La rose

Avoir près de soi une rose pour s'endormir,
Longuement la contempler pour se souvenir
Puis, délicatement, au hasard, saisir un pétale,
Pour parcourir cette surface quasi labiale.

Entre le pouce et l'index le serrer avec habileté,
Pour avoir la sensation tactile de ce velouté ;
Le faire lentement entre ses doigts rouler
Pour apprécier toute la finesse de ce satiné.

Effectuer de fugaces étirements répétés
Afin de bien en mesurer toute l'élasticité ;
Dessiner de la pointe de l'ongle le contour
Pour mieux se griser de ce doux velours.

Après s'être ainsi longuement délecté
De cette délicate et charnue rosacée,
Finir par sombrer dans une douce léthargie,
La tête remplie de tendres rêveries.

On parvient lentement à s'assoupir,
Avec le souhait d'assouvir encore ses désirs ;
Alors on espère enfin lentement se réveiller,
L'esprit embrumé, les doigts couverts de rosée.