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Le ciel est bleu, le soleil brille
mais il ne fait pas beau.
Ce temps est à l'image de notre civilisation :
une image belle pour la photo ;
et derrière le photographe,
plombé, pollué, étouffant,
un monde à l'agonie.

Le ciel est bleu, le soleil grille,

et les femmes font ce qu'elles peuvent
pour paraître désirables
à défaut d'être belles…
Jambes dénudées, poitrines offertes
et agressives,
plombées, polluées, étouffées.
Agonie du désir…

Seules les Africaines sont belles
aujourd'hui…
Ce soleil leur appartient :
elles ont appris
à vivre avec lui…
Elles marchent dans mes rues
telles des reines dont l'exil
vient de prendre fin.

Je vais danser pour elles, moi qui ne danse jamais…

La Reine vient d'ordonner :
« Danse pour nous, Mambo ! »
Coup de chaleur ou hallucination…
« Danse pour nous, Mambo ! »
J'ai trop chaud… Je dois me réveiller…
« Danse pour nous Mambo ! »
J'ai retiré mes fringues ;
me voici à poil sur le balcon.
« Danse, Mambo, danse ! »
Et me voilà qui bouge au rythme
de la sableuse et du marteau-piqueur
du chantier d'à côté…
« Danse, Mambo, danse ! »

Des gens s'arrêtent, interloqués,
sur le trottoir d'en face,
effrayés, effarés,
j'en vois un qui grimace…

« Danse pour nous, Mambo ! »

Soleil, marteaux-piqueurs, chaleur,
poitrines offertes, agonie, sableuse…

« DANSE POUR NOUS, MAMBO ! »

Ce n'est plus l'ordre d'une Reine :
C'est le murmure d'une foule,
C'est le cri de tout un peuple,
C'est un tonnerre qui éclate :

YEYE ALIFANYA HIVYO MVUA !
YEYE ALIFANYA HIVYO MVUA !
YEYE ALIFANYA HIVYO MVUA !
Yeye alifanya hivyo mvua…

Je suis à terre, épuisé.
La Reine m'a rendu mon esprit,
Ou l'ai-je retrouvé seul ?

Je suis nu sur le balcon ;
La pluie tombe encore,
La rue est vide…

Seules les Africaines étaient belles aujourd'hui…

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