Ardênne ou Djosène
Charline882017Vent frivole de novembre aux souffles longs d'hiver,
Toi qui remontes les forêts, les lacs, les étangs sans hâte,
Hurlant des mille voix qui retenues enfin se libèrent,
Tu inclines et énerves de tes cris que plus rien ne mate.
Caresses sous des robes sombres des jours d'automne,
Tu réinventes la vie par la vigueur de ton haleine fraîche,
Entraînant dans ton long sillage, en rondes monotones,
Les derniers crins des arbres rois aux branches revêches.
Alors échevelés et impavides aux heures de grandes tempêtes,
Le couple au coin de l'âtre savoure par tes rugissements
Le bonheur de se serrer l'un contre l'autre, corps en fête,
Vivant encore un moment, réinventant tes gémissements.
Elle, la tête sur son épaule, t'écoute battre la campagne,
T'engouffrant dans chaque anfractuosité, ivre de colère
De ne pas voir ton alliée, neige, absente, d'où ta hargne,
Venir t'épauler dans ta recherche d'un tendre adultère.
Lui, effleurant sa joue du bout de ses lèvres tant humides,
Trouvant dans ta respiration grisante un vrai prétexte
Pour la câliner et pour l'aimer encore d'une manière si avide,
Celle qui revit et renaît dans ce merveilleux contexte.
Bise de décembre, grinçante et coupante lame de verre,
Courbant la tête du passant perdu, de la jeunesse oubliée
Tu fabriques des enfants de montagne sans jamais en faire,
Générateur de familles entières qui semblent tant t'ignorer.
Vent du nord, Ardênne ou Djosène venant de nord-ouest,
Frappant de vos respirations les endroits les plus reculés,
Combien d'étreintes, combien de minots sont nés, du reste,
Lors de vos furieuses cavalcades, de vos belles envolées ?
Et ces enfants de lune, durs comme le granit de leur terre,
Ne voudront jamais baisser la tête, plier sous ton joug.
Ils ne se souviendront de ton souffle que pour refaire
Les gestes doux et les caresses lors de tes jeux de fou !
Vent d'amour et vent d'espoir, vous êtes les vrais déclencheurs
De leurs nuits d'amour au coin de l'âtre où se consume le bois.
Combien de femmes gémissent sous vos sanglots ? Vos longs pleurs
Activent les braises et réunissent les corps qui en l'air s'envoient.