Hommage à l'assistante dévouée

Dans la société où je bosse, il y a la même proportion d'ahuris qu'ailleurs, l'éternel lèche-cul qui fricote avec la direction (la directrice, je devrais dire, et je devrais préciser qu'il faut vraiment avoir faim…), la cougar moche à l'air affamé à la direction des finances, la standardiste gentille et patiente, proche de la retraite, par qui on aimerait se faire adopter, le mec des ressources humaines qui ne sait jamais rien et dont on se demande ce qu'il fait de ses journées (même si on sait qu'il gagne plus que vous), et j'en passe.

Il y a quelques jolies filles plutôt bien roulées mais chiantes comme la mort, d'autres insipides mais sympas, certaines qui bossent comme des dingues et ne sortent que rarement de leur bureau, d'autres qui se font mousser et qu'on rencontre toujours à la machine à café, deux ou trois que je connais à peine mais qui se mettent à me faire la bise un beau jour je ne sais pas pourquoi (je les croise lors des réunions plénières une à deux fois par an ; et comme je suis dans cette boîte depuis moins de cinq ans, comptez donc combien de fois j'ai pu échanger avec elles à peine trois ou quatre mots…) ; en tout cas pas mal de femmes, mais peu de mecs. Ou alors c'est que je ne fais pas franchement attention à eux. Un bonjour rapide quand je les croise dans un couloir, un haussement de sourcil stupide parce qu'on s'est déjà dit bonjour il y a deux heures, bref…

De toute façon, j'ai toujours préféré la compagnie des femmes (même quand elles ont une conversation affolante de banalité, parlant de leurs gosses, de la cherté de la vie, et je vous fais grâce du reste), peut-être parce que, même lorsqu'on est comme moi une oreille compatissante, un auditoire patient, on a toujours un joli paysage à parcourir pendant qu'elles déblatèrent, tel que des yeux de mer, une gorge blanche, des bras qui donnent envie d'être enlacé par eux, des collines qu'on aimerait bien explorer sur tous leurs versants.

Enfin, il faut savoir écouter tout en laissant de temps en temps son regard divaguer et errer sur cette campagne qui fait sembler le temps moins long durant le voyage, tout en paraissant intéressé par leur discours, leurs longs monologues, ou leurs échanges.
Parce que, bien entendu, quand plusieurs femelles sont là dans ce petit demi-cercle, on assiste avec un intérêt affecté à leurs échanges de balles. On gagne sans s'en rendre compte les galons du frère bienveillant à l'oreille toujours disponible, pas contrariant, qui compatit et acquiesce d'un air impassible ; bref, une vraie éponge.

Et puis dans cette société, il y a Oriane.

Une jeune femme qui m'a accueilli lors de mon arrivée dans l'entreprise. Et qui avait à l'époque certaines responsabilités, un peu floues je dois dire (je ne connais pas sa définition de l'époque, pas plus que celle de maintenant) ; c'est la fille bien éduquée qui rivalise de tact et de politesse, qu'on voit toujours sourire, et qui n'hésite pas à se mettre en quatre aussi bien pour le client que pour le personnel.

C'est l'élément indispensable qui met de l'huile dans les relations humaines, apaise les tensions, fait redescendre d'un cran la colère du client en lui promettant que tout sera fait (si ça n'est pas le cas, ça ne sera pas sa faute : elle ne décide pas de tout, mais elle aura tout fait pour) ; un élément dont les clients font en général l'éloge auprès de la direction… ce qui ne change pas grand-chose malgré tout à sa destinée dans l'entreprise.

En effet, il y a un an, lorsque le directeur a été brutalement débarqué, elle a fait les frais de la politique de la nouvelle direction qui tenait à changer toute son équipe et à promouvoir d'autres personnes – une sorte de chasse aux sorcières qui fait que l'on vire toute l'ancienne équipe pour en mettre en place une nouvelle, des personnes en qui elle a confiance, d'autant plus qu'elles lui seront redevables de leur promotion.

Je ne sais pas si ce sont ses qualités humaines qui lui ont épargné la porte ou son acceptation à être reléguée à un poste largement inférieur, toujours est-il qu'elle s'est retrouvée à un poste d'assistante de direction ; et même si l'appellation renvoie à une image de prestige, ça reste un poste d'exécutante, pour elle qui avait beaucoup plus de responsabilités.
En tout cas, en apparence (vu de ma place), je n'ai pas constaté à ce moment-là de changement dans son attitude, son maintien ou son sourire.

Je me dis parfois qu'il y a une certaine obséquiosité dans son comportement, et qu'elle montre toujours la même déférence à mon égard ainsi qu'aux autres cadres, même si ça reste parfaitement désintéressé puisque nous n'avons aucun pouvoir de faire évoluer sa carrière.
Je me dis simplement qu'elle est comme ça. Elle a dû toujours l'être. Même si ça ne lui a pas été très utile. Parce que ce n'est certainement pas ça qui lui a permis de sauver son emploi. Les salariés sont et seront toujours à la merci d'un changement d'équipe (quand ce n'est pas d'une charrette pour de prétendus motifs économiques).

Je ne vois donc aucune malice ni aucune hypocrisie quand elle me dit bonjour, me serre la main avec une petite inclinaison de la tête (ébauche d'une révérence) et me demande si je vais bien.

Elle sait aussi que je l'apprécie, rit parfois de mes remarques un peu décalées, et doit bien avoir conscience que sous mon éducation et ma politesse je considère que l'être humain a besoin et a droit à un minimum de respect et de considération (ce en quoi nous partageons des valeurs communes), et que je suis forcément au courant qu'elle n'a pas été traitée très justement.

Impossible de donner un âge à Oriane. On pourrait dire qu'elle a la trentaine, en pensant avec logique que depuis le temps qu'elle a la trentaine, elle ne doit pas être loin des quarante ans, voire les a peut-être atteints, même si ça ne se voit pas sur elle (aucune ride : la fatigue et les tourments ne l'ont pas marquée).

Je lui trouve beaucoup de charme. En faisant abstraction de son sourire quasi-permanent qui y est pour quelque chose, je peux dire néanmoins qu'elle est assez jolie, avec ses cheveux bruns un peu frisotés (sans doute naturellement) mais toujours plaqués en une coiffure qui montre de la recherche et un soin quotidien.
Le paraître doit être pour elle une obligation, un devoir ; ça doit être le genre de femme qui considère que ne pas avoir une apparence impeccable est un manque de respect pour soi et pour les autres.

Je ne dis pas que le fait de penser que cette fille est faite pour servir ne fait pas naître en moi de temps à autre des sentiments coupables, des idées et des scenarii où je la verrais bien continuer à obéir – en souriant toujours – à genoux, y compris sous ma cravache de cuir tressée. D'autant qu'elle a un postérieur relativement conséquent pour sa taille (elle est assez petite), bien saillant (elle est très cambrée), et qu'elle a des formes intéressantes, une poitrine conséquente (sans être outrageuse), des bras potelés mais sans plus ; bref, une jeune femme appétissante et très féminine.

Elle n'est pas du genre à porter des tailleurs stricts et hors de prix (elle n'en a pas les moyens ni le standing, et être mieux habillée et plus classe que sa patronne lui vaudrait sans aucun doute des ennuis. Vu ce qu'il lui est arrivé, elle a sans doute – et avec beaucoup d'intelligence – jugé qu'il valait mieux qu'elle reste à sa place, ou en tout cas ne lui fasse pas d'ombre) mais je dois dire qu'elle sait se vêtir avec goût et élégance, peut-être de façon un peu trop classique pour son âge, mais peu importe : elle a du style, un style bien à elle qui lui donne de la personnalité ; elle, dont le rôle est désormais de s'effacer.

Elle porte assez souvent des jupes un peu courtes, toujours décentes, au-dessus du genou, qui mettent en valeur ses jolis mollets galbés ; je me suis surpris parfois à la regarder furtivement monter ou descendre le grand escalier qui occupe le centre du hall principal, et cette vue est toujours émouvante. Elle met des chemisiers blancs très classiques, et parfois des gilets élégants que j'ai rarement vu porter par des femmes ; l'ensemble est tout à fait charmant.

C'est donc plutôt le genre « petite fille sage », pas le genre de fille qui a un tatouage (comme c'est la mode de nos jours, et qui donne tout de suite un air canaille quand bien même ce n'est qu'un motif cucul dont raffolent certaines filles, style petit dauphin, petit cœur ou Cupidon), pas même un tatouage discret sur l'épaule ou la cheville, vraiment pas le genre.

En tout cas, je pense qu'elle m'aime bien et sait que je l'apprécie. Elle est toujours très discrète et je n'ai jamais osé tenter avec elle des questions personnelles ou simplement axées sur son acceptation de son nouveau poste, ni comment elle le vit.

Il faut dire qu'en bonne assistante de direction, sa porte reste toujours ouverte, juste à côté du bureau de la directrice, dont la porte reste également ouverte la plupart du temps. Difficile, dans ces conditions, de s'enquérir de son bien-être ou de son éventuel mal-être au travail.

Je ne dis pas qu'en pensant à son sort de bonne assistante dévouée à sa patronne et d'allure presque servile, il ne m'est pas déjà passé par la tête l'image de cette fille à plat-ventre en travers de mes genoux en train de se faire administrer par mes soins un panpan-cucul, jupe retroussée, culotte et collant baissés, en lieu et place des genoux de sa daronne.
Je suis gentil, et elle ne le mérite pas ; mais la voir ainsi m'émoustillerait franchement, et je pense que je ne lui appliquerais pas des claques trop sèches : ce serait juste histoire d'apprécier le velouté et l'élasticité de ses fesses bien rebondies et de me repaître de cette vision d'elle dans cette posture de soumission aussi bandante !

Pourtant, l'autre jour et pour la première fois, devant passer la voir pour une question de frais de déplacement, je trouvai qu'elle avait l'air un peu triste, ce qui n'est vraiment pas habituel chez elle. Je ne me pus m'empêcher de le lui dire, après lui avoir redemandé comment elle allait :

— Vous êtes sûre ? Vous avez l'air un peu triste, Oriane.

Elle me regarda, surprise que j'aie osé cette remarque, et se ressaisit, faisant certainement l'effort de masquer cet air mélancolique sous un sourire brisé.

— Non, ça va, Docteur, je vous assure.

Puis ajoutant, manifestement touchée par ma sollicitude :

— Je vous remercie en tout cas, c'est gentil.

Que pouvais-je ajouter de plus ? Insister aurait été gênant pour elle. Aussi m'éclipsai-je, suivi par son sourire triste qui persistait sur son visage, peut-être un peu réconfortée par mon souci d'elle.


Il n'y a pas vraiment de possibilité de rencontrer Oriane pour lui demander discrètement ce qui ne va pas. C'est le genre de fille qui déjeune en compagnie de sa direction, va furtivement à la machine à café mais n'y traîne pas (elle prend sa boisson et, telle une petite souris, file en rasant les murs se remettre à son poste, c'est-à-dire derrière son grand bureau).
Et moi je passe au siège social moins d'une fois par trimestre. Mis à part le téléphone ou le mail, c'est dire qu'on se parle rarement.

Et pourtant, dès que je suis à ce foutu siège où je passe en coup de vent, que je cherche un bureau ou quelque chose que je ne trouve pas, c'est bien la seule fille qui se lève de son poste et vient m'accompagner jusqu'à la bonne porte, dût-elle pour cela arpenter cinq cents mètres de couloirs ; elle a des petites jambes mais marche vite et d'un pas énergique et décidé.

Je me dis que si j'étais patron, elle saurait se rendre indispensable et irremplaçable pour moi, et jamais je n'aurais tenté de virer une telle perle. C'est la fille qui vous ferait sentir redevable de tout ce qu'elle fait, sans qu'on le lui demande, et sans rechigner.

Et là, je pense au mot « perle », et je fais taire dans ma tête l'idée qu'une perle c'est une petite boule qu'on enfile par les deux côtés. J'éloigne aussi de mes yeux le rêve éveillé d'une Oriane assistante de direction dévouée, à moi, patron puissant qui, harassé par une dure et longue journée de travail, lui demande de fermer la porte de mon immense bureau, façon bureau ovale, et de me servir un bourbon. Et là, dévouée à l'extrême jusqu'à en être attendrissante, la voir se mettre à genoux devant mon grand fauteuil (ses genoux gainés de nylon beige en contact direct avec la moquette, puisque sa jupe est courte) et commencer à me faire une pipe avec sa jolie bouche et son sourire d'ange.
Je secoue ma tête, chasse ces vilaines pensées. Elle me regarde, un peu interdite, surprise et amusée.

— Ça va, Docteur ?
— Oui oui, réponds-je stupidement ; j'ai des douleurs cervicales. C'est musculaire, un peu comme des spasmes ; c'est embêtant…
— Oui, en effet. Voilà, vous y êtes. Bonne journée, Docteur. Et soignez-vous.
— Oui oui, je vais faire ce qu'il faut, ne vous en faites pas.

Et là, juste avant d'entrer dans le bureau de ce crétin de technicien informatique, je l'imagine en train de me soigner, avec une blouse d'infirmière courte et minimaliste qui comprime les belles rondeurs de son corps, des bas blancs, son joli sourire toujours, et ses petites mains fines qui vont s'activer pour joindre le geste à la parole.
Je secoue encore la tête pour chasser cette image impure – cette fois j'ai un alibi : mon spasme cervical imaginaire – et j'ouvre la porte de l'autre abruti.
Elle s'éloigne de son pas alerte, légère comme une nymphe. Je me retourne une dernière fois sur la vue de la partie postérieure de son corps et me dis que, moi, je soignerais bien le bas de ses reins.


Je me prends parfois à avoir peur pour elle, me disant que, malgré les efforts qu'elle déploie pour sa patronne, celle-ci ne doit pas vraiment la trouver indispensable. Et quand elle aura dépassé la quarantaine, au moindre faux-pas, au moindre prétexte, celle-ci la virera parce qu'elle coûtera désormais trop cher. Et je pense à ces pauvres assistantes de direction qui, arrivées à la cinquantaine, dans d'autres boîtes, se sont retrouvées dehors parce qu'elles avaient trop d'expérience, parce qu'elles étaient devenues la mémoire de l'entreprise à elles seules, sortes de dinosaures gênants, avaient vu passer des directions et pouvaient faire la comparaison (pas toujours flatteuse) dans cette galerie de prétentiards qui se croient irremplaçables et plus intelligents que leurs prédécesseurs ; et aussi parce que pour un dirlo à peine quadra et arriviste, être représenté par une assistante vieillissante, quinqua, blonde décolorée, grasse et un peu avachie, ça ne le fait pas.
Alors dehors, et recrutons une jeune fille « chabada », fraîche et impeccable, serviable et servile, qui sait obéir et s'effacer, et surtout donner une image valorisante, jeune et moderne de la boîte et de son patron. Une assistante, c'est un peu comme un portail internet, sauf que lui, on peut le rafraîchir, alors qu'elle non !

La daronne, qui est moche comme je ne sais pas quoi, l'aurait déjà virée si elle avait trouvé qu'elle lui faisait de l'ombre. D'autant que si elle est moche, elle ne semble pas en avoir conscience, vu sa façon de s'habiller (comme oser mettre des dos nus sur ses maigres omoplates aux arêtes saillantes pour ne citer qu'un exemple).
On va dire que ce qui pourrait mettre Oriane encore en péril, ce serait un nouveau changement de direction.
J'espère pour elle que ce n'est pas encore pour maintenant.

En tout cas, cette petite nana, telle une petite fée, fait partie de ces femmes qui ont le rare pouvoir, par leur sourire, leur joli minois et leur petit corps appétissant de me mettre le cœur en joie pour toute la journée quand je les croise, quand bien même on ne s'est dit que bonjour.
Et pour tout dire, même si les femmes plus jeunes que moi ne me branchent pas, j'en ferais bien mon quatre heures, de celle-ci !

Évidemment, elle qui a un homme de son âge dans sa vie et qui est dans la force et la fleur de l'âge et la plénitude de sa beauté, je me demande bien ce qu'elle me trouverait, ce qui pourrait bien l'attirer chez un mec grisonnant et vieillissant comme moi, qui pourrait presque être son père. Je sais bien qu'il y a des jeunes femmes qui sont attirées par les hommes mûrs (même si c'est moins fréquent que l'inverse), mais bon : il y a peu de chances.
Je ne suis pas du genre à me faire des films, autrement que pour moi-même.

Bien sûr, je pourrais me convaincre que j'ai un charme magique, mais je n'ai pas l'habitude de me faire des illusions. Je peux me dire aussi qu'elle sait que nous partageons les mêmes valeurs d'empathie et de souci de l'autre, mais ça semble un peu juste pour la faire accourir jusque dans mon lit !

J'ai eu l'occasion un jour de lui faire des compliments sur ses qualités humaines, sur l'efficacité dont elle faisait preuve quand elle était à son ancien poste, sans pour cela dénigrer sa collègue qui l'a remplacée et qui a le charisme d'une porte de prison (mais le message était subliminal), et j'ai vu dans son sourire de la gratitude, un peu d'amertume et de regret, et je pense qu'elle n'a jamais oublié ; je lui ai fait don d'un peu de reconnaissance, reconnaissance qu'elle n'a jamais dû avoir ; à la place, elle a eu un coup de pied au cul pour la virer de cet ancien poste.
Bien entendu, j'aurais aimé faire plus, mais je n'en ai pas le pouvoir.

Je me demande si elle serait surprise si elle savait que je la consolerais bien autrement… Moi, toujours correct, tiré à quatre épingles et respectueux, qui lui serre toujours la main chaleureusement avec une petite inclinaison de la tête (qui montre inconsciemment qu'on est séduit) en réponse à sa toute petite révérence. Est-elle loin de s'imaginer qu'elle met mon corps en émoi avec ses manières gracieuses et son charme irrésistible ?

Toujours est-il que ses déboires m'ont fendu le cœur quand je les ai appris, ainsi que voir l'autre jour sur son visage cette ombre de tristesse. Mais je ne peux quand même pas lui proposer de s'épancher sur mon épaule compatissante, et encore moins un câlin : elle serait surprise. Et même à supposer que l'idée lui plairait, dans cet environnement professionnel sans aucune intimité, elle trouverait cela déplacé et serait même peut-être choquée.

Alors, jusqu'à présent, je me suis toujours contenté de la regarder et de lui manifester ma sympathie (ou plutôt de me délecter de sa présence trop brève, de son sourire délicieux et systématique, de la vue de son joli corps si bien mis en valeur). Mais j'avoue que chaque fois que je la vois, mes visions fantasmatiques la mettant en scène selon un scénario de plus en plus torride deviennent de plus en plus fréquentes, voire envahissantes.

Je me dis que si ça continue, l'érotisme qui transpire de mes pensées va finir par sortir de ma tête et qu'elle va finir par voir en moi comme si le film se projetait d'un seul coup sur un écran apparu sous ses yeux, à la façon d'un hologramme.
Ou bien ma façon de lui parler va devenir si mielleuse et sirupeuse – et je ne vais pas m'en rendre compte – qu'elle va finir par voir de façon évidente que je suis en train de lui faire du charme à la façon du serpent tentant la première femme avec une pomme, ou de celui du Livre de la Jungle qui hypnotise ses victimes. Ça va l'effrayer, elle changera d'attitude… ou alors elle continuera de sourire – ou même de rire – mais parce que je serai ridicule. « Ridicule… Que dis-je ? Pitoyable. À ton âge… Ressaisis-toi, mon vieux ! Ne va pas croire que c'est elle qui te tente comme une petite sirène. Sa façon charmeuse de te parler et de s'adresser à toi est automatique : c'est une déformation professionnelle. »

Je ne me permettrais pas de la toucher, ni même d'effleurer son bras – geste affectueux que je me permets parfois avec certaines collègues (avec qui c'est sans arrière-pensée) – car j'ai conscience qu'avec cette attitude qui pourrait passer pour sensuelle, cela deviendrait assimilable à du harcèlement sexuel.
Mais quand elle m'accompagne dans le couloir sur quelques mètres, je me surprends parfois à la frôler, mon bras touchant malencontreusement son bras (je sais que j'ai un problème d'équilibre… ou est-ce de l'hypermétrie ?) ; les couloirs ne sont pas non plus si larges…


Mon numéro de charme ayant des limites (la limite étant celle du ridicule) comme celui de l'empathie et de mon souci (sincère cependant) de son moral, j'ai senti instinctivement que je ferais mieux de jouer la carte de l'humour, d'autant que – je l'ai remarqué depuis longtemps – elle semble sensible au mien, que j'essaie de ne faire ni dans le trop lourd ni dans le burlesque.
Sans compter qu'elle s'est plusieurs fois amusée de certaines de mes façons de travailler – qui doivent être sans doute singulières – ou de ma résistance passive de rebelle devant des procédures que je trouve ridicules.
Elle, comme moi, est sommée de les appliquer, et si son poste et son statut ne lui permettent aucune critique (vu ce qui lui est déjà arrivé, elle est très prudente), m'entendre me moquer de certaines mesquineries ou absurdités administratives la mettent en joie : je l'ai déjà entendue rire de bon cœur au téléphone de mes réflexions décalées.

C'est vrai qu'elle est bon public avec moi (ce qui pourrait me faire dire que j'ai une longueur d'avance par rapport à d'autres avec elle – mais je ne fais pas la course, et il n'y a personne à ma connaissance en concurrence avec moi – ou encore croire le vieux dicton qui dit « femme qui rit est à moitié dans ton lit. »), mais aussi parce que ça doit lui faire plaisir de me voir oser ce qu'elle ne pourra jamais tenter : pour elle, le moindre signe de rébellion équivaudrait à la porte, et elle a besoin de ce job. Dans le contexte économique actuel, retrouver du travail pour une secrétaire, même avec son charisme et son expérience professionnelle, ce n'est jamais gagné.

Aussi, de façon mesurée, je me permets quand je la vois de me mettre à faire le pitre à un moment donné. Elle rit souvent sincèrement et, je suis sûr, m'est un peu reconnaissante de mettre un brin de joie dans son cœur pour la journée, surtout les jours (et je le vois sur son front) où elle doit en baver un peu. Il faut dire qu'en plus, au siège, les gens ne sont pas des boute-en-train. C'est plutôt le style sérieux, voire bâton dans le cul (au sens figuré, évidemment, parce qu'on peut penser, dans le cas contraire, que s'ils avaient leur orgasme quotidien, certains n'afficheraient pas cette tête-là).
Ce n'est pas avec elle que j'oserais ce genre de commentaire, bien évidemment. Je ne donne pas dans le registre vulgaire ou potache : c'est une jeune femme bien élevée, respectueuse des limites de la bienséance. Mais je me prends à tester certaines allusions pour voir jusqu'où elle est capable de rire de mes blagues.

Aussi, l'autre jour, en parlant dans son bureau (la porte est toujours ouverte, mais la daronne – la porte d'à côté – n'était pas dans le bâtiment, je le savais), je commence sur un ton sérieux à lui dire que je ne prétendais jouir d'aucun privilège avec la boss, et que je ne pouvais me prévaloir d'aucun passe-droit.

— Vous comprenez, lui dis-je, moi je ne demande rien de plus que les autres… et je ne suis pas prêt à certaines choses pour en obtenir plus.

Cette réflexion la fit sourire (tout le monde a immédiatement à l'esprit lequel de mes collègues, bien en cour et arriviste congénital, a l'oreille de la daronne à tel point que leur relation a semblé à certains plus qu'ambiguë ; elle lui a d'ailleurs taillé un poste sur mesure, au titre ronflant, mais auquel personne ne sait ce qu'il fait, même s'il se dit toujours débordé).
Évidemment, je ne serais pas allé jusqu'à le nommer, mais il n'en est pas besoin.
Et comme je voyais qu'elle appréciait ma fine allusion, je m'enhardis jusqu'à oser un mot égrillard :

— Moi, je ne suis pas prêt à aller sous son bureau… lui soufflai-je, un ton plus bas et sur celui de la confidence tout en indiquant d'un mouvement de tête le bureau à côté.
— Ooooh, Docteur ! rit-elle, en réaction à ma plaisanterie osée.

Elle n'en parut cependant pas offusquée pour autant et souriait largement, me démontrant bien là que seul le cadre dans lequel nous nous trouvions expliquait son attitude un tant soit peu rigide (en tout cas, pour ce qui concerne son maintien corporel). Encouragé par son sourire franc et par mon euphorie que je trouvais communicative, je poursuivis, m'étonnant moi-même :

— Il y en a certaines pour qui je ne dirais pas non… mais elle, non !

Elle continua à rire sans que je sache si elle savait que je la mettais dans le lot. Peut-être pensa-t-elle que je ne faisais allusion qu'à des femmes de pouvoir. Néanmoins et objectivement, si elle cherchait, elle aurait vu que dans l'équipe proche de la direction, entre une quasi-anorexique et une souris à lunettes un peu racornie, il n'y avait pas une femme capable de mettre un mec en appétit, même s'il avait des goûts bizarres.

Et alors, je ne sais ce qui me prit. Osant d'une audace que je ne me suis jamais connue, le sang aux tempes, je fis le tour de son bureau. Elle pivota légèrement sur sa chaise, un léger sourire toujours aux lèvres, surprise, mais s'attendant probablement à l'une de mes facéties.
Je ne vis pas l'expression sur son visage quand je plongeai littéralement, à genoux, et disparus sous le plateau. Je m'attendais à une réaction violente, un mouvement de répulsion : j'aurais pensé à ce moment qu'elle allait reculer brutalement sa chaise à roulettes et me chasser vigoureusement, peut-être en riant, mais de façon énergique.
En fait, elle fut secouée de rire, et entre l'étonnement et l'hilarité, elle restait comme paralysée, assise sur sa chaise, croyant toujours, sans doute, à une bonne blague.

Mais je ne perdis pas mon temps, et ayant posé mes mains sur ses genoux ronds et gainés de nylon gris perle, j'avais commencé à les caresser, progressant lentement à l'intérieur de ses cuisses. Et ce faisant, je remontais doucement sa jupe de lainage écru. Elle prit rapidement conscience que ça allait plus loin qu'une simple pitrerie de ma part, ou du moins que je profitais de la situation pour joindre l'utile à l'agréable. J'attendais toujours qu'elle me repousse, qu'elle change d'attitude, retrouve son sérieux, voire même s'offusque de mon action, mais elle n'en fit rien. Elle continuait à glousser tout en protestant mollement, d'abord à voix haute, puis baissant la voix :

— Arrêtez, voyons. Si quelqu'un entrait… Oh, quand même…

Je m'enhardissais davantage, encouragé par cet acquiescement tacite, et des deux mains je remontai sa jupe tout en haut de ses cuisses. Je fus bien récompensé de mon audace car je découvris que ce que je supposais être des collants s'avérèrent être des bas autofixants qui marquaient délicieusement le haut de ses cuisses potelées. Elle ne songeait même pas à resserrer ses cuisses, et j'avais désormais une vue imprenable sur sa petite culotte nacrée qui moulait à ravir une vulve bien rebondie et ô combien émouvante !

Sa porte étant toujours ouverte, la situation était des plus dangereuses, pour elle comme pour moi. Si quelqu'un nous surprenait, sans aucun doute c'était la porte assurée pour tous les deux, un employeur ne pouvant tolérer de tels ébats dans ses bureaux en plein pendant les heures de travail et sans même que les protagonistes essaient de se cacher.

Je savais également qu'elle n'allait pas me demander de fermer la porte ni se lever et le faire elle-même, d'autant qu'elle ne devait pas avoir le droit de fermer cette porte ; aucun droit à l'intimité : elle devait partager toutes les informations avec sa chef, la daronne. Aussi, constater que la porte d'Oriane était soudain fermée aurait été trop suspect aux yeux des autres, de tous ceux qui étaient susceptibles de venir la voir comme de ceux qui passaient immanquablement dans ce couloir très fréquenté.

Encouragé par ses faibles protestations amusées, complètement disproportionnées par rapport à ce que j'étais en train de lui faire, je continuai à remonter sa jupe et entrepris de la passer par-dessus son bassin. Non seulement elle ne fit rien pour m'en empêcher, mais elle eut ce mouvement ahurissant de lever légèrement son séant de sa chaise pour me faciliter la tâche.
Plus de doute, la voie était libre !

Mes mains se frayant alors facilement un passage jusqu'à l'élastique de sa culotte, je m'en saisis et la descendis d'un seul mouvement continu jusqu'à ses fines et jolies chevilles. Elle ne fit que chuchoter, l'air gêné, et surtout inquiète de ce que quelqu'un pouvait entrer dans son bureau à n'importe quel moment :

— Oh non, vous exagérez… Arrêtez, allez…

Mais mes mains remontèrent sur ses cuisses galbées, atteignant la chair nue au-dessus des bas ; je me mis à humer avec délectation le parfum épicé qui se dégageait de son entrecuisse, émoustillé et ravi de ce que mes yeux découvraient : une chatte dépourvue de tout poil et parfaitement lisse (« Ah, la petite garce ! » pensais-je), dont la fente commençait à s'entrebâiller avec grâce. Mes mains furent sur ses fesses et je remontai mon visage en direction de la source des plaisirs. Je lapai légèrement la peau satinée et délicate de l'intérieur de ses cuisses d'une douceur inégalée. Remontant la rue de la soie – qui devint bientôt pour moi la rue de la soif – ma langue en pointe effleura d'abord l'ourlet tendre des petites lèvres où je vis enfin perler des gouttes de sève brillantes en bordure des fines chairs corail.

Elle ne protestait plus, mais tout en caressant mes cheveux, elle soupirait doucement.

Soudain je sentis ses mains lâcher brutalement mes cheveux en même temps qu'une voix sonore et masculine se fit entendre derrière le bureau :

— Je vous ai donné mon planning, Oriane ?
— Oui, oui, je l'ai, répondit Oriane d'une voix mal assurée.

En même temps qu'elle répondait à l'interlocuteur qui était entré dans son bureau, elle avait avancé brutalement son fauteuil, faisant disparaître ses jambes sous le plateau, m'écrasant par ce mouvement contre la paroi qui, heureusement, masquait à la vue du visiteur ce qui se passait.
J'eus durant quelques secondes le souffle coupé et dus interrompre ce que j'avais entrepris, pétrifié et dans une posture plutôt inconfortable, ma colonne vertébrale légèrement contorsionnée. Heureusement qu'elle avait malgré tout un assez grand bureau et non pas un mobilier standard !

Je ne pouvais qu'attendre que le visiteur reparte, mais celui-ci se mit à l'entreprendre d'un autre sujet, et l'échange qui allait – je pensais au début – ne durer que quelques secondes commença à s'éterniser.
Alors, que croyez-vous que je fis ? Quitte à être coincé là, tout recroquevillé entre ses cuisses aux effluves excitant mes narines et mes sens, tant bien que mal je me remis à caresser ses cuisses, repris ses fesses entre mes mains, et ma langue se mit à explorer l'orée de sa chatte.

Sa voix parut d'abord naturelle, bien que son élocution était plus brève que d'habitude ; elle s'exprimait avec de courtes phrases, comme si elle espérait ainsi mettre fin à la conversation et que son interlocuteur lâche prise ; mais il n'avait pas l'air décidé à écourter l'échange, d'autant que je l'avais reconnu immédiatement à sa voix, cet abruti : c'était mon collègue dont tout le monde s'accordait pour reconnaître que c'était un arriviste éhonté et un lèche-cul.
Et du coup, le lèche-cul au sens propre, c'était moi à cet instant. S'il avait su ! Sauf que moi je ne léchais pas le cul de cette horrible mégère de daronne, mais la jolie chatte de son assistante, appétissante et avenante, dont le physique et la personnalité me donnaient envie de lui faire tellement de choses : en somme, c'était par pur plaisir parfaitement désintéressé !

Alors, prenant mon mal en patience et souriant intérieurement de la situation, c'est avec délectation que j'explorais du bout de ma langue et avec toutes mes papilles sa fleur de corail aux pétales délicatement ourlés, perlés de sa sève odorante, ainsi que le petit pistil que je sentais tout gonflé. Je lapais, je prenais entre mes lèvres les bords de la chatte douce comme du satin, et je sentais son souffle de plus en plus court à travers son débit de paroles. Ses jambes étaient comme tétanisées. Cette situation, je le reconnais, devait être un peu terrorisante pour elle.

Cependant, je n'aurais pas dû personnellement faire le fier, car si ce crétin prétentieux de collègue m'avait découvert, je me serais senti un peu ridicule et tout à fait humilié d'être pris en flag' dans une posture aussi indécente, sans compter que ça aurait fait le tour de l'entreprise, faisant des gorges chaudes, et je n'ose même imaginer les regards sur moi après ça !
Mais il était loin de se douter que j'étais là, sous le bureau de cette assistante si sérieuse dont elle est bien la dernière qu'on imagine en train de se faire lécher la chatte dans son bureau, la porte ouverte et en pleine journée, et encore moins par moi, son collègue – certes un peu facétieux – mais peut-être pas lubrique !

Ma langue montait, descendait, s'insinuait dans sa petite grotte. Ses cuisses peu à peu se détendaient (au fur et à mesure, peut-être, qu'elle s'apercevait que nous n'allions pas être découverts). Ma bouche ventousait son coquillage délicieux, et je l'entendais écouter plus que parler, tant elle devait avoir du mal à articuler ; son débit était volontairement bref : elle acquiesçait, s'exprimait par périphrases. J'imaginais son sourire habituel un peu crispé dans une grimace. Si ça continuait, il allait lui demander si elle n'était pas souffrante, si elle n'avait pas mal quelque part (mais cet imbécile était tellement peu soucieux des autres et tellement indifférent que, même s'il remarquait quelque chose d'inhabituel, il n'allait certainement pas s'enquérir du bien-être de son interlocutrice).

Sa conque coulait abondamment ; mes mains caressaient doucement ses fesses dont la peau était incroyablement douce. Je la sentais respirer avec une amplitude anormale.

Je finissais par apprécier cette situation et repensais à ce film des années 70 où une femme trompe son mari tout en lui parlant au téléphone et se moquant du cocu avec la complicité de l'amant sur lequel elle est empalée en faisant des va-et-vient de plus en plus rapprochés, et qu'elle lui répond perversement avec cette phrase ambiguë : « Oui, oui, je tiens le bon rythme. » *

Finalement, après un temps qui me parut interminable, le collègue s'en alla. Je sentis les muscles d'Oriane se détendre et qu'elle se laissait aller. Tandis que ma langue effectuait des va-et-vient dans sa petite grotte, mes lèvres collées sur son bourgeon, elle hoqueta en silence (du moins en masquant leurs réponses vocales) quelques orgasmes bien sentis, et je reçus même, à mon étonnement et pour mon ravissement (en guise de récompense) quelques petits jets de cyprine qui attestèrent que c'était loin d'être feint.

Quand j'émergeai avec difficulté des abysses de son bureau, je vis qu'elle s'était mordu la main presque au sang pour ne pas crier. Ses joues étaient rouge framboise, ses yeux brillaient avec un éclat que je ne lui avais jamais vu, motif supplémentaire pour moi de satisfaction personnelle.

Elle m'aida pour que je m'extraie au plus vite du réduit d'où j'émergeais, se reculotta rapidement, rabattit sa jupe prestement (toujours la crainte qu'un autre salarié nous surprenne) et me dit dans un souffle avec un doigt grondeur (bien que peu convainquant) :

— Ne me faites plus jamais ça, Docteur !
— Vraiment ? Vous n'avez pas aimé ? lui répondis-je presque à voix basse et sur un ton moqueur.

C'était incroyable qu'elle ait pu dans l'instant devenir encore plus rouge qu'elle ne l'était déjà ! Ses yeux brillaient (que dis-je : étincelaient), ses beaux iris bruns se détachant d'un blanc éclatant, tout ronds, et avec un air un peu fou, un peu halluciné.

— Jamais je ne vous aurais cru capable…
— De vous… de vous faire…
— Chut… intima-t-elle à voix basse, un doigt sur ses lèvres.

Je fis de même, la singeant, me moquant d'elle, puis mettant ma main en porte-voix, comme pour lui faire une confidence :

— Il ne faut jamais me sous-estimer.

Je m'approchai à reculons de sa porte, tentant de faire une sortie discrète. Elle me fixait, me regardait qui partais presque à pas de loup, comiquement, un peu comme le chat Sylvestre.
Elle ne put s'empêcher de sourire, comme souvent à mes pitreries et mes mots :

— Oh, vous alors… !

Et je m'en fus le plus normalement possible.

Nouvel égarement

Quelques mois plus tard eut lieu la réunion plénière annuelle de notre société. Un peu plus argentée pour une fois, la direction avait réservé pour le déjeuner un restaurant situé à quelques kilomètres. Afin d'éviter de mobiliser toutes les voitures, nous avions été incités, à la fin de la dernière réunion, à faire du covoiturage, d'autant que le parking du restaurant n'était pas immense. Certains proposèrent de prendre des personnes dans leur véhicule.

Je m'étais attardé à discuter avec quelques collègues alors que le gros des participants s'était déjà égayé, puis je filai aux toilettes. Or, comme d'habitude dans ces cas-là, quand on en ressort tout le monde est parti. Je me retrouvai donc tout seul dans le hall de l'entreprise. Je m'apprêtais à partir quand j'aperçus Oriane qui s'empressait de descendre le grand escalier. Elle avait dû repasser à son bureau.

Nous nous retrouvâmes tous les deux face à face, un peu gênés par cette intimité inattendue et si rare, d'autant que la fois précédente avait été un peu « particulière ». Néanmoins, je ne perdis pas cette occasion de prolonger un peu le plaisir de sa présence à mon côté et lui demandai si elle partait avec quelqu'un. Évidemment, elle n'avait rien prévu ; je lui proposai donc de prendre ma voiture et qu'elle m'accompagne. Elle accepta avec enthousiasme.

Sacrée Oriane, elle ne changeait pas, et la joie que je lui communiquais manifestement était toujours présente. Nous échangeâmes quelques banalités tandis que je sortais du parking, puis le silence s'installa. Je la regardais de temps à autre, et elle répondait à ce regard par un sourire franc et confiant. J'avais envie de lui dire combien je la trouvais belle, attirante, sexy, désirable, élégante, et combien sa présence me réchauffait le cœur ; mais la pudeur, la réserve et le contexte professionnel me bloquaient. Je n'avais pas davantage envie de la faire rire, et je n'étais pas inspiré. Sa beauté, sa sensualité, et le souvenir de ses cuisses ouvertes sous son bureau et de sa chatte si douce marquaient encore mon esprit (on l'aurait été à moins…).
Je décidai alors simplement de jouer la sincérité, sans but, sans arrière-pensée :

— Vous savez que je vous apprécie, Oriane ?
— Oui, Docteur, me répondit-elle avec un sourire charmant.
— Et quand je dis « je vous apprécie », c'est autant au sens propre qu'au sens figuré… dis-je avec malice.
— Oh, Docteur ! Ce n'était pas la peine de le rajouter : je le savais.
— Désolé pour ma grivoiserie ; vous savez que je vous respecte parce que j'estime que vous méritez le respect, et beaucoup plus de respect de la part de tout le monde.
— Merci… me dit-elle en inclinant la tête de façon tout à fait adorable et en prenant un air charmé.

Mon sourire lui répondit, quasi-enjôleur.
Elle me regarda durant une ou deux secondes et ajouta sur un ton d'avertissement, mais un peu amusé :

— N'en profitez pas… n'essayez pas de me séduire.
— Loin de moi toute intention de cette sorte ! lui dis-je, faussement offusqué. Je ne me permettrais rien avec vous… en tout cas rien qui ne vous ferait pas plaisir.
— Roooh…
— Bon j'arrête, promis.

Un bref silence passa, puis elle dit calmement :

— Non, n'arrêtez pas.
— Mes plaisanteries ? Je sais que vous êtes bon public avec moi, ceci expliquant cela, alors pardonnez-moi.

Elle dit sur un ton un peu déçu :

— Je ne parlais pas que de vos plaisanteries. Avec vous, je suis sous le charme.
— Je suis touché par ce que vous me dites, mais ne croyez pas que j'essaie de vous séduire : un vieux schnock comme moi serait bien prétentieux de vouloir séduire une jolie jeune femme telle que vous, quel que soit ce qui s'est passé entre nous… enfin, je devrais dire « sous votre bureau ».

Elle me dit sur un ton rieur :

— Oh, mais vous n'êtes pas un vieux schnock, voyons…
— Je suis réaliste. Je suis conscient de l'âge que j'ai, de comment je suis (je veux dire : je ne suis plus un bouquet de printemps) ; et même si je sais qu'il y a des jeunes femmes qui préfèrent les types de quinze ou vingt ans de plus qu'elles plutôt que ceux de leur âge, une belle fille comme vous mérite mieux qu'un mec comme moi qui commence à être décrépi.

Elle allait encore s'indigner mais je la coupai :

— À moins, bien sûr, que ce soit juste pour un petit peu de bon temps… mais c'est vous qui voyez.

Pour la première fois, je la vis rougir jusqu'aux oreilles, me révélant l'envie qui l'habitait.

— Voulez-vous qu'on prenne le chemin des écoliers et qu'on arrive un peu en retard à la réunion ? C'est une suggestion. Bien entendu, c'est vous qui décidez.
— Allez-y.
— Soyez plus précise, Mademoiselle. Je cherche un coin tranquille ?
— Oui ; ne m'obligez pas à le dire… Faites avant que je ne change d'avis.

Je fis donc prendre brusquement un changement de direction à ma voiture, et après deux ou trois petites routes prises au hasard, je découvris un terrain goudronné qui semblait bien être un parking abandonné. Je stoppai et lui intimai, sans perdre de temps, de descendre et de s'installer en même temps que moi à l'arrière de ma berline.

Une fois assise à côté de moi sur la banquette arrière, elle sembla un peu gênée et toute gauche. Je posai ma main sur son genou et commençai, en remontant, à caresser sa cuisse. Et tandis que je m'apprêtais à renouveler l'hommage que je lui avais fait la première fois sous son bureau, à ma grande surprise elle passa ses bras autour de mon cou et me donna sa bouche. Je ne me fis évidemment pas prier et, me régalant de sa langue qu'elle avait rentrée dans ma bouche, mes bras entourèrent sa taille et mes mains apprécièrent en les caressant sa jolie taille et son dos potelé.

Je caressai, en redescendant, ses seins, les effleurant à peine à travers le tissu, ainsi que ses bras dodus que ses manches courtes laissaient nus pour mon plus grand plaisir. Ma bouche glissa sur son cou parfumé, monta vers son oreille où je lui soufflai :

— Puis-je rendre à nouveau hommage à votre fruit défendu, jolie demoiselle ?

Elle rit, très rouge, et me susurra :

— Oui, évidemment !
— Serait-on en droit de dire que vous avez aimé ?
— Arrêtez d'essayer de me faire parler et de me faire dire des choses gênantes, ça me trouble… Faites donc, grand bavard, incorrigible clown, et arrêtez de me faire languir. Donnez-moi du plaisir ! Oui, j'en ai envie.
— Vos désirs sont des ordres, jolie princesse.

Et là-dessus, mes mains glissèrent jusqu'à son popotin, en apprécièrent les formes émouvantes puis remontèrent sa jupe (elle souleva son bassin pour faciliter la manœuvre) jusqu'à ses reins ; je lui descendis sa culotte et elle ouvrit les cuisses largement, en soupirant.
C'était l'été, il faisait chaud, et elle n'avait ni bas ni collants, je précise : la voie était donc libre.

Je retrouvai avec un sincère ravissement sa jolie chatte déjà entrouverte et tout humide. Je ne fis aucune réflexion, ne voulant pas la mettre dans l'embarras (et j'étais déjà trop bavard, elle me l'avait dit). Ma bouche trouva de toute façon une meilleure occupation que la parole : elle fondit sur ce coquillage rosé et irrésistible et lui prouva, s'il le fallait encore, que ma langue était douée pour autre chose que pour les bavardages.

En tout cas, elle aimait ce langage : sa chatte réagit au quart de tour et me répondit en palpitant, ainsi que tout son corps qui n'était que contorsions, contractions, relâchements, spasmes. Sa peau n'était que frissons, frémissements, tremblements. Sa voix, sans articuler de mots, me signifiait par force onomatopées, soupirs, gémissements, que la bougresse appréciait cette caresse buccale que je lui offrais sans compter.

Rapidement, je sentis ses orgasmes arriver et se succéder. Les mains crispées sur mes épaules, elle se mit à crier de plus en plus fort et sans relâche, et je recueillis le suc qu'elle m'expulsait à chaque paroxysme de plaisir. Les ondes se succédèrent à un rythme accéléré tandis que je me délectais tant de sa jolie chatte parfumée que de son plaisir qu'elle m'offrait sans retenue.

En gentleman, j'aurais pu me contenter de ça : donner du plaisir à une si jolie petite biche après l'avoir séduite, c'était déjà pas si mal. Mais j'avoue que je serais resté sur ma faim si nous avions arrêté là.
Je n'eus pas à pousser plus loin mon avantage car, se ressaisissant, elle reprit l'initiative.
Langoureusement, d'une voix susurrée elle me glissa en se redressant :

— J'ai envie de vous…

Je ne me fis donc pas prier ; je me rassis et baissai pantalon et caleçon.

Ma queue avait un peu ramolli à cause de l'exercice de contorsion un peu inconfortable auquel je venais de me livrer (ma voiture n'est pas toute petite, mais se livrer à ce genre de jeu sur une banquette arrière n'est jamais aussi aisé que sur un grand lit) ; la demoiselle ne se démonta pas et prit mon membre dans sa jolie main : ce contact lui redonna aussitôt de la vigueur.

J'espérais un peu que ma jolie brune allait me rendre la pareille, bien que jamais ne n'aurais osé le lui demander. Je n'aurais pas voulu lui imposer la même contorsion que j'avais imposée à mon dos. Et puis, il est vrai, le temps pressait et nous risquions d'arriver en retard au déjeuner (et d'y arriver ensemble, ce qui aurait pu faire jaser). Aussi, en quelques va-et-vient bien sentis et bien dosés, mon vit fut de nouveau bien raide. Il est vrai que ma main avait un peu erré de ses fesses à sa douce et délicate chatte encore bien humide, et ce genre de contact a le don de me mettre particulièrement en forme.

Elle le lâcha quelques secondes, mais ce fut seulement pour m'enjamber. La belle le reprit et le guida vers sa chatte avec grâce, comme tout ce qu'elle faisait. Elle s'empala sur mon membre, et à cheval sur moi elle commença à monter et descendre lentement.

Passant mes mains sous son haut, je dégrafai son soutien-gorge, et me promenant de ses fesses à ses seins globuleux, je dois dire que j'étais aux anges. Je lui mordillais le cou, les oreilles, la léchant littéralement ; ma bouche était pleine de son parfum capiteux, de son odeur de femme, de son maquillage léger. Je me mis à lui manger les lèvres, lui sucer la langue : me taper une aussi jolie fille, à mon âge, c'était vraiment mon jour de chance !

Mes mains s'étaient refermées sur ses seins tout ronds que j'emprisonnais et comprimais, tenant bien ses mamelons entre pouce et index tandis qu'elle faisait de la balançoire sur moi, bien ancrée sur ma pine dressée. Je l'accompagnais dans ses mouvements (comme ceux d'un ascenseur qui monte du rez-de-chaussée au premier puis redescend, puis remonte, etc.) tandis qu'elle gémissait, yeux mi-clos, m'inondant les cuisses.

Je lui aurais bien fait l'amour pendant des heures encore, mais le temps nous était compté.
Était-ce le stress lié à la crainte d'arriver en retard ? Était-ce l'effet bœuf que me faisait cette jolie petite caille ? Ne pouvant ralentir le rythme qu'elle imposait à cette sublime cavalcade, j'eus du mal à me retenir bien longtemps ; honteusement et un peu frustré, je partis dans sa chatte en essayant de contenir mes rugissements.

Nous nous rhabillâmes en hâte. Je repris le chemin du restaurant, et nous arrivâmes heureusement avant que les gens se soient déjà attablés (l'organisation attendait encore des retardataires.)


J'étais persuadé que cette escapade serait une parenthèse.
J'en suis moi-même surpris, mais bien que les occasions soient rares, à ma grande satisfaction nous sommes restés amants.