Ceux qui ne sont rien
H.P. Brodsky19/09/2019J'ai un couteau entre les dents ;
Le matin, je mange des enfants,
Je bois du sang capitaliste
Dans un grand bol : j'suis communiste.
Je colle les évadés fiscaux
Contre un mur ; douze balles dans la peau.
J'suis stalinien, collectiviste ;
Bref, en un mot, j'suis communiste.
J'ai une boîte de cigarillos
Que m'a offerts Fidel Castro
Lors de mon voyage à Cuba
Pour un concert de Jean Ferrat.
Avec ma clope et mon Ricard
Je vais provoquer dans les bars
Tous ces salauds d'européistes
Qui votent à droite : j'suis communiste.
C'est ta manière de croire, ta façon de penser ;
Ne pas trop réfléchir, tout caricaturer,
Te draper de mépris, et du soir au matin
Cracher des saloperies sur ceux « qui ne sont rien ».
Notre-Dame de Paris, c'est moi
Qui l'ai brûlée parce que j'aime pas
Les militaires et les curés.
T'en as la preuve : j'ai rien donné.
Quand on m'a dit de faire un don,
J'ai dit « Me prends pas pour un con ;
Je donne au Secours Populaire,
C'est plus utile que pour des pierres. »
Le trou de la sécu, c'est moi.
Celui d'la couche d'ozone, c'est moi.
Il paraît même que ton trou d'balle,
C'est moi aussi. Ça t'a fait mal ?
Quand viendra la révolution
On enverra tous les patrons
Dans des goulags collectivistes,
Le paradis des communistes.
C'est ta manière de croire, ta façon de penser
Que tous les gens du peuple sont des illettrés,
Des cons, des brutes épaisses, et du soir au matin
L'élite prend de haut tous ceux « qui ne sont rien ».
Mais ma manière de voir, ma façon de penser,
Mieux vaut que je les taise ou bien tu vas pleurer ;
Ta haine et ton mépris ne desservent que toi,
Et ceux qui ne sont rien demain feront la loi.