La fête des Mères
Charline8815/04/2017C'était le jour de la fête des Mères. Douloureuse journée qui, malgré le bouquet de roses rouges que son mari lui tendait, avait des relents de vie inachevée. Si ses grands yeux marron-vert ne laissaient rien paraître, la blessure était toujours aussi vivace à l'intérieur. Son âme, son cœur, enfin tout ce qui pouvait être égratigné saignaient en elle ce jour-là. Avec le battage des radios et des médias en général, elle ne risquait pas d'oublier cette fête. Mais Claude n'avait jamais été et ne serait jamais maman de qui que ce soit. Alors en ce dimanche de mai, elle se terrait presque à l'ombre de sa terrasse, près des rhododendrons en fleur de son jardin.
Honnêtement, Michel non plus n'aimait guère cette journée. Pas pour ce qu'elle représentait, mais bien à cause de sa douleur à elle. Ils avaient tous les deux tout tenté, gardant des années durant l'espérance de voir son ventre s'arrondir, s'alourdir d'une autre vie. Tous deux n'avaient rien négligé, pas même les remèdes de bonne femme que leurs amis s'évertuaient à découvrir par-ci, par-là. Il lui était même arrivé de la garder, après l'amour, les jambes en l'air dans la position du poirier, à sa demande à elle. Naturellement, c'était aussi des foutaises, même si elle avait gardé en elle la semence plus longtemps. De cela, ils n'en parlaient jamais à personne, la peur de se voir rire au nez ; mais ne cherche-t-on pas, ne se raccroche-t-on pas toujours à des choses ridicules parfois ?
Alors, déçu par cette infertilité incompréhensible, il était allé jusqu'à lui proposer de prendre un amant. Elle avait toujours dit non, puis sans vraiment se refermer, la blessure s'était calmée, avait non pas cicatrisé, mais était en sommeil. Elle se réveillait chaque fois à l'occasion de cette bon dieu de fête des Mères. Aujourd'hui encore, Michel avait senti que l'humeur était plus que morose. Oh, bien entendu, Claude avait eu ses habituels mots gentils, ses gestes quotidiens qu'elle lui connaissait, tout en sachant que ce n'était que purement mécanique. L'entrain n'était pas là. Raison de plus pour la cajoler encore plus que d'ordinaire.
Rien d'autre qu'elle ce matin ne comptait, et ce n'est pas la brassée de roses d'un rouge sang qui allait démontrer le contraire. Le fleuriste – enfin, son arpète en la personne d'une gamine de dix-huit ou vingt ans coiffée d'une casquette de base-ball au nom d'Interflora – venait de sonner au portillon de la rue. La fille attendait, les bras chargés de la gerbe commandée par Michel la veille, et elle allait sans doute ouvrir le robinet des larmes de Claude. Mais qu'y faire ? Omettre de lui dire que, pour lui, elle était toujours aussi belle ? Et puis les fleurs de ce jour étaient aussi un clin d'œil à toutes les femmes du monde, du moins dans l'esprit de l'homme qui tendait le bouquet à son épouse.
Les yeux presque clos, ses mains s'emparèrent des fleurs, en déplièrent soigneusement la cellophane, et les onze belles trouvèrent un récipient rempli d'eau censé leur assurer une vie prolongée. Du coin de l'œil, il vit le petit nez retroussé de la jolie brune se poser sur l'une d'elles, en humer le parfum délicat, et d'un geste tout particulier elle les ébouriffa dans le vase comme s'il se fût agi de ses cheveux. Bien sûr, il n'était pas dupe : ce simple mouvement ne servait qu'à masquer une sorte de petite perle qui déjà trouvait une piste allant du coin de son œil à la pointe de son menton. Michel aussi avait un petit pincement au fond de la poitrine…
Il était midi. Les cloches de l'église au centre du village sonnaient. Claude les entendait comme si elles se trouvaient à portée de voix, à quelques mètres : signe de pluie ; elle était certaine que le temps de ce dimanche allait changer. Au premier coup de sonnette, elle savait que c'était pour elle. Michel était incorrigible. Mille fois, elle lui avait répété que ce n'était pas nécessaire, qu'elle vivrait aussi bien sans cette livraison ce jour-là, mais il persistait à « marquer le coup » comme il le lui martelait chaque année. Elle avait parfois avancé d'autres arguments tels que couper les fleurs – qui était une idiotie à son sens – mais il feignait toujours de ne plus s'en souvenir.
Ne pas pleurer, c'était son objectif, comme à chaque fête des Mères, mais elle craquait tout le temps. Cette fois encore, en cherchant à placer les Papa Meilland de toute beauté dans un réceptacle, elle avait failli à sa promesse de ne pas fondre. Claude avait pudiquement détourné la tête ; elle savait bien que lui aussi, même s'il n'en parlait pas, était triste de cette solitude à deux qu'était devenue leur vie, depuis si longtemps déjà. Michel, béatement, lui souriait, cherchant à la préserver de tout souci.
Elle prit les fleurs, les ébouriffant dans un vase où les belles se garderaient mieux. Elle embrassa délicatement du bout des lèvres l'une d'elles, fermant les yeux pour ne pas montrer son émoi. Juste par leur parfum délicat, quelque chose en elle s'éveilla ; elle hésitait entre larme et immense sourire. Opter pour l'un des deux ne fut pas de son fait. Son corps s'ouvrait soudain à son mari, comme si le fait qu'il avait pensé aux roses lui avait donné envie… envie de le récompenser. L'hésitation fut de courte durée. Quand elle eut fini de les arranger, elle se tourna vers Michel et, se forçant à sourire, s'approcha.
— Merci ; elles sont somptueuses ! Comment fais-tu pour toujours dénicher les plus belles fleurs de la ville ?
— Je soudoie la fleuriste, tu me connais… Je lui promets chaque année de l'embrasser… sur la bouche.
Cette boutade n'avait d'autre but que de les faire sourire. L'un et l'autre se déridèrent, et Michel avec tendresse embrassa sa femme. Le baiser sur la joue ne sembla pas la contenter, alors elle tourna brusquement le visage. Ce n'était pas fortuit : il s'agissait simplement d'amener ses lèvres au contact de celles de son mari. Il avait bien saisi, et il la laissa faire. Quand les bouches se retrouvèrent, ce fut pour se souder dans un baiser à leur couper le souffle. Les bras musclés de l'homme pressèrent contre sa carcasse la femme qui ne voulait plus quitter les lippes masculines et sa langue tournoya dans son palais. Elle se dit que c'était juste tellement bon, que ce jour devrait être la fête du baiser et qu'elle et lui devraient la rebaptiser de cette manière.
Habilement, il ne brusqua rien. Il la laissa se serrer contre son torse. Elle était aussi grande que lui. Quand le souffle vint à leur manquer, ses doigts serrèrent l'épaule de la femme encore jeune ; elle tremblait. Lui sentit sous le chemisier, tout contre le sien, le cœur qui battait. Mais plus bas, bien plus bas, autre chose venait de se réveiller. Le petit serpent de chair redressait la tête. Il se trouvait encore endormi à demi sur le bas du ventre. Pas paresseux puisqu'il avait déjà servi au réveil, il commença à se sentir très à l'étroit dans le sous-vêtement de son propriétaire. Tout doucement, de sa capuche émergeait le casque lisse de la caboche de la bête.
Alors que Michel sentait sa faim de Claude progresser, elle aussi ressentait les premiers effets de cette épée qui se frottait contre son propre ventre. Elle n'était pas idiote ; elle avait deviné que le seul baiser langoureux qu'elle venait de provoquer ne laissait pas son mari de glace. Mais il était vrai aussi que ce dernier était toujours très réceptif à ce genre de… conditionnement. Elle avait toujours su avoir des… arguments très convaincants. Les deux bouches ne s'éloignèrent l'une de l'autre que le temps nécessaire à une inspiration vitale. Une goulée d'air reprise, le jeu des deux langues reprit de plus belle, pour le plus grand bonheur des deux-là. C'était d'une indéfinissable douceur ; c'était bon comme… rien d'autre, sauf peut-être…
Rarement elle était aussi attentive à cette heure de la journée, mais les événements de ce dimanche, les circonstances particulières avaient un étrange effet sur ces deux amants. Les mains de Claude furent les premières à glisser lentement du cou de son homme vers sa poitrine. Ses doigts menus se firent fureteurs, ouvrant rapidement les boutons de la chemise de Michel. Il laissa faire, s'amusant même des maladresses passagères de ses mains, quand elles s'y reprirent à plusieurs reprises. Ensuite elle fourragea dans les poils de la poitrine de son mari, prenant entre pouce et index, au passage, un téton masculin pour le maltraiter gentiment.
Les pérégrinations des doigts féminins laissèrent des traces rouges, parallèles, sur le ventre enfin dénudé. Les ongles, telles des serres, agressaient la peau tendre, s'amusant à dessiner des rails dans tous les sens sur ce matériau tellement marquant. Quand les lèvres se séparèrent faute d'air, une des mains avait déjà entrepris de défaire la ceinture de cuir du pantalon. Elle était experte et parvint à ses fins très rapidement. Alors la fermeture Éclair qui retenait l'ensemble clos glissa vers le bas. Libéré, le serpent pouvait désormais respirer plus librement, hors de son carcan de coton.
Il ne voulut pas être en reste, et Michel partit à la redécouverte de l'anatomie de son épouse. La chemise bleue et blanche avec son col marin ne résista pas plus longtemps que ses vêtements à lui. Pour le soutien-gorge, ce fut un peu plus délicat. La fermeture n'était pas celle utilisée habituellement sur ce genre de truc, et il eut un mal de chien pour trouver la clé pour en séparer les deux morceaux dans le dos de Claude. Son acharnement la fit glousser, rire, mais il finit enfin par séparer de ses doigts impatients l'ultime barrage en deux. Deux beaux globes s'affichèrent en pleine lumière dominicale.
Ni elle ni lui ne se cachaient. Ils étaient amants depuis si longtemps, et faire l'amour au grand jour dans leur immense maison de bois n'avait plus de secrets pour eux. Ils connaissaient leurs corps par cœur, et c'est les yeux fermés qu'elle et lui savaient où aller pour faire frémir son partenaire. Claude savait par exemple que Michel adorait que sa main joue avec son sexe d'une certaine manière. Qu'elle ne retroussât pas tout de suite l'épi tendu lui procurait à lui une satisfaction qui l'amènerait chaque fois à coup sûr au bord de l'orgasme. Alors elle en jouait, s'amusait avec le capuchon qui couvrait le gland rose. Le résultat était saisissant, et quand elle commença ce genre de jeu, Michel fut subjugué.
Entre autres choses, son mari savait parfaitement que prendre les fraises des seins de son épouse entre ses dents et les mordiller doucement allait faire monter en elle une tension qui durerait tout le temps qu'il le voudrait. Il lui suffirait de reprendre à n'importe quel moment de leur joute cette caresse pour que Claude soit immédiatement à nouveau en transe. Alors il en profitait toujours, autant qu'il le pouvait, jusqu'à l'amener à l'orgasme, parfois sans même la pénétrer. Et là dans leur salon, sous les rayons d'un soleil de fin de printemps, les mains s'envolaient pour enivrer l'un, pour enthousiasmer l'autre.
— Tu n'as pas faim ?
— Si. Regarde-moi tous ces mets dignes d'un roi…
— Alors c'est bien, sers-toi ! Hum… j'aime moi aussi cette tige chaude qui vit sous mes doigts. Elle me fait toujours le même effet dans la main… après toutes ces années.
— Moi, ce sont tes doudounes qui m'ensorcellent toujours : je ne crois pas qu'il en existe ailleurs d'autres aussi… affriolantes.
— Tant mieux, je n'aimerais pas te partager. Nous avons mieux à faire qu'à parler, ne crois-tu pas ?
— Oh que oui ! Viens donc par-là, ma belle !
Câlin, Michel avait doucement poussé Claude vers le grand divan de cuir roux. Bien entendu, elle n'avait pas envie de résister. La chaleur était montée en eux, comme s'ils avaient besoin de se libérer de cette fête des Mères trop douloureuse. N'était-ce pas le meilleur moyen d'expulser toutes les idées sombres qui les noyaient tous les deux ? Faire l'amour, un acte ordinaire avec des partenaires ordinaires, dans un décor ordinaire, un jour ordinaire en quelque sorte. Pourtant, ce qu'ils attendaient l'un et l'autre, l'un de l'autre, c'était autre chose que de l'ordinaire ; la résurrection quotidienne de leur amour passait par ces moments majestueux d'une appartenance profonde.
Habits et autres vêtements avaient tous disparu des corps des deux amants. Les mains habiles de la femme couraient sur Michel alors que ses lèvres à lui parcouraient des sentiers battus et rebattus, mais toujours fertiles en nouvelles découvertes. Il ne se lasserait jamais de l'odeur de sa peau. Elle se perdrait pour toujours dans cette toison, sa « moquette » comme elle se plaisait à l'appeler joyeusement. Les griffures encore visibles de ses ongles apparaissaient, sillons d'amour, sous la pelisse sombre. Maintenant ces deux-là savouraient le bien-être d'être nus, serrés, presque déjà enchâssés l'un dans l'autre.
Alors, renouvelant sans cesse leurs caresses, les modulant au son des gémissements émis par elle, les interrompant aux moindres soupirs émanant de lui, ils faisaient en sorte que le plaisir dure longtemps. Quand il la touchait du bout des lèvres, elle arquait son ventre pour mieux se frotter à sa langue, pour mieux savourer le passage de cette chose chaude et humide qui traquait chacun des pores de sa poitrine, de ses seins, n'omettant aucune parcelle de ce corps voluptueux qui se livrait, se donnait sans retenue. La chair de poule qu'elle en retirait était autant de victoires de ce grand gaillard sur sa féminité si ouvertement offerte.
Rigide, raide, Michel avait fini par faire coulisser sa verge entre les deux merveilles qui ornaient le haut de la poitrine de son épouse. De ses deux mains, elle les avait rapprochées pour que la dague humaine suive le sentier désiré, pour qu'elle ne sorte surtout pas de l'écrin ordinairement masqué par son soutien-gorge. Ses deux jambes passées de part et d'autre de sa complice de toujours, il actionnait sa queue de telle manière que le bout finalement se trouve à hauteur de ses lèvres. Et elle aimait cela. À chacun des effleurements de son gland avec sa bouche, elle tirait la langue pour tenter de saisir la minuscule gouttelette de liquide qui ne manquait pas de s'y poser. Puisque lui également appréciait cette forme d'audace linguale, il revenait plus fort, de plus en plus vite.
Librement, elle consentait à subir ses assauts. Il s'y connaissait pour la faire monter dans l'envie ! La position qu'ils adoptaient ne lui permettait guère de jouer elle aussi de son corps. Légèrement écrasée sur l'assise du sofa par ce vigoureux époux, elle attendait son heure. Elle allait arriver, à n'en pas douter. Parti comme cela, jamais il n'éjaculerait aussi rapidement : il aimait trop la prendre pour perdre sa précieuse bandaison entre ses nichons, dût-il y trouver un plaisir violent ; il lui semblait qu'il était trop rapide. En cela, elle le connaissait bien par cœur. Après ces échauffements mammaires, il repartit sur le côté, la chevauchant, dans l'autre sens cette fois.
Inutile de le laisser faire tout seul. Claude se décida enfin à agir. Elle se coucha sur le côté, obligeant ainsi Michel à adopter le même style de placement. En écartant ses cuisses largement, elle ouvrait ainsi la voie à l'endroit qu'il convoitait. Bien entendu, lui aussi en fit autant. Elle posa d'abord sa joue sur l'engin qui se pavanait contre le nombril de son mari. Lui, de deux doigts lissa cette faille tellement attirante. Mais fou de désir, il n'hésita guère pour les plonger en elle. Elle eut un sursaut, et dans un mouvement provoqué par la joie de la visite des mini-pénis, elle happa de sa bouche avide le manche qui n'attendait que cela.
Nul autre bruit dans la maison que ces plaintes, ces cris de bonheur ne troublaient les deux amoureux qui s'aimaient. Claude ondulait de la croupe, agitant celle-ci pour que les doigts s'enfoncent davantage dans son intimité. Et ce faisant elle aspirait encore plus le pieu de son époux, tendu, qui lui distendait les mâchoires. Il donnait de furieux à-coups à son pistil enfoui dans sa gorge. Elle s'étouffait pratiquement de sa longueur qui n'en finissait plus de la remplir. Et plus elle happait sa bite, plus il la limait violemment. Mais aucun des deux n'allait plus loin que ce que l'autre désirait ; il aurait suffi d'un geste, d'un mot pour qu'il stoppe net son élan, pour qu'elle cesse immédiatement sa pipe.
Evidemment, même les meilleures choses au monde ont une fin. Pour eux, le dénouement se devait d'être à la mesure de cette envie qui les tenaillait. Pour cela, elle s'improvisa cavalière et, chevauchant son destrier à cru, elle s'élança dans un galop qu'il contrôlait. Ses mains d'homme bien calées sur les fesses de sa femelle, le mâle donnait de légères claques sur le postérieur rebondi de Claude. Elle tanguait sur la droite, sur la gauche, remontant pour mieux se rasseoir sur lui, gardant au fond d'elle cette queue bien rigide dont elle sentait tous les mouvements contre ses parois intimes. La libération finale se fit clandestinement dans cet antre qui n'avait jamais voulu lui donner d'enfant. Ce fut sa dernière pensée avant de s'étendre sur lui pour un repos bien mérité.
— Pff… Quel bonheur ! Tu es toujours aussi… magique, Claude. J'ai de la chance de t'avoir.
— Quand le partenaire est bon, tout va bien. Tu m'as… tué pour la journée ! Pourtant, j'aurais bien fait une balade dans la forêt. Pas toi ?
— Pourquoi pas ? Une douche, et on y va ! Mais avant, un peu de nourriture terrestre, histoire de redonner un peu d'essence à nous deux corps fatigués ?
— D'accord. Prends ta douche pendant que je remets chauffer notre repas, puis ce sera mon tour, lorsque tu desserviras la table, de me faire belle.
Comme ils l'ont décidé, les choses se mettent en place. Toujours nu, Michel file à la salle de bain alors que son épouse met les couverts et remet en route la gazinière. L'eau chante sous la douche, et elle aussi dans la cuisine fredonne. La séance de « frotte-body » leur a remis l'esprit d'aplomb. La femme est heureuse de cette sortie à venir. Le soleil de mai est d'une douceur incomparable, et l'appel de la nature aussi fort que celui des sens. Si l'un est apaisé, l'autre n'en est que plus virulent. Alors après douches et repas, ils se mettent en route sur le sentier qui borde le lac. Leurs mains sont l'une dans l'autre, comme pour marquer, sceller la solidité de leur union.
Habituellement, au bout de leur propriété, ils continuent sur la rive qui mène d'abord vers le camping, puis s'enfonce dans la forêt. Déjà tout autour, la végétation est redevenue plus verte, les grands squelettes d'arbres de l'hiver ont une nouvelle chevelure qui pousse. Différentes teintes, des tons de verts de toute sorte se reflètent dans l'immense miroir aux eaux profondément bleutées. Claude, comme de coutume, s'émerveille de chaque bestiole rencontrée. Ici, c'est un merle qui retient son attention ; là, une coccinelle noire à points jaunes. Michel soupire de la folie des hommes ; il imagine en silence que ces intruses prennent la place des bêtes à bon Dieu rouges et noires, plus à leur place dans sa nature.
Alors qu'elle s'apprête à bifurquer vers le chemin qui remonte vers Le Phény, lui décide de prendre une autre direction : celle qui file vers le col de Grosse Pierre, un chemin rude et empierré qui croise à travers la montagne et que seuls les gens du coin savent où trouver. Claude sait que cette marche va être rude ; la pente n'est pas vraiment douce sur ce sentier. Elle a une petite moue en songeant qu'elle n'est ni vêtue ni chaussée correctement pour ce genre de grimpette. Tant pis, il faut aussi que Michel prenne son pied dans cette balade, alors elle suit sans rien dire. De toute façon, il n'a pas non plus mis de chaussures adaptées à l'état du terrain ; sans doute ne veut-il faire qu'un petit détour.
Rarement le soleil de mai est aussi chaud. La jupe de la jeune femme est plaquée sur ses cuisses par une brise venant du lac, et comme elle lui arrive dans le dos, Michel profite de la situation. Le vent ? Espiègle bise, qui remonte de temps à autre le bas du vêtement pas vraiment fait pour la supporter. Alors le mari a une vue imprenable sur les fesses de sa belle, emballées dans une culotte plus conventionnelle que sexy. C'est la situation qui devient érotique, plus que la vue de ce cul dans du coton blanc. Il pense un instant que c'est vrai que le vent peut ranimer des incendies. Les hanches de Claude qui se dandinent devant lui, toujours un mètre en avant de lui à hauteur de ses yeux ne font rien pour atténuer cette remise en condition.
Les lacets nombreux du sentier sont de temps en temps ponctués de places plus larges, bien à plat, d'où la vallée sous leurs yeux s'étale, encore bien visible, la végétation n'ayant pas encore obstrué toute la vue de ce cadre enchanteur. Lors de ces haltes dont ils profitent, Michel se serre contre sa femme. Elle a les joues rouges, piquées par la bise plus violente au fur et à mesure qu'ils montent en altitude. Elle n'a pas vraiment froid, mais c'est vrai que le vent reste frais. Plus bas, le lac et toute sa partie finale vers la route de Remiremont sont noyés sous le soleil. Du doigt, elle pointe une maison brune au toit rouge.
Ils reconnaissent sur la carte postale grandeur nature le nid qui les abrite. Alors, d'un bras protecteur l'homme entoure les épaules de sa femme. Il la sent frissonner. Tout au fond, sur la tache bleue, la marque blanche laissée par le moustique qui promène déjà les touristes creuse un sillon d'écume net. Elle se blottit contre ce corps qui la presse maintenant plus fort. D'instinct, sans trop mesurer les conséquences de son geste, elle pose sa main sur la chemise de son mari. Ses doigts frôlent une fois encore, sur le tissu, la pointe d'un téton et le pincent légèrement. La pyromane vient d'allumer un grand brasier.
Normalement, cette caresse sur ce point si sensible de son anatomie lui procure un indicible tressaillement. Mais que Claude le fasse ainsi, en pleine nature, qu'elle le provoque de cette manière lui donne un regain d'envie. C'est une déferlante qui s'abat sur lui. Son ventre bout, sa queue est de nouveau à l'étroit dans son pantalon. Elle le sait, elle le veut. Pourquoi la séance de ce midi n'a-t-elle pas suffi pour la rassasier ? Elle n'en sait rien. Peut-être que le grand air, que les grands espaces, le petit risque aussi de l'interdit, ici dans cette forêt, sur un chemin peu fréquenté il est vrai, mais usité quand même… lui fait un drôle d'effet.
Et bien sûr, il ne va pas la repousser. Du reste, Claude a su toucher le bon endroit ; elle le connaît tellement bien… Mais là, avec Gérardmer en toile de fond, avec le vent complice, avec la peur aussi d'être découverts, c'est étrange qu'elle ait envie de lui. Envolée aussi sa fatigue de l'accouplement précédent. Michel est déjà prêt à remettre le couvert. Sa bouche le prouve en cherchant celle de sa coquine. Ses mains suivent les mouvements en fouillant sous la jupe. Les images de la culotte de coton blanc sont tellement présentes sous ses paupières fermées… La femme se love contre lui, se frotte honteusement, une honte merveilleusement bonne. Elle lui indique sans un mot qu'elle est de nouveau offerte.
— Encore ? Tu veux vraiment ici ? Tu es incroyable, toi !
— Pas besoin de parler : agis seulement, s'il te plaît ! Profite donc de ce paysage…
— Tes désirs sont des ordres ; Madame va être servie.
Charmé par ces paroles explicites, quel autre choix que celui de fourrager dans cette cotonnade attirante ? Les doigts ont, eux, trouvé la piste qui les mène sur la route du paradis. Elle s'est simplement collée à lui, le visage tourné vers l'étendue d'eau. Il l'a enlacée de manière à lui cramponner les seins alors qu'il fouille gentiment son entrejambe largement ouvert. Ses bras à elle sont crispés sur chaque poignet, les encourageant à poursuivre sur le chemin de la volupté. Elle se berce de la tête en laissant échapper des gémissements qui ne font que renforcer l'érection de son mari.
Habilement, elle l'entraîne dans son désir, elle l'emporte vers d'autres envies. Il voudrait rester de marbre face à cette femme qui subtilement lui distille, lui inocule même le venin, le poison du feu de son appétit, mais il devient marionnette entre les doigts féminins. Enfin, sans doute feint-il de le devenir, car il adore la nouvelle façon de son épouse de braver les interdits et de vouloir à tout prix l'amener à la prendre là, dans ce lieu si sublime. Alors, pourquoi ne pas la suivre, la précéder même dans sa propre folie ? Autant se faire plaisir à deux ! Ne pas la satisfaire pourrait lui paraître étrange ; et de toute manière, ce que femme veut…
Avec patience, les doigts masculins ont poussé sur le côté de la chatte le coton qui la recouvre. Elle a juste un peu fléchi ses longues gambettes, facilitant du même coup l'accès à son minou. Pour les seins, l'autre main ne s'est pas embêtée à les découvrir : elle se contente de les malaxer sur le tissu, mais les bonnets du soutif ne l'aident pas vraiment. Enfin, lui frotte sa bite contre sa jupe, qui sur l'arrière n'est pas relevée. Il bande à en avoir mal aux couilles. Les doigts sont entrés dans l'intimité qui est de plus en plus humide. Chaude aussi : il peut le constater, et ne s'en prive pas. Elle rugit presque maintenant. Les mots qui sortent de sa bouche ne sont pas tous audibles.
Remuant son popotin au rythme qu'elle veut, elle sent la bite dure s'encastrer dans la raie de ses fesses, au travers du tissu de sa jupe. L'envie qu'il a se traduit par une barre contre laquelle elle se colle honteusement, émerveillée que cette chose ne se lasse pas de ses caresses. Les lutins qui habitent l'intérieur de sa chatte sont autant de petits coups de chaleur qui vont et reviennent, la faisant geindre à tous leurs mouvements. Elle n'en peut plus de cette attente ; elle veut faire l'amour, sans aucune restriction, extirper de son ventre le feu qui s'y propage. Sa poitrine malmenée par une main qui broie ses seins l'incite à réclamer plus fort la venue de la queue.
Là, plus question de tendresse : elle ne désire que la rudesse d'un rapport inéluctable. Elle ne réclame qu'un ramonage sauvage. Il doit, il faut qu'il la prenne ici, à quatre pattes, comme une chienne. Ils n'ont pas l'habitude de faire cela aussi abruptement, mais elle se moque du lieu et des risques ; elle ne veut que se faire prendre, comme ça, sans fioritures, comme un animal. Elle se fiche bien qu'il prenne ou non son pied ; ce qu'elle réclame, c'est simplement qu'il soit brut, qu'il la saute maintenant. Elle en frémit d'impatience, salope splendide qui sait ce qu'elle veut. Et Michel en est parfaitement conscient.
Il fait exprès de ne pas se presser. Claude s'excite de plus en plus à attendre de la sorte la bite libératrice. Il prend un pied magistral à le sentir tressaillir ainsi, alors qu'elle continue de se tortiller contre lui. Il fait durer le plaisir, en mesure les avancées sur ses doigts enfoncés en elle. Elle mouille abondamment ; de cela, il en est certain. Mais il sait également qu'il ne faut pas qu'elle dépasse le point de non-retour. Si elle jouit sous sa main, elle ne voudra sans doute plus qu'il la pénètre ensuite. Il la connaît bien ! Alors sa main sur la poitrine quitte à regret les seins dont les fraises sont érigées et dégrafe la ceinture de son pantalon.
Non, ni lui ni elle ne se sont souciés un seul instant d'un éventuel promeneur, d'un possible marcheur, d'un voyeur involontaire traversant leur champ de bataille. Ils sont à cent lieues de pareilles pensées. Accaparés par les approches de leur plaisir respectif, sans doute qu'inconsciemment le fait qu'ils pouvaient être vus, découverts par quelqu'un, a sans doute influé sur leur envie. Mais pas au point de leur interdire de se faire l'amour ici, au-dessus de la carte postale géante qui couvre toute la vallée. Michel remonte la jupe sur le dos de son épouse. Elle tremble d'impatience, l'hallali se rapproche ; vite, que vienne la curée ! Encore une fois, il a une vue sublime sur cette chose qu'il juge horrible, celle qui couvre l'ensemble des fesses de Claude. Le slip est détourné, mais il gêne encore. Alors d'un geste rapide il le fait glisser à mi-cuisses de la belle qui s'est simplement pliée en avant, penchée davantage.
Ecartés sans ménagement, les deux globes laissent entrevoir la raie qui les sépare. Le vit qui se place entre elles reste un instant immobile, glisse dans le sillon, s'y prélasse plusieurs fois de toute sa longueur. Puis sans prévenir, il plonge vers la faille, vers la rivière féminine, pour se cogner à l'entrée. Là aussi, il se love sur les lèvres, les longe avant d'un seul coup de reins s'enfoncer en elles. Le cri qui sort de la gorge de Claude n'a rien d'humain. On jurerait entendre celui d'une biche au moment du brame. La chose qui vient de la pénétrer est calée tout au fond et ne remue plus du tout. C'est bon, cette présence ; c'est une délivrance. Elle attend, le souffle court.
— Oh, je t'en supplie, vas-y ! Baise-moi ! C'est trop bon… Allez, bouge ! N'arrête pas comme ça, c'est insupportable !
— Juste un peu de patience, ma belle. Surtout, laisse-moi faire à mon idée, à mon rythme…
— Salaud, tu en profites ! Oh, baise-moi, je t'en conjure !
Ces mots-là ont un impact certain sur le cerveau de l'homme. Ses testicules sont collés au cul de la femme emmanchée. Alors, comme pour la faire hurler encore un peu plus, Michel retire millimètre par millimètre la hampe du fond de la chatte. Quand le gland rose, enduit des sécrétions intimes de sa femme est presque à l'extérieur, il donne un nouveau coup de reins. Un second cri de fauve se projette vers la vallée en contrebas. Une pause pour marquer l'esprit de la femme, et commence une sorte de rodéo. Il est accroché à ses hanches ; le pantalon en tire-bouchon sur ses chevilles, elle, la culotte à mi-hauteur, ils s'envoient en l'air en pleine nature.
Hermétiques à tout ce qui pourrait les déranger, ils sont bien, elle, les pieds bien campés au sol, lui derrière à la pistonner sans vergogne. Elle râle, il soupire ; elle aime, il perdure. Quel bonheur que d'être ainsi planté dans cette chatte qui maintenant bave de désir ! Les incroyables clapotis que l'accouplement fait entendre sont autant de clins d'œil envoyés à la nature qui les entoure. Les bourses de Michel frappent en cadence les fesses de Claude. À ces claquements répondent les gémissements féminins et la respiration de plus en plus saccadée de son mari. Il freine, gardant en lui la semence de son vit qui ne demande qu'à gicler. C'est un véritable effort que d'attendre.
Attendre ? Oui, mais quoi ? Le signal qu'elle saura bien lui envoyer quand elle aussi sera prête. Michel adore plus que toute cette jouissance commune, celle à laquelle ils ne parviennent pas souvent. Le secret, c'est qu'elle lui fasse, lui donne un signe pour qu'il se libère en même temps qu'elle. Chaque fois qu'ils y sont parvenus, le bonheur a été total. Et comme le lieu s'y prête, que son envie à elle est à la hauteur de ses attentes, il espère bien qu'ils vont jouir de manière synchronisée. Alors il la lime de façon à ce que son éjaculation coïncide avec sa jouissance. Il sait aussi se retenir…
Râles et gémissements, soupirs et cris de gorge sont prémices à la vague qu'ils pressentent. Ses jambes à elle comment à flageoler. Il la sent tremblante et de plus en plus tétanisée. Elle a crispé ses doigts sur ses cuisses, enfonçant dans sa chair ses ongles longs et fins. Il s'en moque, seulement attentif à la montée du plaisir en elle. Il sait, elle sent que ce moment, le point culminant de cet assaut est tout proche. Et quand elle hurle comme une louve, lui aussi se libère, se vide en elle en longs jets. Elle ne se rend pas compte qu'il jouit également au même instant qu'elle. Ça n'a d'ailleurs aucune espèce d'importance. Elle se sent toute molle, toute moite, et tellement bien.
Longtemps encore, la queue ne mollit pas en elle. Elle se contente de rester là, sans aucun mouvement, sans remuer le moins du monde. Ils sont tombés tous les deux sur le flanc. La mousse au pied de l'arbre sous lequel ils ont atterri a amorti leur chute. Claude serre ses mains sur les bras de Michel qui entourent son ventre. Ils reprennent leur souffle, pareils à deux sprinteurs qui viendraient de faire un cent mètres. Là, à l'abri du vent, il lui fait de bisous dans le cou et elle caresse ses mains. Les deux amants savourent l'après, reprennent leur calme lentement. Ils sont heureux. Claude sourit aux anges. Son ventre lui apporte encore quelques spasmes revenus du fond de son être, lui rappelant combien il avait apprécié.
Inerte, la petite quéquette flasque s'échappe de son paradis. Humide, elle entraîne dans son expropriation une traînée laiteuse, blanche, que Claude essuie à l'aide d'un mouchoir jetable. Une idée lui traverse l'esprit. « Cochon ! Michel m'a toute salie ! » pense-t-elle soudain. Le rire qui sort de sa gorge dément totalement ses pensées. Puis il se lève, elle lui tend la main et il l'attire vers lui. Ils remettent de l'ordre dans leur tenue. Quand elle se juge présentable, elle approche ses lèvres de sa joue et y dépose une bise sonore. Elle a de la peine à tenir sur ses jambes, tant tout ceci a été violent.
Nouant sa ceinture, Michel ne répond pas au bisou. Il lui donne à nouveau la main, et dans un geste affectueux caresse les pointes de ses cheveux. Il sait qu'elle aime être bien peignée, qu'elle doit être désolée pour sa coiffure. Lui a un rictus qu'elle remarque : s'il a mis ses pattes à cet endroit, c'est que ce n'est pas à son goût. Le chemin se poursuit, coupe une première fois la nationale, s'enfonce à nouveau dans un tortueux sentier qui grimpe vers la lisière sombre des grands sapins. Personne, sur ce parcours pourtant ensoleillé. Bien entendu, aujourd'hui, combien de femmes sont entourées de leur famille, par leurs petits ?
Ensemble, Claude et Michel arrivent enfin sur le plateau tout en haut de ce col de « Grosse-Pierre ». Le lac n'est déjà plus qu'une minuscule tache plus verte que bleue depuis leur point de vue. Elle regarde son mari qui sourit à la vision de cette vallée si chère à leur cœur. Comme elle devine tellement ce qu'il pense, ce qu'il ressent… Il est là, debout, fort, et tellement faible… mais il est également tellement tendre avec elle ! Elle a bien compris qu'il s'est retenu tout au long de leurs ébats juste pour goûter avec elle au bonheur suprême de la jouissance commune. Michel ne saura jamais rien lui cacher, même quand il se tait…
— Tu rêves à quoi, Michel ?
— Je ne te dirai rien. Je ne pense à rien, voilà tout !
— Vilain menteur ! Tu espères me faire avaler cela ?
— Et toi, qu'as-tu dans la tête ?
— Un peu de ce qui se cache dans la tienne, sans doute… Nous gravissons des montagnes, nous nous aimons comme des fous. Et pourtant, notre maison est toujours vide.
— Vide ? Comment peux-tu…
— Chut… Vide de cris de petits bonhommes. Il est encore temps de penser à…
— En faire un ? Tu sais bien que c'est impossible !
— Il y en a tant qui sont seuls. Tu veux… enfin, que je m'occupe des papiers ? Tu sais, ils sont restés dans le tiroir de mon bureau.
— Salaud ! Tu m'avais juré les avoir jetés.
— Demain… Promis : dès demain, je les rapporte. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard… si c'est ce que tu veux, maintenant.
— Viens, rentrons chez nous ! C'est une belle fête, celle d'aujourd'hui, non ? Tu ne trouves pas ?