La sonnerie du réveil met fin à un rêve que j'ai déjà oublié. Il est 6 heures. La lueur de l'aube commence imperceptiblement à éclairer la chambre à travers le fin voile blanc qui fait office de rideau. Je me lève, entre dans le dressing dont je ferme doucement la porte avant d'allumer la lumière. Mon cher et tendre, à qui il reste une petite heure de sommeil, est déjà réveillé. Même s'il n'a pas bougé, je sais qu'il ouvre toujours les yeux avant moi. Il se contente de somnoler en attendant son tour. Face à la porte de la chambre, la seconde porte du dressing ouvre sur la salle de bain. Je la franchis, nue, après avoir déposé ma chemise de nuit sur un tabouret. La douche me remet les idées en place, et l'agenda de ma journée commence à défiler dans ma tête. Une grosse réunion de projet durant laquelle j'interviens à deux reprises.

La peau et l'esprit enfin frais, je regagne le dressing. Sur le dessus de mon tiroir à sous-vêtements, la guêpière noire que je portais hier soir lorsque nous avons fait l'amour est négligemment posée, telle que je l'ai abandonnée à la hâte avant de me coucher. Je souris. Je ne la porte que pour nos jeux intimes ; mais pourquoi pas ? Un frisson me parcourt le corps tout entier lorsque je l'enfile. J'ajuste et attache mes bas, fiévreuse comme une petite coquine qui prépare un mauvais coup. Mon cœur bat plus fort, ma respiration est plus rapide. Chemisier blanc, tailleur jupe noir. Ça, c'était prévu. Les points de ma présentation regagnent toute mon attention. Je remets ma coiffure en ordre, le carré de mes cheveux blonds, ma frange.

Je trouve cette personne dans le miroir très élégante. Élégante ? Comme c'est ironique… Dès que j'aurai quitté l'appartement, je sais qu'il se jettera sur sa tablette pour surfer sur le net à la recherche de clips et de photos de femmes d'affaires aux tenues impeccables et à la perversion sans limites, de strictes jeunes filles aux uniformes parfaitement ajustés et aux mœurs déviantes… Sous le tailleur bien sévère de cette personne dans le miroir, qui imaginerait – c'est si indécent – une paire de seins gonflés aux tétons dressés et une chatte détrempée ? Ces pensées, crues et vulgaires, me font rougir. Et m'émoustillent. Car, plus que tout, répondre à ses fantasmes et l'amener à la jouissance suffisent à assurer la mienne. Je ne suis pas un simple objet de plaisir. Non, j'aime moi aussi jouer, et plus que tout m'immiscer dans son propre jeu et en prendre la direction.

Ça tombe bien : j'ai tout l'air d'une directrice, si j'en crois mon reflet… Manque un détail. Un peu de couleur et une touche d'autorité. Je quitte ma veste et change de chemise pour en prendre une tout aussi blanche mais au col plus rigide, plus lisse, plus à même de mettre en valeur le nœud de la cravate unie bordeaux que j'emprunte à monsieur. Je reviens dans la chambre, laissant pénétrer par la porte entrouverte un filet de lumière qui suffit à éclairer la scène que le faux endormi observe les yeux mi-clos. Je boutonne ma chemise sur ma guêpière et laisse le col relevé le temps de proprement nouer, serrer et ajuster la cravate qu'il n'imaginait pas me voir porter ce matin. Je devine sa main sur son sexe durci sous la couette qui tressaute alors que je fais glisser ma jupe sur mes jambes gainées de noir. Je l'agrafe, remonte la fermeture Éclair, puis fixe mes boutons de manchettes avant de regagner la salle de bain.

J'en ressors fin prête, escarpins et veste complétant la tenue. Les talons claquent sur le plancher. Je me penche sur mon cher et tendre pour l'embrasser, comme tous les matins, non sans un brin de malice et de satisfaction cette fois. Un dernier soubresaut de la couette trahit l'explosion finale. Il doit y en avoir plein le lit, mais qu'importe : cela ajoute à mon plaisir.

Je claque la porte en lançant un entraînant « bonne journée », pleine d'une assurance mutine des plus plaisantes…


Il faudra que je reprenne deux ou trois figures de ma présentation, et que je rectifie le texte. Il faudra aussi que je… Cette guêpière me serre un peu, mon col aussi. Je me sens engoncée. Quelle mouche m'a piquée ! Le train a beau ne pas être très bondé à cette heure matinale, j'ai l'impression que les regards s'arrêtent sur moi, et ça ajoute à mon malaise. Je vérifie machinalement du bout des doigts que mon nœud de cravate est bien ajusté. Quel réflexe… c'est ridicule ! Me voilà en route pour le bureau, apprêtée comme si j'allais m'offrir à mon cher et tendre. Il aime tant me voir si sérieuse, dissimulant sous mon impeccable tenue de femme d'affaires mes dessous taquins et mes intentions cochonnes. La cravate, ce n'est pas vraiment mon truc… mais il y a son fantasme de l'uniforme. Et après tout, c'est de l'exciter qui m'excite le plus. Le body en latex que j'ai commandé la semaine dernière sur Internet, voilà quelque chose qui m'émoustille. Excessivement moulant, il laisse les seins libres tout en les enserrant, les maintenant bien ronds, fermes et gonflés. Il ira parfaitement avec mes petites pinces à tétons métalliques que j'adore. Quand il va découvrir ça sous mon chemisier…

Ca y est, je viens de jouir… C'est du propre ! Mon cœur bat à tout rompre. Mes yeux balayent nerveusement le wagon. L'homme qui est debout, là, il me dévisage, non ? C'est pourtant commun, une femme en tailleur dans un train qui va à la Défense ! Et pourtant, je me sens aussi mal à l'aise que si j'étais toute nue au milieu d'une foule de bien-pensants outrés. Il m'agace avec ses fantasmes ! Je reprends mon calepin et les notes que j'avais commencé à rédiger. Donc il faut que je pense à leur parler de… Je souris. Il dit que je suis à croquer quand je prends cette posture : assise, bien droite, studieuse, les yeux baissés sur mon cahier. Puis il enfonce son sexe dans ma bouche, et je fais mine de rester concentrée. J'apprécie cette petite mise en scène, d'une part parce qu'elle a visiblement un fort impact sur sa raideur, et surtout parce que je suis une inconditionnelle de la fellation. Je suis une gourmande, j'avoue. Sa cuisse nue se presse contre ma veste, mes vêtements se froissent légèrement au rythme de ses allers et venues. J'essaie de garder une contenance, une prestance d'assistante bien digne. Mais papier et stylo finissent par tomber, abandonnés sur le parquet, alors que tout mon être se voue à ce long et gros morceau de bonheur que ma bouche engloutit.

Je viens encore de jouir… Ce n'est pas comme ça que je vais avancer dans mon travail. Je soupire, et je m'y remets. Je relève les yeux l'espace d'un instant, histoire de savoir où nous sommes. Plus que quelques minutes. Le jeune homme qui me fait face m'offre un sourire aussi chaleureux que fugitif. Je le lui rends, et je me sens redevenir toute légère. Mon smartphone vibre. Il vient de m'envoyer un SMS : « ;Je t'aime. » Je souris maintenant à mon téléphone. Il pense à moi. À moi et à la tenue dans laquelle je suis partie ce matin. Son imaginaire doit fonctionner à plein régime. Allez savoir dans quelles situations romantiques, coquines ou carrément salaces il ne peut s'empêcher de rêver me voir en ce moment. Les regards viennent de se tourner vers moi, pour de bon cette fois, car je n'ai pas pu réprimer un petit rire en remettant l'appareil dans ma poche… Si ses fantasmes me poursuivent, j'ai quand même le sentiment de le mener par le bout du nez.

Le travail m'attend. Je mets le pied sur le quai, gonflée à bloc, prête à prendre ma réunion à bras-le-corps. Telle une barque malmenée par une mer déchaînée, je me sens toute retournée par les vagues de gêne et de plaisir qui viennent de se succéder en moi. Et tout aussi trempée…


Mon timing n'était pas trop mauvais. Je m'étais bien préparée, et ma présentation au management s'est bien déroulée. Il y a quand même eu cette série de questions sur le planning du projet. Je m'y attendais un peu, mais la discussion m'a tout de même agacée. Il faudra que je prépare quelques compléments pour bien ficeler le dossier. Enfin, pour l'instant, je peux souffler… Mon index fait trois petits tours taquins sur mon clitoris avant de replonger dans mes profondeurs chaudes et humides. J'ai faussé compagnie à mes collègues un peu rapidement pour la pause sous la pression de ma trop petite vessie. Maintenant qu'elle est soulagée, je m'accorde un peu de temps pour faire le point, quelque peu avachie sur la lunette des toilettes, les jambes largement écartées. Tout en réfléchissant aux conclusions que je vais devoir étoffer, je laisse deux de ses camarades rejoindre le doigt solitaire parti en éclaireur dans mon intimité.

Il raffole de ce genre de situation, et je sais qu'il prend énormément de plaisir à les imaginer, à les rêver. S'il savait… S'il me voyait là, maintenant… Il n'a pas tort, après tout, quand il dit qu'une cravate met en valeur les seins entre lesquels elle tombe. Je les regarde, bien ronds, fièrement dressés entre les pans ouverts de mon chemisier, libérés des bonnets de la guêpière. Le bout de la cravate de soie glisse sur ma jupe relevée, et surtout sur mon mont de Vénus, au rythme langoureux de mon trio fouisseur. Sa douce caresse me fait frémir. Les chiffres et les graphiques défilent dans ma tête, emportés par des flots de plaisir. Ça me fait penser qu'il faudra que je valide la facture mensuelle de mon équipe de consultants. Je ne peux pas m'en empêcher : mes priorités ne me quittent jamais vraiment, même pendant les moments d'extase. Il a du mal avec ça. Je crois que ça le perturbe, ce petit côté multitâche que l'on dit si féminin… Et la jouissance m'emporte dans un ultime sursaut.

Ma poitrine s'est docilement laissé rhabiller par la lingerie noire. Je reboutonne mon chemisier et le rentre proprement dans ma jupe. Un coup d'œil dans le miroir me permet de constater que mon nœud est resté bien ajusté sous le col que je n'avais pas pris la peine de défaire. Je me passe rapidement les doigts dans les cheveux, vérifie une dernière fois ma mise et sors des toilettes. Je pense à lui, en marchant dans le couloir. Il aimerait me voir ainsi. Il aurait aimé assister à ma séance de masturbation débraillée de tout à l'heure. Cette vision de fantasme l'aurait fait jouir. Et j'adore le faire jouir. C'est mon plus grand plaisir. En fait, je crois que ce que je préfère, c'est lorsque nous jouissons ensemble…

Mes collègues sont déjà à leur place autour de la table. Je ferme la porte et gagne mon siège. La réunion peut reprendre. Dans une atmosphère feutrée et sérieuse, le grand patron égrène les principales lignes de notre stratégie. Je suis la seule femme dans la salle mais nous sommes tous aujourd'hui en costume-cravate, comme il me l'a fait remarquer ce matin en souriant. Certes. Je porte toutefois une jupe. Et il suffirait à mon cher et tendre de la retrousser d'un geste, sans pour autant que mon élégante tenue n'en souffre, pour me prendre là, sur la table. Je sens ses mains sur mes cuisses, je les sens glisser sur mes bas et écarter mes jambes. Je sens son sexe me pénétrer. Je l'aime et j'ai envie de lui.

Dans cette atmosphère feutrée et sérieuse, mon air grave et sec contraste agréablement avec l'humide volupté qui me submerge. Une nouvelle fois…


Les talons de mes escarpins claquent sur le trottoir, tel un chronomètre égrenant les secondes qui me séparent de la maison. Il ne me faut que quelques minutes pour rentrer de la gare, quelques minutes au bout desquelles j'aurai ma récompense. Et lui la sienne. À chaque pas, je sens glisser sur la peau de mes cuisses le jus visqueux que mon vagin béant ne peut retenir. À chaque pas, mes tétons dressés glissent sur le tissu du chemisier blanc sous lequel mes seins libérés se balancent en rythme. Accentuant ma jouissance. Les bonnets de ma guêpière sont retroussés sous ma poitrine, et la pression de leurs discrètes baleines ne cesse de me reprocher mon excitante indécence. Un léger courant d'air glisse sous ma jupe ; l'humidité renforce l'impression de fraîcheur. Ma culotte de dentelle noire, pauvre naufragée tant de fois noyée au cours de cette journée, gît au fond de mon sac, rendue aussi rigide que du carton par la souillure séchée.

Je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que j'arrive et que je l'aime. Il a répondu qu'il m'attend et qu'il m'aime aussi. J'espère qu'il pense toujours à mon départ ce matin, à ma tenue. J'espère qu'elle a alimenté ses fantasmes, heure après heure jusqu'à ce soir. Le simple fait qu'il n'envisage pas que je puisse passer à l'acte me rend fière de moi. Passer à l'acte, c'est aujourd'hui devenir dans la vie réelle une de ces power women qui lui font tant tourner la tête. Tirées à quatre épingles, il les imagine aussi tirées au sens le plus sale du terme. Dans ses scénarios coquins, des femmes distinguées et respectables sombrent dans la luxure pour finir, submergées par une satisfaction perverse, couvertes de semence mâle. Le gardien de l'immeuble me salue et me tient poliment la porte. Je le remercie. Mes tétons durcissent encore sous mon tailleur comme pour attirer son attention. Je souris en rougissant. Et jouis une nouvelle fois.

Haletante, le cœur battant la chamade et les seins à l'air, je frappe à la porte. J'ai profité des courts instants passés dans l'ascenseur pour défaire quelques boutons de mon chemisier, juste assez pour en extraire mes attributs mammaires tout en maintenant mon col fermé. Le risque d'un arrêt impromptu au premier étage était minime, mais il a suffi à exacerber ce mélange d'angoisse et d'excitation qui étreint les vilaines petites filles qui se préparent à commettre une grosse bêtise. Je m'assure que mon nœud de cravate et bien ajusté, je trousse ma jupe autour de ma taille pour bien dégager la vue sur mon pubis, et je frappe à nouveau. J'écarte légèrement les jambes, laisse la veste de mon tailleur s'ouvrir en plaquant mes poings sur mes hanches, et complète la pose en gonflant la poitrine. Je suis aussi fébrile qu'une actrice s'apprêtant à jouer le rôle de sa vie au moment où le rideau se lève. La porte s'ouvre.

Il ne prononce pas un mot. Ses yeux écarquillés et sa prostration parlent pour lui. L'immense sourire qui éclaire mon visage est plein de gêne et de honte, mais également rempli de joie et d'excitation. Je lui lance un regard gourmand en gazouillant un timide – bonsoir –. Je baisse les yeux en rougissant, encore. Découvrant le renflement qui déforme son pantalon, je sens mon sang déjà surchauffé se mettre à bouillir. Je tombe à genoux, là, sur le palier, et je perds tout contrôle. Mes doigts tremblants défont sa braguette et extraient son engin que ma bouche s'empresse d'avaler. Je ne peux réprimer un gémissement étouffé. Son sexe est si raide, si long, si gros ! Il a pensé à moi, c'est certain, attendu ce moment improbable. Peut-être s'est-il même masturbé, ce gros cochon ? Tout mon être ne vibre plus que pour pomper ce membre tant désiré. Ma main, autoritaire et langoureuse, accompagne le mouvement. Je ferme les yeux et m'abandonne.

Nous jouissons à l'unisson. Mes doigts, partis explorer mon entrejambe, sont trempés. Son sperme emplit ma bouche par saccades et s'échappe entre mes lèvres alors que je laisse aller et venir tendrement l'objet de mon plaisir une dernière fois. Je sens le liquide poisseux glisser sur mon menton, puis tomber sur ma poitrine…

Pourvu qu'il n'y ait pas de taches sur la cravate…