— Dis-moi, Chéline…
— NOOON !
— Les ann…
— STOP !
— Bon, d'accord.

Nous nous sommes rencontrés il y a bien longtemps,
Mais qui pourrait encore te connaître maintenant ?

Il y en avait même qui faisaient la queue,
Comme s'il fallait, dans une sorte de jeu,
Attendre longuement auprès du guichet
Pour obtenir enfin le précieux billet,

Indispensable et nécessaire sésame,
Poinçonné, pour atteindre cette rame
Afin de pouvoir monter, de t'utiliser,
Et pouvoir ainsi se laisser transporter,

Se laisser bercer à ton rythme doucement,
Apprécier ce léger balancement
Pour satisfaire cet impérieux désir
Et atteindre un aussi fugace plaisir.

Beaucoup t'ont prise plusieurs fois par jour,
Pour certains à l'aller, pour d'autres au retour.
Seul le train ne t'est pas passé dessus,
À ce qu'en disent jaloux et malotrus.

Tu étais, avec ton beau châssis, une sacrée machine
Valant sûrement mieux qu'une simple draisine ;
Tu as si longtemps rendu service, belle Micheline !