de bleu vêtue. Sa main empoigne une mèche de cheveux et son curieux objet entre dans le vif du sujet. Au pied de la brune, les tifs coupés tombent comme la neige en hiver. Avec un rictus de plaisir, l'officiante aux ciseaux s'acharne sur la tête, se délectant du plaisir malsain de tailler dans la chevelure brune. Sur sa chaise, la patiente devient blanche, verte, passe par toutes les couleurs de la terre. L'autre ne tient nullement compte des crispations du visage de sa compagne.
Quand la tête présente une sorte de cohérence dans la coupe, elle sort d'un bahut posé contre le mur un bol, du savon et un blaireau. Ses gestes ne sont absolument pas brutaux. Elle fait tremper le blaireau dans le récipient puis le tourne longuement sur le savon. La mousse épaisse qu'elle obtient est ensuite appliquée sur le crâne de la brune qui ferme maintenant les yeux. La femme en robe longue s'applique, et du même endroit d'où elle a sorti les instruments elle retire un long rasoir et une sorte de lanière de cuir. Ses mouvements sont très réguliers alors qu'elle fait aller et venir la lame du coupe-chou sur le cuir.
Placée sur le côté de la femme assise, elle lui maintient le chef d'une main, et de l'autre elle fait glisser son autre patte. Une large étendue claire apparaît sur la tête de celle qui, immobile sur son siège, subit cette coupe à blanc. Les mouvements sûrs se répètent, et c'est une caboche totalement lisse et d'une blancheur parfaite qui apparaît sous la lampe puissante éclairant la scène. Aux pieds de celle qui continue à garder les yeux clos, un tapis fait de longues mèches brunes qui s'emmêlent dans d'autres, plus courtes, remplies de mousse de savon, celles-ci. La boule est lustrée par une serviette de coton rouge, habilement maniée par la femme qui a posé ses ciseaux.
Alors qu'elle se met sur le côté pour admirer son œuvre, la salle se met à applaudir. Prostrée sur son siège, la femme tondue ne bronche pas. Une musique, surgie de nulle part, vient soudain inonder la salle, puis la coiffeuse s'efface et un homme arrive. Pantalon noir, chemise blanche et cravate sous une veste noire, un Monsieur Loyal sans haut-de-forme vient de faire son apparition sur l'estrade. Il ne dit lui pas un mot non plus ; il se contente de taper dans ses mains. Pour celle qui est assise, c'est comme un signe : elle se lève et reste plantée là, sans un mouvement, la tête penchée en avant, face au public. Une autre fille, seulement parée d'une culotte et d'un soutien-gorge arrive à son tour. Elle manie un balai, faisant en quelques instants disparaître les reliefs de la coiffure ainsi que le siège, désormais inutile.
Aussi rapidement qu'elle est apparue, elle disparaît dans l'ombre des planches. La musique est douce et ne s'interrompt nullement lorsque deux hommes entrent dans la lumière, poussant une sorte de table à roulettes. Quand elle est placée au centre de la scène, sous la lampe puissante, ils bloquent les roues pour qu'elle ne bouge absolument plus. Cet autel est recouvert d'un drap couleur sang. La femme chauve maintenant est prise par le bras par l'homme resté sur la scène. Sans dire un mot, il lève la main et la femme semble savoir ce qu'il désire. Elle dégrafe un à un les boutons de sa robe qui ferme sur le devant, retire ce vêtement.
En slip et soutien-gorge devant tous, elle entreprend, toujours sans mot dire, de se mettre nue. Ce sont d'abord deux beaux seins qui sont en pleine lumière. Leurs larges aréoles sombres montrent en leur centre des fraises magnifiques. Puis la culotte qui glisse le long des cuisses pour s'affranchir des chevilles par un pas de côté de la dame dévoile un pubis velu, un triangle qui remonte presque jusqu'au nombril. Elle est invitée par le type en noir à s'allonger face au public sur l'étal qui se trouve là. En montant sur celui-ci, elle écarte les jambes, et tous aperçoivent sa fente cachée sous le bosquet. Dès qu'elle est couchée, les deux garçons qui ont amené la table s'affairent.
En quelques minutes la femme se trouve poignets et chevilles entravés, attachés à chaque coin de l'autel suffisamment long pour que ses bras soient étirés de part et d'autre de sa tête. La coiffeuse, alors que Monsieur Loyal s'enfonce dans le noir, revient à la charge. Cette fois, elle a sur une petite desserte tous ses instruments. Elle tripote quelque chose sur l'autel et le plan s'incline vers l'avant, ce qui fait que la dame attachée sur cette couche se trouve bien en vue de toute la salle et que son ventre est en bonne position pour que le blaireau dépose à nouveau une mousse onctueuse sur le triangle de son bas-ventre.
Le même cérémonial recommence et les poils disparaissent sous la lame que de temps en temps la femme qui rase passe sur une serviette. Tout doucement, les contours des lèvres vaginales se dessinent, se dévoilent, se montrent. Quand il semble que tout est totalement glabre, la femme fait un signe. Un des garçons qui ont attaché la rasée revient, détache une jambe puis l'autre et les maintient en l'air en passant derrière la femme allongée, ce qui a pour but de mettre en évidence les fesses de la dame. L'autre, le rasoir à la main, les écarte, les badigeonne avec le plumeau savonneux et parachève la coupe de tous les poils qui pourraient se trouver dans cet endroit.
De nouveau, l'assemblée frappe dans ses mains. Le garçon qui soulève les jolies jambes de la dame totalement rasée relie les chevilles, et alors que la barbière disparaît, il entreprend de poser une sorte de bandeau sur les yeux de la femme entravée. Ensuite un flacon scintille sous la lumière entre les doigts de l'homme. Habilement, il fait couler sur le corps nu une bonne dose du liquide que la fiasque contient. Maintenant il se dévêt sans gêne devant l'assistance invisible derrière le rideau de lumière. Commence alors un massage du corps allongé. Les mains filent sur cette chair que les doigts pressent, huilant l'ensemble, le rendant brillant sous le spot.
Rien n'est oublié, aucun endroit n'est épargné par ces deux mains expertes. Sur la table, la femme s'ouvre insensiblement aux caresses du masseur. Elle brille comme un diamant sous les feux de la scène. L'homme jeune qui l'enduit lentement en prenant bien soin de ne pas laisser un seul morceau de peau non oint semble y prendre un malin plaisir. Insensiblement, son sexe s'est durci, allongé, et il lui remonte vers le nombril, signe évident que la dame sur la couche ne le laisse pas de marbre. Mais pour l'heure il masse doucement les cuisses, des genoux à la fourche entrouverte de son ventre. Il fait cela avec grand soin, prenant tout son temps, pour le bonheur des yeux des personnes sur les sièges dans la salle.
Les mains remontent en douceur, malaxant les muscles, les étirant, les assouplissant et la femme auparavant brune respire de plus en plus fort. Sa respiration s'est accélérée, et plus l'homme approche de son sexe, plus elle halète bruyamment. Les cuisses luisantes d'une huile essentielle qui embaume la pièce depuis un bon moment, elle frémit longuement. Sur son lit de fortune, elle tente désespérément d'endiguer cette montée d'un plaisir sordide, sachant bien, déjà, que c'est peine perdue. Elle en veut à son corps, à son esprit d'être aussi faible. Elle s'était pourtant juré de ne rien laisser transparaître, de ne pas leur montrer, aux autres là, quoi que ce soit.
Tout avait commencé le lundi précédent. Maud et François, son mari, avaient reçu des amis de celui-ci. La tablée était joyeuse ; les deux hommes faisaient honneur au repas qu'elle avait préparé pour eux, son mari se montrait fier d'elle. Elle se dévoilait bonne femme d'intérieur, bonne ménagère, bonne pour lui, pour eux. Quand il lui avait dit recevoir des amis, elle n'avait fait aucune difficulté, lui demandant simplement si pour le repas certaines choses devaient être prohibées. François s'était contenté de hausser les épaules.
Alors Maud avait suivi son instinct, préparant pour ces gens-là des plats typiquement locaux. Elle avait également choisi le vin qui s'accommodait le mieux avec les mets qu'elle confectionnait toujours avec une minutie toute féminine. Clément et Alain s'étaient du reste montrés des hôtes adorables et avaient fait honneur à sa cuisine traditionnelle. Quant à son mari, il y a avait déjà des années qu'il connaissait tous les talents cachés de son épouse. Le repas avait eu lieu dans une ambiance bon enfant ; ces hommes qu'elle ne connaissait pas auparavant avaient été exquis envers elle.
Après le repas, alors que sur la terrasse ils prenaient le digestif, tous les trois avaient décidé de jouer aux cartes. Le seul jeu capable d'intéresser François était le poker ; les cartes sorties, ils avaient fait des pieds et des mains pour que Maud soit aussi de la partie, le plus insistant étant encore son mari. Bien sûr, la femme avait craqué, et en quelques tours blancs ils lui avaient appris les rudiments de ce jeu de menteur. Tout s'était bien passé pendant une bonne heure et Maud avait amassé quelques billets de vingt euros puisque les mises se faisaient à ce niveau. Puis aussi rapidement que la chance était apparue, elle sembla la quitter.
Son mari avait bien tenté de la raisonner, de la mettre en garde et l'incitait fortement à arrêter le jeu, mais plongée dans cet enfer bizarre des parties de cartes, elle avait fait la sourde oreille. Alors qu'intelligemment les deux hommes lui avaient proposé un tout ou rien sur la dernière mise, sottement elle avait accepté, sous les yeux effarés de François. Le deal était on ne peut plus simple : si elle gagnait, ses dettes – qui se montaient à quelques centaines d'euros – seraient alors épongées ; dans le cas contraire, elle devrait une soirée à ces deux messieurs qui feraient d'elle ce qu'ils voudraient.
François tenta bien de la dissuader de taper dans la main des deux hommes, signifiant par là l'acceptation irrévocable de l'enjeu de la partie. Alain lui précisa bien que le mot « tout » voulait bien dit « tout », et qu'après cela si elle perdait elle ne pourrait plus revenir sur sa décision. Il devait également préciser qu'en cas de perte, François ne pourrait en rien assister à la soirée en question. Maud, les yeux brillants, les lèvres pincées, avait devant son mari effondré donné une claque dans les mains que les deux autres lui tendaient.
Bien entendu, la partie avait été d'une facilité déconcertante pour les deux mecs aguerris, accros du poker, et Maud ne mesura les conséquences de sa folie que lorsqu'elle retourna ses cartes et que Clément sorti une quinte flush ! Le regard éperdu qu'elle jeta à son mari prouvait à lui seul qu'elle se mordait les doigts d'avoir agi sans réfléchir. Elle, si prudente d'habitude, venait de se laisser entraîner dans une histoire invraisemblable. Les deux hommes avaient ensuite discuté en aparté, puis quelques minutes avec son mari. Ce qu'ils s'étaient dit lui était étranger. Son cœur battait à tout rompre alors qu'Alain et Clément prenaient congé en lui spécifiant qu'ils donneraient à François tous les renseignements nécessaires pour cette soirée qu'elle leur devait.
Après leur départ, son mari lui avait bien fait un sermon, mais il avait également précisé qu'il ne pourrait pas lui éviter les désagréments d'un mauvais moment, et que les dettes de jeu sont sacrées. Elle devrait donc se plier aux désirs de ces deux-là, précisant même « tous les désirs », quoi qu'ils lui demandent. Maud avait pleuré, mais cela n'arrangeait strictement rien. Elle pensa un moment qu'ils n'oseraient pas… enfin, que rien ne se passerait finalement après cette soirée. Pourtant elle avait vécu chaque retour du bureau de François comme un calvaire, s'attendant chaque soir à ce qu'il lui dise ce que les autres attendaient d'elle.
Et ce jour était arrivé. Le vendredi soir, il l'avait prévenue que le soir suivant elle devrait se rendre à une adresse qu'ils lui avaient remise. Elle devrait être vêtue d'une jupe ou robe relativement courte, de sous-vêtements sexy, et surtout… surtout elle devrait s'acquitter de sa dette sans dire un mot, sans se rebeller. À nouveau Maud avait pleuré, mais son mari lui avait dit qu'elle n'avait aucun moyen de se défiler. Il lui avait aussi raconté ce que l'on faisait aux personnes qui ne voulaient pas honorer leur dette de jeu… et elle s'était résignée.
Dans sa salle de bain, Maud avait passé une partie de l'après-midi à se rendre présentable. Sous ses yeux, de grands cernes dus aux pleurs, ses traits tirés, tout cela avait demandé un long travail pour les dissimuler à défaut d'arriver à les faire disparaître. Elle avait trié dans ses culottes et soutiens-gorge ce qu'elle avait de plus… affolant pour son mari. Puis quand elle l'avait rejoint dans le salon, la tête basse, il attendait. Il lui expliqua que lors de son conciliabule avec les deux gagnants, il avait seulement réussi à monnayer sa présence, pas trop loin d'elle, ainsi que l'assurance que personne ne lui ferait de mal.
Enfin, pas de vraies violences ; mais pour le reste il ne savait pas. Ils iraient donc ensemble à cette soirée, ce qui la soulagea quelque peu mais ne la rassura pas pour autant. D'un pas peu sûr elle embarqua à bord de la voiture familiale, jurant, mais un peu tard, que l'on ne l'y reprendrait plus. Elle resta crispée tout au long du trajet qui la conduisit vers l'estrade et son lieu de calvaire. Ensuite, elle ne fut plus maîtresse de son destin ; elle se plia donc aux exigences des uns et des autres en priant pour que la soirée ne s'éternise pas trop.
L'étrange frisson qui parcourt l'échine de Maud alors qu'elle se place assise à califourchon sur une chaise n'est pas facile à décrire. Une sorte de honte mélangée à la fierté de ne pas pleurer lui étreint les tripes. Elle se montre impassible alors qu'au fond d'elle elle a envie de hurler. Puis quand la femme debout autour d'elle, dans sa robe longue lui tripote les cheveux, elle entrevoit la paire de ciseaux. Son sang ne fait qu'un tour. « Ils ne vont tout de même pas oser… » Puis le premier claquement des mâchoires qui mordent sa chevelure, l'horreur absolue de ses mèches qui jonchent une à une le sol.
Curieusement, elle en veut à François de ne pas être intervenu. Il n'a pas bronché, pas levé le petit doigt pour la sauver. Elle se fait l'effet d'une poule pendant la guerre, celle que l'on tondait pour avoir couché avec l'ennemi. À cette différence près, c'est qu'elle, elle n'a pas, couché… pas encore, qu'elle n'a pas d'ennemis mais des adversaires de jeu. Quelle torture ! Aussi, alors que le blaireau qui court sur sa caboche, la mousse qui permet au rasoir de… l'envie de pleurer revient au galop. Elle serre les dents : ils n'auront pas cette joie. Elle s'accroche au siège de bois sur lequel elle a pris place.
La lumière est sa meilleure protection. Elle imagine dans l'obscurité que des gens observent. Combien ? Et son François est-il parmi ceux-là ? Devant elle, un parterre de tifs noyés dans une mousse blanche. Son crâne qui lui donne presque froid… Elle ne se voit pas, mais l'image dans son cerveau qui revient sans cesse, celle d'une boule absolument lisse. Pourvu qu'il ne lui verse pas de goudron… La femme qui taille dans la masse, qui coupe sans arrêt a la main douce, cependant. Elle la sent qui écarte ses oreilles pour que la lame passe sans la couper. Au fond de son ventre, l'innommable gargouillis qu'elle entend, c'est le cri de son désespoir. Pourquoi son mari laisse-t-il faire ceci ?
La coiffeuse essuie le crâne aussi lisse qu'un œuf. Un type en costume sombre est devant elle, dans la lumière. Il lui fait signe de se lever. Pourquoi obéit-elle sans discuter ? Plus de chaise ; et l'autre qui veut qu'elle se foute à poil ! Hésitation d'une seconde, mais là encore elle obtempère. D'abord son chemisier qui disparaît sans savoir où ils vont le poser. Puis c'est sa robe qui dégage vers le noir. Un autre geste, et elle sait qu'il lui faut tout quitter. Ses seins sont en pleine lumière, et toujours pas de François pour arrêter tout ceci. Il ne reste que sa culotte, mais elle aussi glisse sur ses chevilles, et le pas qu'elle fait pour la donner au type ne passe pas inaperçu.
Elle est là, dans la lumière, nue, ne sachant que faire de ses grands bras. Le bruit qu'elle entend, qu'est-ce que c'est ? Rien d'autre qu'un étrange chariot monté sur des roulettes. Un immense lit avec un drap non moins imposant, rouge comme du sang. Le gus qui lui prend le bras… oh non ! Il ne serre pas fort, se contentant de la pousser vers la couche où il la fait s'allonger. Voilà, c'est chose faite. Les deux gars qui ont propulsé l'autel sur la scène lui entravent les poignets et les chevilles, et tout cela se retrouve tiré vers les angles du pieu sur roues. La peur lui étreint les tripes ; mais, bon Dieu, pourquoi ne vient-il pas l'aider ?
Pour le moment, seul son amour-propre a du plomb dans l'aile, mais elle veut rester fière, même dans cette situation. Elle ne veut pas leur montrer cette peur panique qui l'habite pourtant. Elle se soumet, mais attachée comme elle l'est, le choix, elle ne l'a plus vraiment. Puis il y a cette incroyable sensation, cette pernicieuse sensation. Son ventre réagit, mais pas comme elle le souhaiterait : son foutu corps s'échauffe sous la monstrueuse infamie. Être nue, elle l'a déjà été ; mais devant toute une assistance, c'est quand même la première fois… Fichu jeu ! Saloperie de poker ! Un des deux types lui a collé un bandeau sur les yeux.
Désormais elle est dans un autre monde. Le noir, ça a du bon ; l'obscurité cache sa honte. Elle se résigne. Et puis, sous un bandeau, si une larme s'évade, quelle importance ? Le froid qu'elle ressent sur son ventre, sur le début de ses cuisses, qu'est-ce que… « Non ! Ils ne vont tout de même pas… » L'acier glisse lentement. Elle frémit, se crispe, mais il lui faut aussi respirer. Le rasage dure une éternité, et la lampe au-dessus d'elle cogne de plus en plus fort. Qu'est ce que c'est encore que cette traction sur ses chevilles ? Qui donc lui tire les pattes en l'air ?
Elle comprend quand ses deux fesses sont largement écartées. L'humidité qu'elle ressent dans sa raie, puis le passage rapide d'une lame : ils n'ont pas oublié un seul petit poil. Là encore, elle s'imagine absolument lisse, elle qui avait toujours mis un point d'honneur à ne pas céder à cette mode du porno. « Mon Dieu il faudra combien de temps pour que je sois de nouveau… normale ? » Cette réflexion lui amène un sourire. Normale ? Mais ce sont eux les tarés. Bien que pour supporter ceci, il faut aussi une bonne dose de crétinisme sans doute. Et son salaud de mari ! Où est-il ?
Rire dans ces instants lui fiche aussi la trouille. Elle devient folle ? Merde, si elle s'en sort, plus jamais une seule carte dans les pattes, même plus une seule dans la maison, c'est juré. Ah, la maison ; mais laquelle ? Après cela, les choses ne seront plus jamais pareilles. Une serviette qui essuie ses fesses, puis ses jambes étendues dans la position initiale permettent le séchage de son ventre par le coton. Une prière muette, un secret espoir qu'enfin François se manifeste. Tout est vain. Elle crie intérieurement, elle hurle en silence. Alors, pourquoi lutter ? D'autant que soudain, après le feu du rasoir ce sont des caresses partout avec de l'eau ou une huile, enfin, quelque chose qui parfume tout autour d'elle, un liquide que des mains dispensent sur son corps.
Son cœur bat plus fort, plus vite. Elle s'imagine entourée de plusieurs personnes, et tous doivent suivre l'évolution de ces mains sur elle. Pas un seul endroit n'est délaissé. Celui ou celle qui la touche a débuté par le cou, tout en renversant une quantité non négligeable d'un produit relativement frais sur son ventre. Alors les paumes de la personne qui la masse vont et viennent, passant sur les seins, étirant, triturant, malaxant chaque muscle. C'est surprenant au départ, puis agréable à l'arrivée. Quand les doigts bien à plat frôlent le sexe, ils rafraîchissent les endroits du pubis et des cuisses où le rasoir a travaillé.
Après s'être lovées sur l'ensemble de sa poitrine, lui avoir fermement étiré les chairs des seins, s'être occupées durablement de l'ombilic, reparties sur le mont de Vénus, les deux mains huileuses descendent à l'intérieur des cuisses. Malgré la tension nerveuse due au fait qu'elle est une attraction vivante, elle sent que son corps tout entier réagit à cette stimulation inédite. Une pensée de plus en plus floue s'envole vers François : s'il assiste à cela sans broncher, c'est que définitivement il entre dans la catégorie des salauds ! Alors pourquoi ne fait-il pas cesser ce jeu qui, soit dit en passant, commence à l'allumer sérieusement ?
Elle se tortille sous les menottes qui continuent leur périple sans se presser, toujours au même rythme. De temps à autre, sur le flanc de son corps, elle sent quelque chose qui se pose pour immédiatement repartir. Ce truc qu'elle n'arrive pas à identifier lui semble chaud, du moins autant qu'elle le devient là sur cette table. L'homme aux doigts de fée est arrivé sans encombre à ses orteils. Il les presse doucement, l'un après l'autre, renouvelant dix fois sur chacun d'eux ses effets relaxants. Elle se sent de mieux en mieux, de plus en plus chaude.
Puis, lorsque les mimines remontent lentement sur la jambe gauche, elle espère presque qu'elles sauront s'arrêter dans ce creux formé par la jonction des deux membres. Juste pour calmer cette attente, cette anxiété de tous les instants depuis qu'elle est arrivée ici dans ce lieu étrange, elle se crispe davantage sur son lit de supplice. L'homme se penche sans doute sur elle car elle sent sur ses longues gambettes le frôlement d'une poitrine ; et toujours cette chose que soudain elle entrevoit en pensée. Maud comprend que le gars est sans doute nu et que ce qui la touche sur le ventre c'est certainement…
Non, François ne peut pas permettre ce genre de truc ! Pas pour une partie de cartes perdue, quels que soient l'enjeu et l'argent dû. Il ne peut pas… ce n'est pas possible. L'atmosphère est devenue étouffante pour elle. Maud aimerait au moins percevoir un bruit, un soupir, un signe qui la rassurerait. Mais rien de tout ceci, juste le minuscule bruissement des mains qui continuent à glisser sur son corps huilé. C'est le souffle d'un homme entièrement couché sur elle qui la ramène à sa triste réalité. Il ne se contente plus de la masser avec les mains : c'est l'ensemble de tout son corps masculin qui participe à ce gigantesque massage. Cette chose dont elle se demandait… elle sait désormais avec justesse de quoi il s'agit.
Ce garçon, homme – difficile d'apprécier – lui souffle sur le visage ; il se love littéralement contre… non, sur elle. Elle peut deviner parmi toutes les senteurs qui se diffusent partout dans la pièce, elle peut discerner avec exactitude la fragrance qu'il emploie en guise d'après-rasage ou d'eau de toilette. Et son truc qui traîne sur elle est dur comme de la pierre, chaud comme une braise. Il s'est coincé entre ses deux seins que les mains rapprochent, formant ainsi un couloir où cette… ce… machin coulisse parfaitement. Il arrive maintenant à buter contre son menton lors de chacune de ses montées entre ses deux obus maintenus par l'homme.
Bien entendu, elle se met à haleter sous cette caresse plus érotique que toutes les autres. Et l'autre sur elle qui se redresse, pressant de ses deux genoux sur le côté des nichons pour garder le corridor à la queue qui se promène… Il lui a saisi le chef – la boule de billard plutôt – d'une main et la force pratiquement à lever la tête. Elle sait bien ce qu'il veut, mais elle met un point d'honneur à ne pas l'aider. Elle y parviendrait parfaitement si soudain une troisième main ne faisait irruption sur son minou. Elle tente de s'y soustraire, mais ce n'est guère possible ainsi entravée qu'elle l'est.
Les doigts de cette intruse trouvent aisément l'ourlet totalement glabre depuis le passage du rasoir. Et comme elle ouvre la bouche pour leur demander de la caresser, ses paroles se trouvent immédiatement bloquées par la queue qui profite de l'occasion pour quitter l'abri des seins et s'engouffrer dans le bec ouvert. Évidemment, elle ne peut plus proférer une parole. Tout au fond de son ventre un majeur, ou tout autre doigt farfouille entre les lèvres qui laissent le passage. Ce phallus miniature s'insère en elle, et sous sa poussée rectiligne elle se sent obligée de sucer le sucre d'orge géant qui frémit de l'arrivée de sa langue.
Elle a l'impression que résonnent dans la pièce les horribles bruits que fait son ventre sous les allers et venues du micro-pénis. Elle sait qu'elle est très humide et que désormais son corps, bien avant son esprit, s'est rendu à ces deux-là qui en profitent. Le petit jeu dure un long, très long moment, et quand la bite tressaute entre ses lèvres, elle sait qu'elle ne va pas avoir d'autre choix que d'avaler ce liquide chaud et gluant qui lui inonde le palais. Alors elle déglutit tout bêtement en fermant les yeux, ce qui est le comble de la bêtise puisqu'elle porte un bandeau. C'est chaud, c'est âcre, c'est… du sperme !
Les deux hommes ne bougent plus. Dans sa chatte, le doigt qui naviguait a lui aussi suspendu toute activité. Le masseur se retire et soulage par son départ le corps de Maud du poids qu'il lui imposait. Elle peut donc à nouveau se sentir plus légère, respirer mieux. Le goût de la semence reste, lui, collé aux narines. La mini-bite qui ne bronche plus en elle se retire lentement. Elle en éprouve des frissons ; le vide lui donne une sensation d'envie perturbée, mais elle se rassure avec l'espoir que ce devrait être fini. Elle a sans doute enfin payé sa dette.
François regarde ses deux amis qui prennent plaisir à dîner avec eux. Ça fait bien deux mois qu'ils les pressent de venir pour… tenter sa brune. Il en rêve de la voir se faire prendre par un autre homme, mais il est inutile d'engager une conversation avec elle sur le sujet de l'échangisme : elle ne veut absolument pas en entendre parler. Elle a quarante ans, comme lui. Ils vivent pratiquement heureux depuis leur rencontre dix-huit ans plus tôt. Ses formes se sont amplifiées, elle s'est un peu arrondie, mais elle garde ce charme des femmes épanouies qui plaisent aux hommes.
Lui aimerait bien qu'elle ose, mais il n'en parle plus. Mais un jour avec ses deux amis, l'un d'eux – Clément sans doute – ayant émis l'idée que Maud lui plaisait, François s'était mis en tête de la voir prise par l'un des deux et il en rêvait depuis ce soir-là. Une autre fois, en jouant à la belote, il s'était aussi aperçu que sa compagne était opiniâtre au jeu et qu'elle s'accrochait toujours de toutes ses forces pour ne pas perdre. Il avait donc échafaudé, à l'aide de ses deux complices, cette histoire de poker. Bien entendu, son épouse avait plongé des deux pieds dans la nasse.
Le repas avait été un vrai régal et les deux margoulins ne quittaient pas des yeux les formes de Maud. Dès qu'elle se déplaçait, l'un et l'autre portaient leurs regards sur ce derrière qu'elle dandinait si bien. Elle avait une étrange manière de se déplacer ; sans s'en rendre compte, elle faisait le jeu de son mari. Bien sûr, les deux hommes n'avaient pas été difficiles à convaincre. La partie de poker, truquée, ne laissait aucune chance à la femme brune. Maud s'était prise au jeu, et comme prévu par François, elle s'était engouffrée dans la brèche puis avait perdu pied comme il l'avait si bien calculé.
De plus, il la connaissait parfaitement bien, et il savait qu'elle accepterait tout à partir du moment où il s'agirait d'une dette d'honneur, elle qui apportait à la mairie les billets de dix euros qu'elle trouvait parfois dans la rue. En deux heures, après le dîner, elle était ferrée et prise au piège des trois lascars. Ils en avaient longuement discuté auparavant, et Alain et Clément connaissaient leur affaire. Il suffisait qu'ils amènent l'épouse de François à perdre, et même perdre beaucoup ; ensuite il savait, lui, qu'elle ne saurait pas refuser le deal.
Clément tenait une sorte de club privé dans lequel il se passait parfois des soirées très chaudes. Ils avaient tous décidé qu'une de celles-là ferait l'affaire et que Maud serait l'attraction de quelques habitués, de quelques privilégiés. Ainsi ce soir, après avoir donné ses instructions, il assistait à un somptueux spectacle : celui de sa Maud entièrement nue, à la merci de deux grands garçons. L'idée de la raser lui était venue comme ça, mais il se demandait comment demain elle allait prendre sa nouvelle tête ! Il avait seulement insisté sur la non-violence de la chose.
Voir sa femme aussi nue que dans son salon, c'était déjà un spectacle en soi. Mais la regarder se laisser attacher et caresser de la sorte avait quelque chose d'hallucinant. Voir les réactions de la dizaine d'hommes et de femmes qui constituait le groupe de voyeurs dans lequel il s'était glissé, les écouter juger de la chose, les entendre parler de « cette belle salope » sur scène avait un côté jouissif au possible, et il bandait comme jamais. Ses deux potes, pas très loin de lui, en profitaient aussi largement en palpant les femmes placées tout près d'eux.
En fait, le club était ce soir plus libertin que privé, mais personne ne perdait une miette du fabuleux parcours de cette femme tondue pour le plaisir de son mari. François, idéalement placé, voyait face à lui cette fente qu'il parcourait si souvent, cette entaille qui lui donnait un immense plaisir chaque fois qu'il le désirait. À vrai dire, Maud ne lui refusait jamais de faire l'amour, dans n'importe quelle position, n'importe où, à leur domicile bien évidemment. Il avait aperçu les traces laissées par cette envie que les deux jeunes invités avaient su si bien distiller.
Par contre, il n'avait pas demandé une éjaculation dans sa bouche ; ça, c'était un plus que le type s'était octroyé. Ce qui était fait ne pouvait plus être défait, alors inutile de crier ou de se fâcher. Mais elle n'aimait pas quand, à de rares occasions, il s'était libéré dans sa bouche ; elle n'appréciait pas du tout de devoir avaler ; lui en parlerait-elle demain ? De quoi, du reste, demain serait-il fait ? Sa duplicité risquait bien de lui coûter cher ! Valait-elle le plaisir qu'il prenait en ce moment ? Tout n'était qu'histoire d'interprétation, sans doute. Et puis, qui ne risque rien n'a rien non plus, alors.
Elle est d'une beauté stupéfiante, toujours allongée sur la couche. Clément s'est avancé vers elle. Bien sûr, elle ne voit rien, donc pas question qu'elle le reconnaisse. Il a avoué à son mari avoir longtemps fantasmé sur les jolies doudounes de Maud. Elles sont désormais à portée de ses paluches fébriles. Sans se faire prier, sans un regard – bien inutile, il est vrai, vers l'assemblée que la lumière interdit de voir de l'estrade – il s'empare d'un téton et le pince légèrement. Immédiatement la femme s'est crispée, arrêtant sa respiration, pensant que celui-ci va lui faire mal ; mais François, qui lui aussi s'est avancé sur la scène, calme d'un geste les ardeurs de son complice.
Devant elle, de la salle des bruits singuliers montent maintenant d'un peu partout. Depuis quelques minutes personne ne l'a touchée ; alors, lorsqu'un bout de sein est happé par une main, elle se cabre. Mouvement instinctif d'autodéfense, juste par crainte d'une douleur qui finalement ne vient pas. La personne qui lui caresse la poitrine s'évade désormais plus bas, sur son nombril, éprouvant la douceur laissée par le rasoir. L'emplacement de son triangle est visité par cette chose chaude et câline qui parcourt le chemin entre nichons et chatte sans brusquerie. Celle-ci est plus habile, ou elle en veut sans doute plus que les précédentes.
Au lieu de se contenter de frôler les lèvres sur toute leur longueur, elle les écarte délicatement et remonte entre elles pour appuyer sur le capuchon rose qui camoufle, pour un temps, le clitoris de la dame. Cette caresse réservée d'ordinaire à son mari, Maud la ressent comme une atteinte à sa dignité. Elle se garde cependant de faire une remarque, se remémorant la phrase « Qui paie ses dettes s'enrichit. » Elle pense, sans en être absolument certaine, que c'est finalement peut-être François qui la tripote. Et puis si ce n'est pas lui et qu'il ne dit rien, eh bien tant pis ! Après tout, il a le pouvoir d'arrêter tout ceci et ne le fait pas ; alors, pourquoi être plus royaliste que le roi ?
Une autre idée lui trotte dans la tête depuis quelques minutes : il est certainement complice de ceci. Personne n'aurait osé lui raser le crâne sans qu'il ait donné son aval, c'est impensable. De quoi va-t-elle avoir l'air, demain ? Le chapeau a cédé, et son bourgeon est en érection suite aux petits ronds que trace le bout du doigt sur son pic. Sa poitrine se soulève de nouveau. Elle sait bien que cette fois elle ne va pas pouvoir lutter : l'envie qui s'empare d'elle est hors-norme, trop violente pour passer inaperçue. Et puisque son mari ne manifeste aucun trouble à voir les attouchements dont elle est l'objet, alors elle se délite dans l'horreur bienfaisante d'un moment de frisson.
Qui que ce soit qui la doigte, celui-là sait ce qu'il fait ; sa connaissance des femmes est quasi parfaite. En quelques mouvements elle est au bord de l'orgasme, mais l'autre calme le jeu. Elle se berce en balançant son visage à droite et à gauche sans plus se formaliser de ce que les uns et les autres voient ou pensent. Son corps la trahit, son corps ne lui appartient plus, et l'espace d'une seconde elle se dit qu'elle aime cette nouvelle manière d'être l'objet des attentions de ces gens invisibles. Dans ses souvenirs remontent les demandes déjà anciennes de François pour des jeux à trois ou à quatre.
Serait-ce ce qui a motivé son arrivée dans cette pièce ? Aurait-il osé mettre sur pied cette mascarade pour qu'elle soit prise au piège ? Elle ne veut pas y croire, pas encore… mais c'est pourtant ce qui fait tilt dans sa caboche. Si c'est cela, il va pouvoir s'en mordre les doigts, et même autre chose ! Maintenant, elle a envie de faire l'amour : l'autre a su ouvrir les vannes, faire fi de ses dernières réticences. Avec sa façon si bizarre de la titiller, de lui caresser le berlingot, elle mouille abondamment, et cela non plus il n'est pas possible de le dissimuler. Les doigts la fouillent à plusieurs, entrant et sortant de sa chatte comme le ferait une bite.
Elle geint toujours quand son visage est stoppé dans ses balancements et qu'un sexe bien dur se frotte sur sa bouche. Elle ne cherche même pas à faire semblant ; ses mâchoires se désolidarisent pour s'ouvrir en grand, et le nœud en profite pour explorer la grotte dentée qui se prête à son arrivée. Elle tète du mieux qu'elle peut. La position n'est pas facile, alors qu'un pouce est en exploration de son fondement. Son ventre est en feu, volcan d'où s'échappe un peu de lave claire. La fellation semble convenir à celui dont la queue se satisfait de cette bouche.
Limée lentement par les doigts et prise par le gosier, elle se laisse aller à imaginer ce qui va sûrement se passer. Elle n'a jamais pensé que cela soit possible, bien qu'elle ait déjà regardé et admiré ces actrices qui sont capables de se faire prendre devant, derrière, et de sucer en même temps. Elle se dit que c'est peut-être ce qui l'attend ; mais loin de la craindre, cette vision du sexe, de sa position d'esclave l'amène à s'humidifier de plus belle. Elle est émoustillée au-delà du possible. François, son mari, n'est pas venu la sauver ? Eh bien qu'il ne s'en prenne qu'à lui, après tout !
Quand enfin les bruits tout autour d'elle lui donnent une idée exacte de ce qui se trame alentour, elle se met à gémir pour de bon, sans se faire prier. C'est le moment que choisit une bonne queue pour s'enfoncer en elle, remplaçant avantageusement les doigts qui la masturbaient. Il était temps, grand temps ! Quelques secondes de plus et elle aurait joui sur les doigts qui la frottaient depuis un trop long moment. C'est bigrement bon et apaisant, cette queue qui bouge en elle… Le type doit être debout entre ses cuisses parce qu'elle ne sent aucunement son poids.
La bite dans sa bouche la rend folle. Elle tente d'échapper à une nouvelle aspersion de son palais, mais rien n'y fait : celui qui se fait tailler une pipe la maintient de manière à ce qu'elle ne puisse pas y couper. Plus bas, dans son ventre, le phallus qui la pénètre va de plus en plus vite. Et elle sait, elle sent qu'il va éjaculer. Par contre, celui-là sort rapidement. Pratiquant le coït interrompu, il s'épanche sur son ventre en larmes chaudes. Elle déglutit le sirop de corps d'homme, puis elle doit encore nettoyer consciencieusement la quéquette qui mollit très rapidement.
C'est là qu'une bouche se met en devoir de finaliser ses dernières envies en la léchant d'une façon telle qu'elle en hurle de bonheur. La langue étrangère est passée partout où le sperme de son baiseur est étalé. Elle fait le ménage, s'assurant qu'il n'en reste plus une seule goutte. Ensuite, entre ses cuisses, ils sont plusieurs à venir se finir, à la prendre, mais sous aucun de ces assauts elle ne retrouve la jouissance que le premier a su lui donner. Puis elle reste allongée, toujours retenue à la table par les pieds et les mains alors qu'autour d'elle les cris de femmes et les soupirs d'hommes qu'elle ne verra jamais persistent à lui donner l'impression qu'une partouze géante a lieu. Elle finit par s'endormir.
Clément n'insiste pas quand son ami lui retient le bras. Ils avaient décidé qu'il n'y aurait pas de violence. C'est aussi bien de respecter sa parole. Ça ne l'empêche nullement de la caresser, cette belle cochonne qui reste sans voix. Bon Dieu, qu'elle lui donne une trique d'enfer ! Et ces bon sang de nibards, comme il y a si souvent songé… Ils sont encore mieux qu'en rêve, dis donc ! Puis à force de la tripoter, cette salope mouille comme une chienne. Elle ne proteste même pas quand il enfonce deux doigts dans sa chatte. Encouragé par son immobilisme, il commence des mouvements qui conduisent ses doigts plus bas, dans la raie de ses fesses. Là, son pouce trouve un abri formidable, d'autant que lubrifié par le minou dégoulinant il s'enfonce sans qu'elle crie.
Sentir ses doigts entre la paroi fine qui séparent les deux conduits lui donne d'étranges idées. Il la sauterait bien, là, sans préambule. Mais Alain est là lui aussi. Son sexe s'enfile dans le bec de la femme rasée. Il la pistonne comme s'il s'agissait d'un second sexe et Clément voit de temps en temps le bout de langue rose qui enlace le gland de son ami. Il a, quant à lui, écarté la chatte, à la recherche du clitoris. Quand son index, après avoir navigué dans la caverne humide le décapuchonne, Maud saute en l'air et gémit.
François, debout de l'autre côté sous la lampe, regarde lui aussi le spectacle inouï de sa femme dont ses amis se servent. Il bande comme un taureau, nu comme tous ceux qui sont présents dans la pièce. Sa queue tendue n'a besoin d'aucune sollicitation manuelle pour rester raide comme un piquet. Elle est en transe – de cela il est certain – sa femme qui se laisse toucher, qui fait un fabuleux pompier à son ami ; il n'aurait pu rêver mieux… Alors, quand Clément se met en devoir de la tringler, il écoute ses cris. Il adore ses soupirs. Puis l'autre crache dans sa bouche ; elle l'essuie de la langue.
Les giclées de sperme de Clément sur le ventre et le minou de son épouse sont un régal. Il n'en peut plus. Alors, quand son pote sort d'entre les cuisses de Maud, il s'y précipite. Il a beau la ramoner du mieux qu'il peut, il n'arrive plus à la faire jouir à nouveau : la barre était trop haut. Ensuite, c'est hagard qu'il laisse faire les quelques hommes qui eux aussi présents demandent à profiter de l'aubaine. Aucun ne la prend sans préservatif, ce privilège étant réservé à ses seuls amis et lui.
La soirée tire à sa fin ; les sexes masculins, un à un, pareils à des chandelles s'éteignent alors que seules quelques femmes se gougnottent encore dans des petits coins tranquilles et peu éclairés.
Déliée, Maud est dirigée vers la salle de bain. Elle prend une douche, se frottant comme pour laver les impuretés de son corps. Dans la glace, avec effroi elle voit cette image d'une femme longiligne, encore bien faite, mais totalement chauve. Son corps aux seins lourds et fermes ne montre aucune trace de l'affront que viennent de lui faire subir les hommes de la salle. Elle se dit qu'elle l'a bien voulu aussi ; alors inutile de pleurer ou de se plaindre.
En se rendant à leur voiture, elle ne jette aucun coup d'œil à ces mecs dans la salle.
François l'attend. Leur retour se fera en silence.
Demain, l'heure des comptes sonnera, et qui vivra verra…